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16 - 2004, DASES 385 G - Autorisation à M. le Président du Conseil de Paris, siégeant en formation de Conseil général, de souscrire un avenant n° 4 à la convention triennale du 5/12/2002 portant attribution d'une subvention de fonctionnement de 50.000 euros pour 2004 à "Coordination Toxicomanies 18" sise 87, rue Marcadet (18e), au titre de l'extension des activités de l'association dans le 19e arrondissement


Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente. - Nous passons � l'examen du projet de d�lib�ration DASES 385 G relatif � l'attribution d'une subvention de fonctionnement de 50.000 euros pour 2004 � "Coordination Toxicomanies 18" sise 87, rue Marcadet (18e), au titre de l'extension des activit�s de l'association dans le 19e arrondissement.
Mme V�ronique DUBARRY a la parole.
Mme V�ronique DUBARRY. - Merci, Madame la Pr�sidente.
Alors que l'Etat se d�sengage de fa�on inqui�tante en mati�re de r�duction des risques, on l'a vu lors du colloque organis� la semaine derni�re � la Mairie de Paris par M. LHOSTIS, et que les usagers de drogue continuent � �tre trait�s comme des criminels et non pas comme des personnes ayant besoin d'une prise en charge sociale et sanitaire, il est d'autant plus important, � notre avis, de r�affirmer l'engagement de la Ville en mati�re de politique de r�duction des risques.
Le soutien � la "Coordination 18" fait partie de cet engagement. En effet, la cr�ation de ce dispositif a constitu� un tournant majeur dans la fa�on d'aborder les probl�mes pos�s par la toxicomanie de rue dans des milieux urbains d�favoris�s. Pourtant, sa mise en place n'a pas �t� simple. La coordination a d� se former aux m�thodes et aux techniques de m�diation dans un contexte d'urgence assez peu propice pourtant au temps pourtant indispensable en m�diation. La coordination a d� s'adapter � des attentes h�t�rog�nes des habitants, et elle s'est souvent heurt�e � des cultures professionnelles diff�rentes et aux r�sistances du monde m�dical et des services publics encore trop ferm�s sur eux-m�mes.
On peut dire maintenant que ce travail de maillage est une r�ussite, notamment gr�ce � la pers�v�rance de celles et ceux qui animent ou ont anim� la "Coordination 18".
Le rapport d'�valuation le souligne : "La grande r�ussite du dispositif est d'avoir donn� au mot "territorialisation" un sens de mise en mouvement et en convergence d'initiatives diverses, de comp�tences distinctes pour renouveler et approfondir l'approche de la toxicomanie de proximit�".
C'est donc � l'�mergence d'un nouveau m�tier que nous avons assist�, d'une nouvelle comp�tence, un m�tier de sant� publique de quartier, partant de l'id�e que nous pouvons tous agir sur notre environnement, notre quart d'heure de vie � tous les niveaux, que ce soit professionnel, usag� ou riverain.
Les missions de la "Coordination" peuvent aller de l'accompagnement social et sanitaire des usagers de drogue � la promotion des projets d'habitants visant � l'am�lioration des conditions de vie dans leur quartier.
Si je m'interroge aujourd'hui, ce n'est pas sur la p�rennisation ou la continuit� des actions de "Coordination toxicomanies 18", mais sur les conditions de la mise en place de cette nouvelle �quipe de rue qui est signal�e dans cette d�lib�ration. On me parle d'un secteur Stalingrad dans le 19e arrondissement. Pourtant, comme vous le savez tous, le secteur dit de Stalingrad concerne les 18e, 19e et 10e arrondissements.
Je vous interroge donc sur l'extension ou en tout cas sur la mise en place de cette �quipe sur ces trois arrondissements, et non pas sur un seul. Les fronti�res sont en effet tr�s t�nues et l'intervention de cette nouvelle �quipe de rue ne peut pas s'arr�ter aux limites des arrondissements.
De plus, nous nous interrogeons sur les moyens qu'elle aura � sa disposition pour intervenir sur ce nouveau territoire, et surtout en l'�tendant et en en d�passant les fronti�res. Nous souhaiterions savoir �galement de combien de personnes se composera cette nouvelle �quipe et nous esp�rons qu'il ne s'agira pas uniquement d'un red�ploiement interne � l'association, mais bel et bien que le nombre d'�quivalents temps plein global sur la coordination sera augment�. Nous voudrions �galement savoir quels seront les profils des postes qui seront ainsi cr��s.
