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2005, SG 142 - Subvention à l’association “Comité inter mouvement auprès des Evacués - CIMADE” pour ses permanences en faveur des femmes. - Montant : 15.000 euros.


M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration SG 142 relatif � l?attribution d?une subvention � l?association ?Comit� inter mouvement aupr�s des Evacu�s - CIMADE? pour ses permanences en faveur des femmes.

La parole est � Mme DUBARRY.

Mme V�ronique DUBARRY. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire.

Ce projet de d�lib�ration nous rappelle que depuis les heures sombres de 1939, la CIMADE d�veloppe ses nombreuses actions en direction, et aupr�s des populations immigr�s. Cela passe par l?accueil, l?accompagnement dans les d�marches, la d�fense des droits ou comme dans ce projet de d�lib�ration, des actions cibl�es en direction des femmes d?origine �trang�re. Pour 2004, et seulement � Paris, la CIMADE, a �t� sollicit�e par plus de 7.000 personnes. Ce chiffre d�j� en augmentation par rapport � 2003, devrait consid�rablement augmenter dans les mois � venir.

La CIMADE est une association connue, reconnue, pour son s�rieux et son discernement. Donc lorsque la CIMADE tire la sonnette d?alarme, lorsqu?elle parle de situation de plus en plus difficiles v�cues par les r�fugi�s et les demandeurs d?asile, nous devons non seulement l?entendre mais �galement r�agir et agir. Cette situation d�grad�e, et souvent d�gradante, est le fruit de la politique extr�mement r�pressive mise en place par le Ministre de l?Int�rieur. Voici revenu le spectre du ?mauvais immigr�? qui serait la justification de cette politique.

On nous explique qu?il s?agit de lutter - je cite l� une publication du Minist�re de l?Int�rieur - contre ?l?immigration subie? et - je cite toujours - ?de ne plus faire porter par l?�conomie fran�aise le poids des clandestins?. Il s?agit maintenant de faire du chiffre, car, nous explique-t-on dans cette publication qui flirte dangereusement avec les th�ses de l?extr�me droite, ?choisir, c?est dans un premier temps reconduire?.

Et en la mati�re, les consignes sont claires : augmenter de 50 % le nombre ?d?�loignements? ; 24.000 personnes devront �tre expuls�es pour r�pondre � ces consignes. Ces directives ont des implications directes sur le territoire parisien et, comme je le disais, sur le travail de la CIMADE.

La CIMADE a �t� en effet l?une des premi�res associations � se mobiliser contre ces vastes op�rations polici�res dont nous avons d�j� parl� lors du dernier Conseil. Et je persiste, Monsieur le Pr�fet, ces rafles n?avaient d?autre objectif que de r�pondre...

Mme Liliane CAPELLE. - Pas rafle ! Cela a un sens, le mot ?rafle? !

Mme V�ronique DUBARRY. - Je suis d�sol�e ! Je prends le sens du Petit Larousse qui dit : ?Op�ration polici�re d?envergure servant � arr�ter des personnes?. C?est exactement le sens de ces op�rations polici�res qui ont eu lieu sur le territoire parisien ces derniers mois.

Donc? pour r�pondre � cette politique de quotas qui, loin de s�curiser les Parisiens, les ont inqui�t�s, donnant parfois lieu a de v�ritables rebellions des habitants, comme on l?a vu derni�rement dans le 10e arrondissement...

Tant de force d�ploy�e? pourquoi ? De quelle guerre s?agit-il au juste ? Que voulons-nous mettre � distance sans autre forme de proc�s ? Il semble bien que nos soci�t�s d?opulence ont d�clar� la guerre, qu?il s?agit d?endiguer ?l?invasion? de ceux qu?on ne d�signe plus d�sormais que comme des ?clandestins?, stigmate ind�l�bile qui nous emp�che de les penser comme ?�tres humains?.

