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III - Question d'actualité posée par le groupe UDI-MODEM à Mme la Maire de Paris relative à l'affichage sauvage en période électorale.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Alors, nous avons maintenant une question d'actualit� pos�e par le groupe UDI-MODEM.

La parole est � Mme Edith GALLOIS.

Mme Edith GALLOIS. - Merci, Madame la Maire.

La campagne pr�sidentielle vient de s'achever. Cela laisse des traces, y compris dans nos rues de Paris. Encore quelques milliers d'affiches sont l�, qui nous rappellent cet �v�nement�: abords du p�riph�rique, panneaux de chantiers, armoires �lectriques, mobilier urbain, bo�te aux lettres, vitrines, marquage au sol. Il n?y a pas un seul espace libre qui n'ait �t� envahi par un affichage �lectoral sauvage, aussi pl�thorique qu'ill�gal. M�me les arbres s'en souviendront, je crois. Et ceci, en toute impunit�, malgr� vos d�clarations, Madame la Maire, du mois de mars dernier, quand, � l'occasion de votre communication "Objectif Paris propre", vous annonciez ne plus vouloir tol�rer que le bien commun soit d�tourn� par des affichages. Mais il est vrai que �a n'�tait qu'une communication.

Comme aux �lections pr�sidentielles succ�dent les l�gislatives et que l'on va passer de 11, puis 2 candidats, � environ 200 candidats - on peut estimer � 200 pour les 18 circonscriptions parisiennes - il va sans dire que l'affichage sauvage va battre probablement son plein et ce sera peut-�tre "no limit".

Ce matin m�me, on ne peut �tre plus dans l'actualit�: 300 affiches environ ont �t� placard�es � proximit� des grandes institutions fran�aises. Les auteurs ont m�me revendiqu� leur action aupr�s de l'A.F.P. pour cr�er de la publicit� autour des candidats qui vont se pr�senter demain. C'est dire qu'ils ne se sont pas sentis en crainte d'�tre sanctionn�s. Face � ce ph�nom�ne, la tol�rance r�publicaine ne doit pas devenir une complaisance r�publicaine. Certaines villes ont d�cid� d'agir. Je prendrai l'exemple de la m�tropole de Toulouse qui applique le principe de pollueur payeur. Une note d'� peu pr�s 15.000 euros a �t� envoy�e aux diff�rents partis politiques. Il ne s'agit s�rement pas d'une solution miracle, mais, au moins, d'une tentative louable d'enrayer cette fuite en avant et vers toujours plus d'affiches.

A l'H�tel de Ville de Paris, on �voque un certain respect pour la vitalit� d�mocratique ou bien encore une sorte de tol�rance durant la campagne, car il y a un aspect ponctuel. Nous comprenons tout � fait cette tol�rance parce que, qui, ici, n'a jamais coll� une affiche�? En effet, cela fait partie du parcours du bon combattant. Cela fait partie du parcours du bon militant. Donc, effectivement, cela fait aussi partie du folklore de la campagne �lectorale. Mais il nous para�t qu'il y a une esp�ce de fr�n�sie qui va vers une esp�ce de course en avant de toujours plus d'affiches, et qu?on va vers une professionnalisation du collage sauvage d'affiches. En gros, le message qui passe, c?est celui-ci�: "Faites-moi confiance. Vous voyez, c'est moi qui colle le plus, donc c'est moi qui suis le plus cr�dible, c?est moi qui suis le plus soutenu, c?est moi qui ai le plus d'�quipes derri�re moi, c?est moi qui ai le plus de moyens, donc c'est moi qui suis le plus � m�me de r�ussir�!".

Je crois, et je vous propose ici, � nous tous qui sommes, encore une fois, tous des �lus, avant tout des militants, qui avons tous fait des campagnes, qu'on essaie d'endiguer ce mouvement vers toujours plus d'affichage sauvage. Pourquoi n?essaierait-on pas de prendre des dispositions pour freiner ce mouvement�? Endiguer cette course en avant�? Et instaurer des mentalit�s diff�rentes, � savoir que celui qui colle plus, qui salit le plus, c?est celui qui pollue le plus.

C'est ce que je voulais vous proposer, Madame la Maire, et vous demande quelles sont, dans ce sens, les dispositions que vous vous disposeriez � prendre pour qu?on arrive � un Paris plus propre. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

Je vais donner la parole � M. Mao PENINOU.

