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Rapport de la Mission d’Information et d’Evaluation "Paris ville interculturelle : liens, pratiques et politiques publiques". Vœu déposé par les groupes GEP, SOCA, PCF-FG et RG-CI relatif à la mise en œuvre des préconisations.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous abordons ce d�bat organis� avec le projet de d�lib�ration DDCT�72, qui concerne le rapport de la Mission Information Evaluation sur le th�me de "Paris ville interculturelle�: liens, pratiques et politiques publiques".

La conf�rence d'organisation a convenu d'un d�bat organis�, qui inclura, bien s�r comme toujours dans les temps de parole d�finis, la pr�sentation, notamment d'un v?u. J'introduis ce rapport. C'est dans cet ordre�? Ou je donne tout de suite la parole�? Ce n'est pas une proposition de d�lib�ration de groupe, donc c'est moi qui introduis.

Mes chers coll�gues, depuis ces origines jusqu'� aujourd'hui, Paris s'est construite et enrichie au fil du temps avec l'apport successif de populations venues de province, d'Europe et de partout dans le monde, donc de plusieurs vagues d'immigration. La diversit� et le m�tissage font donc pleinement partie de l'identit� parisienne et du dynamisme de notre ville, ceci d'un point de vue historique autant que g�ographique.

C'est pourquoi nous avons � c?ur de porter une ambition claire, non pas d?assurer la simple coexistence de groupes culturels distincts mais, bien s�r, de soutenir et promouvoir leur dialogue, leurs �changes, seuls � m�me de faire vivre et progresser la soci�t� parisienne dans les lois de la R�publique et avec cette valeur fondamentale qui nous unit, la la�cit�.

Le sens m�me de la notion d'interculturalit�, qui a fait l'objet de cette 12e Mission d'Information et d'Evaluation nomm�e "Paris ville interculturelle�: liens, pratiques et politiques publiques", r�side dans cette recherche.

Je remercie bien s�r ses initiateurs ainsi que tous les conseillers qui y ont particip� et qui repr�sentent la diversit� politique de notre Assembl�e. Permettez-moi notamment de remercier Marie ATALLAH, pr�sidente de cette M.I.E. qui avait �t� port�e, notamment par le groupe Ecologiste de Paris, ainsi que Nathalie FANFANT, rapporteur de cette M.I.E. et membre du groupe les R�publicains.

La d�marche interculturelle vise � promouvoir les diff�rentes cultures et � les amener � se comprendre, � interagir de mani�re f�conde. Pour moi, elle ne se confond en rien avec une vision multiculturelle de notre R�publique, parce que notre R�publique est la�que, j'ajouterai sociale, et fond�e sur l'�galit� et non pas sur la juxtaposition des communaut�s.

Valoriser la contribution de chaque culture au socle commun doit se penser dans la perspective d'une plus grande coh�sion, qu'elle soit sociale, g�n�rationnelle ou m�me territoriale. Cette d�marche soutient donc un mod�le d'int�gration, qui est issu de l'augmentation des �changes et des migrations que notre ville conna�t. Il ne s'agit pas d'absorber les diff�rentes cultures dans une identit� parisienne con�ue comme fixe, mais bien d'�tablir des rapports fluides et dynamiques qui viennent nourrir et red�finir sans cesse ce que l'on peut appeler le creuset parisien. Ce creuset reste adoss� aux valeurs de la R�publique qui fonde notre unit�.

Dans le contexte qui est le n�tre aujourd'hui, quand certains attisent la haine de l'autre et le repli sur soi, jouent sur les peurs, alimentent les fractures de notre soci�t�, l'enjeu est bien s�r fondamental. Il vient pleinement s'int�grer aux priorit�s qui sont les n�tres � Paris. Priorit� que nous portons collectivement, avec l'Ex�cutif mais souvent aussi avec les �lus de l'opposition. Nous avons pu ensemble, je le redis ici, faire preuve de l'efficacit� de cette m�thode, notamment lors de l'�lection pr�sidentielle, qui a vu reculer � Paris le Front National.

Se battre sur le terrains des valeurs, � l'�cole, partout dans les institutions o� le service public agit au quotidien, mais aussi bien s�r travailler � l'accomplissement d'une ville inclusive qui favorise et facilite la reconnaissance de chacun, sa singularit�, et cela dans la communaut� parisienne qui nous unit, cela passe par la d�fense des valeurs, mais aussi par des politiques sociales et �ducatives volontaristes pour que jamais il n'y ait d'un c�t� des gagnants et de l'autre des perdants ou des laiss�s-pour-compte. En effet, tendre la main, rassembler, inclure, respecter chacun comme respecter les r�gles communes fait partie de ce projet dans lequel les Parisiens s'int�grent et auquel ils participent avec beaucoup d'�nergie.

D�velopper la d�mocratie citoyenne en associant toujours davantage les habitants aux d�cisions qui concernent leur quotidien et plus largement le destin de leur ville, est un �l�ment cl� d'une politique, d'une approche qui permet � chacun de vivre dans la fiert� de ses origines et dans la fiert� de la soci�t� que nous constituons ensemble dans le cadre des lois de la R�publique.

Tout cela peut d'ailleurs renforcer l'attractivit� de Paris. L'interculturalit� contribue au dynamisme, non seulement � l'int�rieur de notre ville, nous le savons, l� o� nous avons dans certains quartiers des diasporas qui se sont install�s, qui d�veloppent des activit�s, qu'elles soient culturelles, �conomiques - je ne vais pas en citer ici en particulier. On sait combien cette pr�sence de femmes et d?hommes, parfois n�s � l'�tranger, qui ont choisi notre ville comme terre d'accueil, comme terre pour y d�ployer, y d�velopper leurs r�ves, constitue un apport qui se traduit aussi sur le plan �conomique. Lorsqu'il est pr�sent dans notre ville culturelle, il a aussi des effets sur la dynamique �conomique.

Cette attractivit� renforc�e de Paris par la composition m�me de cette soci�t� parisienne extr�mement large, cette ville-monde, Paris, nous permet aussi de porter un message � l'ext�rieur. Paris attire et r�unit en son sein des femmes et des hommes venus du monde entier. Chaque habitant, d'o� qu'il vienne et quelle que soit son origine, doit pouvoir �tre un ambassadeur actif de Paris.

Pour porter avec beaucoup ici et en votre nom la candidature de Paris aux Jeux Olympiques, je peux vous dire que cette identit� de Paris compos�e de femmes et d?hommes venant du monde entier est un �l�ment extr�mement important qui joue en faveur de cette candidature de Paris aux Jeux Olympiques, parce que, accueillir le monde, c'est d�j� �tre ce village plan�taire qui r�unit des femmes et des hommes de toutes les origines et du monde entier. Cela joue sur l'attractivit�, sur le message de Paris, qui est un message ancien, qui n'est pas n� d'hier, mais ce message qui fait que notre ville est une ville qui a toujours permis d'abriter des femmes et des hommes venant chercher un refuge, qu'il soit politique, qu'il soit �conomique, fait aussi la force de notre ville, sa singularit� dans le monde et, bien s�r, son attractivit�.

Donc, le cosmopolitisme et l'ouverture de Paris, son pacte avec la R�publique et les Lumi�res, c'est ce qui constitue l'ADN de notre ville. Et c'est ce qu'ont encore montr�, je le disais tout � l'heure, les Parisiens � l'occasion de l'�lection pr�sidentielle en faisant en sorte que ce message r�publicain soit un message aussi adress� de fa�on extr�mement visible et forte au monde entier. C'est aussi en restant fid�le � ce que nous sommes, une ville libre, ouverte, diverse, que nous pouvons faire preuve de r�silience, surmonter les �preuves et relever les d�fis du XXIe si�cle.

Aujourd'hui, des grandes organisations internationales - je pense � l'OCDE, par exemple - pr�nent la croissance inclusive, pr�figurant que, sans inclusion, il n'y a pas de croissance dans les soci�t�s. C'est un message, un programme sur lequel travaille, par exemple, l'OCDE, et Paris est une des grandes villes retenues par cette organisation internationale comme ville portant ce message d'inclusion parce que capable, effectivement, de faire vivre chacune des identit�s en une. D'ailleurs, qui mieux que Sacha Guitry disait�: "Etre Parisien, ce n'est pas simplement �tre n� � Paris, c'est y rena�tre". Venir avec tout ce que l'on a comme patrimoine, h�ritage culturel, et venir le m�ler et faire en sorte que ce patrimoine de chacun f�conde le patrimoine de tous, c'est cela aussi l'histoire de Paris et son destin.

Je veux donc, bien s�r, remercier � nouveau Marie ATALLAH, qui a pr�sid� la M.I.E., et Nathalie FANFANT qui en a �t� la rapporteure, les remercier pour ce travail, je crois, passionnant, remercier toutes celles et ceux qui ont �t� auditionn�s. Il y a eu beaucoup d'auditions. Je le sais. Je sais que le travail que vous avez fait ensemble, m�me s'il peut conduire, bien s�r, � des analyses, � des interpr�tations, voire m�me � des opinions diff�rentes, est un travail essentiel qui est aussi repr�sentatif de la diversit� de Paris.

Je vous remercie et je donne tout de suite la parole � Mme Marie ATALLAH, Pr�sidente de la M.I.E., pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Marie ATALLAH. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, avant de faire la pr�sentation de ce rapport, je tiens � exprimer tout d'abord mes remerciements chaleureux � la rapporteure de la M.I.E., Mme Nathalie FANFANT, et � tous les membres �lus et repr�sentant les groupes politiques du Conseil de Paris pour leur participation et collaboration tout au long des d�bats et travaux de cette M.I.E.

Je remercie �galement toute l'�quipe du service de M.I.E. et plus particuli�rement Mme Nathalie POPADYAK, chef de ce service de la Ville, et M. Michel DES BOSCS, son adjoint, pour la qualit� de leur travail en mati�re d'accompagnement p�dagogique et op�rationnel.

Mes remerciements vont �galement � nos adjoints et leurs collaborateurs, aux responsables de direction et des services de la Ville, aux directeurs d'�tablissement et de structure qui ont �t� auditionn�s ou rencontr�s sur le terrain lors des visites de structure. Enfin, plus de 80 personnes ont �t� auditionn�es - comme vous l?avez dit, Madame la Maire - enrichissant les d�bats de cette M.I.E.�: experts, politiques, institutionnels, associatifs, des repr�sentants du Conseil de la jeunesse ou encore des �crivains et des cr�ateurs artistiques. Je les remercie tous, et en particulier les experts europ�ens du programme "Cit�s interculturelles", Mme Irena GUIDIKOVA et M. Oliver FREEMAN, sans oublier, bien s�r, toute ma reconnaissance aux deux repr�sentantes de la Ville de Barcelone qui ont fait le d�placement pour venir nous pr�senter la politique innovante de la ville en mati�re de strat�gie interculturelle.

