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V - Question d'actualité posée par le groupe les Républicains à Mme la Maire de Paris et à M. le Préfet de police relative à la menace terroriste.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question n��5 du groupe les R�publicains, je crois que c'est M. P�CHENARD, question pos�e au Pr�fet de police.

M. Fr�d�ric P�CHENARD. - Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, hier, notre Conseil de Paris se recueillait � la m�moire des 86 victimes des attentats de Nice et de Saint-Etienne du Rouvray. Pass� ce n�cessaire moment de recueillement, il nous faut, sans attendre, apporter collectivement une r�ponse durable � une menace qui l'est malheureusement tout autant. La France a �t� frapp�e cet �t� par des individus � la radicalisation toujours aussi rapide que profonde, avec des modes op�ratoires renouvel�s. La gradation dans l'horreur que nous avons v�cue nous impose d'envisager d�sormais le pire. C'est pourquoi, Madame la Maire, nous vous avons propos�, fin ao�t, que le Conseil de Paris d�batte de notre r�ponse collective face au terrorisme, d�s ce Conseil de Paris. Vous avez fini par nous r�pondre vendredi, la veille du Conseil, pour nous refuser ce d�bat. En lieu et place, vous nous proposez une r�union de la 3e Commission � une date ind�termin�e durant le mois d'octobre. Cette inertie ne nous semble pas � la hauteur de l'enjeu et de l'urgence, il y aura d'autres attentats, cela ne fait pas de doute. Chacun s?accorde � le dire. Que dira-t-on aux Parisiens � ce moment-l�? Que l'on s'est r�sign� face au pire�? C'est donc d'ores et d�j� ce que les terrorismes attendent de nous. Nous sommes convaincus qu?il reste des marges de progr�s assez nettes. Il n'est pas normal qu'un v�hicule ait pu stationner aussi longtemps avec des bonbonnes de gaz � proximit� du monument le plus visit� d'Europe. Au lendemain des attentats de janvier 2015, il y a bient�t deux ans, nous vous proposions de travailler en consensus sur ces questions � l?appui de mesures qui sonnent aujourd'hui comme autant d'�vidences. Oui, il faut prendre des mesures exceptionnelles pour faire face � ce qui n'est plus une menace, mais une r�alit�. Oui, il faut renforcer d'urgence l'�quipement de la Capitale en mati�re de vid�o-protection en allant plus loin � l'aide de logiciels de reconnaissance faciale. Oui, il faut enfin cr�er une police municipale � Paris, afin de soulager des effectifs de police au bord de l'�puisement. Oui, il faut adapter la doctrine d'emploi des A.S.P. et des agents de la DPP pour renforcer la pr�sence dissuasive dans l'espace public. Oui, il faut sans attendre s�curiser les �tablissements scolaires dont un nombre important est encore vuln�rable, on l'a vu hier lors du d�bat sur la rentr�e. Oui, un cadre doit �tre d�sormais d�fini pour l?organisation des �v�nements festifs sur le territoire parisien, avec les moyens de protection suppl�mentaires. Tout cela, Madame la Maire, n�cessite de revoir � la hausse le budget consacr� � la s�curit�, sans attendre le budget 2017. Madame la Maire, ma question sera simple�: que comptez-vous faire pour prot�ger les Parisiens du risque terroriste�?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Monsieur le Pr�fet de police, puis Colombe BROSSEL.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Monsieur le Conseiller de Paris, il me semble que votre question concernait la Maire de Paris autant que le Pr�fet de police. Mais �videmment, j'y r�ponds d'une mani�re tr�s claire�: que comptons-nous faire, que fait le Gouvernement�? Il fait tout ce qui est possible aujourd'hui et dans un temps qui est un temps long, et vous avez parfaitement raison de le rappeler, la lutte contre la menace terroriste est une lutte de dur�e qui imposera des changements de comportement au sein de notre soci�t� � de nombreux �gards�: �tre collectivement et individuellement plus vigilants, faire un choix pour s�lectionner et s�curiser les grands rassemblements ou les situations qui peuvent constituer des cibles potentielles, et nous le faisons bien entendu dans les discussions que nous avons avec les professionnels de loisirs, d?�v�nements sportifs, avec la Mairie. Des changements de comportement et des renforcements d'actions au sein m�me des forces de police dans leur mission de s�curit�. De ce point de vue, sans ouvrir une discussion qui demanderait du temps et que nous pourrons certainement prolonger dans d'autres cadres et d'autres r�unions qui pourront permettre d'aller plus au fond des choses, je tiens � souligner que depuis plus d'un an et demi, mais particuli�rement depuis 2016, le Ministre de l'Int�rieur, la Pr�fecture de police sur Paris et son agglom�ration ont renforc� significativement leurs moyens. Premi�rement, avec un dispositif de renseignement fortement resserr� autour de la Direction du Renseignement de la Pr�fecture de police et de la D.G.S.I., qui s'appuie sur des remont�es de signaux faibles de tous les signalements �manant des commissariats, et que nous exploitons et traitons aujourd'hui de mani�re compl�tement organis�e et structur�e. Nous utilisons le mod�le int�gr� de la Pr�fecture de police pour croiser des informations qui remontent du terrain, une personne qui a un comportement suspect devant une �cole, qui prend des photos, pour essayer d�sormais d'exploiter syst�matiquement et de m�moriser l'ensemble de ces informations. De la m�me fa�on, nous avons mis en place un dispositif, vous l'�voquez � demi-mot, celui d'une s�curisation op�rationnelle de la Capitale. Dans les premiers mois, nous avions demand� aux services qui �taient dans les commissariats, de venir faire la s�curisation des �coles, par exemple au moment de la rentr�e ou de la sortie des �l�ves.

