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2014 DICOM 1023 - Conventions de partenariat (Neuflize ; Samsung ; LVMH ; la Caisse des Dépôts et Consignations ; EVESA ; BFM TV et Time Out, LAFUMA) pour l’opération Nuit Blanche 2014.


Mme Colombe BROSSEL, adjointe, pr�sidente. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DICOM 1023 relative � une convention de partenariat pour l'op�ration Nuit Blanche 2014. La parole est � Mme SIMONNET, pour cinq minutes maximum.

Mme Danielle SIMONNET. - Chers coll�gues, pour commencer, je tiens � regretter qu'une fois de plus on nous fasse d�lib�rer sur des conventions relatives � un �v�nement qui s'est d�j� d�roul�, puisque l'op�ration Nuit Blanche 2014 a bien eu lieu le 4 octobre dernier, il y a plus d'un mois. Je trouve cela quand m�me regrettable. Une fois de plus, c'est par des conventions de m�c�nat que vous avez d�cid� de cofinancer un �v�nement artistique et culturel. Je ne vais pas vous refaire une fois de plus l?histoire de la petite grenouille qu'on r�chauffe � petit feu parce que vous commencez � la conna�tre, mais je ne suis pas de la famille des batraciens�: vous n'arriverez pas � m'endormir et je continuerai sans rel�che � d�noncer cette logique du m�c�nat. Je vous rappelle ce beau slogan que vous avez certainement d� entendre�: "La R�publique, l'art est public". En R�publique, parce qu?il rel�ve de l?�mancipation commune, l'art doit disposer de financements publics. Le matraquage, dans les brochures d'�v�nements culturels, de la propagande commerciale des grosses bo�tes renti�res, � proportion de leur fausse g�n�rosit� � l'�gard de la culture, insulte notre collectivit�. Et les bracelets V.I.P. qui leur sont r�serv�s, toujours au prorata de leur bon vouloir financier, montrent bien que dans notre pays, l'enjeu de l'abolition des privil�ges de ces princes de la finance est toujours d'actualit�. C'est par l'imp�t, mes chers coll�gues, par l?imp�t qu'ils doivent contribuer au financement de nos politiques publiques, de gr� ou de force, de force par l?imp�t redistributif, n'en d�plaise � M. DUBUS - visiblement, cela d�pla�t au MEDEF. Oui, c'est par l'imp�t que l'on doit faire contribuer au financement de nos collectivit�s publiques, et il serait grand temps qu?une r�volution fiscale soit instaur�e pour r��valuer de fond en comble leur contribution. S'agissant de la Nuit Blanche, je voudrais que l'on profite de ce projet de d�lib�ration pour avoir un �change sur les objectifs de nos politiques culturelles. On en a eu un fort int�ressant sur la question de l?achat et de l'installation des ?uvres d'art sur le parcours du tramway. Je pense que ces discussions sont extr�mement importantes. Nous devons avoir pour principe de permettre non seulement la diffusion de toute la diversit� des langages et ne pas c�der � des effets de mode souvent dict�e par la loi du march� de l'art ou de la F.I.A.C. Les diff�rents langages artistiques du moment doivent �tre mis en partage et r�cemment, � l'occasion de l'inauguration de la Fondation Vuitton, plus d'une trentaine d?artistes, �crivains et philosophes ont publi� sur Mediapart une tribune intitul�e�: "L'art n'est-il qu'un produit de luxe�? " Je vous recommande sa lecture. Ce qu?ils d�crivent, ce n?est rien d?autre qu?une forme de syst�me oligarchique o� le march� de l'art est un bon placement d�fiscalis� pour quelques rentiers et o� finalement, peu importe l'int�r�t de la recherche, du langage, pourvu que l'objet d'art soit un bon placement. � c�t� de ce march�, et pour qu?il ne soit pas le seul � dicter la loi, il faut qu?il y ait un soutien de la R�publique � l'art consid�r� comme un travail de recherche et d'�laboration d'un langage artistique. Cela doit �tre fait en favorisant bien plus la commande publique pour donner � voir autre chose que ce que produisent ce march� et cette forme d'art officiel montr� par les plus grandes galeries. Alors, attention aussi � la facilit� ou la l�chet�? Je ne sais pas, il peut se calmer, s'inscrire, aller faire un petit tour, non�? C?est possible�!

(Mme Alexandra CORDEBARD, adjointe, remplace Mme Colombe BROSSEL au fauteuil de la pr�sidence).

Mme Alexandra CORDEBARD, adjointe, pr�sidente. - Allez-y, Madame SIMONNET, c?est � vous�!

Mme Danielle SIMONNET. - C?est � moi, mais je n?en ai pas l?impression, mais visiblement, il s?int�resse � l?art, peut-�tre des commentaires ou des conseils sur les placements�!

Mme Alexandra CORDEBARD, adjointe, pr�sidente. - Vous perdez des minutes pr�cieuses, Madame SIMONNET�!

