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VI - Question d’actualité posée par le groupe Union pour la démocratie française à M. le Maire de Paris relative au Racing Club de France.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Maintenant, nous passons � la question du groupe U.D.F. et la parole est � M. POZZO di BORGO.

M. Yves POZZO di BORGO. - Merci, Monsieur le Maire.

Depuis 1886, le site de la Croix Catelan, situ� dans le bois de Boulogne, �tait g�r� par le Racing Club de France. Le fonctionnement de ce club �tait simple : avec les cotisations de ces membres, des gens ais�s et riches, il finan�ait les activit�s sportives du plus grand nombre, avec aussi des athl�tes de haut niveau, aux r�sultats flatteurs dans de nombreuses disciplines. Il �tait ainsi le premier en Europe pour les m�dailles olympiques.

En outre, il accueillait dans ses installations, comme la piscine de la rue Ebl�, les �l�ves des �coles publiques du 7e, du 8e et du 15e, suppl�ant par l� m�me la carence de la municipalit� ou des municipalit�s qui n?ont jamais investi pour remplacer ne serait-ce que la piscine Deligny pour ne parler que de l?arrondissement dont je suis l?�lu. Et tout cela, sans que cela co�te un seul centime aux contribuables.

Apr�s un appel d?offres lanc� par la Mairie de Paris, le site a �t� repris par Arnaud LAGARD�RE, nouveau concessionnaire depuis le 1er septembre 2006. Il s?�tait engag� � garantir la p�rennit� des 18 sections sportives. Or, d�s son arriv�e, il a commenc� � rechigner, ne voulant pas des sections qui n?�taient pas parisiennes et souhaitant � sa guise utiliser le sigle, les b�timents et les installations qui appartiennent au Racing Club de France.

Une p�riode d?incertitude s?est ouverte pour l?ensemble des demandes du Racing, pour les enfants et les familles qui profitaient des retomb�es du club. Tout ceci, parce que vous avez d�cid� de faire du sport avec de l?argent.

Vous avez pr�f�r� la gestion par des int�r�ts priv�s. Ceux-ci ne sont pas critiquables. Ils ont des actionnaires. Dans le sport de haut niveau, il faut de l?argent. Ils sont dans leur r�le de cr�er de la valeur. Mais comprenez qu?ils n?ont pas les m�mes valeurs que tous ces acteurs b�n�voles du Racing.

Par cette d�cision, nous avons et vous avez rompu l?�quilibre �conomique original o� les riches payaient pour ceux qui ont moins de moyens, sans qu?il y ait intervention de l?Etat ou de d?une municipalit�.

Par cette d�cision, nous avons bris� ce fameux creuset de mixit� sociale qu?�tait le Racing qui voyait converger... C?est 3.000 enfants de la rue Ebl� qui fr�quentent ce lieu !

? qui voyait converger chaque jour des sportifs, des jeunes espoirs, encadr�s par des moniteurs d?excellence, dans des sections o� se croisent le talent, la volont� et l?engagement.

Mardi dernier, les n�gociations ont �t� rompues entre le groupe ?Lagard�re? et le Racing.

Ce jeudi, le bureau directeur du R.C.F. a d�missionn� et un administrateur devrait �tre nomm� aujourd?hui - je crois d?ailleurs que c?est fait - pour pr�parer l?assembl�e g�n�rale du 13 d�cembre.

Je sais que, demain, vous ne pourrez pas, Monsieur le Maire, emp�cher que les qualit�s de don de soi, propres � certains esprits sportifs, ne disparaissent face � la logique de l?argent qui va guider ces nouveaux acteurs dans la poursuite des activit�s du club. La question que je vous pose est la suivante : aurez-vous suffisamment d?autorit� pour imposer � une structure financi�re priv�e sa promesse de maintien des emplois en jeu et la formidable action de b�n�volat qui existe dans ce club et dans l?environnement du b�timent de la rue Ebl� dans le 7e arrondissement ? Qu?en est-il aussi du comit� de suivi qui devait �tre mis en place apr�s le vote du 10 juillet ?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Parler du Racing ancienne mani�re - d?ailleurs, cela ne vous d�rangeait pas - qui, en plus, versait une redevance ridicule comme d?un lieu philanthropique, je ne sais pas � qui vous allez faire croire cela !

