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2015 DAC 649 - Plaque commémorative en hommage à Rafael Padilla dit "le clown Chocolat" 251, rue Saint-Honoré (1er).


M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Le projet de d�lib�ration DAC 649 et l'amendement n��60 qui y est rattach� portent sur la plaque comm�morative en hommage � Rafael Padilla, dit "le clown Chocolat", au 251, rue Saint-Honor�. La parole est � Mme Fadila M�HAL, puis � M. Jean-Fran�ois LEGARET.

Mme Fadila M�HAL. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, je suis heureuse que nous puissions avoir l'occasion aujourd'hui de rendre hommage � Rafael Padilla, plus connu sous le pseudonyme du "clown Chocolat". Je ne reviendrai pas longuement sur les �l�ments biographiques de sa vie tr�s riche mais je souhaiterais surtout vous expliquer en quoi cet hommage me tient � c?ur, et devrait tous nous tenir � c?ur. Rafael Padilla est n� en 1868 � Cuba et il est mort en 1917 � Bordeaux. Rafael Padilla a �t� � l'origine, me semble-t-il, de plusieurs r�volutions. Une r�volution d'abord artistique puisque, avec le clown Footit, il a cr�� le c�l�bre duo du clown blanc et du clown Auguste. R�volution �galement du point de vue soci�tal. Sans le savoir, Rafael Padilla a impuls� ce qu?on pourrait appeler aujourd?hui l'art-th�rapie et les clowns d'h�pitaux, puisqu'� partir de 1910 il d�cide d'aller jouer pour les enfants hospitalis�s avec un succ�s r�v�l� par le personnel m�dical de l'�poque en termes d?aide et de gu�rison. Il faut le dire, Rafael Padilla a une histoire assez complexe puisqu'il est n� pour ainsi dire esclave dans une r�gion du monde, Cuba, � la fin du XIXe si�cle, qui pratiquait encore ce genre d?inhumanit�. Abandonn� par ses parents � l'�ge de 10 ans, il est vendu � 8 ans par la femme qui l'avait recueilli � un riche marchand portugais qui l'am�nera en Europe et une succession d'�v�nements et de rencontres en feront d'ailleurs, dans le si�cle pass�, une v�ritable star, notamment aupr�s du tout Paris de l'�poque. Rafael Padilla a inspir� de nombreux artistes, des fr�res Lumi�re en passant par Samuel Beckett, de Toulouse-Lautrec en passant aussi par Colette et Cocteau. Aujourd'hui, certes, apr�s �tre d'une certaine fa�on retourn� dans l'oubli, il redevient une source d'inspiration et m�me un mod�le, � tel point qu?Omar SY l?a encore derni�rement incarn� sur le petit �cran. Oui, d�cid�ment, la vie de Padilla, son ?uvre, m�ritent de ne pas �tre oubli�es et m�ritent m�me, je dirais, de nous inspirer. C'est vrai que ces �toiles qui �taient dans les yeux de beaucoup d'enfants quand ils le regardaient, ne doivent pas masquer les probl�matiques plus profondes auxquelles l'artiste avait �t� confront� et qui font malheureusement cruellement �cho � des situations similaires de nos jours. Le num�ro de duettistes entre le clown Chocolat et le clown Footit reposait g�n�ralement sur une id�e principale�: le clown noir brim� par le clown blanc. A l'�poque, il s'agissait d'une r�volution. C'�tait une forme de d�nonciation du racisme par le rire, la caricature par le clown, le rire dans l'exag�ration, l'�puration des vices par le comique o�, comme le disait Henri Bergson, le rire ch�tie certains d�fauts � peu pr�s comme la maladie ch�tie certains exc�s. Puis vint l'affaire Dreyfus. Certains historiens qui se sont pench�s sur l?histoire de Rafael Padilla ont tir� la conclusion que l'une des causes du d�clin de ce duo clownesque, au-del� bien s�r d'un essoufflement classique est peut-�tre une des cons�quences de l'affaire Dreyfus. En effet, le d�veloppement bienheureux d'un courant antiraciste post affaire Dreyfus et le d�veloppement d'une certaine g�ne, m�me, � rire d'un clown noir se faisant brimer par un clown blanc. On pourra donc peut-�tre parler aussi un peu d'actualit� puisque c'est la m�me g�ne similaire d�s lors qu'il s'agit de rire de ce genre d'in�galit�. Il me semble que cette