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IV - Question d'actualité posée par le groupe UDI-MODEM à Mme la Maire de Paris, relative aux blocages des lycéens parisiens.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Alors, nous passons � la question suivante qui est pos�e par le groupe Union des d�mocrates et ind�pendants. La parole est � Mme LECOUTURIER.

Mme B�atrice LECOUTURIER. - C?est le groupe UDI-MODEM, Madame la Maire.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Votre en-t�te n?est pas comme �a.

Mme B�atrice LECOUTURIER. - Eh bien, c?est le groupe UDI-MODEM.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - J?ai lu votre en-t�te�: Union des d�mocrates et ind�pendants. C?est votre papier � en-t�te.

Mme B�atrice LECOUTURIER. - C?est le groupe UDI-MODEM au Conseil de Paris, Madame la Maire.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mais il faut que vous changiez le papier en-t�te ou faire quelque chose. Mais vous avez la parole.

Mme B�atrice LECOUTURIER. - Merci. Nous assistons depuis quelques semaines � des manifestations de lyc�ens venus rendre hommage � R�mi Fraisse, jeune manifestant mort tragiquement sur le site de Sivens dans le Tarn. Si nous comprenons l?�motion suscit�e par le d�c�s de ce jeune, nous r�prouvons la tournure que prennent les manifestations � Paris avec le blocage des �tablissements scolaires et la violence qu?entra�nent ces blocages. Rappelons tout d?abord, Madame la Maire, que l?acc�s des �l�ves � leur classe est une libert� fondamentale. En effet, les �coles, les coll�ges et les lyc�es doivent �tre des lieux de s�curit� et de protection pour tous les �l�ves, sans entraver leur acc�s. Or, nous voyons que cette s�curit� n'est plus assur�e dans certains lyc�es parisiens puisque des �l�ves bloquent les portes des �tablissements, emp�chant ceux qui le souhaitent de rejoindre leur classe. Ces �l�ves sont alors contraints de rester dans la rue et priv�s de suivre leurs cours. Des �l�ments radicaux ont d�j� profit� de cette mobilisation pour prendre la t�te des cort�ges et chercher l'affrontement avec les forces de police. Des sc�nes de violence de casseurs ont �t� observ�es en plein Paris. Face � cette situation, l'immense majorit� des lyc�ens et leurs parents sont l�gitimement exc�d�s, suscitant un climat tendu aux abords des lyc�es. C'est ce qui s'est pass� vendredi dernier, le 14 novembre. Au quatri�me jour de blocage, de graves incidents ont eu lieu devant le lyc�e Montaigne. Une fois encore, des lyc�ens venus aussi d'�tablissements voisins, ont commenc� � renverser des poubelles devant la porte du lyc�e, emp�chant l?acc�s de l?�tablissement � ceux qui souhaitaient y entrer. Malgr� les demandes insistantes des parents et du personnel enseignant, les lyc�ens bloqueurs ont d�cid� d?en d�coudre avec les parents, en leur lan�ant des projectiles et les arrosant de neige carbonique. Tr�s �nerv�, un p�re de famille a saisi des mains d'un jeune manifestant un extincteur et a frapp� violemment un �l�ve qui tentait de s'interposer. Cet incident est tr�s choquant, et nous le condamnons vivement, comme nous condamnons les provocations de ces jeunes manifestants. Nous ne pouvons tol�rer, Madame la Maire, ni cette justice priv�e, ni cette inaction des pouvoirs publics. L'inaction du Rectorat de Paris et de la Pr�fecture de police n'est pas acceptable. Malgr� les demandes renouvel�es des associations de parents d?�l�ves � la Mairie de Paris, aucune pr�cision ne leur a �t� donn�e sur le statut juridique des abords des lyc�es, car l� est la vraie question. Qui est responsable de la s�curit� des �l�ves � ces abords�? Est-ce aux parents ou au personnel enseignant de faire respecter l'ordre�? Nous demandons donc au Rectorat de Paris et � vous, Monsieur le Pr�fet, de donner des consignes claires aux �tablissements en cas de blocage et ne pas les laisser dans le d�sarroi le plus complet. Doit-on encore attendre un cran suppl�mentaire dans la mont�e de la violence de ces manifestations�? Il est donc grand temps de mettre un terme � ces exactions. Il est grand temps que les pouvoirs publics prennent leur responsabilit�. Il serait vain de miser sur l'essoufflement de ce mouvement. C'est un pari dangereux et peu responsable. Il est de notre r�le � pr�sent � nous �lus, Rectorat de Paris, Pr�fecture de police, de mettre en ?uvre toutes les mesures pour un retour � l'ordre dans nos lyc�es � Paris. Les �l�ves et les parents vous le demandent�: �coutons-les, �coutez-les, Madame la Maire. