retour Retour

2006, DU 135 - Attribution de la dénomination “parvis Notre-Dame - place Jean-Paul II” à la place du parvis Notre-Dame dans le 4e arrondissement de Paris.


Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration DU 135 sur lequel un amendement n� 20 a �t� d�pos� par le groupe socialiste et radical de gauche. Il s?agit de l?attribution de la d�nomination ?parvis Notre-Dame, place Jean-Paul II? � la place du ?parvis Notre-Dame? dans le 4e arrondissement de Paris.

Monsieur ALAYRAC, vous avez la parole.

M. Gilles ALAYRAC. - Merci, Madame le Maire.

Mes chers coll�gues, je vais pr�senter � la fois l?amendement qui est cosign� par Jean-Bernard BROS et moi-m�me qui n?est pas un amendement de notre groupe, et m?exprimer sur le projet de d�lib�ration si vous m?y autorisez.

Il y a un an s?�teignait le Pape Jean-Paul II. Quelques jours � peine apr�s son d�c�s, le Maire de Paris nous invitait � adopter un voeu par lequel nous prenions l?engagement d?attribuer au parvis Notre-Dame le nom de ?place Jean-Paul II?. Le moment est venu de d�cider si nous r�servons une suite � cette intention.

Je plaiderai, parce que c?est ma conviction personnelle mais aussi au nom des radicaux de gauche, pour qu?il ne s?agisse que d?un voeu pieux.

Ma premi�re observation concerne la responsabilit� que la Ville de Paris et son Conseil municipal prendraient s?ils venaient � personnaliser un parvis qui jusqu?� maintenant est un lieu d?oecum�nisme, que des milliers de visiteurs et d?habitants traversent tous les jours. Le parvis de Notre-Dame n?appartient pas aux catholiques ni d?ailleurs � aucune autre religion. C?est un haut lieu historique et architectural devant lequel on admire la fa�ade d?un monument joyau de l?humanit�.

Tous ceux qui se rendent sur ce parvis sont certes des catholiques, pratiquants ou non, mais ce sont aussi des fid�les de toutes les religions, des agnostiques, mais aussi des ath�es ou des libres-penseurs. Ce premier argument qui vise � ne pas donner l?impression que ce lieu d?universalit� se rattache � un homme ou � une religion devrait tous nous rassembler.

J?ajouterai que d�roger au d�lai que la Ville s?est fix�e en 1932 et qui pr�voyait que le nom d?une personnalit� ne pouvait �tre donn� � un lieu de Paris que 5 ans au plus t�t apr�s son d�c�s devrait faire l?objet d?un d�bat sp�cifique alors qu?il ne s?agit ici que d?une d�rogation de circonstance.

Par cons�quent, avec Jean-Bernard BROS, nous vous proposons que le parvis Notre-Dame prenne d�sormais un nom devant lequel tous les visiteurs se reconna�traient, un espace d?universalisme. Notre amendement propose une solution d?ouverture : ?parvis Notre-Dame, esplanade des religions et de la conscience universelle?.

Mais si cet amendement ne devait pas �tre retenu, voici ce que je dirai du projet de d�lib�ration.

Les raisons de notre opposition � cette initiative sont nombreuses et je ne cherche pas � attenter � la m�moire d?un homme dont je reconnais le r�le �minent qu?il a jou� au sein de la chr�tiennet� et dans les relations internationales mais, mes chers coll�gues, voter ce projet de d�lib�ration, c?est faire l?apologie de nombreuses prises de position qui me heurtent.

Cela m�riterait aussi un temps de recul que nous n?avons pas pour permettre aux historiens de se livrer � une analyse d?un pontificat qui n�cessite sens de la critique et objectivit�.

Comme Parisien et comme �lu, je ne veux pas que le parvis Notre-Dame, porte le nom de l?adversaire de l?avortement qu?il appelait, je cite, ?le culte de la mort?, de l?adversaire de la contraception quand il y voyait un comportement d�sordonn�. Je ne veux pas qu?il porte le nom de celui qui a condamn� l?ho-mosexualit�, de celui qui d�non�ait le pr�servatif et pr�chait l?abstinence contre la maladie.

Par ces combats, Jean-Paul II a port� atteinte � la libert� du couple et de la femme en particulier.