Nous avons cr�� une force sp�cialis�e, qui s'appelle l'Unit� de s�curisation op�rationnelle de la Capitale, qui est pour le moment dot�e de 150 agents et sera renforc�e aux prochaines sorties de promotions, mais il faut du temps pour que les gardiens sortent des promotions, et qui permettra d'assurer, en compl�mentarit� avec la force "Sentinelle", avec les militaires, nous en avons sur Paris une part significative sur les 3.500 qui sont sur l'ensemble de la R�gion parisienne, qui permettra donc d'avoir une pr�sence visible en patrouille p�destre, avec un arr�t et des temps suffisants pour garantir et renforcer autour d'�tablissements sensibles une s�curisation, une visibilit� et une r�activit� de proximit�.

Troisi�me �l�ment, �videmment, nous avons arm� et form� les brigades anti criminalit�, les C.S.I., compagnies de s�curit� d'intervention, pour que sur le terrain, elles puissent agir et r�agir plus vite en cas d'impr�vu et d'attaque, donc avec des armes longues dont elles ont �t� dot�es, des moyens de protection, en forces primo-intervenantes.

Enfin, une capacit� de r�action sp�cilais�e sur le terrain, et vous le savez bien s�r mieux que personne, Monsieur P�CHENARD, les services sp�cialis�s, notamment la B.R.I., dans le cadre d?un sch�ma national d?intervention avec le Raid et le G.I.G.N., ont �t� renforc�s, puisque nous avons doubl� les effectifs en quelques mois de la Brigade d'intervention de Paris, ce qui n'est pas si facile que cela � faire en ce domaine.

Un grand nombre d'actions ont donc �t� conduites, qui ne garantissent pas une s�curit� totale et un risque z�ro, puisque c?est quelque chose de tr�s difficile � assurer, mais qui ont r�ellement renforc� le dispositif de s�curisation des habitants de notre ville. Nous le faisons en arbitrant si n�cessaire des positions un peu contraires, celles qu'une vision purement festive et de poursuite de nos animations dans la ville pourrait conduire � souhaiter et celles de la s�curit� des participans.

