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Condoléances.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, le Conseil de Paris a appris la disparition survenue le 8 septembre 2016 de M. Jacques Dominati, ancien ministre, ancien s�nateur, ancien d�put� et ancien conseiller municipal de Paris, ancien conseiller g�n�ral de la Seine, ancien conseiller de Paris, ancien conseiller r�gional d'Ile-de-France. R�sistant, journaliste, secr�taire g�n�ral de l'Union pour la nouvelle r�publique, Jacques Dominati a obtenu son premier mandat �lectif � Paris en 1959. Elu au Conseil de Paris de 1959 � 1977, puis de 1983 � 2001, Jacques Dominati a accompli 36 ann�es de mandat. Durant cette p�riode, il a �t� pr�sident du Conseil de Paris de 1973 � 1974�; maire du 3e arrondissement de 1983 � 1995�; adjoint au maire de Paris charg� des questions relatives aux relations internationales de 1983 � 1989�; puis charg� de la circulation, du stationnement, des transports et de la voirie de 1989 � 1995�; et enfin, Premier adjoint au Maire de Paris charg� de la coordination de l'action municipale dans ses aspects politiques et administratifs, de 1995 � 2001. Il a fait partie en 1974 de la Commission pour la r�forme du statut de la r�gion parisienne, militant pour que Paris ait un maire �lu. Il a �galement si�g� au conseil r�gional d'Ile-de-France de 1976 � 1977 et en 1986. En outre, Jacques Dominati a repr�sent� Paris � l'Assembl�e nationale de 1960 � 1977 et de 1982 � 1993, puis au S�nat de 1995 � 2004. Jacques Dominati a �t� l'un des fondateurs des R�publicains ind�pendants aux c�t�s de Val�ry GISCARD d'ESTAING. Il est devenu secr�taire g�n�ral de ce mouvement de 1974 � 1977. Il a particip� au Gouvernement de Raymond Barre, de 1977 � 1981 en qualit� de secr�taire d'�tat aux rapatri�s et � la fonction publique, et il a �t� � l'origine de la loi sur la libert� d'acc�s aux documents administratifs du 17 juillet 1978. Jacques Dominati a consacr� toute sa vie � la politique, en particulier � Paris o� il a principalement ?uvr�. Il a �t� et demeurera une figure marquante du Gouvernement de notre ville. Je veux saluer aujourd'hui son engagement au service des Parisiens. Ses obs�ques ont �t� c�l�br�es le 12 septembre 2016 en l'�glise Saint-Roch d'Ajaccio en Corse du Sud. En mon nom et au nom du Conseil de Paris, j'exprime � sa famille et � ses proches que je salue, les condol�ances de notre Assembl�e. Je vous propose une minute de silence.

(L'Assembl�e, debout, observe une minute de silence).

Je vous remercie. Il y a des demandes des groupes, je crois. M. GOASGUEN et M. AZI�RE. Vous avez la parole, Monsieur GOASGUEN.