Plus concr�tement sur ce rapport, vous trouverez, dans sa premi�re partie, une analyse tr�s riche sur les concepts li�s � l'interculturalit�, l'abordant dans sa complexit�, sa fluidit� et sa transversalit�. La M.I.E. a �galement tenu � placer le sujet dans son contexte juridique fran�ais en rappelant, par exemple, la loi sur la la�cit� ou encore l'interdiction de tenir des statistiques li�es aux origines ethniques et aux appartenances religieuses par souci d?�galit� de traitement de nos concitoyens. Le premier constat que l'on peut faire, c'est que Paris m�rite bien son appellation de "ville monde". Quand on regarde les chiffres de l'�tude de l'APUR, qui nous ont �t� fournis pour la M.I.E. sur les �trangers et les immigr�s � Paris et dans la M�tropole, plus de 160 nationalit�s cohabitent � Paris. Un Parisien sur 7 est de nationalit� �trang�re. Paris accueille 31.000 �tudiants �trangers. 40�% des mariages sont compos�s d'une personne n�e � l'�tranger.

C'est � partir de ce travail d?analyse, de concept et de contexte que les membres de la M.I.E. ont commun�ment adopt� une d�finition de l'interculturalit� comme �tant une d�marche qui consiste, d'une part, � valoriser la diversit� des cultures pr�sentes dans la Capitale et, d'autre part, � favoriser leur dialogue et leur interaction dans la perspective d'une meilleure coh�sion sociale. Sa finalit� n'est pas seulement d'assurer la coexistence des cultures, mais de les amener � se comprendre et � interagir de mani�re f�conde, en favorisant le partage d'un socle commun en constante �volution.

La deuxi�me partie du rapport a port� sur l'�valuation des politiques publiques parisiennes. 10 secteurs ont �t� �tudi�s. Elle a �galement port� sur l'identification de bonnes pratiques associatives, ou encore sur des exp�riences innovantes d'autres collectivit�s fran�aises et europ�ennes. Les interventions des personnes auditionn�es et les rencontres de terrain ont permis � la M.I.E. de dresser un bilan des actions interculturelles � Paris dans plusieurs domaines d'activit�s, en mettant en lumi�re leur finalit� comme levier en faveur de l'inclusion, de la participation et de l'attractivit� de Paris.

Trois secteurs sont � distinguer tout particuli�rement. La culture, d'abord, et ses multiples acteurs et actions culturelles valorisant et favorisant l'expression de la diversit� culturelle, sa m�moire et son patrimoine, en soulignant, comme bel exemple, les nouvelles structures de la m�diath�que et le centre hip-hop dans le Forum des Halles, l'intervention sociale et l'accueil des migrants avec les aides de traducteurs pour la facilitation de la relation entre migrants et agents d'accueil au centre de la Chapelle, ou dans le cadre de l'accueil des mineurs isol�s. Les exemples sont multiples et nombreux dans diff�rents domaines que vous pouvez, mes chers coll�gues, consulter dans ce rapport.

Pour conclure, la M.I.E. nous propose dans son rapport 100 pr�conisations s'articulant autour de 9 points touchant � plusieurs secteurs. Pour en citer quelques exemples, je citerai que la M.I.E. a pr�conis� la cr�ation d'une charte pour un Paris interculturel et d'un label identifiant et promouvant les projets d'�tablissements et d'associations qui s'engagent dans une d�marche interculturelle. La M.I.E. se doit de s'inspirer aussi des bonnes pratiques des autres collectivit�s, qu'elles soient fran�aises ou europ�ennes. L'audition des responsables de la strat�gie interculturelle de Barcelone a d'ailleurs �t� une v�ritable source d'inspiration pour la M.I.E.

J'ai le plaisir d'informer notre Assembl�e que ce rapport et ses 100 pr�conisations ont �t� adopt�s � la majorit� des membres de la M.I.E., les membres de la droite souhaitant voter contre les pr�conisations du rapport. Pour prendre connaissance des pr�conisations de chacun des groupes politiques, nous avons fait le choix d'int�grer leur contribution dans l'annexe de ce rapport, pr�cisant que le groupe les R�publicains n'a pas souhait� pr�senter de pr�conisations, mais une proposition de pr�ambule qui figure �galement dans l'annexe, conform�ment au vote de la majorit� des votes des membres de la M.I.E.

Enfin, Paris �tant membre, depuis peu, du r�seau des cit�s interculturelles du Conseil de l'Europe, la responsable de ce r�seau, que nous avons �galement invit�e, a pu consulter ce rapport et esp�re que Paris, tr�s prochainement, jouera un r�le de leader europ�en dans le r�seau des villes interculturelles, Paris m�ritant bien d?�tre un mod�le de ville qui lutte contre le populisme et le nationalisme qui, malheureusement, s?�tendent de plus en plus en Europe.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - C?est moi qui vous remercie, Madame ATALLAH.

La parole est � Mme Nathalie FANFANT, rapporteure de la M.I.E., pour le groupe les R�publicains.

Mme Nathalie FANFANT. - Merci, Madame la Maire.

Madame la Maire, chers coll�gues, le Conseil de Paris a vot� en septembre dernier, sur proposition du groupe Ecologiste de Paris et du groupe Socialiste et apparent�s, la cr�ation de la M.I.E. sur le th�me "Paris, ville interculturelle�: liens, pratiques et politiques publiques". Ce sujet faisait consensus et venait en corollaire du statut de ville monde de notre ville. Il nous semblait que c?�tait l� l?opportunit� d?apporter de la valeur ajout�e aussi bien � la politique qu?aux politiques publiques.

Durant six mois, nous avons pu auditionner plus de 80 intervenants, tous plus int�ressants les uns que les autres. C?est pour moi l?occasion de mettre en lumi�re l?implication des services et de f�liciter et remercier nomm�ment Nathalie POPADYAK, chef de la mission information, et son adjoint Michel DES BOSCS, ainsi que Marianne MOULY et les stagiaires qui nous ont accompagn�s et ont organis� les auditions et les visites de terrain. C?est �galement l?occasion de remercier Marie ATALLAH, qui a pr�sid� cette M.I.E., ainsi que tous les coll�gues �lus qui ont particip� avec enthousiasme.

Certaines auditions ont �t� plus marquantes que d?autres. Je pense notamment � celle d?Irena GUIDIKOVA, directrice du programme "Villes interculturelles" du Conseil de l?Europe, une personnalit� solaire, proposant une vision de l?interculturalit�, que je cite�: "les pouvoirs publics peuvent donc agir pour favoriser les interactions culturelles et les accompagner pour qu?elles produisent dans leur respect mutuel et d�bouchent sur la vision d?un avenir partag�. Ils doivent �galement �tre dispos�s � revoir leur mode de fonctionnement pour mieux tenir compte de la diversit� de la population, tout en pr�servant les valeurs fondamentales que sont la d�mocratie et le respect de l?Etat de droit".

Mais Brice HOMS et Jacob DESVARIEUX, dans un registre artistique, nous ont �galement donn� une vision de l?interculturalit� qui s?appuyait sur une exp�rience tr�s riche du monde, puisque l?un et l?autre en ont fait plusieurs fois le tour pour porter la culture fran�aise, l?enrichir � partir des autres cultures et enrichir les autres cultures � partir de la leur.

Malheureusement, nous avons vu aussi se profiler une forte politisation dans les choix d?un grand nombre d?intervenants, � notre grand regret. Ces choix �taient-ils orient�s�? La suite des �v�nements l?a confirm�. Quand un intervenant entrait en dissonance, inattendue �videmment, avec le positionnement politique de la pr�sidence, son intervention �tait minor�e. Je prends l?exemple de l?intervention de Michel WIEVIORKA, qui dit - je cite�: "j?�tais du c�t� d?un multiculturalisme temp�r�, mais je vois bien aujourd?hui que cette position est fragile, car quoi que l?on en dise, elle risque de figer les diff�rences de culture�; elle risque de vouloir des interlocuteurs qui incarnent des diff�rences. Il arrive un moment o� l?on accepte cette repr�sentation de la soci�t� et de la ville, o� les difficult�s commencent, parce que si j?ai reconnu un groupe, je dois bien lui donner les signes de la reconnaissance".

En filigrane, nous avons eu le sentiment que l?interculturalit� devenait un pr�texte � un contr�le du vote, ce qui pour nous n?est pas acceptable. Vous ne pouvez confisquer le point de vue des intervenants au b�n�fice de la politique politicienne. Ce travail r�alis� devait et doit toujours servir � cr�er de la valeur ajout�e sur notre socle commun, et non s?y substituer. C?est l� qu?est notre discorde, et il est bien dommage que les interventions les plus int�ressantes, mais sans doute moins simplistes et moins client�listes, n?aient pas influenc� les pr�conisations.

A ce titre, notre groupe a souhait�, pour la transparence et par honn�tet� vis-�-vis du Conseil et des lecteurs, qu?il y ait un pr�ambule stipulant nos divergences de vue. Ce pr�ambule ne remettait nullement en cause l?�norme travail r�alis� durant ces mois. A notre grande surprise, le principe m�me nous en a �t� refus� par les autres groupes. De quoi avaient-ils peur�? Que des lecteurs attentifs per�oivent le client�lisme sous-jacent�? Mais en fait, le rejet de ce pr�ambule n?est que l?aveu criant d?un sectarisme qui se veut d�guis� en universalit�.

Tout cela, Madame la Maire, nous a amen�, � notre corps d�fendant, � faire le choix de ne pas venir vous pr�senter ce rapport la semaine derni�re, et � faire le choix aujourd?hui de voter contre.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci � vous, Madame FANFANT.

Je donne la parole � Mme Rapha�lle PRIMET, premi�re oratrice pour le groupe Communiste - Front de Gauche.

Mme Rapha�lle PRIMET. - Juste avant de faire mon intervention, je trouve cela quand m�me tr�s curieux de la part de Mme FANFANT, puisque son pr�ambule visait � justement pr�empter la conclusion du rapport qui, pourtant, faisait consensus.