histoire fait �cho � la pol�mique qui a suivi la tenue de l'exposition Exhibit, au Centquatre, et continue de poser la question suivante�: montrer l'horreur renforce-t-il l'horreur ou l'affaiblit-elle�? Mes chers coll�gues, je ne peux �videmment et je n?ose pr�tendre r�pondre � cette question qui doit tous nous interroger. Mais en ces temps o� les questionnements identitaires se renforcent, il est plus que jamais urgent de repenser � cet homme, ancien esclave, v�ritable star du tout-Paris et � la le�on de vie qu'il nous a impos�e. Celui d'un temps o� la France, malgr� des pens�es et une sociologie bien plus conservatrices qu'aujourd'hui, savait faire une place d'honneur aux talents d'o� qu'ils viennent, y compris en dehors de nos fronti�res et o� la couleur de la peau, fut-elle noire, n'�tait pas un motif d'indignit� ni non plus une exaltation exacerb�e. Je vous remercie.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci. Jean-Fran�ois LEGARET�? Amendement technique, d'accord. La parole est � M. Bruno JULLIARD.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint. - Oui, c?�tait un amendement technique de la correction d'une l�g�re erreur d'orthographe sur le pr�nom de George Footit pour lequel il ne faut pas de "s" � la fin du pr�nom. Merci beaucoup, Fadila M�HAL, pour cette intervention ainsi que pour cette correction, et merci au maire LEGARET. C'est en effet une tr�s belle initiative que cette plaque comm�morative en hommage au clown Chocolat, rue Saint-Honor� dans le 1er arrondissement, au 251, rue Saint-Honor�, � l'emplacement du nouveau cirque, l� o� il d�buta sa carri�re qui est actuellement le Mandarin Oriental. L'ann�e 2016 va �tre riche en hommages au clown Chocolat, avec d'abord un livre qui sortira d�but 2016, "Chocolat, la v�ritable histoire d?un homme sans nom", un film �galement, que vous avez cit�, Madame M�HAL, ainsi qu?une exposition qui lui sera consacr�e. Il est tr�s heureux que la Ville participe � cet hommage avec l'apposition de cette plaque. Cela nous permet d'abord de rendre peut-�tre un double hommage, d'abord un devoir de m�moire. L?apport du clown Chocolat � la culture populaire fran�aise a tr�s longtemps �t� ignor�. Rafael Padilla n'appara�t que rarement, voire pas du tout dans les ouvrages sur le cirque, contrairement � d?autres artistes, y compris d?ailleurs George Footit. Il est oubli� des livres, il a �t� enterr� dans le carr� des indigents. Il �tait plus que temps que Paris rende hommage � ce tr�s grand artiste qui a fait ses jours de gloire. A travers lui, c?est aussi l?occasion de saluer tous les artistes oubli�s qui participent au rayonnement culturel fran�ais. Le deuxi�me hommage est celui rendu � la lutte contre les pr�jug�s, contre tous les pr�jug�s. Vous l'avez magnifiquement dit, Madame la Pr�sidente, cet hommage est aussi le moment de rappeler les pr�jug�s que cet artiste a d� affronter � son �poque. Son parcours s'inscrit dans notre histoire commune, l'histoire de notre pays�: l'esclavage, la colonisation, mais aussi la lutte contre les discriminations. Cet hommage met en �vidence les ressources, notamment le soutien des institutions, indispensable, que peuvent mobiliser les personnes stigmatis�es afin de devenir acteurs de leurs propres vies. C'est donc �videmment un avis favorable � l'amendement et plus encore � ce beau projet de d�lib�ration.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci. Je mets donc d'abord aux voix, � main lev�e, la proposition d'amendement n��60, d�pos�e par le groupe les R�publicains, assortie d'un avis favorable de l'Ex�cutif. Qui est pour�? Contre�? Abstentions�? La proposition d'amendement n��60 est adopt�e. Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 649 ainsi amend�. Qui est pour�? Contre�? Abstentions�? Le projet de d�lib�ration amend� est adopt�. (2015, DAC 649).

Décembre 2015
Débat
Conseil municipal
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