Mais on a � chaque fois r�ussi � pointer un point d'�quilibre entre l'obligation de s�curit� et, bien entendu, la n�cessit� de continuer � avoir une ville ouverte et vivante.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet. La parole est � Mme Colombe BROSSEL.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe. - Merci, Madame la Maire, merci, Monsieur le Pr�fet. Monsieur P�CHENARD, j'ai trop de respect pour nos d�bats en Conseil de Paris et le sujet est trop important, je crois, pour que nous puissions traiter cela par des effets de manche, par des effets de tribune. Vous nous parlez d'un d�bat consensuel et de propositions consensuelles, et votre intervention se conclut par "Mme la Maire, que faites-vous pour lutter contre le terrorisme, il faut enfin cr�er une police municipale". Mes chers amis, ce d�bat nous l'avons d�j� eu, nous y avons d�j� r�pondu et j'ai d�j� eu l'occasion de vous le dire en plus de trois minutes. Donc je ne red�velopperai pas. Pourquoi nous pensons profond�ment que la cr�ation d'une police municipale, bien au contraire, est tout sauf la r�ponse � la lutte contre le terrorisme. Alors, pendant que vous avez des effets de manche et de tribune, nous avons eu l'occasion de vous rappeler hier les 11 millions d'euros qui ont �t�, en urgence, en moins d'une ann�e, et surtout sur un �t�, investis pour prot�ger les �coles et les cr�ches. Nous avons eu l'occasion de travailler avec la Pr�fecture de police, sur l'organisation des �v�nements festifs, parce que notre ville doit vivre et notre ville vivra et que nous ne c�derons rien sur notre capacit� � �tre ensemble dans l'espace public pour y partager des moments de joie et de bonheur, parce que c'est aussi cela qui fait Paris. Alors oui, nous y avons travaill� s�rieusement, Monsieur P�CHENARD. Vous vous plaisez � jouer les Cassandre. J'aurais pu avoir le plaisir, si vous m'aviez laiss� un peu plus de temps sur cette question d'actualit�, de vous ressortir l'ensemble des plateaux de t�l�vision que vous avez couru avant l'Euro, o� le professionnalisme tant des agents de la Pr�fecture de police que ceux de la Ville de Paris �tait mis en cause, et sur notre inconscience, je me souviens du mot, l'inconscience de la Maire de Paris � laisser se d�rouler l'Euro?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - L'irresponsabilit�...