Madame la Maire, mes chers coll�gues, le score heureusement faible du Front National � Paris t�moigne d?une grande r�ussite de notre Ville � faire vivre une coh�sion sociale enrichissante pour toutes et tous. Les Parisiennes et les Parisiens sont en effet riches de la diversit� culturelle de notre territoire. Nous pouvons �tre fiers de vivre dans une ville qui n?accorde aucun cr�dit � la hi�rarchisation des cultures et � la haine de l?autre. Il n?y a pas d?autres � Paris, il n?y a que des Parisiennes et des Parisiens qui interagissent au quotidien par leur curiosit� et leur ouverture sur le monde.

Les cultures ne sont pas superpos�es, elles ne sont pas parall�les les unes aux autres. Non, � Paris, les cultures se mixent, se brassent et s?embrassent. C?est ce qui d�finit la singularit� de Paris, tout en marquant sa mondialit�. Le Parisien est Parisien parce qu?il n?est jamais seulement Parisien. Tout cela est possible par la conception d?une politique publique inclusive. L?inclusion est fondamentale pour faire exister le "vivre ensemble" et la diversit� culturelle, mais la r�ussite de ce projet commun tient effectivement � une volont� politique forte de mettre en place les conditions de possibilit� d?un accueil � la hauteur de la difficult� que repr�sente la vie nouvelle dans un pays �tranger.

Par exemple, l?apprentissage de la langue permet d?�tre plus autonome dans sa vie quotidienne et dans la construction de son parcours professionnel. On le sait, le Fran�ais est "la", sinon l?une des langues les plus difficiles � apprendre au monde. Nous devons donc mettre tous les moyens pour que son apprentissage soit possible. Aussi, nous devons �tre vigilants � toujours interpeller le Rectorat sur les classes d?accueil des migrants en �coles, coll�ges et lyc�es, qui ont tendance � �tre ferm�es. Dans le documentaire de Julie BERTUCCELLI "la Cour de Babel", on voit clairement que la barri�re de la langue est un facteur d?isolement d�s l?enfance, non pas que tous les �trangers devraient parler uniquement en fran�ais, mais ils devraient au moins en avoir la possibilit�.

De m�me, la question des A.S.L. est tr�s importante, mais les nouveaux crit�res des subventions de la "politique de la ville" en 2018 ne r�mun�reront plus les associations et centres sociaux sur les m�mes conditions. Aussi, les �trangers pr�sents depuis plus de cinq ans sans contrat d?int�gration vont �tre fortement p�nalis�s. La mixit� sociale et scolaire est un �l�ment fondateur du "vivre ensemble" et de l?ancrage de la diversit� culturelle. Par le logement, l?�cole, l?ensemble des services publics, on cr�e ainsi des quartiers aux multiples couleurs et saveurs, aux multiples langues, aux traditions diverses, dans le respect de toutes et tous. De nombreuses associations et centres jouent un r�le cl� dans ces quartiers et participent de la vie citoyenne. Je les f�licite d?ailleurs pour ce travail de terrain qu?ils exercent avec peu de moyens, mais toujours beaucoup de passion.

Nous devons donc sans cesse nous repencher sur nos pratiques, nos politiques publiques et veiller � l?inclusion et � la mise en ?uvre de toutes les possibilit�s d?apprentissage. Chacune et chacun doit pouvoir trouver sa place dans la soci�t�, et bien s�r y compris � Paris.

Vous l?aurez compris�: je ne pense pas que l?interculturalit� de Paris s?impose d?en haut. Je pense au contraire qu?elle se construit au plan local, par le quotidien, mais aussi par des pratiques extrascolaires, sportives, culturelles, par des ateliers qui permettent de d�couvrir et de se d�couvrir, par des services de proximit� qui permettent de partager des habitudes et qui conduisent � cr�er de l?entraide par des amiti�s qui se nouent d�s l?�cole. Tout ceci n?est possible que gr�ce � une volont� politique.

Je salue � ce titre les tr�s r�ussis ateliers de la R�publique � l?initiative de mon amie et coll�gue Dani�le PREMEL dans le 18e. La d�marche � laquelle nous tenons est en effet celle de l?�ducation populaire, et nous devons travailler � la d�velopper toujours plus en lien avec les associations et les habitants. J?esp�re donc que les pr�conisations et conclusions de cette M.I.E. pourront �tre mises en ?uvre le plus rapidement possible.

Et pour terminer, je voudrais revenir sur un point sensible, sur une traditionnelle promesse de campagne qui ne voit jamais le jour, � notre grand regret�: le droit de vote des �trangers. On pourra faire toutes les pr�conisations et toutes les politiques culturelles possibles, il n?en reste pas moins que pour qu?une ville soit r�ellement interculturelle, elle a besoin que l?ensemble de ses habitantes et habitants puissent en d�finir l?orientation politique. Inclure lesdits �trangers dans le processus d�mocratique et citoyen est une clef indispensable pour cette r�ussite. Il semble que nous devions encore attendre, mais tout d�pendra de la majorit� parlementaire.

Je vous remercie.

(M. Mao PENINOU, adjoint, remplace Mme la Maire de Paris au fauteuil de la pr�sidence).

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � M. Didier GUILLOT, ensuite � Mme Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.

M. Didier GUILLOT. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, tout d?abord, permettez-moi, au nom de mon groupe, de remercier l?ensemble de l?�quipe qui a men� cette M.I.E., notamment Nathalie POPADYAK, mais �galement les deux co-rapporteures, Mmes FANFANT et ATALLAH, m�me si c?est vrai que cela n?a pas toujours �t� simple, et ce qu?on vient d'entendre ne fait que r�sumer l'ambiance que nous avons eue dans cette M.I.E.

La tol�rance, le dialogue interculturel et le respect de la diversit� sont plus indispensables que jamais dans un monde o� les peuples sont plus interconnect�s que jamais. Cette phrase prononc�e par Kofi ANNAN r�sume � elle seule la philosophie des travaux de la M.I.E.

Nous le savons tous, l'attractivit� et le dynamisme de notre ville passent par la mise en place d'une politique inclusive pour tous. Alors que les villes du XXIe si�cle sont interculturelles, ce serait se voiler la face que de ne pas embrasser cet �tat de fait. Paris est une ville monde. Des citoyens du monde entier viennent visiter notre ville, pour y travailler, pour �tudier, pour chercher, pour s'y installer pour un temps et m�me aussi pour s'y r�fugier. La diversit� culturelle parisienne, r�elle et ancienne, doit �tre prise en compte.

Une culture n'est jamais quelque chose de monolithique, d'unilat�ral, de fig�. Ses contours sont flous, elle est travers�e par de multiples diff�rences, voire par des conflits internes et elle �volue en permanence. C'est pourquoi nous devons constamment veiller � ce que l'action publique appuie le partage et la r�ciprocit� des �changes, garantisse le respect des convictions et de l'identit� de l'autre, ainsi que le respect des lois et des valeurs que fonde notre R�publique.

En ce sens, une ville interculturelle doit contribuer � une meilleure �mancipation de chacun � travers la connaissance de soi et de l'autre. Cette approche ne doit pas amener � une essentialisation des citoyens ou de leur culture, quelle que soit leur origine.

C'est pourquoi les �lus de notre groupe refusent toute forme de communautarisme, mod�le d'organisation qui s'oppose � la n�cessit� de l'�mancipation individuelle. J'ajoute que notre d�bat public depuis quelques ann�es a beaucoup trop tendance � confondre approche culturelle et dimension cultuelle.

Or, l'une est vecteur d'�mancipation et de richesse�; l'autre peut au contraire �tre synonyme d'enfermement.

Je reprendrai ici la citation d'Octavio Paz, "toute culture na�t du m�lange, de la rencontre, des chocs. � l'inverse, c'est de l'isolement que meurent les civilisations".

Paris doit parall�lement veiller � produire des politiques qui d�passent les incompr�hensions qui sont des sources de blocage, qui participent au processus d'int�gration, qui r�priment toute forme d'intol�rance. C'est le sens des pr�conisations faites par notre groupe dans le cadre des travaux de cette M.I.E.

Alors que se d�veloppent des discours de violence et de haine, nous en sortons tr�s pr�cis�ment, nous venons redonner confiance dans la coop�ration et le dialogue. Redonner du sens � la culture de la tol�rance, aider les femmes et les hommes � reprendre la ma�trise de leur destin contre les incertitudes, contre les catastrophes, contre les conflits, c'est le c?ur m�me de la r�silience. Car oui, l'interculturalit� est source d'opportunit�s importantes pour tous.

Mais il faut apprendre � vivre dans la diversit�, cela ne va pas toujours de soi. Il faut des outils, des politiques et des valeurs adapt�s.

Notre administration doit constamment veiller � se montrer ouverte aux innovations pour la gestion des relations interculturelles. Aujourd'hui, nous pensons que l'administration peut mieux int�grer cette donn�e dans ses actions. A propos d'innovation, je dois dire qu'en tant que pr�sident de "Paris&Co", je me r�jouis de ce que nous avons pu entendre notamment en �coutant certaines "start-up", particuli�rement celle du 18e, "Kialatok", qui a �t� appr�ci�e, je crois, dans nos auditions sur l'innovation en mati�re d'interculturalit� autour du partage de la nourriture, notamment dans le 18e. Les pr�conisations de la mission sont nombreuses, diverses, car le sujet de l'interculturalit� est vaste. Il touche autant � l'int�gration, au soutien du tissu associatif qu'aux pratiques de l'administration. L'�tendue du sujet a d'ailleurs �t� une difficult� pour la M.I.E, c'est pourquoi il nous faut continuer � travailler sur ce sujet, mieux le discerner, avoir une approche qui va aussi vers le concret et le quotidien des habitants de notre ville. Nous pensons que la d�finition de crit�res objectifs d'�valuation est un pr�alable � toute politique interculturelle. Plus globalement, pour construire une ville interculturelle, nous avons besoin d'�ducation, de connaissance, de conscience. La connaissance de l'histoire donne des rep�res pour le pr�sent. Nous devons imp�rativement donner aux femmes et aux hommes, en particulier aux jeunes citoyens, de nouvelles comp�tences pour appr�hender cette diversit�, des connaissances pour r�pondre � ceux qui cherchent � d�tourner l'histoire et la religion.

Au nom d'un humanisme du XXIe si�cle qui combat la peur et la tol�rance, les �lus de notre groupe ont approuv� les recommandations de cette M.I.E. et soutiennent le v?u d�pos� par la majorit�.

Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � Mme Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.

Mme Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. - Merci.

Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, les travaux engag�s dans le cadre de la M.I.E interculturalit� ont �t� riches d'enseignements. Nous pensions, na�vement peut-�tre, que nous partagions la conviction qu'il existe une culture fran�aise diverse, plurielle mais bien r�elle, parisienne aussi. Nous avons fait le constat d'une divergence entre nous.

Le cycle de r�flexion qui a �t� men� r�v�le avec clart� la politique culturelle qu'une partie de votre majorit� souhaite mener � Paris, et elle porte un nom. C'est un nom que l'on a tendance � servir pour un rien ces temps-ci, mais il prend ici tout son sens. Je vous le dis d'embl�e. Si vous suiviez les recommandations du rapport, vous choisiriez d'encourager et financer une politique communautariste. Car c'est comme cela que l'on caract�rise le fait d'attribuer des enveloppes non pas au titre d'un projet, d'une discipline, d'une forme artistique, d'un lieu, mais au nom d'une identit� culturelle, sous couvert d'une diff�rence.

Cela, vous le justifiez au nom d'une certaine lecture du principe d'ouverture de la ville, mais c'est en r�alit� une assignation � r�sidence identitaire - et c'est une faute - mais aussi une erreur factuelle. D'une part, car aucun Parisien ne se d�finit uniquement par son origine, et d'autre part, car la tr�s grande majorit� d'entre nous est riche de plusieurs.

Personne n'a le droit d'assigner � r�sidence identitaire, parce qu'en France nous respectons une valeur cardinale qui s'appelle la libert�, et que l'auto-d�termination est un principe et non un luxe. C'est donc faire un terrible proc�s en fermeture d'esprit aux Parisiens que de les envisager incapables de vivre ensemble dans le respect de leurs diff�rences.

Nous avons tous plusieurs cultures et nous devons valoriser cette r�alit� pour pouvoir en faire ensemble une force. Pour appr�cier cette diversit�, nous devons apprendre � estimer notre exception fran�aise � sa juste valeur. Cette culture qui s'exporte, qui se c�l�bre dans notre propre langue aux quatre coins de la plan�te. Dire cela, c'est estimer la culture fran�aise et le creuset qu'elle repr�sente. C'est vouloir valoriser sa consistance. Ce n'est pas nier l'existence d'autres cultures sur le sol fran�ais ni m�me les mettre en opposition les unes aux autres. C'est aussi valoriser le fait que notre culture commune est le fruit de m�tissages t�moignant des aventures plus ou moins heureuses de notre tr�pidante histoire de France.

C'est d'ailleurs parce que nous sommes fran�ais, parce que nous vivons dans un pays qui a toujours accueilli les personnes en qu�te d'un refuge, d'une terre ou d'un destin, que nous ne pouvons accepter la politique culturelle que vous souhaitez imposer � Paris.

Nous avons toujours valoris� le dialogue entre les cultures, car s'en tenir � son groupe d'appartenance, c'est se recroqueviller sur des identit�s h�rit�es et absorb�es telles quelles.

Sans esprit critique, sans possibilit� d'�mancipation individuelle, la culture ne peut pas jouer son r�le naturel. Quel dommage, puisque c'est avant toute chose la clef vers l'autonomie, un refuge donc, autant qu'un d�fi. C'est aussi un choix, et c'est l� que le b�t blesse. Une lecture du monde que l'on construit en additionnant en conscience les influences, en choisissant pour soi et pour les autres sa propre identit�. La d�finition de l'interculturalit� est la suivante�: c'est l'ensemble des relations et interactions entre des cultures diff�rentes g�n�r�es par des rencontres ou des confrontations qualifi�es d'interculturelles. Cela n'est pas un manifeste pour subventionner n'importe quoi au pr�texte de la sauvegarde de particularit�s culturelles.

Non, l'interculturalit�, cela devrait plut�t �tre un encouragement � se consid�rer et s'appr�cier tel que l'on se construit. C'est en construisant des digues que l'on recroqueville les individus sur eux-m�mes. C'est en se diff�renciant � l'exc�s que l'on provoque la ranc?ur et la haine. Mes chers coll�gues, pour permettre un r�el dialogue entre les cultures � Paris, � partir de notre socle commun, plut�t que de segmenter les �nergies en diff�renciant les identit�s culturelles, unissez les particularit�s pour lib�rer les personnes.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � Mme Fadila M�HAL, ensuite � Mme Nathalie MAQUOI.

Mme Fadila M�HAL. - Monsieur le Maire, Madame la Pr�sidente de la M.I.E., Madame la rapporteure, chers coll�gues, au nom de mes coll�gues du groupe UDI-MODEM, je voudrais remercier l'ensemble des agents et intervenants qui ont ?uvr� pendant ces 6 mois lors des travaux de cette M.I.E.

Je voudrais remercier �galement Marie ATALLAH, Pr�sidente de la Mission, ainsi que Nathalie FANFANT, rapporteure, pour leur implication et leur recherche permanente du consensus.

Pour le groupe UDI-MODEM, l'interculturalit� est une d�marche dans laquelle est respect�e et valoris�e la diversit� culturelle, qu'elle soit collective ou individuelle. Ce respect et cette valorisation s'appuient toutefois sur un socle commun constitu� de valeurs, de r�gles, de concepts qui permettent de maintenir l'unit� et la coh�sion de notre Nation, et aussi de garantir l'ordre public dans un Etat de droit. Ce socle commun est constitu�, en premier lieu, par notre langue, le fran�ais, et par les valeurs r�publicaines que vous connaissez tous et qui fondent notre pacte social, la libert�, l'�galit�, la fraternit�, mais aussi la la�cit�.

En dehors de cette matrice commune, pour nous, l'interculturalit� n'interdit rien. Elle n'impose rien. De par sa nature m�me, elle implique dialogue, �change, libert�, r�ciprocit�, sans pr�tendre imposer, sans discriminer, sans hi�rarchiser. La d�marche interculturelle a pour vocation de construire, nous l'avons dit, une culture commune, partag�e, �volutive, jamais fig�e, qui ne s'impose pas comme un tout, mais comme un bien commun dans lequel chaque individu est libre de puiser ce qu'il estime lui correspondre et ce qui peut l'enrichir, et cet enrichissement est toujours r�ciproque.

La M.I.E. sur l'interculturalit� a essay�, dans un premier temps, de d�finir les concepts qui nous interrogent, qui nous interrogent m�me de fa�on tr�s lourde dans notre actualit�: l'int�gration et ses processus, le multiculturalisme, l'assimilation, le communautarisme, le communautaire, les identit�s personnelles ou collectives. Ces notions s'imbriquent, se m�langent, se confondent, s'opposent parfois, et font l'objet de d�bats qui m�riteraient d'�tre encore mieux approfondis, et parfois mieux circonscrits.

Ainsi, dans ce vaste champ de l'interculturalit�, faute de temps, nous n'avons pas pu l'appr�hender de fa�on exhaustive. Nous avons exclusivement envisag� l'interculturalit� comme une dynamique d'int�gration en lien avec les probl�matiques migratoires. Cela explique peut-�tre pourquoi nous en d�battons au sein de la 4e Commission. En tant que pr�sidente de la 2e Commission culture, je regrette en effet que la dimension culturelle n'ait pas �t� assez, me semble-t-il, assum�e.

Ainsi, de nombreux sujets n'ont pas �t� abord�s. Je prendrai deux exemples. Tout d'abord, peut-on parler de l'interculturalit� sans aborder la question de la globalisation culturelle�? La France, et c'est un exemple, est le deuxi�me consommateur au monde de "mangas". En 2014, les "Comics" am�ricains repr�sentaient 10�% des ventes de la bande dessin�e, et l'on compte beaucoup d'auteurs, d'artistes fran�ais qui tendent de r�interpr�ter cette culture globale. Cela aurait m�rit�, avec d'autres exemples, de plus grands d�veloppements. Mais faute de temps, nous avons d� faire des choix ax�s sur la dimension sociale, �ducative et socioculturelle de l'interculturalit�.

Deuxi�me aspect tr�s important qui a �t� volontairement pass� sous silence, c'est la question du fait religieux. Beaucoup de villes europ�ennes auditionn�es lors de cette M.I.E. ont soulign� la dimension culturelle du fait religieux et de l'emprise de plus en plus importante du religieux dans l'espace public et dans les identit�s personnelles. Il nous semblait que justement, la M.I.E. aurait pu �tre un cadre appropri� pour un d�bat apais� et d�politis� sur cette question.

D'ailleurs, nous sommes un peu �tonn�s d'avoir d� insister beaucoup pour faire, par exemple, mention de la question de la pratique religieuse dans la partie consacr�e � l'Institut des cultures d'Islam dont ce fut pourtant l'essence m�me du projet que d'exp�rimenter une cohabitation entre le culturel et le cultuel. La question du dialogue interculturel interreligieux n'a pas �t�, par exemple, abord�e alors qu?il aurait �t� int�ressant, je dirais m�me vital, de souligner combien la la�cit� nous permet d'aborder le fait religieux dans sa dimension culturelle, comme un champ � respecter dans sa neutralit�, mais aussi et surtout, comme un bouclier pour se pr�munir du pros�lytisme et des tentatives d'instrumentalisation du religieux avec ce fl�au que nous connaissons en France, mais aussi � Paris, qui donne lieu � un retour � l'obscurantisme et � la mise en cause des droits des femmes.

Ce prisme de l'interculturel en lien avec le processus d'int�gration n'a pas non plus permis d'avoir un d�bat approfondi sur le plurilinguisme. Les d�bats que nous avons eus n'ont quasiment port� que sur la question des langues dites d'origine, alors m�me qu'il s'agit d'un enjeu �ducatif et culturel qui va bien au-del�. Ainsi, nous regrettons que notre proposition de soutenir le r�tablissement des classes bilangues europ�ennes n'ait pas �t� reprise.

Pour le groupe UDI-MODEM, la ma�trise du fran�ais au sortir de l'�cole primaire de tous les �l�ves doit �tre une priorit� absolue, tant il est vital que chacun puisse communiquer avec d'autres dans les meilleures conditions. Je voudrais signaler aussi les pr�conisations de notre groupe qui n'ont pas �t� reprises, mais aussi celles pour lesquelles nous avons une forte opposition.