S?il a rappel� avec force l?importance premi�re de l?amour, il l?a fait en condamnant en m�me temps l?amour des divorc�s, des homosexuels ou d?un pr�tre pour une femme. Quant � la sollicitude affich�e pour les pauvres, elle a �t� malheureusement contredite par sa r�pression de la th�ologie de la lib�ration en Am�rique latine.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Si Jean-Paul II n?a jamais manqu� de d�noncer les r�gimes communistes, force est de constater qu?il a �pargn� les dictatures de droite.

Alors regardons ceux qui constituaient son entourage, le bilan est �difiant. Quelques exemples : Monseigneur Sodano, secr�taire d?Etat au Vatican, fut nonce au Chili sous Pinochet avec qui il entretenait d?excellentes relations, Monseigneur Medina, pr�fet de la Congr�gation, �tait archev�que et, comme Sodano un inconditionnel de Pinochet.

Monseigneur Laghy, responsable de la Congr�gation pour l?�ducation catholique et nonce en Argentine sous la dictature. Je crois d?ailleurs me souvenir que nous avons rendu il y a quelques jours ici m�me un hommage aux M�res de la Place de Mai qui ont d�pos� contre lui une plainte.

Quant � ses saints, eh bien le pape Jean-Paul II s?est montr� un champion de la b�atification fort contestable. En 1982, il canonise le Polonais Kolb, fondateur d?une revue catholique antis�mite. En 1991, il accorde sa b�n�diction apostolique � l?ancien nazi belge L�on Degrelle. En 1996, il b�atifie Monseigneur Schuster, archev�que cardinal de Milan, qui avait soutenu Mussolini en 1935 dans sa guerre coloniale contre l?Ethiopie. En 1998, il annonce la b�atification de Monseigneur Stepinac, archev�que de Zaghreb, nazi notoire qui sera accus� de collaboration, de crimes de guerre et de crimes contre l?hu-manit�. En 2002, il canonise Monseigneur Escriva de Balaguer, soutien inconditionnel de Franco et fondateur de l?Opus Dei.

Je rappelle aussi, mes chers coll�gues, que le porte-parole de Jean-Paul II, Monseigneur Navarro �tait membre de l?Opus Dei, un mouvement en totale inad�quation avec notre modernit�.

Je n?oublie pas non plus le voyage du Pape dans le Chili de Pinochet, son message de f�licitation � l?occasion de ses noces d?or et, en 1998, l?offre de m�diation faite au Gouvernement britannique pour tenter de le faire lib�rer.

Tout ceci sont des faits. Je les livre. Jean-Paul II fut un pape qui a utilis� son pontificat et son statut de chef d?Etat pour imposer des vues �minemment critiquables. Non, ce nom ne nous rassemble pas. La raison impose de ne pas retenir cette proposition.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Merci, Monsieur ALAYRAC.

Monsieur Christophe GIRARD, vous avez la parole.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Ch�re Madame la Maire, chers coll�gues, je vous demande dans le respect des convictions de chacun, quelles soient la la�cit� ou la religion quelle qu?elle soit, de peut-�tre �viter toute remarque pendant mon intervention, si elle prend un caract�re humoristique.

Je m?explique : je pense qu?aucun de vous ici n?accusera le Maire de Paris, ou moi-m�me et les membres de cette Assembl�e, d?homophobie, d?antis�mitisme ou je dirai de rejet de l?autre. Le maire d?une grande ville, le maire d?une capitale se doit de rassembler et non pas de diviser.

C?est, me semble-t-il, ce qu?aujourd?hui Bertrand DELAN�E, Maire de Paris, fait, en prenant en compte toutes les sensibilit�s. De tous ses concitoyens, sans renier, � aucun moment les engagements que nous avons eus, que nous avons lorsqu?en effet, nous nous opposons � l?�glise catholique lorsqu?elle se situe dans une action qui nous semble relever de la non-assistance � personne en danger. Quand par exemple, en effet, un mot du pape aurait sans doute permis d?att�nuer et de permettre une diminution de la progression de l?�pid�mie de sida en Afrique.

