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2007, VII - Question d’actualité posée par le groupe U.M.P. à M. le Maire de Paris relative à la situation du conservatoire du 18e arrondissement.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question d?actualit� du groupe U.M.P.

La parole est � Mme DECORTE.

Mme Roxane DECORTE. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, dimanche dernier la une du ?Monde? �pinglait pour ses fausses notes le conservatoire du 18e arrondissement, le plus ancien des conservatoires parisiens et le plus important avec plus de 1.000 �l�ves. Pr�s de 30.000 euros de d�penses frauduleuses masqu�es par de fausses factures auraient �t� ainsi mises au jour � la suite d?un audit d?une enqu�te de l?Inspection g�n�rale de la ville. Des livres sans rapport avec la musique, comme une encyclop�die de plantes �rotiques?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je ne savais pas que cela existait !

Mme Roxane DECORTE. - Un bon de commande pour une centaine d?orangers et de citronniers jamais arriv�s dans l?�tablissement ou encore des frais d?orthodontie. Le directeur des achats, M. LE CARPENTIER, proche de la directrice g�n�rale adjointe des services de la mairie du 18e arrondissement aurait reconnu l?ensemble des faits.

Pour autant, cette fraude financi�re importante et grave ne doit pas masquer le plus troublant dans ce dossier : la saisine de la Ville qui est ancienne et qui est rest�e sans v�ritable r�ponse. Le silence de tous les �lus comp�tents, alert�s depuis plus de 6 ans sur la situation du conservatoire Gustave Charpentier, est assourdissant.

Je tiens � votre disposition une s�rie d?�changes, de courriers et d?emails illustrant les probl�mes r�currents dans cet �tablissement.

Pour illustrer mon propos : le 29 d�cembre 2001, M. G�rard GANVERT, professeur depuis 1976 dans ce conservatoire, aujourd?hui secr�taire g�n�ral de l?Association des professeurs du conservatoire, �crivait � Danielle FOURNIER, adjointe charg�e de la vie culturelle dans le 18e arrondissement : ?Madame la Maire, vous avez bien voulu me recevoir pour que je puisse vous soumettre les probl�mes rencontr�s dans son fonctionnement par notre conservatoire du 18e arrondissement, et plus g�n�ralement par l?enseignement musical sp�cialis� parisien depuis notre rencontre. Dans les deux cas, les choses n?ont fait que continuer � se d�grader.?

Depuis plus de six ans, Monsieur le Maire, votre adjoint en charge de la culture, le maire du 18e arrondissement, son adjointe en charge de la culture, Danielle FOURNIER, vous-m�me, avez r�guli�rement �t� saisis sur la situation tr�s d�t�rior�e � laquelle se trouvaient confront�s les professeurs, les �l�ves, les parents d?�l�ves ; des probl�mes graves de fonctionnement interne, des probl�mes de management, certains courriers �voquant du harc�lement moral, des professeurs cass�s, fragilis�s avec des propos allant m�me jusqu?au d�nigrement sexuel, parfois.

Le 14 mars 2003, il y a d�j� plus de quatre ans, Monsieur le Maire, votre conseill�re, Laurence PASCALIS, r�pondait au secr�taire g�n�ral de l?Association des professeurs du conservatoire du 18e arrondissement. Je cite : ?Vous avez bien voulu appeler l?attention du Maire de Paris sur les difficult�s rencontr�es au sein du conservatoire municipal Gustave Charpentier dans lequel vous intervenez en tant que professeur. Il m?a charg� de vous en remercier et de vous assurer qu?un suivi attentif a �t� demand� � la Direction des Affaires culturelles qui a la gestion des conservatoires municipaux. Par ailleurs, je tiens � vous indiquer que la directrice des Affaires culturelles a derni�rement re�u le directeur de l?�tablissement afin d?�voquer ce dossier?. C?�tait le 14 mars 2003.