Par exemple, il a �t� dit qu'il fallait d�finir un comit� de pilotage pluraliste et un service de la Ville pour mettre en ?uvre cette charte, avec les �lus concern�s de l'Ex�cutif. A lire l'intitul�, seuls les �lus de l'Ex�cutif participeront � la r�daction de cette charte. Qu'en sera-t-il des autres groupes politiques, et notamment ceux de l'opposition�? Pour ne pas �tre trop longue, pour toutes ces raisons, parce que nos pr�conisations n'ont pas �t� prises en compte, parce que nous nous opposons � certaines pr�conisations, tout en reconnaissant la qualit� mais la partialit� du rapport, nous nous abstiendrons sur la totalit� du rapport. Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � Mme Nathalie MAQUOI, puis � Mme Anne SOUYRIS.

Mme Nathalie MAQUOI. - Mes chers coll�gues, comme l'a dit Mme la Maire en introduisant ce d�bat, notre Conseil a pris la d�cision de cr�er, il y a quelques mois, la 4e Mission d'�valuation de la mandature, consacr�e � Paris, ville interculturelle, avec deux objectifs. Tout d'abord, dresser un �tat des lieux des pratiques interculturelles � Paris et dans ses quartiers�; ensuite, formuler des pr�conisations pour perfectionner, promouvoir l'interculturalit� dans nos politiques publiques.

Que ce soit du point de vue du bilan ou des perspectives donn�es, le travail de la M.I.E. a �t� productif avec une centaine de recommandations propos�es. Merci donc � tous ceux et celles qui auront contribu� � ce travail et � ces r�sultats, les agents de la Mission Information Expertise, les 81 experts et personnalit�s auditionn�s, les responsables d'�tablissement qui nous ont re�us, les maires d'arrondissement qui ont r�pondu � notre questionnaire, et bien s�r l'ensemble des �lus et des collaborateurs qui ont particip� aux travaux, au titre de leur groupe politique.

Pendant six mois, par des travaux de la M.I.E., nous avons pu mieux conna�tre la richesse de la diversit� culturelle pr�sente � Paris ainsi que la multiplicit� des liens, des interactions tiss�es entre les habitants, qui permettent � Paris d'�tre une ville monde. Nous avons pu constater l'apport des cultures diverses, apport�es au fil du temps par les nouveaux arrivants, ind�pendamment du lieu d'o� ils viennent. Par ce dialogue, cet �change parfois complexe, cette cohabitation, se construit progressivement la n�cessaire coh�sion sociale entre des individus divers.

Je vais donc essayer de vous r�expliquer le fond du travail de la M.I.E., notamment � la Pr�sidente du groupe les R�publicains, parce que j'ai l'impression, en vous �coutant, que vous n'avez pas d� vraiment lire ni le rapport ni les pr�conisations.

Simplement une remarque�: je crois que, dans ce que vous �rigez comme �tant la culture fran�aise, il y a aussi la raison, le rationnel, l'exercice critique qui part de ce que l'on lit et pas de ce que l'on invente pour justifier un pseudo vote au final.

L'interculturalit� est une d�marche utile pour r�fl�chir et mettre en ?uvre des politiques publiques. Ces derni�res ann�es, de nombreuses villes europ�ennes ont constat� l'�chec � la fois des mod�les d'assimilation ou de communautarisme. Un peu partout en Europe, des �lus, des associations, des citoyens, par exemple � Berlin, � Barcelone, � Londres, confront�s aux mutations �conomiques, sociales et urbaines de leur m�tropole, ont recherch� un nouveau mod�le de vivre ensemble par l'observation d'exp�riences ensuite mises en musique.

Ces r�flexions se sont traduites par la mise en place d'un r�seau europ�en de cit�s interculturelles auquel Paris a adh�r�. De quoi parle-t-on quand on parle d'interculturalit�? Tout d'abord, de participation � la vie de la Cit�. Une politique interculturelle part du postulat que le citoyen est acteur et pas seulement r�ceptacle des politiques mises en ?uvre. Ainsi, la carte citoyenne donn�e � tout habitant de Paris, peu importe sa nationalit�, son �ge, sa date d'arriv�e dans notre ville, est un excellent outil d'inclusion. Nous proposons d'en �tendre les droits, le potentiel qu?elle porte pour le d�tenteur, pour se sentir pleinement participant � une communaut�.

Une politique interculturelle est aussi une d�marche de mise en r�seau. Elle propose de d�passer la simple entr�e par th�matique pour r�pondre aux enjeux d?un territoire, pour favoriser la prise en compte globale, le partenariat entre diff�rents acteurs.

Cette mise en r�seau est d�j� � l'?uvre dans de nombreux quartiers de Paris. Par exemple, de nombreux �tablissements culturels construisent des projets communs avec des centres sociaux, des clubs de pr�vention, des associations, des citoyens d'un m�me territoire.

Nous pensons qu?il faut accompagner encore davantage ces d�marches partenariales, porteuses de rencontres riches, o� chacun fait un pas de c�t� pour mieux se rencontrer. C'est l'esprit - pour reprendre l'exemple des projets culturels - de la notion de droit culturel.

Enfin, une politique interculturelle accorde toute sa place aux populations les plus fragiles qui souvent ne se sentent pas l�gitimes � intervenir dans le d�bat public, pas l�gitimes � participer au processus de d�cision, soit parce qu'elles sont �trang�res, nouvellement arriv�es, soit parce que la pr�carit� dans laquelle elles vivent ab�ment leur confiance dans la mise en place � prendre dans un projet commun.

Nous pr�conisons donc, pour rendre plus visible la d�marche interculturelle de Paris, pour l'approfondir au service d'un projet municipal dont le c?ur est une ville bienveillante, de d�velopper des outils transversaux. Tout d'abord, une charte �labor�e, par exemple, au sein des Conseils des g�n�rations futures - vous voyez, Madame M�HAL, que ce n'est pas du tout juste les �lus de l'Ex�cutif - permettant ainsi de cr�er un label pour des projets, des associations, des �quipements s'inscrivant dans la d�marche interculturelle.

Ensuite, d�velopper au sein de notre collectivit� des formations � la d�marche interculturelle pour les agents, quel que soit leur secteur d'intervention.

Il y a dans les nombreuses pr�conisations faites par la M.I.E., dont l'essentiel a �t� l'objet d'un consensus, la possibilit� pour l'Ex�cutif de trouver des propositions concr�tes � mettre en ?uvre, soit de fa�on transversale, soit dans un secteur particulier pour renforcer la d�marche interculturelle de Paris. Nous avons confiance dans le fait que le travail de cette mission contribuera au projet de ville bienveillante incluant toutes les populations port�es depuis maintenant trois ans.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup.

Anne SOUYRIS. Ensuite, ce sera Danielle SIMONNET.

Mme Anne SOUYRIS. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, pr�senter ce rapport intitul� "Paris ville interculturelle" quelques jours apr�s avoir �vit� le pire pour notre d�mocratie n'est �videmment pas anodin.

Les r�sultats de cette �lection pr�sidentielle confirment l'importance d'une telle d�marche, une d�marche positive qui d�montre, une fois de plus, qu'� la fois, la diversit� culturelle est une richesse dont chacun et chacune tire b�n�fice, mais aussi que, malheureusement, n'�tre pas Fran�ais ou de culture fran�aise est encore un handicap s�rieux en France. Eh, oui, il faut bien le dire, m�me � Paris�!

A Paris, bien s�r, les r�sultats du Front National sont largement en dessous de la moyenne nationale, mais faut-il consid�rer qu'il s'agit l� d'un �lectorat r�siduel du Front National ou bien que nous ne serons satisfaits que lorsque ce parti antir�publicain fera des scores proches de 0�?

Les �cologistes, vous vous en doutez, penchent pour la deuxi�me option car, oui, le score du FN est faible � Paris alors m�me que notre ville est la plus multiculturelle de France. Cette r�alit� souligne l'importance d'un discours politique transparent et assum� qui touche aux sujets les plus sensibles, les plus profonds qui soient, comme notre culture d'origine.

Un autre exemple a trait � l'accueil des r�fugi�s, sujet � combien pol�mique. En 2015, lors d'un rendez-vous que nous avions sollicit� en tant qu?�lus �cologistes, le Pr�fet de R�gion nous a expliqu� qu'il ne souhaitait pas s'exprimer publiquement sur la cr�ation effective de nouvelles places d'h�bergement pour les r�fugi�s afin - je cite�: "de ne surtout pas faire le jeu du FN". Classique de la strat�gie du faire un peu sans dire qui, de mon point de vue, est une grave erreur pour combattre la mont�e du Front National.

Le silence et les louvoiements, qui n'ont jamais �t� la strat�gie de la majorit� parisienne mais trop souvent celle d'un �tat frileux, entretiennent, "de facto", la peur et la suspicion, laissant toute la place � un discours r�actionnaire et x�nophobe.

A Paris, m�me s?il reste encore beaucoup � faire, nous avons adopt� une strat�gie d'accueil de migrants et un discours politique ferme sur ce sujet. Nous devons agir tout aussi courageusement en faveur de l'interculturalit�, et c'est le sens des pr�conisations de la M.I.E. que Marie ATALLAH vient de pr�senter.

Derri�re les 100 pr�conisations de la M.I.E., un fil rouge se dessine, celui de mettre un "s" � culture, d'�largir notre dynamique interculturelle pour que tout enfant non francophone puisse trouver � Paris un �cho � sa culture, une fiert� de venir d'o� il vient, d'�tre ce qu'il est, mais aussi de lui permettre d'avoir toute sa place, exactement comme tout enfant fran�ais, donc de lui donner tous les outils pour son int�gration dans la soci�t� et lui permettre de devenir ce qu'il veut.

Ainsi, le vote des R�publicains contre les pr�conisations issues de cette mission nous semble correspondre � un double contresens. Nous le regrettons car cette d�cision ne correspond pas � l'�tat d'esprit qui a anim� les membres de la M.I.E., toutes tendances confondues, lors de ces travaux.

Nous le regrettons d'autant plus que l'opposition semble, une fois de plus, faire le choix du refus de l'alt�rit� et du dialogue�; comme le stipulait le pr�ambule propos� par le groupe des R�publicains et refus� par la majorit� de la M.I.E., le choix de l'assimilation.

Ce sont des tentations identitaires particuli�rement regrettables, car oui, il est de notre devoir de fraternit� de donner � toutes celles et � ceux qui se trouvent sur le sol parisien, en commen�ant par les enfants, la capacit� de vivre ensemble, qu'ils soient de n'importe quel pays du monde, de n'importe quelle culture. Il ne doit plus y avoir d'�cole, de quartier, de lieu public o� certains puissent simplement penser que leur origine culturelle et sociale est une voie sans issue.

