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58 - 1996, D. 1122 - Autorisation à M. le Maire de Paris de déposer un permis de démolir visant un bâtiment situé 48, rue Proudhon (12e).



1996, D. 1123 - Autorisation � M. le Maire de Paris de d�poser un permis de d�molir visant un ensemble de b�timents situ� 264, rue de Charenton, 5, rue des Fonds-Verts (12e).
M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Nous passons aux projets de d�lib�ration D. 1122 et D. 1123 autorisant M. le Maire de Paris � d�poser des permis de d�molir visant des b�timents dans le 12e arrondissement.
Madame SCHNEITER, vous avez la parole.
Mme Laure SCHNEITER. - Je serai br�ve, je voudrais r�pondre � ce que vous m'avez dit tout � l'heure.
Premi�rement, vous savez tr�s bien que je respecte toujours mon temps de parole quand il y a un temps fix� pour des d�bats prioritaires et que j'ai un temps fort court.
Deuxi�mement, dans le r�glement int�rieur qui est imprim�, il n'y a pas du tout une limitation du temps de parole pour les projets de d�lib�ration. Vous savez tr�s bien qu'en r�gle g�n�rale je suis br�ve, et si, occasionnellement, un dossier est complexe, il me faut plus de temps pour le d�velopper, je crois que vous pourriez m'accorder quelques minutes de plus, alors qu'il y a quelquefois des orateurs qui parlent un quart d'heure et plus dans cette Assembl�e !
Ensuite, M. BULT� n'a pas r�pondu aux questions que j'ai soulev�es. M. BULT� qui est d'habitude fort efficace dans ses r�ponses, n'a pas pu me r�pondre, parce que c'est un dossier qui �tait compl�tement ind�fendable.
Simplement, je vous signale que si ce projet n'�tait pas bourr� d'inexactitudes, je n'aurais pas eu besoin de tant de temps pour r�tablir la v�rit�.
Ensuite, vous aviez l'air d'�voquer, Monsieur le Maire, non pas ironiquement mais presque, ma repr�sentativit�. Je vous dirai simplement que proportionnellement � moi toute seule, je repr�sente certainement beaucoup plus de Parisiens que chacun d'entre vous.
(Exclamations sur les bancs de l'Assembl�e).
C'est la v�rit�, faites vos calculs !
Je reviendrai au dossier.
Monsieur le Maire, tout le monde est d'accord. Paris est pollu� et bloqu� dans les embouteillages. Le mal s'aggrave et ce n'est pas en continuant d'essayer d'am�liorer la circulation automobile que vous parviendrez � des r�sultats.
Voil� 30 ans pendant lesquels on s'est acharn� � cr�er des sens uniques, puis � les inverser pour voir si cela n'irait pas mieux, � transformer avenues, boulevards et quais en autodromes, � faire des voies express, � confisquer contre-all�es et terre-pleins pour faire des parkings. Pour quels r�sultats ? Paris ne "roule toujours pas" et ne roulera jamais si on n'agit pas en profondeur sur le probl�me de d�placements.
Pour permettre l'am�nagement du carrefour des rues de Charenton, Proudhon et Fonds-Verts, vous d�molissez un p�t� entier de maisons pour permettre � des flots plus importants de voitures de rouler. O� est votre volont� de lutter contre la pollution de l'air ?
N'oubliez pas non plus de lutter contre l'accroissement du bruit qu'un tel am�nagement va engendrer ! Les arbres plant�s ne suffiront pas comme mur anti-bruit ou comme aspirateur � pollution.
Je voterai contre ce projet.
M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Ma ch�re coll�gue, je voudrais simplement � nouveau rappeler qu'il existe une conf�rence d'organisation. Cette conf�rence d'organisation, il y a plusieurs mois, a d�cid� et cela a �t� accept� par l'ensemble des membres du Conseil, je suppose que vous en avez �t� inform�e, que sur les inscriptions il n'y avait pas plus de 5 minutes par orateur.
Monsieur BLET, vous avez la parole.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Vos r�centes d�clarations laissaient percevoir un certain d�sir de limiter la pr�sence de l'automobile dans notre Capitale.