De plus, le quartier Stalingrad �tant en pleine mutation, requalification du quartier � l'?uvre, nombreuses r�habilitations en cours, cette intervention sur le cadre de vie aura forc�ment des effets sur cette sc�ne de la drogue � Paris.
On peut donc d'ores et d�j� imaginer un d�placement de la sc�ne et par la m�me des usagers. Or cette �volution nous para�t devoir �tre estim�e tr�s rapidement, de fa�on � ne pas se retrouver avec une nouvelle sc�ne ailleurs dans Paris qui nous laisserait d�muni.
Nous souhaiterions savoir, et c'est une r�flexion � mener ensemble, dans quelle mesure on peut anticiper ce ph�nom�ne, afin de pouvoir justement, d�s � pr�sent, envisager un suivi des usagers.
La question reste la m�me que celle du d�but de mon intervention. Est-ce que les associations auront les moyens d'accompagner ces �volutions ?
En plus de ces interrogations, je voudrais r�affirmer ici que ce n'est pas en chassant les toxicomanes ou en comptant sur un d�placement que l'on pourra agir sur le ph�nom�ne. J'en veux pour preuve l'�vacuation r�cente du squat situ� � la Plaine-Saint-Denis, qui nous a donn� un triste exemple de ce qu'il ne fallait pas faire. En effet, le suivi social et sanitaire men� par les associations de soutien aux usagers de drogue a �t� remis � z�ro, par l'�vacuation par les forces de police. Ceci dit, il est �vident pour nous qu'il y avait urgence � intervenir sur ce lieu qui offrait des conditions indignes d'h�bergement, en mati�re sanitaire et de s�curit�.
Mais force est de constater que l'�vacuation brute n'a pas r�gl� le ph�nom�ne, mais l'a tout au plus d�plac�. Car nous le r�p�tons, il ne s'agit pas, pour nous, de faire la guerre � la drogue, de chasser et de traquer les consommateurs qui ne feront ainsi que se d�placer, se cacher et se soustraire � toute intervention et � toute aide. Le pragmatisme dont les acteurs de terrain ont fait preuve en mati�re d'accompagnement des usagers de drogue a �t� et demeure la premi�re mani�re efficace d'intervention sur les diff�rents aspects de la consommation de drogue : baisse du nombre des overdoses, responsabilisation des consommateurs, �ducation � la sant�, baisse de la criminalit� �galement. J'esp�re que c'est ce message que la municipalit� parisienne continuera � affirmer.
Cependant, face � des ph�nom�nes aussi �volutifs que les drogues et leurs usages, il est �vident que nous ne pouvons pas nous contenter de r�ponses fig�es. Il nous faut accompagner ces �volutions, voire les anticiper, comme ce que je disais � propos de Stalingrad. Pour cela, il va falloir que nous nous donnions les moyens de cette politique et surtout que nous n'ayons pas peur d'exp�rimenter des dispositifs qui ont fait leurs preuves ailleurs.
J'esp�re que la municipalit� parisienne aura de la suite dans les id�es et aura ce courage dans la mise en place de dispositifs innovants. Je vous remercie.
Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente. - M. Alain LHOSTIS a la parole.
M. Alain LHOSTIS, au nom de la 6e Commission. - Si j'avais autant d'argent que de courage, on avancerait plus vite. Tr�s s�rieusement, je vous �coute toujours avec beaucoup d'attention, d'autant plus que, dans cette Assembl�e, vous �tes sans doute une de ceux qui conna�t le mieux les probl�mes.
Je voudrais dire que je n'ai pas bien saisi un certain nombre d'interrogations que vous avez �mises. Tout � l'heure, j'ai rappel� que les 7 et 8 octobre derniers, et vous avez �t� une participante active � l'organisation et au d�roulement de ce forum, nous avions eu 1.000 participants pendant 2 jours et que j'ai eu l'occasion d'exposer clairement quelle �tait la politique de la Municipalit� en mati�re de pr�vention des toxicomanies. Comme vous l'avez dit, notre probl�me n'est pas de faire la guerre aux toxicomanes, mais bien la pr�vention des toxicomanies. Je ne veux pas revenir sur ces 2 jours, mais je pourrai vous faire parvenir le texte int�gral de ce que j'ai dit, parce que vous n'�tes peut-�tre pas rest�e au moment o� je suis intervenu.
