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IV- Question d'actualité du groupe "Union des Démocrates et Indépendants" sur l'Observatoire parisien de la laïcité.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � Mme BERTRAND, pour la question d'actualit� du groupe U.D.I.

Mme Genevi�ve BERTRAND. - Merci, Monsieur le Maire. Vous avez soulign� � plusieurs reprises le fait que les �lus centristes avaient � c?ur de soulever des questions qui �chappaient aux contingences de l'actualit� pour aborder des sujets de fond, touchant les Parisiens dans leur vie quotidienne. Pour cette derni�re question d'actualit� de la mandature, nous avons souhait� rester dans cette optique en �voquant la la�cit� � Paris. Sous la pression d'une partie de votre majorit�, le Parti radical de Gauche et le Parti de Gauche, pour ne pas les citer, vous avez accept� la cr�ation d'un Observatoire parisien de la la�cit�. Nous nous voilerions la face si nous ne constations pas l'existence de deux conceptions de ce terme dans l'histoire politique de la France. Il existe une conception militante et il existe une conception apais�e. La conception militante con�oit la la�cit� comme une conviction empi�tant sur les religions, les r�duisant au mieux � la portion congrue, voire les appr�ciant n�gativement comme des forces qui ali�neraient la libert� des personnes. Cette vision a parfois d�bouch� sur des pers�cutions intol�rables. D'autre part, il y a la la�cit� apais�e, consid�rant les religions comme des atouts spirituels et culturels, facilitant le dialogue et les �changes entre les communaut�s, tout en respectant le droit fondamental de chaque personne de croire ou de ne pas croire. Monsieur le Maire, vous n'avez jamais fait myst�re de vos choix personnels en mati�re religieuse. Dans le m�me temps, vous avez, � de nombreuses reprises, marqu� votre respect envers les principaux cultes auxquels adh�rent les Parisiens. Malgr� les r�criminations d'une partie de votre majorit�, vous avez honor� la m�moire du Pape Jean-Paul II, tombeur du totalitarisme sovi�tique et, dans des conditions plus apais�es, celle du Cardinal Lustiger, ciment du dialogue jud�o-chr�tien. Face aux �preuves rencontr�es trop fr�quemment par la communaut� juive, vous avez toujours r�pondu pr�sent. Vous vous �tes enfin personnellement fortement impliqu� dans la n�cessaire reconnaissance des musulmans parisiens via l'Institut des Cultures d?Islam. Monsieur le Maire, � l'heure o� vous vous appr�tez � quitter notre Assembl�e, avec quelques autres, nous pensons que, dans ce domaine - et quel que soit votre successeur - beaucoup de Parisiens attendent que vous r�affirmiez ce principe d'une la�cit� apais�e que vous avez toujours d�fendu. Nous ne vous cachons pas que nous sommes parfois inquiets des attaques port�es par certains de vos alli�s contre le principe de neutralit� qu'impose la conception fran�aise de la la�cit�. Les patronages, les cliniques, les centres culturels, les cr�ches associatives, les associations cultuelles diverses participent intimement, depuis des d�cennies, � la vie parisienne. Nous serions heureux que vous laissiez en h�ritage � vos successeurs, quels qu'ils soient, cette politique de la reconnaissance en mati�re religieuse � laquelle nous avons adh�r� parce qu'elle touche aux tr�fonds du pacte social fran�ais. Merci, Monsieur le Maire, de nous rassurer et de rassurer les nombreux Parisiens qui placent leur foi au c?ur de leur engagement au service de la soci�t�. Il ne faudrait pas que l'Observatoire de la la�cit� que vous avez initi� devienne un instrument de d�fiance envers les communaut�s religieuses de Paris, comme l'esp�rent certaines familles de pens�e, au nom d'une vision �cul�e du la�cisme. Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame. La parole est � Mme Claudine BOUYGUES.