Ainsi, avons-nous souhait�, � l'issue de la mission, mettre l'accent sur l'apprentissage des langues, des �critures et des cultures diff�rentes dans tous les lieux r�gis ou subventionn�s par la Ville. Activit�s p�riscolaires, organismes culturels, structures de jeunesse et services publics, partout valoriser et accentuer ces politiques de renforcement des liens interculturels, partout favoriser �galement les initiatives ?uvrant � l'inclusion sociale, en commen�ant par les quartiers "politique de la ville".

Par exemple, � l'instar de ce que d'autres grandes m�tropoles europ�ennes ont mis en place, nous devons d�velopper un module de formation de m�diation interculturelle pour former les agents de la Ville � prendre en compte la diversit� des usagers, des services publics au niveau de l'accueil et de l'acc�s au droit.

Nous appelons enfin de nos v?ux un moment festif interculturel partout dans Paris pour nous rappeler que Paris est ces 110 nationalit�s et que nous en sommes fiers ensemble.

Quels que soient les d�bats qui ont �merg� pendant la tenue de cette mission, je vous remercie de ce travail commun et compte sur notre intelligence collective pour le mettre en ?uvre d�s les mois qui viennent afin que chacune et chacun trouve sa place � Paris, quel que soit l� d?o� il ou elle vient.

Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

Danielle SIMONNET a la parole. Ensuite, ce sera Fran�ois-David CRAVENNE.

Mme Danielle SIMONNET. - De 2001 � 2008, j'�tais adjointe au maire du 20e arrondissement et je faisais chaque ann�e, le 14 juillet, la f�te de la R�publique la�que et m�tiss�e. Cette manifestation �tait organis�e avec le Conseil de la citoyennet� des habitants non communautaires, avec de nombreux stands, d'associations et, en m�me temps, il y avait une programmation musicale dans le kiosque.

La premi�re ann�e, l'adjoint � la Culture avait voulu proposer une programmation "culture du monde". Finalement, on avait travaill� avec une programmatrice culturelle du "Batofar" et nous avions opt� pour une programmation transculturelle�: nous avions � la fois du jazz "manouche", m�lant de l'afro jazz, du rock alternatif inspir� de rythmes latino-am�ricains et africains. Nous �tions dans le choix du transculturel.

Je vous donne cet exemple concret pour vous illustrer que soit nous sommes en capacit� de montrer que nous sommes en faveur de ce qui �mancipe la trans-culturalit�, soit nous sommes en faveur de ce qui enferme et assigne � r�sidence, qui serait donc l'enfermement communautarisme.

Il faut faire attention � la fa�on dont on interpr�te le mot "interculturel" car je sens bien qu?il existe deux interpr�tations. Je lui privil�gie le terme de "transculturel" qui permet, justement, l?ensemble des cr�ations artistiques et culturelles qui se "d�senferment", qui d�cloisonnent la culture. La culture �mancipe quand elle d�cloisonne.

Une culture du monde qui serait consid�r�e comme enferm�e sur elle-m�me, sur un pass� inali�nable, c'est une culture morte. Nous ne voulons pas de cultures mortes, nous voulons des cultures qui vivent et qui nous �mancipent.

Plus nous avons une multitude de sentiments d'appartenance r�elle ou suppos�e, plus nous avons d'interactions groupales, plus nous avons des chances de nous �manciper de tout enfermement d�terministe.

L'enjeu de la ville, c'est quoi�? C'est soit une ville qui permet justement de renforcer l'ensemble de ces interactions sans hi�rarchie et elle peut donc �manciper, soit une ville qui se soumet � une uniformisation culturelle de la globalisation impos�e par l'id�ologie dominante. Je vous renvoie � l'uniformisation culturelle mais aussi au d�bat sur les grandes surfaces de ce matin�; c'est aussi li�. Avec cette ville d�shumanisante, il peut y avoir un enfermement, une assignation � r�sidence communautaire. Ou bien on est une ville transculturelle qui �mancipe.

Je conclurai par dire�: vive le transculturel�!

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Tr�s bien, merci.

Je donne la parole � Fran�ois-David CRAVENNE, lui rappelant qu?il lui reste dix minutes et qu'il y a un autre intervenant de LR.

M. Fran�ois-David CRAVENNE. - Merci, Monsieur le Maire.

Nous voil� avec un texte qui fleure bon le communautarisme, qui flatte tout ce qui est diff�rent, qui tente de r�cup�rer les beaux-esprits, et peu importe s?il est irr�aliste, les bons sentiments st�riles et la na�vet� le guident. Pour vous, la culture est �volutive, elle n'est pas ancr�e dans l'histoire. Pour vous, la culture doit faire son nid dans l?avenir, pas dans le pass�. Pour vous, le pass� est rempli de vilains Fran�ais qui ont fait tant de mal, qui ont provoqu� unilat�ralement tant de drames. Vous estimez que l?avenir ne passe que par vos id�es car vous vous consid�rez comme seuls bien-pensants, seuls capables d'incarner un avenir radieux. Pour vous, la culture est volatile. C'est pourquoi votre document indique qu'il n'y a pas de pr�gnance d'un mod�le national homog�ne, car la culture fran�aise faite de trop de sang, de trop de larmes, de trop de bruit et de trop de fureur doit �tre dissoute dans un ensemble bien plus large. Selon vous, en effet, toutes les autres cultures sont les bienvenues du moment qu'elles permettent d'occulter tout ce qui n'est pas conforme � votre vision du vivre-ensemble, un vivre-ensemble id�alis� et par cons�quent totalement d�connect�. Dieu sait si l?histoire de France a connu des conflits. Mais pour vous, experts de la s�mantique, le conflit devient dialogue, la guerre est une tension, la haine de l'anxi�t�. Vous occultez la r�alit� pour renforcer vos arguments. En conclusion, nous consid�rons que rien n'est plus extraordinaire que le dialogue entre les cultures, que la confrontation pacifique et bienveillante entre deux perceptions du monde. Mais ce n?est pas ce que vous sugg�rez. Vous nous proposez d'�dulcorer notre h�ritage, de le rejeter m�me parfois, diluant notre culture dans celle des autres. Vous souhaitez m�langer les identit�s, estimant qu?elles permettront de mieux nous entendre. Aux R�publicains, nous ne partageons en rien cette conception. Pour nous, le vivre-ensemble passe par le respect du pass� et de l'histoire de chacun sans n�gation, ni aveuglement, ni ang�lisme, ni �lectoralisme, ni machiav�lisme. Simplement, nous regardons la r�alit� en face avec lucidit� et pragmatisme. Merci.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

Je donne la parole � Philippe DUCLOUX, lui rappelant qu'il reste un intervenant derri�re lui et qu?il reste neuf minutes de temps de parole.

M. Philippe DUCLOUX. - D�j�, Monsieur le Maire, juste un petit mot pour dire que je suis effar� par les deux interventions des gens qui n'ont pas si�g� dans la M.I.E. On voit que les intervenants de chaque groupe ont pu s'exprimer avec un v�cu. Mais lorsqu'on parle du texte des autres, cela veut dire qu?on n'a pas si�g� et qu?on ne sait pas forc�ment le contenu et le contenant de notre texte qui a �t� ambitieux et sur lequel on a travaill� toutes et tous pendant six mois.

C'est important de rappeler le travail qui a �t� fait � la fois par les �lus, par les services, par tous les gens que nous avons auditionn�. Je ne laisserai pas dire ce qui vient d'�tre dit au moment du d�bat qui nous r�unit cet apr�s-midi sur cette M.I.E.

J'ai pris un peu de mon temps, Monsieur le Maire, j'en suis d�sol�, mais je tenais � r�affirmer ce principe.

Je tiens � remercier �galement toutes les institutions culturelles. Evidemment, quand on dit interculturalit�, on pense aux institutions culturelles qui nous ont accueillis. Je pense aux mus�es parisiens, aux mus�es nationaux que nous avons visit�s, tels que le Mus�e d'art et d'histoire du juda�sme, l'Institut du monde arabe, l'op�ra Garnier et le Mus�e de l'histoire de l'immigration, qui sont des partenaires de l'Acad�mie de Paris.

Si je dis cela, c?est parce que j'interviendrai dans quelques instants sur la partie �ducative de notre M.I.E. Je voudrais dire que cette M.I.E., contrairement � ce que certains ont dit, a �t� enrichissante, gr�ce notamment � l'apport des experts, des universitaires que nous avons auditionn�s avec grand plaisir pendant six mois. Cette M.I.E. a permis de r�affirmer les valeurs auxquelles nous sommes, nous, �lus de gauche, et j'esp�re tous les �lus, attach�s, qui sont des valeurs de libert�, d?�galit� et de fraternit�.

Ces valeurs sont �galement celles de notre ville, une ville bienveillante, inclusive, une ville-monde, qui est Paris, qui accueille et qui int�gre. Ce sont, comme je l?ai rappel� � l?instant, les valeurs de notre devise.

Je voudrais maintenant dire quelques mots sur les questions li�es � l'�ducation, qui ont �t� longuement soulev�es par notre M.I.E. L'�cole, mes chers coll�gues, est un lieu d'apprentissage de la rencontre, du vivre-ensemble, elle doit rester un lieu de vie qui favorise l'ouverture � la diversit� culturelle. L'�cole a un r�le � jouer dans l'�ducation des futurs citoyens. Elle doit leur inculquer un certain nombre de valeurs parmi lesquelles le respect de la diff�rence et l'ouverture � l'alt�rit�.

Alexandra CORDEBARD, dans son discours introductif lors de son audition � la M.I.E., pr�cisait que l'interculturalit� dans le cadre de l'�ducation, c'est peut-�tre ce qui consiste � fabriquer du langage commun pour pouvoir enrichir le collectif des diff�rences des enfants et parfois de leurs parents.

A cet �gard, l'�cole doit poursuivre les actions engag�es dans le cadre de la politique pour promouvoir les ouvertures culturelles par la recherche d'offres associatives d�di�es ou par la formation des animateurs, notamment dans le cadre de la nouvelle �cole de l'animation de la DASCO.