M. Claude GOASGUEN, maire du 16e arrondissement. - Je ne vais pas revenir sur ce que vous avez dit concernant les multiples fonctions que Jacques Dominati a pu occuper, mais pour ceux qui ne l'ont pas connu, il y en a, mais beaucoup d'entre nous l'ont connu de tr�s pr�s, je voudrais expliquer le caract�re du personnage, car il s'agit d'un personnage. C'est un personnage qu'il ne faut pas oublier, notamment pour le r�le qu'il a tenu � Paris, o� il a �t� l'un des inspirateurs notables du nouveau statut de Paris. En effet, dans cette commission que vous avez �voqu�e, c'est l� que Jacques Dominati, qui au m�me moment ou quasiment �tait pr�sident du Conseil de Paris, un des derniers, a suscit� l'�lection au suffrage universel du maire de Paris que nous connaissons aujourd'hui. Surtout, je voudrais �voquer le personnage qu'il �tait dans sa complexit�, que nous avons connue. Il a fini Premier adjoint, c'�tait votre pr�d�cesseur, Madame le Maire, en 2001. C'est un personnage qui est n� en Corse, dans un village de montagne qu'il aimait � rappeler. Il s'est engag� � 14 ans dans la R�sistance. Cet engagement � 14 ans dans la R�sistance, contre le fascisme et l?hitl�risme est au fond la marque essentielle de son caract�re qu'il gardera toute sa vie. C'est un homme de combat, un homme qui avait un caract�re pas facile, on s'en souvient. Jacques CHIRAC lui-m�me �tait le premier � le regretter quelquefois tant les affrontements entre les deux hommes �taient s�v�res dans son bureau. C'est un personnage qui a toujours eu le go�t du combat pour la libert�. Apr�s �tre tomb� gravement malade � la fin de la guerre, il est devenu le collaborateur d'Andr� Malraux, qui l?avait remarqu�, pour �tre son secr�taire personnel, puis de Jacques Soustelle. Gaulliste de la premi�re heure, il �tait secr�taire g�n�ral des jeunes du RPF. Puis des d�saccords l?ont oppos� au G�n�ral de Gaulle sur la question de la guerre d'Alg�rie. Il a suivi Jacques Soustelle et a quitt� le mouvement gaulliste. Cette empathie m�diterran�enne a toujours �t� la caract�ristique de Jacques Dominati. Il n'a jamais oubli� la M�diterran�e et la Corse. Il n?a jamais oubli� les ch�taignes de son village, et vous, Madame HIDALGO, qui connaissez la Corse qui ressemble tellement � la r�gion dont vous �tes issue, vous devez savoir qu'il y a l� des personnalit�s farouches, des personnalit�s qui se battent jusqu'au bout. Il s'est battu jusqu'au bout. Il a adh�r� � un mouvement, le mouvement lib�ral, avec Val�ry GISCARD d'ESTAING. Apr�s avoir �t� journaliste au "Parisien", il est devenu ce personnage qui �tait incontournable � Paris mais aussi au niveau national. Le Pr�sident GISCARD d'ESTAING lui-m�me se souvient de ses col�res �piques�; nous nous souvenons pour quelques-uns d'entre nous des difficult�s que nous avons rencontr�es avec lui puisque nous partagions le m�me groupe. C'�tait un personnage. On dirait en Corse que c'�tait un lion, tant il �tait farouche dans ses combats. Il a men� une carri�re politique qui est plus qu'estimable�; il a occup� toutes les fonctions avec t�nacit�. On lui doit surtout ce travail qu'il a conduit pour les rapatri�s lorsqu'il �tait secr�taire d'Etat. Toujours ce go�t de la M�diterran�e qu'il n'oubliera jamais, son amiti� pour Isra�l, ind�fectible, toujours cette m�me tension vers la mer bleue. Puis, secr�taire d?Etat � la fonction publique, ministre de la Fonction publique, vous l?avez rappel�, cette innovation qui malheureusement n'est pas toujours, Monsieur le Pr�fet, accept�e, c?est-�-dire l'ouverture des documents administratifs. Enfin, Jacques Dominati, je voulais le dire, c'est quelqu'un que l'on ne pourra pas oublier, et je voudrais que les Parisiens s'en souviennent. Je voudrais qu'ils se souviennent du combat qu'il a men� pour eux, avec des d�faites, avec des victoires, mais avec une t�nacit� exceptionnelle. Je dois dire que, personnellement, j'ai connu, comme Jacques CHIRAC et Val�ry GISCARD d'ESTAING, ses col�res, ses foucades et ses oppositions, c'est avec beaucoup d'�motion que j'appelle � ce qu'on se souvienne de ce grand Parisien qui a fait beaucoup pour Paris. Je vous remercie de votre attention et du souvenir que vous aurez pour lui.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Claude GOASGUEN. La parole est � M. Eric AZI�RE.