Vous sembliez avoir pris conscience que nombre de Parisiens souhaitaient opter pour d'autres modes de transports, que la pollution atmosph�rique due � la circulation automobile est un probl�me grave de sant� publique responsable � Paris de plusieurs centaines de morts par an, enfin que l'�largissement des rues ou l'agrandissement des carrefours au d�triment des immeubles ne permettaient pas, � l'�vidence, de r�gler le probl�me de la circulation dans Paris.
Aujourd'hui pourtant, vos actes contredisent brutalement vos propos.
Quels sont en effet les projets que vous nous soumettez ?
Entre les rues de Charenton, Proudhon et Fonds-Verts, vous programmez la d�molition totale de tout un �lot d'habitations et de commerces afin d'accro�tre l'espace accord� aux automobiles.
Alors que, dans cette m�me s�ance, vous nous proposez une d�lib�ration sur un quartier tranquille dans le 14e, Docteur Jekyll et Mister Hyde ? Il serait temps de choisir !
L'existence de logements, commerces et activit�s vous interpelle d'ailleurs si peu dans cette affaire que vous ne concevez cette op�ration que sous la simple d�nomination d'"am�nagement de carrefour".
Pourtant, sur l'espace encadr� par ces trois voies de circulation, des Parisiens vivent. Certains y sont log�s, d'autres y travaillent.
Les immeubles qui s'y dressent, jusqu'� quatre �tages, sont loin d'�tre aussi v�tustes que vous le pr�tendez et des travaux raisonnables de r�habilitation redonneraient ais�ment un air de jeunesse � tout l'�lot tout en pr�servant la population qui y r�side, ou les commerces et activit�s qui l'animent.
Les pr�emptions, murages et pressions de la Ville n'incitent gu�re en effet les propri�taires � entretenir leurs biens.
Cet �lot "faubourien" ne manque pourtant pas de qualit�s intrins�ques. On pourra par exemple admirer la belle toiture de l'immeuble du 44, rue Proudhon faisant proue sur l'�lot.
Mais au lieu de vous int�resser aux Parisiens et � leurs logements, vous pr�f�rez pers�v�rer dans une utopique qu�te de "fluidit� automobile", d�marche dont nous connaissons aujourd'hui les limites et les effets n�fastes.
Pourquoi un tel ent�tement ?
Vous annonciez, lors d'une d�lib�ration pr�c�dente, que le trafic automobile dans ce secteur avait consid�rablement augment� au cours des derni�res ann�es, et que l'origine de cette croissance �tait la politique de densification que vous avez men�e dans les quartiers sud sous forme de Z.A.C. : Corbineau-Lachambeaudie, Bercy et actuellement Paris-Rive gauche.
Vous avouez ainsi ouvertement la logique de votre politique d'am�nagement : d�molition des quartiers anciens, densification des espaces lib�r�s, augmentation du trafic automobile et de la pollution, accroissement de l'espace r�serv� aux v�hicules par la d�molition du b�ti ancien... La boucle est boucl�e !
Les comptages r�alis�s indiquent une circulation moyenne de 1.200 v�hicules par heure sur l'ensemble des rues Proudhon et Fonds-Verts. Dans le contexte parisien, ce chiffre n'a rien d'exceptionnel sur de tels axes.
Doit-on an�antir des pans entiers de nos quartiers sur cette simple logique ?
Avec un tel raisonnement, Paris serait vite soumis � la dictature des pelleteuses et sa structure urbaine tendrait vers un mod�le complexe de vaste �changeur routier.
Pour justifier votre choix, vous mettez aussi en valeur "l'effet ba�onnette".
Est-ce l� une projection inconsciente de la m�thode avec laquelle de nombreux Parisiens ont �t� chass�s de Paris ?
Et pourtant, d'autres solutions existent.
Sans r�soudre l'ensemble des probl�mes observ�s, une am�lioration cons�quente peut en effet �tre ais�ment apport�e en supprimant la file de stationnement de la rue Proudhon et en la reportant sur la rue des Fonds-Verts.