Jacques DELORS, dans son rapport � l?Unesco de la Commission internationale pour l'�ducation du XXe si�cle, pr�cisait qu'il importe d'assumer la diversit� et la pluri-appartenance comme une richesse. L'�ducation au pluralisme est non seulement un garde-fou contre les violences mais un principe actif d'enrichissement culturel et civique des citoyens contemporains. De la m�me mani�re, Michel SERRES, philosophe et historien que tout le monde conna�t sur nos bancs, fait l'�loge du m�tissage. Je le cite�: "Tout apprentissage exige ce voyage avec l'autre et vers l'alt�rit�.".

Paris, mes chers coll�gues, prend l?engagement de scolariser tous les enfants, d'o� qu'ils viennent et d�s qu?ils arrivent, ainsi que l'a soulign� Alexandra �galement lorsqu'elle �tait venue � cette audition. Sous l?autorit� bien entendu d?Anne HIDALGO, Maire de Paris, � travers sa politique tr�s volontariste en soutien � l?Education nationale, qu'il s'agisse d'enfants de r�fugi�s, d'enfants de familles qui vivent dans la rue, d'enfants dont les parents sont en grande difficult� sociale, tout est mis en ?uvre par l'Education nationale et avec le soutien de la Ville pour que cette scolarisation soit effective et qu?elle puisse proposer un avenir � ces enfants comme � l'ensemble des petits Parisiens.

C'est ainsi que l'effort accompli avec le Centre acad�mique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage, le C.A.S.N.A.V., sur la scolarisation des jeunes en attente de la d�cision du juge sur leur orientation nationale est un point fort. Le jeune est en immersion dans une classe avec d'autres enfants. Le fait m�me qu'il soit � l'abri et install� avec d'autres jeunes Fran�ais lui permet d'�tre d�j� dans une forme d'interculturalit�.

Des classes d'initiation qui ont �t� cr��es par l'Education nationale � partir de 1973 pour les �l�ves arrivant de l'�tranger - on les appelait les C.L.I.N. -, avec leur �quivalent dans le seconde degr�, les classes d'accueil, existent toujours m�me si elles ont simplement chang� de nom, puisqu'aujourd'hui il s'agit des unit�s p�dagogiques pour les �l�ves allophones arrivants, les UP2A. Des centres de formation agr��s C.A.S.N.A.V. pr�parent les enseignants � intervenir dans ces classes d?initiation.

La Ville de Paris, mes chers coll�gues, est d�cid�e � poursuivre et � perfectionner sa contribution � une �cole plus interculturelle en proposant des formations et ressources li�es � l'interculturalit� aux professeurs de la Ville de Paris, dans les domaines suivants�: la musique, les arts plastiques, les sports. Elle doit interpeller le Rectorat, l'Acad�mie autour du renforcement des actions autour du pluri et multilinguisme dont les langues occidentales et ce d�s la petite enfance jusqu'� l'enseignement sup�rieur, sans le limiter aux enfants d'origine �trang�re. Je parle de l?ouverture dans tous les cours dits de langue d'origine, en pr�sence d'assistants de langue du premier degr�.

Elle doit d�velopper l'accueil des mineurs isol�s, �trangers et des mineurs suivis par l?A.S.E. dans les dispositifs de la r�ussite �ducative. Elle doit �tendre le dispositif "D�clic Langues", exp�riment� par la DASCO dans les 6e et 14e arrondissements, qui permet d'�veiller les �l�ves parisiens � la diversit� culturelle gr�ce aux recrutements d'animateurs bilingues et � des partenariats avec de grands instituts culturels install�s � Paris.

Elle doit continuer � prioriser les moyens mis en ?uvre sur les �tablissements scolaires class�s en R.E.P. � l'instar des dispositifs "coup de pouce", aide � la lecture ou classes de d�couverte.

Voil�, mes chers coll�gues, j'ai �t� tr�s heureux de participer � ma 6e M.I.E., un outil tr�s important que Bertrand DELANO� avait initi� en 2002 et que Mme la Maire, �videmment, a prolong�. La M.I.E. est une innovation d�mocratique port�e � l'�poque par la gauche et elle est l'�manation de la loi relative � la d�mocratie de proximit� de 2002 port�e par Lionel JOSPIN et adopt�e par l'Assembl�e nationale. Un petit mot pour dire que?

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Vous mangez sur le temps de parole de votre groupe.

M. Philippe DUCLOUX. - Comme le rappelait Mme la Maire tout � l'heure, j'esp�re qu'en 2024 Paris aura l'occasion d'accueillir le monde � travers l?organisation des Jeux de toute la jeunesse du monde. Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � Thierry HODENT. Vous avez 8 minutes 25, vous n?�tes pas oblig�.

M. Thierry HODENT. - Merci, Monsieur le Maire.

J?essaierai de ne pas prendre les 8 minutes 25 mais je vais quand m�me vous donner un certain nombre de points.

Mes chers coll�gues, tout d'abord, je partage les remerciements de la pr�sidente et de la rapporteure, tant vis-�-vis des �quipes de la M.I.E. que vis-�-vis de tous les intervenants. Je pense avoir particip� � toutes les r�unions, ce qui �tait une charge assez lourde, je dois vous le dire, apr�s tant d'heures pass�es � �changer, apr�s avoir d�fini autant de pr�conisations qu?ensuite prendra vraiment cette M.I.E. interculturalit�. Beaucoup d'�changes, malheureusement peu d'id�es neuves, et surtout pas d'actes qui participeraient � la mise en valeur de la culture � Paris. Globalement, que proposez-vous, � part du papier et du blabla�? Charte, comit� de pilotage, �tude de faisabilit�, recherche d'un �quilibre dans le soutien de la Ville. Bref, c'�tait une r�flexion pour entamer une autre r�flexion, donc une perte de temps. Ce qui est dommage parce que les travaux �taient, � mon avis, de qualit�. L'imposition de probl�matiques est la meilleure amie du principe de culture majoritaire, ce qui contrevient � l'id�e m�me d'interculturalit� qui, alors, perd tout son sens quand on l'impose.

Valorisons l'�change et la force des m�langes plut�t que de culpabiliser sur nos principes culturels et d?enlever � Paris, et donc aux Parisiens, le droit de vivre et de partager leur propre culture. Si votre projet avait �t� r�ellement pertinent, vous auriez r�ussi, entre vous d'abord, � vous mettre d'accord. Pourtant, ce n'est pas le cas. Les conclusions ne font pas consensus, sans doute parce que vous refusez l'�change d'id�es entre d�cideurs publics. Etonnant, pour des gens qui militent pour un monde o� les cultures s'entendent, se r�pondent et s'acceptent. C'est ce qui arrive quand on choisit de privil�gier la bien-pensance � l'action concert�e. Je donne quelques exemples pour illustrer mon propos�: la pr�conisation 16 "valoriser les actions interculturelles dans le cadre de l'appel � projets kiosques parisiens", ou la pr�conisation 32 "promouvoir la convergence didactique des langues comme une m�thode d'apprentissage, mais aussi de lutte contre les in�galit�s".

Avec de tels projets, il est clair que Paris va devenir une ville o� les cultures interagissent ensemble. Bien �videmment, je plaisante. En dehors de �a, l'enseignement que je retire de toute cette mission est que l'interculturalit� existe � Paris, existait d�j� avant et continue � exister. Je pense qu'il faudrait mettre en place une nouvelle structure, plus concr�te, et ne pas rester sur des objectifs assez fumeux. Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

La derni�re intervenante est Virginie DASPET, pour 2 minutes 30.

Mme Virginie DASPET. - Je vais donc aller tr�s vite, merci.

Je ne vais pas vous parler de tout ce que j'avais pr�vu, c'est-�-dire notamment de tous les dispositifs qui existent dans les quartiers populaires, dont nous nous sommes rendu compte de tout ce qu'ils avaient comme cr�ativit� et comme �nergie, et que nous vous proposons de mod�liser pour qu?ils puissent irriguer dans tout Paris.

Je vais revenir � l'aspect plus pol�mique de ce qui nous retient aujourd'hui en s�ance et qui fait que ce rapport, sur lequel nous avons travaill� ensemble pendant six mois, que nous avons vot� partie par partie, pr�conisation par pr�conisation, de mani�re assez ubuesque ne sera pas vot� aujourd'hui dans cet h�micycle.

Je crois qu'il y a quand m�me une grande hypocrisie dans tout ce que l'on a entendu, � la fois � la fin de cette M.I.E. et � la fois aujourd'hui, notamment, de la part de personnalit�s qui n'�taient pas pr�sentes autour de ces travaux. Je crois qu?il faut dire les choses de mani�re claire parce qu?au-del� de toutes ces arguties, la r�alit�, c'est que nous avons une diff�rence d'approche totalement oppos�e. On l'a vu d�s les premi�res s�ances de cette mission puisque, quand il s'est agi de d�finir ce qu'�tait l'interculturalit�, on a bien compris qu'il y avait des choses qui coin�aient entre nous.

Qu'est-ce qui coince entre nous�? Autant dire les choses franchement. C?est qu?il y a des gens qui sont pour l'interculturalit�, autrement dit les gens de gauche, pour faire sch�matique, et il y a des gens qui sont tout � fait assimilationnistes - oui, Madame FANFANT�; d'ailleurs, c'est ce que vous �criviez dans votre pr�ambule - et qui, de fait, sont plut�t les gens de droite. Le d�bat que l'on a aujourd'hui, ce n'est pas sur telle ou telle ligne d?une pr�conisation, ou sur telle ou telle citation qui aurait �t� plus ou moins valoris�e dans le rapport final, c'est tout simplement cette diff�rence d'approche. Je crois qu?il faut l'assumer jusqu'au bout. Tout ce qui a pu �tre dit depuis tout � l'heure, notamment par M. CRAVENNE, que j'ai d�couvert pour la premi�re fois et que j'ai entendu prendre la parole dans cet h�micycle, �tait assez parlant sur cette diff�rence de point de vue.

Comme il me reste 25 secondes, je vous invite chaleureusement � voter � la fois ce rapport et les 100 pr�conisations qui en sont issues, et �galement � voter le v?u qui va vous �tre pr�sent� pour une charte de l'interculturalit� � Paris qui permet de donner coh�rence � toutes ces propositions. Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup.