Mme Danielle SIMONNET. - Bien s�r�! Attention donc � la facilit� que peut constituer l?�v�nementiel, l?�ph�m�re. Nous devons assumer une commande publique d'?uvres d'art qui aient vocation � rester de fa�on p�renne. C'est d'autant plus vrai pour la sculpture monumentale. Et c'est pour cela que ce que nous faisons sur le parcours du tramway est important, ceux qui connaissent la profession de mes parents comprendront tout � fait cette pr�occupation et mon attachement au respect de l?extension du principe du 1�% artistique dans tous nos projets de construction de b�timents publics. Je pense aussi qu?il faut renforcer le r�le des artistes parisiens dans le choix d�mocratique de ce que l'on donne � voir. Ce n'est pas aux politiques ni aux sp�cialistes de la culture autoproclam�s de d�cider seuls des langages artistiques qui doivent �tre donn�s � voir aux citoyens. Enfin, pour qu?il y ait appropriation sociale de la culture, il faut qu'il y ait confrontation autour des ?uvres. Il faut que des temps de rencontre permettent � ceux qui r�ceptionnent et rencontrent les ?uvres s'expriment. Cette d�marche demande une organisation et une animation. Il y a des structures de l'�ducation populaire qui pourraient nous aider � organiser cela. Sans cela, une culture dominante impose ses codes et ses choix et en exclut une partie de la population. Dans beaucoup d'�v�nements, on peut passer devant les ?uvres comme on zappe devant sa t�l�. Or, c'est justement la rencontre organis�e qui permet d?�changer � plusieurs nos appr�ciations et impressions contradictoires de la recherche de l'artiste, am�ne � r�fl�chir sur ce qui nous est montr� et nous �mancipe.

Mme Alexandra CORDEBARD, adjointe, pr�sidente. - Allez vers votre conclusion, Madame SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Oui, mais il faudrait qu?il arr�te de me couper la parole�! Nous devons reconna�tre un droit de r�action du citoyen sur la r�ception de l'?uvre. Les gens ont le droit de ne pas adh�rer � la recherche de l'artiste, d'en contester l'int�r�t, comme ils ont le droit de s'en extasier, et on doit leur permettre de s'en exprimer. Montrer la diversit� des langages artistiques, permettre l'implication d�mocratique des artistes et engager une politique d?�ducation populaire et de confrontation au service de l'appropriation sociale de la culture, ce sont les trois fondements d?une politique culturelle ambitieuse au service de l'�mancipation. C'est pourquoi je voterai contre ce projet de d�lib�ration.

Mme Alexandra CORDEBARD, adjointe, pr�sidente. - Merci, Madame SIMONNET. La parole, pour vous r�pondre, est � M. JULLIARD.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint. - Merci. Je propose de vous �viter � nouveau les �l�ments de r�ponse sur le m�c�nat. On ne se convaincra pas, ch�re Danielle SIMONNET�: vous avez fait la moiti� de l'histoire de la grenouille, je me permettrai donc de vous r�pondre en style t�l�graphique et de vous rappeler les trois conditions qui font que, pour nous, il est supportable de pouvoir b�n�ficier de m�c�nats dans des manifestations culturelles. C'est d'abord la libert� totale des artistes et de la programmation. C'est le fait que les contreparties demand�es soient tout � fait raisonnables, y compris dans la visibilit� et, enfin, le fait que les marques ou les entreprises avec lesquelles nous travaillons correspondent aux valeurs que nous souhaitons d�fendre. Un mot tout de m�me concernant l'art contemporain. Je pense qu'il serait erron� d'opposer, d'un c�t�, l'art contemporain soumis aux r�gles du march�, et il est vrai qu'il y a aujourd'hui un tr�s fort dynamisme et m�me une envol�e des prix de l'art contemporain. Les foires d'art contemporain, partout dans les villes d'Europe et du monde, dans les grandes villes du monde, battent des records du monde et, en effet, y compris pour des artistes vivants, nous voyons aujourd'hui des prix qui sont tout � fait d�raisonnables dans ce march� finalement totalement d�r�gul�. En m�me temps, l'art contemporain, ce n'est pas que cela. C'est aussi un investissement public majeur, notamment � Paris�; je pense au Mus�e d'Art Moderne�; je pense � des �quipements d'Etat�; je pense � des manifestations publiques comme "Nuit blanche". Une des raisons qui font que Paris est une capitale majeure de la culture au monde, c'est parce qu'il y a aussi un investissement massif public pour la cr�ation. En effet, cet investissement public, il est n�cessaire pour garantir la diversit�, pour garantir la libert� des cr�ateurs et qu'ils ne soient pas soumis uniquement aux r�gles du march�. Mais nous aurions tort de limiter la pr�sence de l'art dans l'espace public, mais m�me d'ailleurs dans des lieux priv�s, au seul financement public. Il y a besoin � Paris de lieux d'exception, comme le Mus�e d'Art moderne, essentiellement financ�s par la Mairie de Paris, mais il y a aussi besoin, et il y a une place pour des lieux priv�s. Je pense � la Fondation Louis Vuitton qui compl�te parfaitement l'offre de culture et d'art contemporain � Paris. Ce serait d�raisonnable, et m�me pas supportable, s'il n'y avait pas aussi une pr�sence toujours plus importante de la puissance publique dans l'art dans l?espace public. Nous allons, dans cette mandature, faire encore plus pour la pr�sence de l'art contemporain, mais �galement d'autres esth�tiques, dans l?espace public. C?est le mandat que m?a confi� la Maire de Paris et croyez bien que je me mobiliserai pour le respecter.

Mme Alexandra CORDEBARD, adjointe, pr�sidente. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire. Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DICOM 1023. Qui est pour�? Contre�? Abstentions�? Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2014, DICOM 1023).

Novembre 2014
Débat
Conseil municipal
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