Cependant, c?est au nom de la la�cit�, et je dirais de l?esprit d?ouverture de la R�publique la�que, que le Maire et que nous, le groupe socialiste seul, sans les deux radicaux de l?Assembl�e, cherchent � rassembler et respecter. Je crois qu?il est aussi dans le r�le d?un Maire de savoir taire ses convictions personnelles pour l?int�r�t g�n�ral. Et il y a deux �v�nements que nous souhaitons fixer dans le temps en accordant cette appellation au Pape Jean-Paul II, c?est le dialogue qu?il a renou� et qu?il a nou� avec les communaut�s juives et les communaut�s musulmanes.

Et c?est Jean-Paul II, que j?ai combattu, qui a en effet reconnu l?extermination de plus de 5 millions de Juifs, la Shoah. Alors, c?est sans doute plus l?homme politique que l?homme religieux, dont nous allons apposer le nom sur le parvis de Notre Dame, non pas en d�baptisant ce parvis de son nom populaire qui est le parvis Notre Dame, mais en l?appelant en effet le parvis Notre Dame Jean-Paul II. Vous rappelant qu?� proximit� du chevet de Notre Dame, il y a le square Jean XXIII et que ce choix est judicieux car autant il aurait �t� en effet sans doute �trange ou peut-�tre provocant d?appeler une avenue ou un boulevard ou une place la�que de la R�publique du nom de Jean-Paul II, autant il s?agit l� d?un lieu qui est attach� � un monument religieux, fr�quent� par tous et par toutes, comme la dit Gilles ALAYRAC, sans distinction de race, de croyance. Et nous sommes attach�s � la la�cit�, c?est pour cela que nous voterons l?appellation dans le respect de l?esprit la�que de la R�publique et de la Ville de Paris et de nos convictions et que nous vous appelons � voter pour l?appellation de la place Notre Dame Jean-Paul II.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Merci, Christophe GIRARD.

La parole est � M. Sylvain GAREL.

M. Sylvain GAREL. - Merci, Madame la Maire.

Je vais commencer par rendre hommage � Coluche, cela arrive rarement dans cet h�micycle, qui a disparu il y a tout juste 20 ans et je vais le paraphraser dans l?un de ses sketchs les plus c�l�bres, il disait quelques temps apr�s l?�lection de ce pape, Jean-Paul I et j?en retiens deux.

Pour ma part, j?en retiens beaucoup. Beaucoup de mal. A commencer par le coup de barre conservateur que Jean-Paul II a fait subir � l?�glise catholique, qui n?avait vraiment pas besoin de cela, en s?attaquant � tous les courants progressistes, que ce soient les partisans de la th�ologie de la lib�ration en Am�rique latine ou plus pr�s de nous � Monseigneur Gaillot qui fut brutalement d�barqu� de son �v�ch�, suite � ses prises de position en faveur des plus d�munis.

Dans le m�me temps, Jean-Paul II m�nageait et se rapprochait des courants les plus int�gristes du catholicisme. Entre autres, ceux qui occupent ill�galement depuis bient�t 30 ans, Saint-Nicolas du Chardonnet, qui vont bient�t �tre r�int�gr�s dans l?�glise, qui diffusent de la litt�rature antis�mite, ou ceux qui ont cach� pendant des ann�es Paul Touvier.

Vous comprendrez que j?ai de s�rieux doutes, Monsieur le Maire, quand vous soulignez pour justifier votre d�cision le r�le de ce personnage dans le rapprochement de l?�glise avec le juda�sme.

Mais il y a plus grave. Jean-Paul II pendant sa trop longue carri�re de pape s?est toujours oppos� aux droits des femmes, � la contraception et � l?avortement. Pire en d�non�ant avec constance l?utilisation des pr�servatifs, tout en sachant que c?�tait la seule solution pour se prot�ger du sida, il a par son intransigeance et son aveuglement contribu� � la propagation de cette �pid�mie qui a fait des millions de morts et qui et en train de d�cimer l?Afrique, dont une partie non n�gligeable de la population est catholique.

Comment pouvons-nous, tout � la fois nous enorgueillir d?avoir un ambitieux programme d?aide � la lutte contre le Sida en Afrique et dans le m�me temps honorer un homme, qui s?il �tait encore vivant pourrait �tre convoqu� devant le Tribunal p�nal international pour complicit� de crime contre l?humanit�.