Vous avez raison, face aux situations complexes que nous rencontrons, les solutions doivent �tre articul�es et imaginatives.
Nous avons fait le choix de d�velopper une politique de pr�vention des usages des produits psycho-actifs, mais aussi d'accompagner et de soutenir un ensemble de structures qui couvre l'accueil, la m�diation, la r�duction des risques sanitaires et sociaux, et l'insertion. C'est la d�marche que nous avons mise en ?uvre.
Mais l'objet du projet de d�lib�ration, c'est de mettre en ?uvre cette action, sur un site pr�cis qui rayonne sur trois arrondissements, les 10e, 19e et 18e arrondissements. C'est la d�cision commune que nous avons prise au cours d'une r�union que j'ai organis�e avec les trois maires d'arrondissement concern�s. C'est d'un commun accord que nous avons fait cette proposition qui faisait suite au panel citoyen dans le 19e, et qui a permis aux habitants de s'exprimer. Dans ce panel, il y avait 14 habitants dont la moiti� avait �t� tir�e au sort apr�s appel � candidature et l'autre moiti� comme membres du comit� de pilotage. Ce panel s'est r�uni pendant 6 mois. 24 personnes, en six s�ances publiques, ont �t� entendues. Cela a fait l'unanimit� des participants, moins une personne. Donc tout le monde a �t� d'accord sur les solutions propos�es.
Nous avons d�cid� de ne pas cr�er une nouvelle structure et d'utiliser des structures existantes dont vous avez rappel� toutes les qualit�s.
En clair, il s'agit de mettre des moyens sur le 19e arrondissement, et lorsqu'il y aura une mont�e en charge, nous regarderons comment nous devrons amplifier notre d�marche vers le 10e arrondissement o� les probl�mes se posent �galement, mais ne se posent pas, de notre point de vue actuellement, avec la m�me urgence que dans le 19e arrondissement.
C'est bien une d�marche �volutive et constructive. Bien �videmment, il faut rester attentifs, en particulier concernant les populations qui sont amen�es � se d�placer, comme vous l'avez dit. C'est le r�le de la Mission toxicomanie de la Mairie de Paris qui est de veiller, en liaison avec les associations de terrain, � cette approche.
Tout cela d�pend aussi des moyens que l'Etat continuera � nous accorder. Mais l�-dessus, je ne peux pas donner d'assurance, d'autant que j'ai interpell� vivement la repr�sentante de la MILDT � cette r�union, la repr�sentante de l'Etat, et que nous n'avons pas eu de r�ponses claires.
Concernant le squat de la Plaine-Saint-Denis, vous avez dit qu'il y avait eu des probl�mes, mais vous avez ajout� qu'il fallait prendre les mesures qui ont �t� prises, car il y avait danger pour la vie des personnes. Je ne crois pas du tout que tout le travail est � refaire. Actuellement, et vous le savez, nous allons voir tr�s rapidement les conditions dans lesquelles il pourrait �tre r�pondu � la situation nouvelle cr��e. Mais l� aussi, il faut des engagements de l'Etat. Tout � l'heure, nous avons une r�union de travail � ce sujet, pour �ventuellement d�gager des propositions.
Voil� l'�tat d'esprit de la Municipalit�, il n'y a pas du tout d'h�sitation dans ces affaires. Il y a un examen des situations au cas par cas, dans le cadre d'une d�marche extr�mement volontaire et courageuse que j'affirme publiquement, au nom du Maire de Paris. Je confirme aujourd'hui : respect des personnes usag�res de drogue, respect de la tranquillit� des riverains, ce sont les deux th�mes sur lesquels je suis longuement intervenu dans le cadre du forum et, bien �videmment, nous serons attentifs aux �volutions que vous avez �voqu�es et qui pourraient n�cessiter des moyens suppl�mentaires.
Mais, une nouvelle fois, l'inqui�tude subsiste tr�s fortement de la part de la Municipalit� vis-�-vis de l'Etat pour savoir si les moyens seront maintenus � l'ensemble des associations et si, par exemple, face � la mont�e de l'utilisation du crack dans ce secteur on ne nous propose pas de nous occuper du crack en �tant des moyens � d'autres politiques de pr�vention.