Mme Colombe BROSSEL, adjointe. - L'irresponsabilit� de la Maire de Paris � laisser se d�rouler l'Euro et la "fan zone". Alors, Monsieur P�CHENARD, jouez les Cassandre tant que vous voulez, mais moi je me rappelle, parce que les faits sont t�tus, qu'il y a deux ans, c'est bien le groupe les R�publicains qui proposait, dans son fameux contre budget, une baisse de budget de la Pr�fecture de police. Monsieur P�CHENARD, pendant que vous multipliez les effets de manche, nous travaillons s�rieusement et nous travaillons pour les Parisiens.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Colombe BROSSEL. D'ailleurs, je pense que ce qui doit ressortir de ces d�bats tr�s importants, c'est normal de devoir rendre des comptes, et cette Assembl�e est le lieu pour �voquer les actes pos�s, en d�battre sereinement, mais nous devons aux Parisiens, par respect pour eux, le s�rieux de nos d�bats. Et nous nous devons l'humilit� aussi en effet, et que chacun soit dans la comp�tence qui est la sienne. Le choix que nous avons fait n'est pas un choix de police municipale et d'ailleurs, je ne sais pas qui aujourd'hui pourrait venir nous expliquer que la police municipale est en soi un paratonnerre contre les terroristes. Je ne prendrai aucun exemple. Deuxi�mement, nous avons fait le choix parce que nous sommes Paris et la capitale de la France, d'une co-production avec la police nationale r�publicaine, qui est form�e, outill�e, charg�e de veiller � la s�curit� des Parisiens. Et moi, j'ai toute confiance dans le travail s�rieux que nous faisons avec le Pr�fet de police, chacun dans sa responsabilit�. Qu'il s'agisse de d�finir les dispositifs, comme nous l'avons fait avec ces 11 millions d'euros suppl�mentaires d�bloqu�s l'ann�e derni�re pour s�curiser des b�timents accueillant les enfants de Paris en cr�che ou dans les �coles, que nous avons jug� ensemble, avec une expertise tr�s importante de la Pr�fecture de police mais aussi des maires d'arrondissement et des responsables de ces �tablissements, nous avons d�cid� d'apporter les moyens de s�curisation n�cessaires. Nous avons d�cid� aussi de travailler avec la Pr�fecture de police sur les �v�nements qui sont les �v�nements de la vie parisienne dans les quartiers ou les grands �v�nements. Et l� aussi, la discussion a lieu, nous devons tenir compte des forces de police mobilisables et des militaires en pr�sence, mais nous devons aussi, et je remercie le Pr�fet de police d'avoir ce souci, faire en sorte que Paris reste une ville debout, car effectivement, ce que voudrait nous enlever les terroristes, c'est justement le fait que nous sommes debout et que nous continuions � porter cette culture et cette fa�on de vivre en libert�, mais dans le respect de la diff�rence de chacun, sur le territoire de la capitale de la France. Alors, oui, nous aurons d'autres d�bats, oui, nous sommes dans la transparence, il y aura sans doute des d�bats en Commission, d'autres d�bats, nous pourrons d�finir le moment venu et, quand les uns et les autres le souhaiteront, un d�bat organis� en Conseil de Paris sur ces sujets. Mais je pense que ce sujet est suffisamment important parce qu'il ne concerne pas que l'observation � l'�chelle de notre Capitale, qu'il est �cout� aussi par celles et ceux qui voudraient nous diviser, nous fragiliser, je pense que chacune et chacun d'entre nous doit faire preuve de d�passement. Je sais que dans les temps qui viennent, il va y avoir des �ch�ances qui vont pousser, de fait, c'est assez traditionnel, mais peut-�tre cette fois un peu plus que les autres, � une forme d'hyst�risation du d�bat politique. Je pense que nous devons rester dans la s�r�nit�, le calme, mais surtout le respect que nous devons aux Parisiens, en nous attachant aux faits, aux solutions, plut�t qu'� des interpr�tations qui auraient d'autres vis�es. En tous les cas, merci, Monsieur le Pr�fet de police, merci, Colombe BROSSEL, les maires d'arrondissement qui sont r�unis r�guli�rement autour du Pr�fet de police avec moi-m�me, pour faire un point toujours factuel, pr�cis, avec le Procureur de la R�publique �galement sur ces questions li�es � la lutte contre le terrorisme et � la s�curit� des Parisiens. Monsieur P�CHENARD, je vous redonne la parole.

M. Fr�d�ric P�CHENARD. - Merci, Madame la Maire. Votre r�ponse ne nous satisfait pas totalement. En somme, voil� une attitude assez conforme � celle du Pr�sident de la R�publique, vous pensez � tort que tout ce qui devrait �tre fait l'a �t�. En mati�re de terrorisme, il faut un peu plus d'humilit� et un peu plus de fermet�. Alors que l'on attend de vous une adaptation en permanence face � une menace multiforme et mouvante, vous pratiquez une autocongratulation qui me para�t d�plac�e. Devant ces enjeux de premier ordre, je crois que nous devons agir collectivement. Le Conseil r�gional est un partenaire naturel de la Ville de Paris. Nous avons mis en place, d�s les premiers mois de notre mandature, le bouclier de s�curit�. Nous avons re�u des demandes de financement de la part des communes bien au-del� de nos estimations les plus optimistes, mais pas une seule de Paris. A croire d�cid�ment que tout va bien. Madame la Maire, je crois que nous devons ensemble agir pour prot�ger Paris et les Parisiens du terrorisme. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci. On agit en r�tablissant d�j� les postes de police et cela, cela prend du temps. Dix mille suppressions, c'est difficile � rattraper m�me en quatre ans. Nous continuons.

Septembre 2016
Débat
Conseil municipal
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