M. Mao PENINOU, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Je suis toujours frapp�, Madame GALLOIS, par l'aspect pessimiste ou n�gatif de vos interventions sur ce type de sujet. Alors, certes, je ne fais plus, maintenant, partie des plus jeunes de ce Conseil, mais franchement, moi, j'ai des souvenirs de campagne dans les ann�es 1980 et 1990. J'ai crois�, d'ailleurs, un certain nombre de colleurs dans ces ann�es-l� d'� peu pr�s tous les partis de cette Assembl�e et tous les groupes de cette Assembl�e, o� l'affichage sauvage en p�riode �lectorale �tait beaucoup plus massif qu'il ne l'est aujourd'hui. On observe d'ailleurs - c'est assez r�gulier depuis maintenant une quinzaine d'ann�es - un recul r�gulier de cet affichage sauvage, ce dont on peut, en effet, se f�liciter, en tout cas dont moi je me f�licite.

Le c?ur de l'action de la Ville de Paris contre l'affichage sauvage, on va �tre tr�s clair entre nous, il n'est en effet pas concentr� sur les questions des campagnes �lectorales, il n?est pas plus concentr� sur l'affichage associatif, il n'est pas plus concentr� sur les initiatives ou les petites initiatives culturelles qui peuvent exister dans les quartiers ou, plus largement, qui est, on peut le regretter une forme d'affichage un peu traditionnel de ceux, tout simplement, qui n'ont pas droit ou qui n?ont pas le pouvoir financier de pouvoir acc�der � l'affichage commercial classique. Non, le c?ur de l'action de la Ville de Paris sur la question de l'affichage sauvage, c'est bien sur les marques commerciales qui, elles, ont tout � fait acc�s � l'affichage commercial classique, mais pr�f�rent, par effet de mode pour certains, pour gagner de l'argent ou faire des �conomies pour d'autres, envahir nos murs avec leur marque. Et c'est bien �a que nous combattons.

Je vous confirme, Madame GALLOIS, qu'en effet, en p�riode �lectorale, et �a n'est pas nouveau, c'est une tradition � la Ville de Paris depuis maintenant de longues ann�es, y compris sous les pr�c�dentes majorit�s, comme c'est d'ailleurs une tradition dans la quasi-totalit� des grandes villes de France - vous avez cit� Toulouse qui a pris une direction nouvelle cette ann�e�; je ne sais pas s'ils la garderont - mais une tol�rance en p�riode de campagne �lectorale parce que �a fait partie, en effet, de la vitalit� d�mocratique, parce que �a permet � certains qui n'ont pas acc�s � des �missions de t�l�vision ou � d'autres formes de communication politique, de pouvoir exister, de la m�me mani�re que nous n'interdisons pas - c'est m�me fort heureusement prot�g� par la loi - les distributions de tracts dans les rues de Paris qui, pourtant, elles aussi, peuvent, � certains moments, contribuer � la salet� ou � un sentiment de salet� dans notre ville.

Donc nous garderons cette orientation-l�. Bien s�r, nous appelons, et je l'avais fait, d'ailleurs ici m�me, et je l'avais fait aupr�s de la presse au d�but de cette campagne �lectorale, nous appelons l'ensemble des formations politiques � la mod�ration, au respect du mobilier urbain notamment, au respect des fa�ades priv�es ou publiques aussi, mais laissez la vitalit� d�mocratique s'exprimer. Les murs peuvent aussi avoir la parole.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Mao PENINOU.

Madame GALLOIS�?

Mme Edith GALLOIS. - Je n'ai pas remarqu� que j'�tais pessimiste. Je pense �tre simplement r�aliste. J'ai d'ailleurs propos� que l'on trouve une solution ensemble, sachant effectivement qu'il y avait une tol�rance et la respectant tout � fait, rappelant d'ailleurs que nous avons tous �t� des militants avant d'�tre des �lus. Je trouve que votre mot de pessimiste est d�cid�ment d�plac�? Je vous rappelle que, c?est vous-m�me qui aviez dit que Paris n'�tait pas sale, mais salie. Il faut �tre r�aliste. Je vous rappelle que c'est malgr� tout ill�gal et qu?on peut �viter qu'il y ait une fr�n�sie vers toujours plus de collage. Vous dites qu'il y en a moins. Moi, j'ai quand m�me l'impression que l�, on a atteint des sommets. Je n'ai pas de souvenir tr�s pr�cis de ce qui se passait avant, mais je crois quand m�me qu'il est de notre responsabilit� de donner le message suivant�: coller, c'est quand m�me polluer.

Vous parlez de la vitalit� des murs. Moi, je pr�f�re, � ce moment-l�, d'autres initiatives, telles qu'elles sont prises, d'ailleurs tr�s bien, par mon maire du 13e arrondissement, dont je suis pourtant une opposante. Mais ce collage effr�n� n'est pas forc�ment un signe de bonne vitalit� d�mocratique. Je ne suis pas certaine de cela. En tout cas, je crois qu'il serait bien et que cela irait dans le bon sens si on essayait de le limiter au maximum.

Vous le voyez, c'�tait juste une question tr�s mod�r�e et pas du tout pessimiste. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame GALLOIS.

Mai 2017
Débat
Conseil municipal
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