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Bien. Monsieur le Pr�fet de police et ensuite, Colombe BROSSEL.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Madame la Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Madame la Conseill�re, je suis tr�s heureux de r�pondre � votre question pour que vous puissiez �tre parfaitement inform�e des difficult�s de l?ordre public lors de manifestations de lyc�ens. L'�nonc� de votre question, ce que vous avez dit sur l?inaction de la Pr�fecture de police, m'am�ne � me r�jouir que je puisse rectifier ces propos. La gestion des manifestations de lyc�ens est toujours une question extr�mement d�licate et je peux vous assurer qu'elle fait l'objet de ma part, de la part du Recteur de Paris, avec lequel je suis en permanence en contact, d'un suivi extr�mement attentif. En effet, contrairement aux autres manifestations revendicatives - il y en a plus de 4.000 chaque ann�e � Paris, donc on a une certaine habitude - il est tr�s difficile d'�tablir un travail pr�paratoire pour le choix du trajet, pour l'organisation du service d'ordre mis en place par les organisateurs. Souvent, d'ailleurs, il n'y en a pas. C'est la raison pour laquelle des consignes de tr�s grande vigilance, mais aussi de tr�s grande prudence, sont donn�es par mes soins aux forces de l'ordre dans la gestion de ce type d?�v�nement, compte tenu de l'�ge des manifestants. Encore une fois, avec le Recteur de Paris, nous sommes en contact permanent pour g�rer ces situations. Et fort heureusement, contrairement � la description que vous en faites, par rapport d'ailleurs � d'autres mouvements lyc�ens que j'ai pu conna�tre dans ma carri�re de pr�fet, les r�cents blocages de lyc�es parisiens n'ont pas donn� lieu � des incidents importants, et je vais m'expliquer. Vous l'avez rappel� - apr�s la mort de R�mi Fraisse et pour lui rendre hommage - plusieurs organisations lyc�ennes ont lanc� un mot d?ordre de gr�ve devant les �tablissements, � la suite, d'ailleurs, de certaines organisations politiques. A compter du 6 novembre, nous avons compt� de 20 � 30 lyc�es parisiens, sur plus d'une centaine, impact�s par le plus souvent des filtrages, parfois par des blocages � l'entr�e de l'�tablissement, qui ont dur� une partie de la matin�e. Mais, d�s la semaine suivante - nous �tions le jeudi - d�s le lundi, le nombre de blocages a tr�s vite d�cru. Le 13 novembre, � l'appel de la F.I.D.L., de l'Union nationale lyc�enne ainsi que de l'assembl�e g�n�rale lyc�enne, 500 personnes ont d�fil� au d�part de la place de la Nation. Cette manifestation - je vais vous la raconter puisque cela illustre la difficult� d'avoir un contact utile avec des organisateurs - cette manifestation s'est rapidement scind�e en deux groupes distincts, puisque des militants radicaux s'en sont pris aux services d'ordre des autres organisations. Ces autres organisations ont quitt� le cort�ge et ont mis fin � la manifestation. Une centaine de manifestants radicaux ont poursuivi leur chemin jusqu'� Tolbiac, commettant quelques d�gradations, des tags sur du mobilier urbain et des v�hicules de police. Je pr�cise que l'identification des fauteurs de troubles est en cours. Nous avons d�j� quelques indices. Au total, aucun incident majeur ne s'est produit. Il peut d'ailleurs �tre not� que la manifestation de 1.400 personnes � l'appel de plusieurs organisations politiques et syndicales, partant de Bastille et rejoignant la place de la Nation le 8 novembre, n'a pas mobilis� les lyc�ens en nombre. Donc ce n'est pas un mouvement qui a beaucoup mobilis� les lyc�ens par rapport � ce que nous avions pu conna�tre. Alors un seul incident notable, mais aussi regrettable, s'est produit le 14 novembre devant le lyc�e Montaigne entre un �l�ve d'un autre lyc�e et un parent d'un �l�ve du lyc�e Montaigne. Je dois dire que gr�ce � la mobilisation de tous - la police, d'ailleurs, n'�tait pas tr�s loin et est intervenue rapidement - mais gr�ce � la mobilisation de tous, le Rectorat, le proviseur de l'�tablissement, les parents et le Maire de l'arrondissement, la tension est tr�s vite retomb�e. J'ajouterai, pour compl�ter ma r�ponse, que le personnel en tenue, lorsqu'il y a un risque de blocage ou de filtrage, n'est jamais tr�s loin pour pouvoir faire face � tous les incidents. Il y a des personnels en civil qui surveillent l'entr�e des �tablissements et nous pouvons donc intervenir tr�s rapidement � la demande d'un chef d'�tablissement ou � la demande du Recteur. Mais je crois que pr�positionner des forces de l'ordre en tenue devant les lyc�es pour emp�cher les blocages, serait lourd de risques, y compris pour la s�curit� des �l�ves. Je crois que c'est une pratique constante, que j'ai rappel�e, pour la gestion des manifestations de lyc�ens � Paris. Elle donne de bons r�sultats et je n'ai pas l'intention d?en changer.