Mme Claudine BOUYGUES, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire, Madame la Conseill�re. Comme vous le dites, Madame BERTRAND, la la�cit� est bien un sujet de fond qui concerne la vie des Parisiens. Cette question de la la�cit� et de la libert� de conscience suscite, nous le savons tous, des d�bats anciens qui remontent � plusieurs si�cles, mais ces deux principes fondamentaux sont reconnus par les lois de la R�publique�: la loi de 1905 a d�termin� une position d'�quilibre entre, comme vous l'indiquez, plusieurs conceptions de la la�cit� qui ont continu� � vivre et � �voluer depuis. Une premi�re, que vous appelez "militante", qui pose en pr�alable le probl�me de l'existence m�me d'un �tre supr�me et, par-l� m�me, s'oppose parfois fortement avec les dogmes religieux et le rapport � l'espace public. Une seconde, que vous appelez "apais�e", qui vise � permettre un �panouissement spirituel de chacun et � favoriser les �changes entre religions. J'ajoute qu?il y a, en dehors de ces deux conceptions, de nombreuses autres positions individuelles ou collectives, li�es � la r�flexion, au v�cu de chacun et � son rapport au spirituel. Il semble m�me que la la�cit� puisse s'interpr�ter comme le principe permettant � toutes ces conceptions de coexister au sein de l'espace public. Paris est compos�e de citoyens qui d�fendent chacune de ces conceptions. Notre Conseil n'est donc pas le lieu pour trancher entre ces diff�rentes visions, m�me si c'est un lieu de d�bats, parfois anim�s�; il se doit principalement de respecter la loi dans le cadre des actions que nous mettons en place ou que nous soutenons. Afin de faire en sorte que nos d�bats soient apais�s, il nous a sembl� opportun de cr�er en septembre 2012 un Observatoire parisien de la la�cit�. Cette cr�ation est effectivement l'aboutissement de v?ux vot�s par notre Conseil. Cet observatoire qui, dans sa formation actuelle, prendra fin avec le mandat en cours, comme le pr�voit la d�lib�ration qui l'a cr��, est un lieu d'�changes et de r�flexion � caract�re consultatif. Il assiste l'Ex�cutif dans la mise en pratique du principe de la�cit� � Paris. Il rend des avis, permettant d'�clairer l'action de l'Ex�cutif dans ce domaine, en particulier sur l'application de la loi du 9 d�cembre 1905. Il est compos� de sept �lus repr�sentant les groupes politiques de la Municipalit� parisienne et de sept experts juristes, sociologues, sp�cialistes de la la�cit� ou des religions. Madame BERTRAND, vous participez d'ailleurs de fa�on tr�s active � cet Observatoire et votre apport est toujours particuli�rement remarqu�, je peux vous le dire pour assister � ces r�unions. Depuis un an, l'Observatoire s'est r�uni tr�s r�guli�rement, il a auditionn� des directions de la Ville, des associations, des personnalit�s qualifi�es. Le travail qui y a �t� effectu�, les �changes entre ses membres sous l'�gide du pr�sident Olivier ROUSSELLE ont permis d'aborder les questions qui ont parfois agit� notre Conseil avec beaucoup de professionnalisme, d'expertise et d'intelligence. Ces membres ont visit� diff�rents lieux � Paris, comme nous avons pu le faire pour l'Institut des Cultures d?Islam ou des cr�ches dites confessionnelles. Deux avis ont d'ores et d�j� �t� rendus ou vont l'�tre tr�s prochainement, l'un sur le respect du principe de la�cit� en mati�re de subvention des cr�ches priv�es b�n�ficiant d'un financement public, l'autre sur le respect du principe de la�cit� en mati�re de financement des actions culturelles par la Ville de Paris. Dans ces avis, nous ne trouvons pas d'attaque contre les religions, mais simplement l?�nonciation de principes qui doivent permettre � la Ville de respecter strictement la loi de 1905 dans ces deux domaines. Vous avez d'ailleurs souscrit � ces avis et recommandations. C'est pourquoi, pour la fin de la mandature, je pense que vous pouvez �tre rassur�s, l'Observatoire de la la�cit� est bien la r�ponse � votre inqui�tude. Vous vous inqui�tez d'une possible �volution de l'Observatoire de la la�cit� dans une future mandature, en semblant pr�sager des r�sultats du scrutin � venir en mars 2014. Le seul point que je suis en mesure de vous confirmer, c'est qu'il reviendra au futur Ex�cutif de d�cider de l'avenir de cet Observatoire. Vous nous demandez de laisser un h�ritage � nos successeurs, une "politique de reconnaissance en mati�re religieuse"�; la d�mocratie est ainsi faite, les seuls h�ritages que nous laissons � nos successeurs sont nos actes et nos d�cisions et il ne nous revient pas de dire, d'imposer, voire m�me de sugg�rer�; c?est aux Parisiens seuls que revient cette d�cision et ils le feront en mars prochain. Merci beaucoup.