Pascal CHERKI, je pr�f�re que ce soit toi qui r�pondes. Sinon, moi, je vais me f�cher !

M. Pascal CHERKI, adjoint. - Bri�vement car la question de M. POZZO di BORGO a une vertu, Monsieur le Maire, c?est qu?alors que dans ce club le comit� directeur n?est plus soutenu ni par aucun pr�sident de section sportive ni par aucun des salari�s, que ce soit les repr�sentants ou autres, je me demandais s?il avait encore un soutien dans l?espace parisien. J?en ai trouv� un, M. POZZO di BORGO. Ils ne sont pas aussi isol�s que cela.

Pour revenir au fond de l?affaire, quelle est la question ?

M. POZZO di BORGO le sait tr�s bien. A la suite d?un v?u d�pos� par une formation de l?opposition municipale, le Conseil a d�cid� � l?unanimit� de mettre en concurrence l?ensemble des conventions d?occupation domaniale existantes.

Une proc�dure a �t� lanc�e. Toujours � la demande de l?opposition municipale, nous avons vot� un deuxi�me v?u demandant la mise en place d?une commission pluraliste. Cette commission a proc�d� � des auditions. Elle a class�, en fonction des crit�res du dossier de concurrence, les imp�trants et a retenu que sur trois des quatre crit�res le groupe ?Lagard�re? �tait en t�te et que, sur le quatri�me crit�re, c?�tait un autre concurrent qui n?�tait pas le Racing.

Sur la base de cet avis motiv�, le Maire a consid�r� qu?il n?y avait pas d?ambigu�t� et a propos� � la repr�sentation du Conseil de Paris de voter une d�lib�ration passant un contrat de convention d?occupation domaniale avec le groupe ?Largard�re?, qui a �t� vot�e tr�s largement dans les rangs de cette Assembl�e, y compris par vous, Monsieur POZZO di BORGO. A l?�poque, vous ne vous �tes pas �mu des cons�quences de ce vote.

Il se trouve que, personnellement, en tant qu?adjoint aux Sports, j?ai r�fl�chi, ainsi que le Maire de Paris et d?autres �lus qui ont dit que, certes, ils �taient tenus de se prononcer simplement sur la question du contrat, mais qu?ils n?�taient pas dupes et qu?ils savaient que cela aurait une cons�quence concr�te : si jamais ce n?est pas le Racing, qui n?a pas de rente et qui doit faire valoir ses droits chaque fois, qui r�cup�re le contrat, il y aura des probl�mes pour le financement de cette section sportive.

D�s le vote intervenu, nous nous en sommes pr�occup�s. Il se trouve que le groupe ?Lagard�re? a d�clar� qu?il prendrait un engagement moral de veiller � la p�rennit� de cette section.

D�but septembre, cet engagement moral ne s?est concr�tis� que partiellement. Le Maire de Paris, moi-m�me et d?autres membres de cette Assembl�e, nous sommes intervenus et nous avons dit aux repr�sentants du groupe ?Lagard�re? qu?ils avaient pris un engagement moral et qu?il fallait le respecter.

Il y a environ quinze jours, le groupe ?Lagard�re? a fait une proposition de p�rennisation des financements des sections sportives, de garantie de financement du lieu o� elles se d�roulaient et de reprise de l?int�gralit� des salari�s.

D?une certaine mani�re, Monsieur POZZO di BORGO, il s?agissait de reconstituer l?ancien mod�le, � une diff�rence pr�s, et cela m?a marqu�. Je remarque que le comit� directeur n?est soutenu par aucune des sections sportives ou par aucun des repr�sentants des salari�s. Le paradoxe, c?est que cette crise a eu une vertu : pour la premi�re fois, les sections sportives ont pris le dessus. Comme le groupe ?Lagard�re? a besoin de cette caution, il est conduit � dialoguer avec elles. D?une certaine mani�re, nous nous trouvons peut-�tre dans l?�bauche d?un nouveau club sportif qui mettra le sport au centre de ses pr�occupations. Je l?esp�re.

O� en est-on concr�tement ? Je pensais jusqu?� pr�sent que la nouvelle direction du Racing avait la volont� de tourner la page et de se pr�occuper du sport. Comme le groupe ?Lagard�re? est arriv� avec cette proposition, nous avons pens� que les probl�mes �taient en voie d?�tre r�gl�s.