Mis ainsi alors � double sens, la rue Proudhon pourrait alors �tre le support de la circulation sud-nord des v�hicules et des bus et supprimer "l'effet ba�onnette", tandis que la rue des Fonds-Verts accueillerait la circulation r�siduelle des v�hicules souhaitant s'engager vers l'Est sur la rue de Charenton.
Si cette solution ne permet pas d'obtenir une fluidit� id�ale et idyllique des v�hicules, ce qui est le lot de tout Paris, elle montre qu'il existe un compromis possible pour am�liorer l'�tat de cette circulation tout en pr�servant le b�ti et l'animation des quartiers et en respectant leurs habitants.
Monsieur le Maire, pensez-vous pouvoir continuer � pratiquer longtemps cette politique d'am�nagement bas�e sur la trilogie densification-d�molitions-priorit� � l'automobile ?
Car enfin s'agit-il de r�sorber les points noirs responsables, chiffres de 1995, de 89 accidents mortels, 913 bless�s graves et 10.404 victimes l�g�res ? Nullement. Il s'agit, nous dit-on, de faire sauter un bouchon en rasant tout un p�t� de maisons.
Je tiens, Messieurs, � votre disposition la liste des centaines de bouchons existant dans Paris. Et si l'on vous suit dans cette logique barbare, c'est des centaines d'�lots qu'il convient de d�truire pour faire place � la divine voiture, ses pompes et ses oeuvres polluantes.
Nous croyions ces maniaqueries haussmanniennes ch�res � l'A.P.U.R. r�volues. La rechute est grave.
Bref, traiter le mal par le mal, en rajoutant du mal. Pollution - expulsions - d�molitions- pollution.
Hier, Isabelle ADJANI annon�ait qu'elle quittait Paris avec son fils pour Gen�ve en raison de la pollution automobile. De tels projets ruinent toute confiance.
Cette politique est inepte, absurde et dangereuse pour tous les Parisiens.
M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Tr�s bien.
Monsieur BULT�, vous avez la parole.
M. Michel BULT�, adjoint, au nom de la 6e Commission. - Merci, Monsieur le Maire.
J'ai �cout� avec la plus grande attention Mme SCHNEITER et M. BLET sur ce petit am�nagement.
En r�alit�, cet am�nagement va comporter la mise en place d'un petit square sur lequel nous allons planter 24 arbres.
Je dirai tout simplement que les projets de d�lib�ration qui sont propos�s ce soir visent uniquement la d�molition des b�timents et je rappellerai � ce sujet que tous les locataires seront relog�s et les commer�ants indemnis�s.
Le projet de principe a �t� vot�, je le rappelle, mes chers coll�gues, au Conseil de Paris du 15 avril dernier. Une concertation pr�alable a �t� organis�e.
Le r�am�nagement indispensable de ce secteur va �tre propos� et il pr�voit, comme je le disais tout � l'heure, la plantation de 24 arbres.
En ce qui concerne le projet d�finitif par lui-m�me, puisqu'aujourd'hui nous nous pronon�ons uniquement sur le projet de d�molition, il vous sera tr�s prochainement, peut-�tre m�me au prochain Conseil de Paris, pr�sent� par mon amie et coll�gue Anne-Marie COUDERC.
Voil�, Monsieur le Maire.
M. Alain DESTREM, adjoint, pr�sident. - Je vous remercie.
Nous allons voter sur les deux m�moires.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration D. 1122 visant le b�timent situ� 48, rue Proudhon.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt� � la majorit�, Mme SCHNEITER ayant vot� contre, le groupe communiste, Mme TAFFIN et M. DUMAIT s'�tant abstenus. (1996, D. 1122).
Je mets � pr�sent aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration D. 1123 concernant des b�timents situ�s rue de Charenton et rue des Fonds-Verts..
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt� � la majorit�, Mmes SCHNEITER, SILHOUETTE, BILLARD, SCHERER et M. BLET ayant vot� contre, le groupe communiste, Mme TAFFIN et M. DUMAIT s'�tant abstenus. (1996, D. 1123).

Septembre 1996
Débat
Conseil municipal
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