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2015 DDEEES 154 G - Approbation du Plan stratégique de lutte contre le gaspillage alimentaire de la Ville de Paris.


M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Nous passons au projet de d�lib�ration DDEEES 154 G. Approbation du plan strat�gique de lutte contre le gaspillage alimentaire de la Ville. La parole est � M. Yann WEHRLING.

M. Yann WEHRLING. - Monsieur le Maire, ce projet de d�lib�ration nous invite � d�battre ensemble du gaspillage alimentaire, sujet qui appara�t nouvellement dans le d�bat politique, mais qui n'est pas un sujet nouveau. Le gaspillage alimentaire est ancien malheureusement et repr�sente dans les chiffres que vous annoncez, quelque chose d'assez consid�rable dans la poubelle des Parisiens, puisque 46 kilos par an et par habitant, c'est � peu pr�s si mes calculs sont justes, une dizaine de pour-cent du poids des poubelles des Parisiens, c'est donc consid�rable. J'ajouterai en commentaire qui aurait pu �tre ajout� car c'est effectivement un facteur bien s�r �conomique et social, mais aussi un facteur environnemental, que globalement, le secteur alimentaire est un facteur d?�mission de gaz � effet de serre tr�s puissant. Effectivement, d'apr�s les chiffres que j'ai pu consulter, l'alimentation, de la production jusqu'� l'assiette, toute la fili�re, peut constituer jusqu'� trois fois plus de contributions de gaz � effet de serre que le secteur automobile et des transports. C'est vous dire � quel point on touche l� du doigt quelque chose qui devrait �tre abord� au moins autant que la question des transports dans notre travail de lutte contre les gaz � effet de serre. Mais ma question essentielle sur ce sujet porte sur l'objectif que vous affichez de diminuer par 2 le gaspillage alimentaire d'ici 2025. Je l'avais d�j� �voqu� la derni�re fois en commentant le rapport "D�veloppement durable" de la Ville de Paris, il manque dans ce genre d'objectif la question de l'�valuation. Autant vous dire que c'est bien d'afficher �videmment de tels objectifs, mais encore faudrait-il savoir en termes d'observation d'o� nous partons, exactement quel est le niveau aujourd'hui de gaspillage alimentaire r�el constat� au niveau de la Ville de Paris. J'enregistre les 46 kilos, mais comment mesurera-t-on, comment �valuera-t-on d?ici 2025, en 2025 on sera peut-�tre encore l� pour certains d'entre nous je l'esp�re, la baisse de ce gaspillage alimentaire, savoir si l?on aura divis� par 2 le gaspillage alimentaire. La question de l'�valuation me para�t assez essentielle pour se dire que ce que nous d�cidons aujourd'hui sera suivi d'effet d'ici 2025. Ce n'est pas demain mais tout de m�me, il faut s'y mettre d�s maintenant.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur WEHRLING. La parole est � Mme J�GO.

Mme Ann-Katrin J�GO. - Votre projet de d�lib�ration sur le plan strat�gique contre le gaspillage alimentaire va dans le bon sens et rejoint la loi vot�e � l'unanimit� � l'Assembl�e nationale il y a une semaine. Il est incontestable qu'il convient de sensibiliser chaque Parisienne et Parisien � cette question cruciale pour notre avenir, sujet d'autant plus insupportable lorsque l?on sait le combat que m�nent les associations caritatives sp�cialis�es dans l'aide alimentaire des plus d�munis. Lutter contre le gaspillage alimentaire, c?est agir et la Ville de Paris peut le faire dans bien des domaines de sa comp�tence, mais elle doit aussi sensibiliser et �duquer, et l� encore Paris poss�de des outils d'expression et de communication qui doivent �tre mis au service de cette cause essentielle.

A ce titre, permettez-moi de m'interroger sur les suites donn�es au v?u que j?ai eu l?honneur de pr�senter lors de notre s�ance du mois de mai dernier, il s'agissait de mettre en place des outils de communication simples, p�dagogiques, et de les distribuer dans chaque foyer parisien pour que les bons gestes de tri soient op�rationnels d�s la cuisine, qu'ils puissent ainsi �tre compris et surtout mis en pratique par toute la famille, enfants et adolescents inclus.