Or, on m?a pr�sent� autre chose, une logique patrimoniale avec laquelle je ne peux pas �tre d?accord car, m�me si je ne suis pas membre de ce club comme �lu parisien, je dois veiller � ce que les int�r�ts de 20.000 adh�rents ne soient pas dilapid�s au profit d?un petit groupe de personnes.

J?ai d�clar� que je ne serais pas d?accord avec une logique patrimoniale et je me suis fait le porte-parole des sections sportives et des repr�sentants du personnel.

Il y a eu blocage. Qu?avons-nous demand�, Monsieur POZZO di BORGO ? La d�mocratie. Quand il y a blocage, on retourne vers la souverainet�. Et le peuple souverain d?une association, ce sont ses adh�rents. C?est l?Assembl�e g�n�rale.

Nous avons demand� que ce soit soumis au vote de l?Assembl�e g�n�rale. Devant le refus de la direction du club, les salari�s et les sections sportives ont pris la seule d�cision qui s?imposait de mon point de vue, ils ont pris un avocat et ont d�pos� une requ�te aupr�s du Tribunal. Le 23, il y a une audience afin de demander la nomination d?un administrateur judiciaire dont la mission sera de permettre aux adh�rents du Racing de d�cider de leur avenir et nous les soutenons.

M. LE MAIRE DE PARIS. - M. POZZO di BORGO veut ajouter un mot.

M. Yves POZZO di BORGO. - Je suis ravi de l?intervention de M. CHERKI. Je suis ravi que le groupe ?Lagard�re? maintienne ce concept qui existait auparavant. Je souhaite que cela dure longtemps, mais j?en doute.

On en avait d�j� parl�, il y a un mois, et j?avais attir� l?attention sur ce probl�me. L?adjoint au Maire s?est largement impliqu� dans cette affaire, mais j?attends comme vous le vote du 13 d�cembre. Je souhaite qu?il soit positif, mais je continue franchement � penser qu?on avait un mod�le qui fonctionnait?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Non.

M. Yves POZZO di BORGO. - C?est vous qui dites cela, Monsieur le Maire. 3.000 enfants et adolescents des 7e, 15e, 6e, 8e arrondissements fr�quentent cette maison de sport qui est unique � Paris, dans la rue Ebl�. Je vois les choses et ce ne sont pas des enfants de familles ais�es. Je suis d�sol�. N?ayez pas cette image un peu caricaturale ; il y a bien s�r des gens ais�s, mais ils finan�aient des gens qui n?�taient pas ais�s. Laissez-moi quand m�me d�fendre mes positions.

Je suis ravi de la question de M. CHERKI. On verra bien comment cela �voluera. On verra bien le 13 d�cembre.

J?ai pos� la question du comit� de suivi et je n?ai pas eu la r�ponse.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vais vous la donner.

Je demande d?abord � M. CHERKI de r�unir ce comit� de suivi dans les meilleurs d�lais.

Deuxi�mement, je veux le remercier parce qu?il fait un travail remarquable et objectif.

Troisi�mement, honn�tement, je connais tr�s bien ce dossier et je ne suis qu?aux c�t�s des pratiquants des sections sportives, y compris de l?ancien Racing. Nous avons pris nos responsabilit�s ensemble pour un projet sportif de qualit�, en rupture avec le projet conservateur pr�c�dent qui exploitait une partie du territoire parisien au profit de quelques-uns.

Nous avons d�cid� ensemble un projet de plus haut niveau et plus efficace pour les Parisiens. Honn�tement, nous faisons tous nos efforts pour qu?il y ait une synth�se entre le nouvel op�rateur et les pratiquants des 17 sections sportives du Racing que je d�fends personnellement.

Mais je n?ai pas � d�fendre une poign�e d?ex-dirigeants qui ne pensent qu?� leur int�r�t personnel. Je ne parle pas pour vous, Monsieur POZZO di BORGO. Je constate que certains, dans cette Assembl�e, au prix d?un retournement et d?un double langage que je n?estime pas tr�s convenable, soutiennent en fait quelques privil�gi�s qui cherchent � r�cup�rer pour leur int�r�t priv�, je peux le dire, un probl�me qui met en cause la pratique sportive de 17 sections. Et, elles, je suis de leur c�t�. Voil� la v�rit�.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Novembre 2006
Débat
Conseil municipal
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