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet. Vous avez notre soutien. Madame Colombe BROSSEL.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe. - Merci beaucoup, Madame la Maire. En compl�ment de ce que vient de dire tr�s justement M. le Pr�fet, et sur le rappel des faits, et sur la doctrine - si je peux l'appeler ainsi -, trois �l�ments�: D'abord, oui, il y a eu une �motion l�gitime dans la jeunesse parisienne comme ailleurs, notamment chez les lyc�ens, suite �, bien entendu, la mort de R�mi Fraisse mais �galement au placement en centre de r�tention administrative du jeune Y�ro SALL sur lequel les uns et les autres sont d�j� intervenus dans d'autres cadres, notamment, que cet h�micycle. Et cette �motion l�gitime a provoqu� un certain nombre de manifestations. Je ne sais pas s'il est besoin - implicitement, M. le Pr�fet vient de le faire � l?instant - de dire quel est le statut juridique de la s�curisation de la voie publique. Oui, en effet, c'est du ressort de la police nationale et de la Pr�fecture de police que de travailler � la s�curit� des Parisiens sur la voie publique. Je dois vous avouer que je suis �tonn�e par le ton pol�mique et les propos, � mon avis, inutilement blessants, et pour la Pr�fecture de police, et pour l'ensemble de ceux qui ont concouru au calme de ces manifestations, �voquant leur inaction et leur inactivit�. Et je veux au contraire remercier et f�liciter tous ceux qui ont pris cette situation en main. On sait combien elle est difficile, on sait comment elle est mouvante, fluctuante et que, parfois - pardon pour l?image - il suffit d?un tout petit craquement d?allumette pour embraser des situations. Je tiens ici � f�liciter publiquement M. le Pr�fet de police, ainsi que tous ceux qui ont concouru au fait que le calme soit le plus largement possible maintenu devant les �tablissements et dans les manifestations. Ce n'est pas simple et n'ayons pas de facilit� de prise de position sur ce sujet. Alors, merci � tous ceux qui ont travaill�: c'est, en effet, bien entendu, le Pr�fet de police et l'ensemble de ses agents, mais ce sont aussi les proviseurs de lyc�es et les principaux de coll�ge. Il y en a un certain nombre qui ont pass� beaucoup de temps � s'occuper de l'ext�rieur de leurs �tablissements, consid�rant que la s�curit� de leurs �l�ves est dans le champ de leurs pr�rogatives. Si nous sommes arriv�s � une situation qui, globalement, n'a pas �t� �maill�e de plusieurs incidents graves, sauf un qu?a rappel� � l'instant M. le Pr�fet�; si aujourd'hui, il n'y a plus aucun lyc�e bloqu� ni avec des barrages filtrants, c'est, en effet, gr�ce � l'engagement de l'ensemble de ces adultes qui se sont mobilis�s pour la s�curit� des jeunes lyc�ens parisiens. Sachons aussi rendre hommage � ceux qui, sur le terrain, travaillent efficacement, Madame.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Colombe BROSSEL. Oui, Madame, vous pouvez reprendre la parole.

Mme B�atrice LECOUTURIER. - Je ne comprends pas pourquoi vous voyez des propos blessants ou pol�miques, ce sont juste des interrogations des parents qui sont venus nous voir pour cette situation. Vous leur expliquerez ce qu?il y a de blessant ou pol�mique quand on emp�che leurs enfants d'aller dans les classes. Merci de cette explication, Monsieur le Pr�fet. En revanche, vous n'avez pas r�pondu � ma question, � savoir l'inqui�tude des parents quant � la s�curisation des abords des lyc�es. Effectivement, il y avait des policiers qui �taient en tenue civile mais qui ont dit aux parents�: "Nous n'interviendrons pas." Je trouve que les parents restent, de toute fa�on, dans leur ins�curit� et dans leur inqui�tude. Merci beaucoup.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Bien. Tout a �t� dit et chacun l'a fait dans son style et avec sa v�rit�, mais j'appr�cie et le propos de M. le Pr�fet et la r�ponse de Colombe BROSSEL.

Novembre 2014
Débat
Conseil municipal
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