Nous serons bien �videmment tr�s attentifs sur les conventions que nous passeront avec l'Etat pour la mise en ?uvre de politiques nouvelles.
Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente. - M. VUILLERMOZ a demand� la parole.
M. Jean VUILLERMOZ. - Je voudrais indiquer que dans le 18e et dans le 19e arrondissement, et M. LHOSTIS le sait bien, il y a d�j� des �quipes de l'h�pital public de Maison Blanche qui travaillent, notamment � "La Terrasse", association que l'on a form�e, et dans une boutique dans le 19e, "Bor�al".
Les �quipes sont pr�tes et il serait bon de les associer au travail qui est fait, notamment dans le 19e arrondissement et � Stalingrad. Les �quipes de rue sont pr�tes et des structures existent d�j�. Ce sont des psychologues, des psychiatres et des infirmiers totalement pr�ts � travailler en accord avec l'ensemble des associations pr�sentes.
Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente. - Madame DUBARRY, vous vouliez ajouter encore un mot.
Je redonnerai ensuite la parole � M. LHOSTIS, s'il le souhaite.
Mme V�ronique DUBARRY. - Monsieur LHOSTIS, vous m'avez mal comprise. Je saluais le travail qui a �t� effectu�, mais c'�tait au moment o� vous parliez avec votre coll�gue. C'�tait le d�but de mon intervention.
Ensuite, je m'interrogeais, Monsieur LHOSTIS. Vous me dites 10, 18, 19, et je vous r�ponds tant mieux, mais dans la d�lib�ration elle-m�me il n'y a �crit que "extension des activit�s de l'association dans le 19e arrondissement".
Bien �videmment, je souhaitais vous entendre dire qu'il �tait envisag� que ce serait dans les trois arrondissements et pas seulement, comme c'est �crit dans la d�lib�ration, dans le 18e arrondissement.
Vous avez raison de signaler ou de rappeler que c'est le r�le de la Mission toxicomanie de l'H�tel-de-Ville de d�terminer comment les d�placements de la sc�ne s'effectuent dans l'est parisien et qu'ensuite on puisse y apporter une r�ponse.
Troisi�me point, il va de soi que toute politique mise en place par l'H�tel-de-Ville, par la Mairie de Paris, ne sera viable ou en tout cas ne sera pleinement efficace que si elle re�oit un soutien financier de l'Etat. L� encore je vous rejoins, mais jusqu'� pr�sent nous n'en avons pas une assurance certaine et il ne s'agirait pas, excusez-moi de cette expression malheureuse, que le crack cache le reste des toxicomanies.
En effet, cela a �t� dit � plusieurs reprises lors du colloque de la semaine derni�re, nous avons affaire � des pluri-toxicomanies et il ne faut pas s'attaquer � un probl�me, mais bien � l'ensemble des probl�matiques qui nous sont pos�es.
Je vous remercie.
Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente. - Rapidement, Monsieur LHOSTIS, vous avez la parole.
M. Alain LHOSTIS, rapporteur. - Je voudrais apporter deux pr�cisions.
Concernant l'extension de l'intervention de la Coordination 18e, vous savez que cela n'a pas �t� une chose simple. Dans un premier temps, la Coordination du 18e arrondissement ne souhaitait pas �tendre son intervention, justement pour des raisons d'assurance de moyens.
Dans une premi�re �tape, on lui donne les moyens d'intervenir dans le 19e arrondissement et on pr�cise bien que c'est dans le 19e. C'est �galement � sa demande, sinon on va lui cr�er des difficult�s car elle n'aura pas les moyens d'accomplir sa mission.
En m�me temps, nous �tions convenu, au cours de la r�union avec les trois maires d'arrondissement concern�s, que la situation du 10e serait suivie de tr�s pr�s pour �viter de ne pas r�pondre aux d�placements des populations concern�es.
J'ajoute simplement que le 10e arrondissement m'est tr�s cher. Cependant, j'ai �t� �galement �lu, de 1971 � 1977, du 19e arrondissement et je ne l'ai pas oubli�.
Mme Gis�le STIEVENARD, pr�sidente. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 385 G.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2004, DASES 385 G).

Octobre 2004
Débat
Conseil général
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