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M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DU 14�: d�nomination all�e Maya Surduts.

La parole est � Mme Rapha�lle PRIMET.

Mme Rapha�lle PRIMET. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, pr�s d'une ann�e que l'on n?entend plus la voix inimitable de Maya, cette voix rauque et belle. Cette voix qui, tant d'ann�es, a harangu� les foules. Peu importait � Maya le nombre de manifestants. Quand la cause �tait juste, Maya �tait l�. Oratrice, bien s�r, organisatrice aussi, elle portait la voix des femmes partout o� cela �tait n�cessaire, dans les cort�ges, mais aussi dans les r�unions minist�rielles. Elle ne changeait pas de ton et ne laissait rien passer. Toutes ses amies, ses compagnes de lutte, ses camarades, gardent d?elle cette image d?int�grit� et de justesse. Elle avait le sens de la formule et ne se laissait jamais d�sar�onner.

Maya avait fait de la lutte pour le droit des femmes son combat essentiel, mais elle n'oubliait jamais de relier le combat f�ministe et le combat social et politique. Elle avait le racisme et l?antis�mitisme en horreur. Ses prises de position �taient attendues. Ses r�actions �taient craintes. Les diff�rentes Ministres en charge des droits des femmes se souviennent de son ton et de sa justesse. Elle ne l�chait rien. Elle �tait impatiente et ne comprenait pas les tergiversations de tel ou tel. Les petits pas n'�taient pas une strat�gie pour elle. C'�tait tout, tout de suite. "Les femmes ont trop attendu", disait-elle souvent. Alors, oui, le droit � la contraception, � l'I.V.G. et la lutte contre le viol, contre les violences faites aux femmes, le machisme ambiant, le sexisme latent, voil� quels �taient ses combats.

Une f�ministe qui a su faire une passerelle entre celles issues de mai 1968 et les jeunes recrues qui ont trouv� d'autres voies, d'autres modes d'expression que le M.L.A.C. ou le M.L.F. des ann�es 1970. Malgr� ses col�res l�gendaires, elle n'avait de cesse que les femmes se r�unissent et m�nent des combats communs. La C.A.D.A.C. et le C.N.D.F. sont � mettre � son actif.

Maya, c'�tait aussi un destin de femme. Cette juive lettone dipl�m�e de russe qui a v�cu en Afrique du Sud, aux Etats-Unis et � Cuba posera finalement ses valises � Paris. Communiste, profond�ment antistalinienne, elle sera longtemps une dirigeante de la Ligue communiste r�volutionnaire et rejoindra le Front de Gauche. Elle gardera toujours son ind�pendance d'esprit et sa parole libre. Elle �tait notre vigie. Elle nous manque. Tant de choses restent � faire, tant de droits � conqu�rir. Nous continuerons de nous battre en pensant � elle et nous nous prom�nerons sur cette all�e nich�e dans le Paris populaire qu'elle affectionnait tant.

Je vous remercie.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - La parole est � Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Comme vient de me le dire ma coll�gue, qu'il fera bon de venir se promener dans cette rue au nom de Maya Surduts pour se redonner du courage dans le long combat f�ministe qui est le n�tre et que nous sommes nombreuses ici - je le souhaite - � partager, et nombreux �galement.

Oui, Maya Surduts, c'est une grande figure parce que, finalement, c'est une f�ministe qui n'a jamais c�d�, qui a toujours �t� extr�mement combative et claire sur ses positions et ses principes, convaincue que la question f�ministe est totalement, �troitement li�e � l'attachement � la question la�que. Quand vous avez eu, dans les mouvements f�ministes, une volont�, � un moment donn�, d'infiltration de femmes qui se faisaient finalement les porte-paroles de mouvements communautaristes int�gristes, elle n'a pas c�d�. Elle a assum� la clarification et la n�cessit� de lutter contre toutes les formes d'obscurantisme, contre tous les int�grismes, que l?�mancipation de la femme �tait forc�ment li�e � la question du combat la�c. C'est une militante rebelle et r�volutionnaire qui n'a jamais d�connect� la question f�ministe de la question sociale et donc, du combat contre toutes les formes de domination et le combat contre le capitalisme qui s?assoit, bien �videmment, et exploite la domination patriarcale.

Maya Surduts, oui, c'est une grande figure de nos luttes pour le droit � l?avortement, contre les violences faites aux femmes et, plus globalement, contre le sexisme et la domination patriarcale. Pr�sidente de la Coordination des associations pour le droit � l?avortement et la contraception, la C.A.D.A.C., porte-parole du C.N.D.F., oui, Maya Surduts faisait partie de ces "grandes gueules", de ces emmerdeuses. Il faut absolument que l'on encourage, d'ailleurs, toutes les nouvelles g�n�rations � assumer d'�tre des "grandes gueules", d?�tre des emmerdeuses. Excusez-moi mon vocabulaire parce que, parfois, il en faut des ovaires balaises pour batailler sur la question f�ministe, aujourd'hui encore, h�las, en 2017.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Pour vous r�pondre, la parole est � Mme H�l�ne BIDARD.

