retour Retour

64 - 1996, D. 1135 - Dénomination de la voie provisoirement dénommée DU/20.



M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Monsieur MALBERG, vous avez la parole sur le projet de d�lib�ration D. 1135.
M. Henri MALBERG. - Mesdames, Messieurs, Monsieur le Maire, j'exprime l'�motion des �lus communistes de Paris au moment o� nous allons nous prononcer sur la d�nomination d'un rue nouvelle qui traversera la cit� du 140, rue de M�nilmontant.
Chaque fois qu'une rue, une �cole, un coll�ge, une plaque viennent nous rappeler les moments exceptionnels qu'ont �t� la R�sistance, la d�portation, la Lib�ration de Paris, cela a �videmment un sens politique. Double. D'abord, cela rappelle cette �poque o� est mont�e des profondeurs du peuple, ce qui est tr�s vrai dans l'arrondissement que j'ai l'honneur de repr�senter, dans des conditions effroyablement difficiles, la passion de la libert� et de la d�mocratie.
Ces concepts continuent de vivre et m�ritent d'�tre rappel�s et d�fendus puisque l'on parle du manque de sens de notre �poque, voici qui en donne !
Ensuite, je n'ai pas envie de me cacher derri�re mon petit doigt ! Au moment o� montent des id�es f�rocement r�actionnaires, racistes, x�nophobes, une d�cision comme celle d'aujourd'hui prend �videmment un sens tout particulier.
Bien que cela f�che, je veux rappeler ici que j'ai mis en opposition lors de notre derni�re s�ance, la plaque � Fr�d�ric Dupont, que je ne trouve pas honorable, et celle que nous n'avions pas encore d�cid�e pour H�l�ne Jacubovitz. C'est le cas aujourd'hui, c'est une bonne d�cision. Les �lus communistes s'en r�jouissent.
Permettez-moi de rappeler ce qu'a de singulier le destin de cette jeune fille fauch�e � 17 ans et combien ce destin appara�t comme une image forte de cette �poque avec plein de contradictions et de choses que les gens plus anciens ont v�cues.
Parents juifs, �trangers, polonais, install�s � Paris depuis les ann�es 1930, lui ouvrier m�tallurgiste, elle, finisseuse en confection. Lorsque la France est occup�e, la maison de cette famille �trang�re devient un lieu de r�sistance, une petite imprimerie s'installe o� sont �dit�s des journaux clandestins. Et puis c'est la douleur et l'honneur. Un des fils, Maurice, est arr�t�, d�port� � Auschwitz o� il dispara�tra. L'autre fils, Charles, F.T.P., est �galement arr�t� et la jeune fille de 16 ans adh�re � la Jeunesse communiste et entre dans la R�sistance. Elle est arr�t�e, elle est emprisonn�e � Troyes, elle est d�port�e � Auschwitz o� elle dispara�t presque aussit�t. Tout le monde sait que dispara�tre presque aussit�t � Auschwitz, c'est passer � la chambre � gaz, dont certains aujourd'hui nient l'existence !
La proposition de donner � cette voie qui traverse le 140 le nom de H�l�ne Jacubovitz a �t� faite au nom des �lus communistes, elle a �t� adopt�e par le Conseil du 20e arrondissement, elle a �t� transmise par le Maire du 20e au Maire de Paris. Nous prenons cette d�cision aujourd'hui, je m'en r�jouis, et je me permets de mettre comme un point final � cette histoire qui est belle. Le jeune homme, fianc� � cette jeune fille, avant d'�tre fusill� au Mont-Val�rien, Jacques Sysbin-Arbizer (c'est un nom difficile), qui �tait en m�me temps un beau petit "titi" parisien, a �crit � sa fianc�e : "Tu vas faire une dr�le de bobine, tu ne t'attendais pas � voir ton petit h�ros finir si glorieusement. C'est une fin comme une autre et, mourir pour mourir, mourons en brave ! Te voil� veuve � 17 ans !"
Eh bien, que cette petite veuve de 17 ans ait une rue dans le 20e, j'avoue que cela me fait plaisir.
(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Monsieur BRET, vous avez la parole.
M. Bertrand BRET. - Un mot, Monsieur le Maire, pour � mon tour et bien �videmment, au nom de la Municipalit� du 20e, je peux le dire, toute unie, nous f�liciter de cette adh�sion. Bien �videmment, on ne peut que regretter le fait que seul un �lu du Front national n'ait pas souhait� s'associer � cet hommage unanime, ce que, pour ma part, je d�nonce.
Je voudrais tout particuli�rement remercier en cet instant les services de Mme Anne-Marie COUDERC et elle-m�me d'ailleurs, qui a eu � instruire ce dossier, parce que c'est effectivement la premi�re fois, je crois, depuis longtemps, que l'on r�pond ainsi directement et de fa�on positive � une demande �manant d'un Conseil d'arrondissement. Je souhaitais �galement le souligner, associer Mme COUDERC et ses services � cet hommage rendu et dire qu'au-del� de l'�motion que cela procure, c'est aussi tout un symbole, le symbole d'une jeunesse fran�aise, d'une jeunesse qui se bat, qui n'h�site pas � payer de sa vie le combat pour la libert�, et je crois qu'en ces temps o� le combat pour la libert�, pour la libert� d'expression, prend de plus en plus sa valeur, c'est un symbole fort dont Paris ne peut que s'honorer.
(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Madame COUDERC, vous avez la parole.
Mme Anne-Marie COUDERC, adjoint, au nom de la 6e Commission. - Monsieur le Maire, apr�s ces deux interventions de M. MALBERG et de M. BRET, je ne souhaite rien dire d'autre, si ce n'est que, bien �videmment, le Maire de Paris et moi-m�me avons eu le souci de r�pondre le plus vite possible � cette demande qui nous �tait transmise par le Conseil du 20e arrondissement.
Je voudrais dire que, pour nous tous, il s'agit l� d'un symbole important dans l'histoire de la Capitale, et c'est un bonheur et un honneur pour nous de rendre aujourd'hui hommage � une toute jeune femme qui avait choisi la France et la libert�, choix qui s'est fait au p�ril de sa vie qui lui a �t� �t�e si vite.
Je pense donc que pour les uns et les autres, c'est une opportunit� qui nous est donn�e de nous retrouver c�te � c�te dans ce souvenir et dans cet hommage.
(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, ce projet de d�lib�ration.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (1996, D. 1135).

Septembre 1996
Débat
Conseil municipal
retour Retour