Ce v?u ayant �t� approuv� par la majorit�, je m'interroge sur les suites donn�es. O� en est l'�laboration des stickers qui permettraient, en les collant sur les poubelles individuelles d'appartements, de mieux trier�? Si le travail est en cours, pourrait-on m?y associer�? Au c?ur du gaspillage alimentaire se trouvent nos cantines scolaires, vous l'avez soulign� et je ne puis que vous demander � nouveau d'�tudier ma proposition de mettre en place un menu v�g�tarien alternatif quotidien dans toutes les cantines de Paris, � l'image de ce qui est d�j� fait dans d'autres grandes villes de notre pays. Le retour d'exp�rience de ces villes montre en effet que ce dispositif, soutenu par pr�s de 150.000 signataires d'une p�tition sur Internet, permet aussi de lutter contre le g�chis alimentaire. Le menu v�g�tarien alternatif �vite aux enfants qui ne veulent pas manger de viande de la laisser sur le bord de leur assiette et permet, en tenant compte de la diversit� des modes alimentaires, une consommation plus rationnelle des repas servis dans nos cantines. Je m'�tonne que la Ville de Paris, souvent en pointe sur ce genre de sujet, refuse la mise en ?uvre de cette option, et ce n?est pas l?exp�rience d'un seul menu v�g�tarien par semaine men�e dans le 2e arrondissement qui r�pondra de fa�on op�rationnelle � ce formidable g�chis que repr�sente la viande ou le poisson non consomm�s dans les cantines scolaires parisiennes. Le gaspillage alimentaire est l'affaire de tous, c?est un combat qui, � l'image de ce a qui �t� vot� � l?Assembl�e nationale, doit �tre consensuel. J'approuverai votre projet de d�lib�ration tout en souhaitant que vous soyez plus ouverts aux suggestions port�es par les groupes de l'opposition. Je vous remercie.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Merci, Madame J�GO. La parole est � Mme Sandrine M�ES.

Mme Sandrine M�ES. - Merci, Monsieur le Maire. Chers coll�gues, plus de 30�% de la production alimentaire mondiale n'est pas consomm�e. Le gaspillage alimentaire est l'�quivalent du troisi�me �metteur mondial de gaz � effet de serre. En France, chaque habitant jette en moyenne 20 � 30 kilos de nourriture par an, ce qui repr�sente une somme de 12 � 20 milliards d?euros sur une ann�e. Ce g�chis, en plus d'�tre un non-sens �conomique, est un scandale humain et environnemental. Mes coll�gues ont d�j� parl� de la proposition de loi qui a �t� pr�sent�e par le d�put� PS Guillaume GAROT et qui est cosign�e par plus de 300 d�put�s de tous bords. Cette proposition de loi vient d'�tre adopt�e � l'unanimit� et nous esp�rons que le S�nat l'adoptera �galement. Il sera interdit aux grandes surfaces de jeter de la nourriture consommable, de d�truire de la nourriture consommable par javellisation notamment. Voir de l'eau de Javel d�vers�e dans les poubelles des grandes surfaces sur des aliments consommables, cela est choquant. Les grandes surfaces, justement, auront aussi l'obligation de signer un protocole avec une association de solidarit� afin de faciliter les dons alimentaires, et les produits sous-marque de distributeurs qui seraient retourn�s aux fournisseurs pourront �tre donn�s alors qu?ils sont actuellement obligatoirement d�truits. La lutte contre le gaspillage alimentaire fera en outre partie de l'�ducation � l'alimentation durant le parcours scolaire. Signataire du pacte national en juillet 2013, Paris s'engage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, enjeu inscrit au c?ur des �tats g�n�raux du Grand Paris de l'�conomie circulaire coordonn�e par notre coll�gue Antoinette GUHL. Paris travaille avec l'Agence nouvelle des Solidarit�s actives pour animer le r�seau des acteurs parisiens de lutte contre le gaspillage alimentaire afin de mener plusieurs actions�: la g�n�ralisation de la collecte et de la redistribution des invendus alimentaires sur les march�s et dans la distribution parisienne, mais aussi dans la restauration collective, notamment scolaire, et la lutte contre le gaspillage domestique. Il s'agit aussi de sensibiliser les Parisiens par des actions qui restent en partie � exp�rimenter, notamment dans les �coles. Je reviens sur l'exemple de la mairie du 2e arrondissement�: dans les cantines, les d�chets qui restent sur le plateau en fin de repas sont tri�s par les enfants eux-m�mes, ce qui permet aux enfants de prendre conscience de la quantit� de ces d�chets et aussi d'essayer de les r�duire. Ce travail de sensibilisation et de r�cup�ration, de redistribution doit imp�rativement s'accompagner de la structuration de fili�res pour le traitement des d�chets alimentaires mais aussi d'un travail afin de r�duire la distance croissante qui s�pare les lieux de production et les march�s de consommation. En effet, les pertes et les gaspillages sont un des symboles de l'inefficacit� et de l?in�quit� des syst�mes alimentaires en place. L'impact des supermarch�s et de la grande distribution est important et ne se limite pas aux normes et standards esth�tiques qu'ils imposent aux producteurs. Le mod�le qui se cache derri�re ces acteurs est celui de la globalisation, de la complexification et de l'allongement des fili�res et, en cela, il est une des causes de nombreuses pertes et de gaspillages alimentaires. Or ce syst�me qui s'auto-entretient gr�ce au gaspillage risque de finir par tourner court. Le plan strat�gique contre le gaspillage contribuera � modifier quelque peu ce mod�le absurde.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Madame. Pour r�pondre � ces trois interventions, la parole est � Mme Antoinette GUHL.