M. Eric AZI�RE. - Merci, Madame la Maire. A mon tour, au nom du groupe UDI-MODEM et en votre nom � tous, je voudrais tout d'abord dire � la famille de Jacques Dominati, � ses enfants, Isabelle, Philippe et Laurent, � ses petits-enfants, � tous ses proches, combien la disparition de leur p�re nous touche tristement et douloureusement. Je voudrais leur adresser ce matin nos pens�es les plus affectueuses. Les d�mocrates, les lib�raux, les ind�pendants que nous rassemblons dans ce groupe aujourd'hui doivent � celui qui les a pr�c�d�s sur ces bancs le maintien dans le d�bat parisien de convictions pour lesquelles Jacques Dominati s'est battu sans rel�che avec courage toute sa vie�: la libert�, la fid�lit� et l'ind�pendance. C'est pour lib�rer son pays qu?en septembre 1943 ce jeune homme de 16 ans, les armes � la main, d�verse des tombereaux de pierres sur les routes pour retarder les convois allemands qui cherchent au sud de la Corse, d�barquant de Sardaigne, � s'ouvrir la route d'Ajaccio. Ce jeune homme de 16 ans court sous les tirs de mortiers des Chemises noires dans un maquis en flammes bombard� par l'aviation allemande et il n'a pas peur. Gr�ce � ces dix jours de combat d�cisifs, le 19 septembre, les premiers �l�ments du bataillon de choc en avant-garde de l'op�ration "V�suve" d�barquent � Ajaccio depuis Alger sans l'avis et l'accord du G�n�ral de Gaulle. Malgr� les contre-attaques, malgr� les ex�cutions de patriotes, l'ultimatum lanc� par les Allemands mena�ant de raser le village, les r�sistants de Levie Alta Rocca obligent la division SS Reichsf�hrer � rebrousser chemin apr�s de lourdes pertes. Jacques Dominati a 16 ans. Il a 20 ans quand dans ce Paris de l'apr�s-guerre, jeune �tudiant, il vit et respire enfin � pleins poumons, ce vent tourment� de la Lib�ration, qui lib�re des id�es nouvelles, exalte les passions politiques des �tudiants parisiens, press�s de reconstruire un nouveau mod�le, de nouveaux �quilibres en France et en Europe dans un contexte de guerre froide qui divise et anime le Quartier latin. Plus tard, jeune journaliste au "Parisien lib�r�", le bien nomm�, il assiste � la mise en place d'une nouvelle organisation de la presse fran�aise qui confisquera 188 journaux collaborationnistes au nom des ordonnances de 1944. Cette r�volution dans la presse d'apr�s-guerre va le rapprocher de deux ministres de l'information, Andr� Malraux et Jacques Soustelle, vis-�-vis desquels il ne d�mentira jamais une fid�lit� faite de combats partag�s et de travail en commun. Les �v�nements alg�riens vont pr�cipiter son engagement politique. En effet, secr�taire national des �tudiants du R.P.F., il en sera exclu parce qu'il sait d�j�, lui, � ce moment, que l'on vienne de Corse ou d'Alg�rie, qu?on ne traverse la M�diterran�e du sud au nord ni par plaisir, ni par hasard, hier comme aujourd'hui. M�diterran�en, il vit le drame alg�rien sans haine ni violence, mais avec les poings serr�s, qui retiennent autant qu'il est possible la col�re et le chagrin d'un peuple qu'il voit abasourdi et que l'histoire rappelle brutalement � la raison nationale. Il ne manquera pas plus tard, � ce qu'il invoque alors comme secr�taire d'Etat aupr�s du Premier ministre, � un devoir de solidarit� nationale � l?�gard de nos compatriotes victimes d?une politique voulue et accept�e par la France et � ceux qui les ont accompagn�s sur le chemin de ce drame national, les harkis. C'est le moment qu'il choisit de son engagement politique au centre et � Paris en 1959, avec les ind�pendants puis les autres sensibilit�s centristes dans la pr�figuration de ce qui sera bient�t l?U.D.F, le groupe Paris-Libert�. La libert�, encore et toujours. Il est temps alors de mener une nouvelle bataille, cette fois pour l'ind�pendance de Paris, dont l'Etat ne veut pas all�ger la tutelle qu'il exerce. Il se bat sans rel�che depuis 1973 contre la mauvaise volont� gouvernementale, contre les forces conservatrices qui s'opposent � un nouveau statut et bloquent l'�volution des institutions parisiennes, bloquent la lib�ration du r�gime parisien. De 1974 � 1976, contre l'avis du Premier Ministre de l'�poque, qui en sera le principal b�n�ficiaire, il fait adopter la loi du 31 d�cembre 1975 qui recr�e le poste de Maire de Paris disparu depuis 1871, le Pr�fet conservant les pouvoirs de police. C'est le d�but d'un combat pour l'ind�pendance de Paris que nous menons encore aujourd?hui et dont il doit - j?en suis s�r - esp�rer, de l� o� il est, que nous parvenions � le gagner. Dans les propositions qu'il formule, on retiendra le red�coupage des arrondissements pour qu?ils ne d�passent pas les 80.000 habitants, une red�finition des pouvoirs du Maire de Paris en mati�re de police et, enfin, son souhait visionnaire m�tropolitain de mener une intercommunalit� de projets avec les communes de la petite couronne. Je vous laisse appr�cier la pertinence et la modernit� de cette inspiration r�formatrice. Il ne sera jamais fatigu� de se battre jusqu'au bout, pour son honneur, pour sa famille, pour sa sant�. Comme au tout premier jour pour son �le, il jette toutes ses forces dans la bataille. Libert�, fid�lit�, ind�pendance, trois principes, trois convictions, trois serments d'engagement, dont nous pensons que Jacques Dominati nous a fait, � nous centristes, par sa disparition, ses l�gataires universels. Puissions-nous en �tre dignes. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur Eric AZI�RE, au nom de votre groupe et, pour le groupe les R�publicains, Claude GOASGUEN, d'avoir rappel� aussi, parce que vous �tiez ses compagnons de route, les nombreux combats de Jacques Dominati. Je vous remercie et je salue � nouveau bien s�r toute la famille de Jacques Dominati.

Septembre 2016
Débat
Conseil municipal
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