Permettez-moi de m?interroger : quel a �t� avec pr�cision le suivi attentif de ce dossier ? Comment avez-vous pu laisser la situation se d�grader autant en ayant �t� saisis il y a plus de six ans, alors qu?une r�forme des conservatoires est en chantier depuis des ann�es. Chacun a v�ritablement int�r�t � ce que le conservatoire Gustave Charpentier, qui est un bel outil populaire, un bel outil p�dagogique et culturel, retrouve enfin un climat apais� et sein.

M. LE MAIRE DE PARIS. - M. GIRARD va r�pondre mais il y avait une outrance, qui �tait assez caricaturale. Mais enfin ... Christophe GIRARD va vous r�pondre comme il se doit.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - En tout cas, Mme DECORTE ne manque pas de culot car je voudrais bien savoir qui a fait la r�forme des conservatoires et qui a d�cid� de passer en r�gie des conservatoires qui �taient g�r�s de fa�on tr�s �trange depuis des ann�es quand vous �tiez aux responsabilit�s ?

Mme Roxane DECORTE. - Ce n?est pas la question.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Attendez, vous permettez que je r�ponde, Madame DECORTE !

M. LE MAIRE DE PARIS. - Mais c?est �a le contexte qui am�ne � faire la transparence sur ce conservatoire. Excusez-moi de vous dire, ce n?est pas parce que vous d�barquez depuis six ans qu?il faut la ramener trop ! Je vous aime bien, mais de temps en temps vous la ramenez de mani�re un peu curieuse !

Nous avons mis de l?ordre dans les conservatoires. C?�tait ill�gal : je saisis l?Inspection g�n�rale ; c?est moi qui met de l?ordre ; ce n?est pas vous ! Et vous venez l� nous donner des le�ons ! Alors quand m�me, Madame DECORTE, un peu d?humilit� !

Mais non, je ne suis m�me pas en col�re? Avec Mme DECORTE, jamais. Je ne suis jamais en col�re, je suis dynamique, c?est diff�rent.

Allez, Monsieur GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Dommage d?ailleurs que M. LEGARET ne soit pas en s�ance, il pourrait �galement vous rafra�chir la m�moire sur les comportements du conservatoire du Centre qui �taient � peu pr�s identiques du temps o� Mme LEGARET �tait pr�sidente de l?association.

Le passage en r�gie, je vous le rappelle?

Mais attendez, mais quel culot ! Je sais que le papier ne refuse pas l?encre mais il y a tout de m�me des limites � la d�cence. Le passage en r�gie a permis en effet de faire toute la lumi�re sur des pratiques, Madame DECORTE, que vos amis et vous avez couvertes pendant de nombreuses ann�es.

Comment, non ?! C?est cela, apportez-moi la preuve du contraire.

L?Inspection g�n�rale de la Ville de Paris, ayant mis au jour des dysfonctionnements graves au sein du conservatoire municipal du 18e arrondissement, la Maire de Paris a pris sans d�lai, je le r�p�te sans d�lai, la d�cision d?engager une proc�dure de licenciement pour faute d?un cadre administratif contractuel et de suspendre de leurs fonctions le directeur de l?�tablissement ainsi que son adjoint avant de saisir les instances disciplinaires comp�tentes.

Par ailleurs, la Mairie a d�cid� de saisir la justice. Un directeur par int�rim, Philippe MAC�, a �t� nomm� imm�diatement afin d?assurer d�s le 23 avril la bonne marche du conservatoire. J?ai particip� au conseil d?�tablissement extraordinaire pr�sid� par Daniel VAILLANT, maire du 18e arrondissement en pr�sence de son adjointe � la culture, Mme FOURNIER, r�uni le 10 mai dernier en mairie du 18e arrondissement permettant d?annoncer ces d�cisions de la Ville de Paris aux repr�sentants des professeurs et parents d?�l�ves du conservatoire, �galement en pr�sence de Mme FONT, Directrice des Affaires culturelles.