Mme H�l�ne BIDARD, adjointe. - Monsieur le Maire, chers coll�gues.

Je vous remercie toutes les deux pour votre soutien appuy� � ce projet de d�lib�ration pr�voyant la d�nomination de l?all�e Maya Surduts sur une partie du terre-plein central du boulevard de Charonne, entre les 11e et 20e arrondissements, un lieu o� Maya Surduts a pass� une partie de sa vie militante. Mais il est vrai qu'il est difficile de fixer un lieu "Maya Surduts", tant elle a �t� partout dans Paris, partout dans le monde. Mais cela a �t� dit � plusieurs reprises dans cette enceinte�; Maya Surduts �tait et repr�sente toujours une figure embl�matique du mouvement f�ministe fran�ais de par les nombreuses causes dans lesquelles elle s'�tait investie pour les droits des femmes, mais aussi contre le racisme et l'antis�mitisme pour le respect des droits humains, contre l'homophobie �galement. Elle a particip� � la reconnaissance, dans la soci�t�, jusque dans la loi, des droits des femmes. Dans l'histoire, ce sont souvent les mouvements de lutte et de la soci�t� civile qui ont particip� � faire changer les mentalit�s.

Maya �tait de celles qui liaient la lutte sur le terrain et la transcription dans la loi de nouveaux droits. Elle allait jusqu'au bout de l'engagement, en voulant changer concr�tement le r�el. Elle �tait pr�sente dans tous les combats d'�mancipation pour nous rappeler de toujours prendre en compte l'�galit� entre les femmes et les hommes, et les aspects sociaux. La lutte pour le droit � l?avortement �tait son engagement premier. Son combat est malheureusement toujours d'actualit�. Elle �tait de celles qui d�non�aient syst�matiquement les actions des commandos anti-I.V.G. Elle d�tectait tout dispositif l�gislatif susceptible de porter atteinte aux droits des femmes. Elle lan�ait sans cesse de nouvelles id�es pour mettre fin aux violences de genre. Pas une semaine sans que Maya ne nous interpelle avec de nouvelles id�es, en alerte toujours contre les r�gressions possibles, mais aussi toujours en proposant de nouvelles id�es, de possibles convergences, des rassemblements, sans jamais mettre de c�t� la radicalit�.

Lors de la s�ance du Conseil de Paris de mai 2016, nous avons �mis le souhait de lui rendre un hommage. Puis la Commission de d�nomination des voies, places, espaces verts et �quipements publics municipaux s'est r�unie en septembre 2016 et a donn� un avis favorable � ce projet de d�nomination, ainsi que les Conseils d'arrondissement concern�s.

Je veux saluer ici le travail de Mme VIEU-CHARIER, ma coll�gue, qui pr�side la Commission de d�nomination, qui fournit un travail important pour attribuer toujours plus de noms de femmes � des lieux parisiens et permettre ainsi rapidement d'augmenter leur nombre, avec une reconnaissance de grandes figures du f�minisme, notamment qui ont beaucoup apport� � Paris. Je remercie aussi les maires d'arrondissement qui, de leur c�t�, marquent une vraie volont� d'accueillir dans leur arrondissement des d�nominations publiques de femmes. Cela t�moigne d'une politique commune volontariste de redonner une place dans l?histoire parisienne � l'action des femmes.

C'est pourquoi nous avons d�cid� collectivement de d�roger � la r�gle qui pr�voit que le nom d'une personnalit� ne peut �tre attribu� � une voie publique de Paris que cinq ans au plus t�t apr�s son d�c�s et ce, en application du souhait de la Maire de Paris de voir r��quilibrer la parit� des d�nominations dans l'espace public. M�me si cela nous prendra du temps, nous sommes v�ritablement en chemin pour rattraper les retards de l'histoire et nous ne pouvons que nous en f�liciter.

Alors, merci � Rapha�lle PRIMET pour tes mots sur Maya Surduts. En effet, elle nous manque. Merci � Danielle SIMONNET. En effet, ce sera un plaisir qu'une all�e porte son nom. Merci, surtout, aux maires d'arrondissement qui nous ont aid�s � faire aboutir ce projet rapidement.

Je vous remercie encore, chers coll�gues, et je vous appelle donc � voter ce projet de d�lib�ration.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Merci, Madame BIDARD.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DU 14.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2017, DU 14).

2017 DASES 41

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