Les dramatiques �v�nements de Ceuta et Melilla o�, en quelques jours, plus d?une dizaine de personnes ont �t� tu�es par balles, des dizaines d?autres gri�vement bless�es et des centaines d�port�es et abandonn�es, sans eau ni vivres, dans le d�sert, en sont un t�moignage affligeant. Ces victimes sont embl�matiques d?une Europe g�rant les rapports Nord-Sud dans une perspective essentiellement utilitariste, reniant ainsi les valeurs qu?elle d�clare universelles, comme le d�nonce d?ailleurs le r�seau Migreurope dont la CIMADE est justement signataire.

Et � Paris, que donnons-nous � voir ? Pouvons-nous nous enorgueillir de l?accueil que nous r�servons � ceux qui croient encore qu?ici la vie est plus facile ? Qu?avons-nous donn� d?autre � voir que des quartiers boucl�s, des populations apeur�es, des r�fugi�s ballott�s, des immeubles �vacu�s, des populations stigmatis�es et des centres de r�tention satur�s ? Nous aurons l?occasion d?y revenir. Est-ce l� vraiment le Paris que nous voulons ? Un Paris boucl�, propre, forteresse imprenable ?

Cette logique de ?bunkerisation? est un non-sens qui ne fait qu?exacerber les tensions et augmenter les r�actions x�nophobes.

C?est pourquoi il est important de r�affirmer aujourd?hui que la question de l?immigration doit �tre pens�e comme une richesse et non comme un probl�me, qu?elle se construit autour d?un projet bas� sur la solidarit� et la coop�ration pour un d�veloppement soutenable, ainsi que sur le respect des principes de la D�claration universelle des droits de l?Homme.

Les choix politiques que nous ferons en la mati�re sont consubstantiels de notre conception de la tol�rance, du respect du droit, de la libert� et de l?�galit�. Une telle politique passe par la libert� de circulation, par la r�gularisation de tous les sans-papiers, la d�p�nalisation des infractions � la r�glementation sur l?entr�e et le s�jour - et je rajouterais sur l?aide au s�jour irr�gulier, comme en parlait M. GOASGUEN ce matin - et l?arr�t des expulsions. C?est sur ces fondements que nous nous sommes engag�s vis-�-vis des Parisiens et c?est de cela dont nous devrons r�pondre.

Je vous remercie.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.

Madame BOURCART, vous avez la parole.

Mme Kh�dija BOURCART, adjointe, au nom de la 6e Commission. - Merci, Monsieur le Maire.

Madame la conseill�re, vous avez tout � fait raison de rappeler que la CIMADE a �t� cr��e il y a tr�s longtemps, en 1939, et a toujours eu pour vocation l?accueil des r�fugi�s ou des immigr�s.

En effet, la CIMADE, pour ceux qui l?auraient oubli�, est n�e de la volont� de quelques hommes et quelques femmes r�volt�s par l?accueil infamant qui �tait fait d�j� - et oui ! - dans les camps de r�fugi�s espagnols pour l?essentiel.

Vous avez aussi raison, Madame la conseill�re, de dire que les immigr�s sont un enrichissement pour tous et pour l?ensemble de la collectivit�. Ils ne sont pas un probl�me, ils ont des probl�mes, comme tous les autres Parisiens.

Ils ont aussi un probl�me sp�cifique qui est celui de l?acc�s au droit et c?est ainsi que nous accompagnons la CIMADE dans un programme d?aide juridique. Comme vous avez pu le voir dans le projet de d�lib�ration, il s?agit d?un programme d?aide juridique sp�cifique en direction des femmes, car on oublie aussi trop souvent que les femmes de l?immigration sont doublement discrimin�es - je l?ai d�j� dit plusieurs fois � ce Conseil -, � savoir qu?elles souffrent souvent d?une double l�gislation, celle d?ici et celle de leur pays d?origine. Tr�s souvent, � la suite d?un divorce, d?un abandon, elles sont en situation irr�guli�re, elles deviennent des sans papiers.

Donc, dans le labyrinthe l�gislatif, il est important aussi qu?elles soient accompagn�es. C?est donc le sens de notre subvention � la CIMADE que je vous demande de voter.

Merci.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration SG 142.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

��������� Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2005, SG 142).

Octobre 2005
Débat
Conseil municipal
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