Pour vous r�pondre � toutes et tous, Bruno JULLIARD, puis H�l�ne BIDARD.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire, et merci � l'ensemble des intervenants, et surtout, merci � la pr�sidente de la M.I.E., ch�re Marie ATALLAH, ainsi qu?� la rapporteure, ch�re Nathalie FANFANT. Merci aussi � l'ensemble des Conseillers de Paris qui ont consacr� une part importante de ces six derniers mois � consulter, � analyser, � discuter les enjeux li�s au dialogue permanent entre les diff�rentes cultures dans une ville ouverte ou plut�t, devrais-je dire comme Jules Michelet, d�j� � la fin du XIXe si�cle, � propos de Paris�: "une ville qui repr�sente le monde, car tous les peuples affluent pour y puiser les �l�ments de civilisation, un grand carrefour o� viennent aboutir les routes des Nations".

Je me dois d'abord d'exprimer un regret, celui que votre approche pragmatique, Madame la Pr�sidente, n'ait pu faire l'unanimit� entre l'ensemble des groupes politiques du Conseil de Paris - nous venons de le voir - et que l'un d'entre eux, le groupe des R�publicains - je ne sais si c'est par r�flexe ou par opposition de principe -, ait d'abord vu dans cette mission l'occasion de prolonger une dispute entre les tenants d'une vision dite "assimilationniste", largement repr�sent�e par Fran�ois-David CRAVENNE, faisant de la culture fran�aise un creuset unique et intangible, et ceux d'une vision, qui, de mon point de vue, est tout aussi contestable, de coexistence n�cessairement fig�e entre cultures inconciliables, renvoyant chacun � sa communaut�. C?est, je crois, ce qu?il fallait justement �viter et ce que vous avez r�ussi � �viter.

J'ajoute, d'ailleurs, qu'en �coutant les diff�rentes interventions des repr�sentants des R�publicains, peu de points communs entre l'intervention de la Pr�sidente KOSCIUSKO-MORIZET et celle de Fran�ois-David CRAVENNE, ou plut�t, un seul point commun, celui de travestir le rapport pour au moins se mettre d'accord sur un point, celui de mal lire le rapport tel qu'il vous est pr�sent� aujourd'hui. Mais je n'ai pas vu beaucoup de points d'accord dans l'analyse de l'une et de l'autre.

Je m'arr�terai un instant sur le deuxi�me �cueil que je viens de citer, que vous avez donc su �viter, � savoir tenter de d�finir le caract�re insaisissable de ces cultures diff�rentes dont nous parlons. Insaisissable, car la culture est partout, mouvante et prot�iforme. Comme le disait le Prix Nobel de m�decine, disparu en 2013, Fran�ois Jacob�: "Presque tout ce qui caract�rise l'humanit� se r�sume dans le mot culture. Comment, alors, pr�ciser les contours de ce presque tout, comment analyser les espaces de partage et d'�change entre les cultures�?" Ces espaces sont, en effet, omnipr�sents et c'est particuli�rement vrai � Paris. Il n'est de pratique culturelle qui ne puisse se r�clamer de sources et de r�f�rences innombrables, puis�es bien au-del� de nos fronti�res g�ographiques ou temporelles.

La culture parisienne - et votre rapport le confirme de fa�on argument�e et document�e - est ainsi, par d�finition m�me, interculturelle. Plut�t que de vous risquer � une entreprise p�rilleuse de d�nombrement ou de classification de ce que seraient les diff�rentes cultures pr�sentes � Paris, vous avez fait le choix, l� aussi, du pragmatisme en appuyant votre propos sur l'exp�rience v�cue des habitants, des acteurs associatifs ou institutionnels, des agents qui font vivre nos �quipements municipaux, de tous ceux qui, de pr�s ou de loin, constituent le ciment de notre coh�sion sociale. Ce travail fastidieux vous a conduits � nous pr�senter aujourd'hui des pr�conisations que je pourrais r�sumer en deux grandes cat�gories.

Tout d'abord, valoriser ce dialogue et cette ouverture culturelle qui sont l'ADN de notre ville, mais qui restent bien souvent invisibles, faute d'un �clairage politique insuffisant. Vous recommandez ainsi que Paris s'affirme comme ville interculturelle. Je ne peux que recevoir favorablement cette proposition. Elle fait d'ailleurs �cho, � plusieurs titres, � un travail d�j� entrepris par ma coll�gue en charge de l?�galit� et de la lutte contre les discriminations, H�l�ne BIDARD, sur le Paris de l?�galit�, comme le v?u port� par l?ensemble des groupes de la majorit� municipale. Cette profession de foi n�cessite l'�criture d'une charte interculturelle, dont sera charg� un comit� de pilotage encore � d�finir.

Madame Fadila M�HAL, �videmment, les groupes politiques pourront y �tre repr�sent�s.

Ce comit� de pilotage devra �tre aliment� par l?APUR, par le Conseil des g�n�rations futures ainsi que par le Conseil scientifique de la Ville. Cette charte pourra ensuite se mat�rialiser par la constitution d'un label valorisant l'implication de toutes les structures volontaires dans les �changes culturels, y compris les services publics parisiens.

Le deuxi�me grand ensemble de pr�conisations concerne justement l'int�gration de cette r�alit� des pratiques interculturelles � Paris dans nos politiques publiques. Il faudra ainsi prendre en compte cette exigence d?ouverture dans les diff�rents appels � projets port�s par la Ville comme, par exemple, celui pilot� par Colombe BROSSEL "La�cit� et valeurs de la R�publique", ou encore dans le cahier des charges, des structures financ�es par la Ville de Paris comme les centres "Paris Anim'", les centres sociaux ou encore les �quipements culturels. Au nom de l'Ex�cutif, je peux d'ores et d�j� vous r�pondre que nous prendrons grand soin de suivre ces recommandations et de donner une issue concr�te � vos travaux.

Pour conclure, je voudrais ici dire que le suivi des recommandations de cette M.I.E. particuli�rement riche et d'ailleurs � certains aspects, il faut le reconna�tre, atypique, ne constitue pas � mon sens un bouleversement, mais s'inscrit pr�cis�ment et pleinement dans le projet politique que nous portons ensemble. Il s'agit d'abord et avant tout d'affirmer ce que nous sommes, de le dire haut et fort et de le dire fi�rement. Car notre ouverture n'est pas simplement un suppl�ment d'�me ou une marque de g�n�rosit�, elle est d'abord et avant tout un anticorps puissant contre les tensions qui menacent en permanence notre coh�sion, notre capacit� � faire de notre d�mocratie une langue commune, une langue vivante.

Les r�sultats du vote au second tour de l'�lection pr�sidentielle faisant de Paris la ville dans laquelle le FN convainc le moins en France en sont une belle illustration. Ce que nous construisons avec les habitants de notre ville va bien au-del� des fronti�res de notre Capitale. C'est une fa�on de se tenir face au monde, de refuser d'en avoir peur, mais plut�t de s'en nourrir pour ouvrir sans cesse de nouvelles perspectives de progr�s.

Cette capacit� � faire preuve � la fois d'une s�r�nit� � toute �preuve et d'un esprit de r�bellion contre l'ordre des choses, l'historien Patrick BOUCHERON en a fait l'une des principales raisons d'esp�rer au milieu des tourments du monde. C'est pourquoi, pour conclure, j'emprunterai ses mots en guise de conclusion prononc�s l'ann�e derni�re, lors de sa le�on inaugurale au Coll�ge de France�: "Ce qui surviendra, nul ne le sait. Mais chacun comprend qu'il faudra, pour le percevoir et l'accueillir, �tre calme, divers, et exag�r�ment libre." Et cela vaut pour beaucoup de choses.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - La parole est � Mme H�l�ne BIDARD, pour 3 minutes.

Mme H�l�ne BIDARD, adjointe. - Je vais commencer par remercier Bruno JULLIARD d'avoir cit� Patrick BOUCHERON en Conseil de Paris. Cela fait du bien. Je veux remercier les 15 conseillers et conseill�res de Paris qui ont particip� aux travaux de la M.I.E., Marie ATALLAH et Nathalie FANFANT qui ont anim� de nombreuses s�ances de travail. Merci �galement aux agents et � tous les groupes et collaborateurs qui ont contribu� � sa r�daction.

Pour r�pondre aux coll�gues de droite, je regrette que nombre de vos interventions rel�vent encore de la caricature. Apr�s avoir particip� de fa�on constructive aux travaux, j'ai bien peur que le groupe les R�publicains, par exemple, ait vot� contre ce rapport par simple opportunit� politique car, pour la droite de notre Assembl�e, il fait bon agiter le refus de l'int�grit� et la diversit�.

Je regrette que Mme KOSCIUSKO-MORIZET ne soit pas all�e au bout de sa r�flexion puisqu'elle nous a expliqu� qu'il s'agissait ici pour nous de financer n'importe quoi. Que voulait-elle exactement pointer du doigt dans son intervention�? S'agissait-il de pointer l'acc�s au droit, les cours de langue, la francophonie, les politiques d'int�gration de jeunesse ou les politiques culturelles. Je regrette vraiment qu'elle ne soit pas all�e au bout de son intervention.

Je tiens, de mon c�t�, � redire, comme soulign� dans le rapport, le travail d�j� accompli par notre collectivit�. En effet, cette M.I.E. a finalement r�v�l� qu'� l'instar de M. JOURDAIN, nous menions d�j� des politiques interculturelles � Paris mais sans le savoir, sans y avoir mis ce terme. Paris ville monde est depuis longtemps une terre d'accueil, de diversit�, o� les diff�rentes cultures se m�langent, se rencontrent sur les bancs de l'�cole, dans les rames de m�tro, dans les services publics, dans les entreprises. Comme un symbole, Paris participe ainsi largement � la hausse tendancielle des mariages mixtes constat�e en France, depuis le milieu des ann�es 50, pass�e par exemple de 6�% � 14�% aujourd'hui.

L'engagement de Bruno JULLIARD en tant que premier adjoint d�montre que l'action de la Ville est transversale pour valoriser les diff�rentes cultures pr�sentes dans la Capitale, tout en favorisant leur dialogue et la citoyennet�.

Je vais terminer par un mot, � vous qui avez tous fi�rement pos�s le drapeau europ�en sur votre pupitre, je veux dire que le Conseil de l'Europe lui-m�me invite les collectivit�s non seulement � ne pas tomber dans le relativisme moral et multiculturalisme, mais �galement � �viter le conformisme restrictif de l'assimilation. Je crois que ces mots de l'Europe sont importants aujourd'hui.

Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

Ceci �tant un rapport, il ne donnera pas lieu � vote. Cependant, un v?u, le n��4, a �t� d�pos� par l'ensemble des groupes de la majorit�.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, ce v?u avec un avis favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le v?u est adopt�. (2017, V. 100).

Mai 2017
Débat
Conseil municipal
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