J?ai demand� � cette occasion que le Conseil de discipline soit r�uni rapidement afin de statuer sur les suites � donner pour les deux cadres concern�s. Voil� : du droit, de la loi, de l?ordre, rien que cela, Madame.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Un mot suppl�mentaire de Mme DECORTE.

Elle a le droit, c?est le r�glement. Mais oui ! Vous �tes scandalis� mais dans le r�glement, elle a le droit de reprendre la parole. Et moi aussi, j?ai le droit de reprendre la parole derri�re.

Allez, Madame DECORTE, bri�vement.

Mme Roxane DECORTE. - Je vais essayer ?de la ramener? avec gentillesse, c?est cela ? Si j?ai bien compris?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Comme vous le sentez. Moi, �a me va bien.

Mme Roxane DECORTE. - Simplement, il y a toute une s�rie de courriers, de mails depuis 2001, vous ne pouvez pas passer sous silence les �changes de courriers, Monsieur le Maire. Ma question est de savoir pourquoi il n?y a pas eu de r�ponses ; cela fait plus de six ans !

Vous parlez de la r�forme des conservatoires, c?est tr�s bien, mais elle est chantier depuis des ann�es, cette r�forme des conservatoires. Ce n?est pas le propos de mon sujet aujourd?hui : mon sujet �tait un climat particulier, des probl�mes de management, des probl�mes importants au sein du conservatoire du 18e arrondissement, tout en sachant que notre assembl�e a vot� une subvention exceptionnelle de 50.000 euros, il y a peu de temps pour des probl�mes financiers.

D?autre part, nous savons qu?il y a des liens importants entre la personne qui a �t� licenci�e et la directrice g�n�rale adjointe des services de la mairie du 18e arrondissement. Troisi�mement?.

Mais attendez, il faut �tre s�rieux ! Mon souci, c?est vraiment l?historique de ce dossier et l?absence de r�ponses. Quand on veut jouer la transparence, on la joue jusqu?au bout, la transparence ! On r�pond aux questions des professeurs, on r�pond aux questions des parents d?�l�ves. Je n?ai jamais �t� saisie puisque je ne suis pas comp�tente sur ce sujet, je ne suis pas l?autorit� r�f�rente. Vous avez vous-m�mes �t� saisis et il n?y a pas eu de r�ponse. Ne dites pas que c?est du culot ou du toupet, c?est simplement la v�rit�, et la v�rit� vous ennuie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Madame DECORTE, l� vous d�rapez, parce que vous �tes bien plac�e pour savoir que la v�rit�, je la regarde toujours en face, n?est-ce pas ? Alors, dans cette affaire, depuis six ans, chaque fois qu?il y a eu des manques de management ou de comportement, je les ai sanctionn�s. Ce qui est une �norme diff�rence, �norme diff�rence, avec ce qui se passait dans le pass� quand votre groupe �tait en responsabilit�, ici. Dans le conservatoire du 18e arrondissement, notamment.

Madame DECORTE, j?ai �t� saisi, j?ai pris les dispositions, j?ai m�me demand� une enqu�te de l?Inspection g�n�rale. Vous savez, Madame DECORTE, tous les rapports de l?Inspection g�n�rale, je les rends publics. On me le reproche d?ailleurs parfois ; des gens qui se sentent - peut-�tre d?ailleurs abusent-ils de leurs relations - proches de votre groupe ! Alors la transparence est pour tout le monde !

Et vous avez raison de demander des comptes, c?est dans votre boulot d?�lu. Mais jeter la suspicion, je ne l?accepte pas. Et en particulier, je ne l?accepterai pas sur moi et sur ma mani�re morale de g�rer les affaires de la Ville de Paris. Vous n?�tes pas en cause, personnellement, mais nous avons tous une histoire. R�pondons tous de notre histoire par rapport � la gestion publique de l?int�r�t g�n�ral. Voil� ce que je voulais vous dire.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Mai 2007
Débat
Conseil municipal
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