M. LE MAIRE DE PARIS. - D?abord, je rappelle � tous les adjoints que la r�ponse, c?est 3 minutes, pas 4 minutes 39, mais il y en a qui sont adjoints depuis moins longtemps, donc il faut leur laisser le temps.

Madame BERTRAND, souhaitez-vous ajouter quelque chose�? Non. Je veux simplement vous dire, m�me s'il y avait involontairement un petit c�t� presque fun�bre dans l'h�ritage, il faut que je m'y habitue, pendant quelques mois cela va �tre comme cela, mais ce n'est pas pour tout de suite quand m�me. Comme Mme BOUYGUES l?a dit parfaitement bien, l'�quipe qui viendra apr�s mars 2014 fera ce qu'elle pensera �tre le mandat re�u des Parisiens.

Je veux vous dire, j?ai une totale confiance dans l'�quipe qui m'entoure aujourd'hui, sur l'esprit dont nous faisons preuve ensemble.

Je vais vous le dire avec conviction, parce que je crois que c'est la la�cit�, justement, qui permet de faire respecter l'identit� religieuse de chacun, sans oublier les non-croyants, ce que je r�p�te tout le temps. Je vous dis, en revanche, que je pense qu'il faut toujours mettre en valeur toutes les richesses de Paris�; qu'elles soient religieuses, ath�es, toutes les richesses de Paris doivent �tre mises en valeur�; c'est ce que j'ai tent� de faire, parce que je pense que lorsqu'on sait reconna�tre le m�rite de chacun, on unifie la soci�t� parisienne. Enfin, ce que je d�teste, sous toutes les latitudes, c'est l'utilisation de la religion � des fins politiques. Oui, il y a les exc�s graves auxquels vous pensez, qui encouragent des esprits totalitaires, mais il y a aussi, dans la politique quotidienne, parfois, des tentations, peut-�tre l� aussi involontaires que je r�prouve. Je vais vous en donner un exemple. Je ne cesse de lire des papiers sur le fait que cette �quipe municipale n'entretiendrait pas bien les �glises parisiennes. D'abord, je rappelle � tous que si une grande partie des �glises parisiennes appartient � la commune, comme dans les autres communes de France, c'est un h�ritage, puisqu'on parle d'h�ritage, de la R�volution. Deuxi�mement, il se trouve que j'ai regard� tout � l'heure les chiffres que j'avais demand�s. Dans la mandature 1995-2001, les sommes consacr�es � la r�novation des �glises � Paris �tait d?un peu plus de 5 millions d'euros par an. Dans la mandature 2001-2008, c'�taient un peu plus de 11 millions par an et dans la mandature 2008-2014, ce sont un peu plus de 10 millions d'euros par an. Ce n'est pas la peine de me donner tout de suite la d�monstration de ce que j'ai dit tout � l'heure. Je ne veux pas qu'on instrumentalise? Il se trouve, mais c'est vous qui me le faites dire, que nous faisons le double de ce que faisaient nos pr�d�cesseurs, mais je ne l'ai jamais utilis� pour aller dans les �glises en disant�: "Regardez, je fais mieux�!" Madame BERTRAND, l'esprit de la�cit�, c'est le respect et la non-instrumentalisation de la religion � des fins politiques, voire politiciennes, et je vous remercie de me l'avoir fait dire.

Novembre 2013
Débat
Conseil municipal
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