Mme Antoinette GUHL, adjointe. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, oui, Monsieur WEHRLING, vous avez raison, l'alimentation en g�n�ral et le gaspillage alimentaire en particulier sont tr�s �metteurs de gaz � effet de serre. Pour pr�ciser vos chiffres sur le gaspillage alimentaire, puisque vous nous les donniez sur l'alimentation, je vous dirais que si le gaspillage alimentaire �tait un pays - et Sandrine M�ES le disait -, il serait le troisi�me pays �metteur de gaz � effet de serre, c'est-�-dire qu'il serait plac� derri�re la Chine et les Etats-Unis. Nous sortons juste de l'accord de Paris sur le climat, c'est donc dire que la lutte contre le gaspillage alimentaire est bien � propos dans le contexte que nous connaissons. Mais c'est aussi une aberration �thique. Je me permets juste de rappeler aujourd'hui que 14�% de la population � Paris vit en dessous du seuil de pauvret�. D'un point de vue �thique, j'aimerais qu'on se pose la question de savoir s'il est encore normal de jeter 30�% d'alimentation quand on a 15�% de la population qui vit en dessous de ce seuil de pauvret�. L'impact �conomique, vous en avez parl�, Madame M�ES, et l'aberration �conomique, c'est que tout au long de la fili�re, que ce soit dans les champs, que ce soient au niveau des transports, que ce soit au niveau de la distribution, que ce soit lors de la distribution ou encore directement dans les d�chets, nous avons tout un gaspillage qui s'effectue et sur lequel nous pouvons agir. Ce gaspillage repr�sente �galement des pertes s�ches pour l'ensemble des entreprises des fili�res. Nous avons d�cid� de prendre en main ce plan de lutte contre le gaspillage alimentaire en y mettant un grand nombre d'actions. Pour r�pondre tout de suite � votre question, Monsieur WEHRLING, la question de l'�valuation est inscrite dans le plan d'action. C'est un des grands probl�mes de la lutte contre le gaspillage alimentaire�: comme il est tr�s diffus, il est relativement compliqu� � mesurer. Ainsi, la mesure du gaspillage alimentaire, tout autant que la mesure de sa r�duction, font partie eux-m�mes du plan d'action et du pr�alable du plan d'action. La r�ponse est donc comprise dans ce plan mais je suis tout � fait d'accord avec vous sur le fait que c'est un point absolument crucial. Le plan de lutte contre le gaspillage alimentaire s'op�rera sur 3 fronts�: - Les restaurants et les cantines scolaires. Sandrine M�ES vous avait parl� des cantines scolaires. Effectivement, c'est un sujet important. Alexandra CORDEBARD nous disait que 105.000 repas �taient jet�s dans les cantines scolaires faute d'enfants inscrits pour pouvoir y d�jeuner pendant les vacances scolaires. C'est un des exemples, il y en a de nombreux autres. - C'est encore en trouvant des solutions comme les restaurants en vrac, comme les box anti-gaspi qui ont �t� lanc�s r�cemment et qui sont, vous savez, ces petits "doggy bag". Comme le disait, je crois, ce matin "Mon Quotidien", les "doggy bag", cela n'est pas que pour les chiens. Nous les avons lanc�s la semaine derni�re � Paris et 100 restaurants, aujourd'hui, proposent des box anti-gaspi pour pouvoir emmener les restes de ses repas. - C?est aussi dans la formation des agents, dans la diffusion de la bonne pratique, dans le fait de favoriser la redistribution au profit de celles et ceux qui en ont besoin. L� aussi, c'est tout un syst�me d'associations et de structures de l'�conomie sociale et solidaire qu?il faut renforcer pour qu?elles puissent op�rer dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, que ce soit sur les march�s parisiens, que ce soit en lien avec la grande distribution - d'autant plus avec cette loi qui est pass�e en premi�re lecture mercredi dernier -, ou encore que ce soit par la sensibilisation � domicile. Voil� l'ensemble, les actions - cela n'est pas l'ensemble mais une partie des actions - qui composent ce plan de lutte contre le gaspillage alimentaire. En ce qui concerne les cantines scolaires et les repas v�g�tariens, je crois que cela a d�j� fait l'objet d'un d�bat ici et que cela en fera sans doute encore l'objet. Je m'abstiendrai d'une r�ponse dans ce cadre- l� sur ce sujet et quant aux bons gestes de tri, je sais que nous aurons les outils de communication tr�s prochainement sur le sujet. Voil�. Je vous invite � faire ce qu'a fait l'Assembl�e nationale sur la proposition de loi adopt�e � l'unanimit� en premi�re lecture et � voter, toutes et tous, quelle que soit notre appartenance politique, ce projet de d�lib�ration.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup. En effet, je mets aux voix, � main lev�e, ce beau projet de d�lib�ration DDEEES 154 G. Qui est pour�? Qui est contre�? Qui s'abstient�? Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2015, DDEEES 154 G). F�licitations � toute l'Assembl�e�!

Décembre 2015
Débat
Conseil municipal
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