En ce qui concerne la la�cit�, je ne vais pas reprendre les excellents arguments de mon coll�gue Gilles ALAYRAC. Je souhaite simplement souligner l?ambigu�t� de notre Municipalit� dans ce domaine. Pendant que plusieurs maires d?arrondissement de gauche lancent de grandes et co�teuses manifestations en faveur de la la�cit� de la loi de 1905, nous donnons le nom d?une des plus prestigieuses places de Paris � un pape, nous subventionnons des cr�ches Loubavitch et finan�ons des groupes priv�s charg�s de prot�ger des lieux religieux. Mais quand il s?agit de construire une mosqu�e � la Goutte d?Or, par manque de courage politique, vous avancez masqu� derri�re un Institut culturel musulman. Quelle confusion !

Je voudrais terminer mon propos par d�noncer le fait que ce projet de d�lib�ration viole une r�gle qui nous a �t� plusieurs fois oppos�e. Celle des cinq ans de d�lai entre la mort d?une personnalit� et le fait de donner son nom � une rue ou � un lieu de notre Ville.

Je rappelle aussi que lorsque nous avons plaid� pour qu?une petit place de Paris porte le nom d?Henri Curiel, cela nous avait �t� refus� sous de fallacieux pr�textes. Pourtant, tout comme Jean-Paul II, Henri Curiel s?est fait tirer dessus. Mais Curiel est mort et l?attentat a eu lieu en plein coeur de Paris et pas au Vatican.

Il nous faut constater que dans cette Municipalit� de gauche, pour donner son nom � une place parisienne, il vaut mieux avoir �t� un chef religieux r�actionnaire qu?un militant r�volutionnaire internationaliste.

Je vous remercie.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Je donne la parole � Dominique BAUD.

Mme Dominique BAUD. - Madame la Maire, chers coll�gues.

Je suis heureuse aujourd?hui de soutenir avec mes coll�gues ce projet de d�lib�ration en hommage au pape Jean-Paul II.

D�s le printemps dernier, notre groupe avait d?ailleurs fait cette proposition au Maire de Paris. Au-del� de mes convictions personnelles, au-del� des convictions religieuses ou non des uns et des autres, il s?agit ici de rendre hommage � un homme qui a marqu� le XXe si�cle par son humanit� au service de tous.

Il a honor� � plusieurs reprises de sa visite notre pays et notre ville. Les foules d�plac�es � ces occasions t�moignent, si besoin �tait, de l?admiration et du respect � son �gard. Il a multipli� les rencontres et le dialogue dans le respect des convictions de chacun et des diverses religions, et ce notamment contre l?int�grisme grandissant. Sa personnalit� a marqu� l?humanit� toute enti�re.

Regrettant, � titre personnel, qu?une journ�e de deuil n?ait pas �t� d�clar�e en France au moment de son d�c�s, je suis fi�re aujourd?hui de participer � une telle d�cision.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Merci.

Monsieur BOHBOT, vous avez la parole.

M. Jack-Yves BOHBOT. - Madame la Maire.

Pour tout Parisien, l?hommage au souverain pontife, Jean-Paul II, devrait relever de l?�vidence. Et j?ai peine � comprendre certaines pol�miques mesquines et inutiles.

Le t�moignage de Jean-Paul II ne touche pas seulement les croyants du monde entier ; il touche tous les hommes de bonne volont�, y compris tous les Parisiens �pris de tol�rance.

Dans tous les combats de Jean-Paul II, on est surpris par la pleine concordance entre l?homme et le message. Jusqu?au bout, cet homme courageux a assum� son message de paix et d?amour donnant de sa personne et fuyant toute vaine gloire.

A plus d?un titre, l?action de Jean-Paul II ne peut que recueillir la sympathie des Parisiens.

La chute du communisme dont Jean-Paul II a �t� l?�l�ment d�clencheur nous rappelle le combat du pape contre des id�ologies contraires � la personne humaine, aux syst�mes inhumains, d�ployant des forces consid�rables, recourant � la dialectique du mensonge ou � la rh�torique de la haine. Le t�moignage pontifical a �t� comme une insurrection de la conscience au combat des r�gimes totalitaires non pas par des armes, mais par des convictions fortes.

A travers Jean-Paul II, Paris honore tous ces dissidents. Sakharov, aux mains nues mais dont la volont� �tait in�branlable. Ce sont eux qui ont rendu � la moiti� de l?Europe sa libert�, mettant fin � l?absurde division n�e de la guerre froide.

Inlassablement, Jean-Paul II a tout fait pour refuser la haine entre les hommes, les peuples, les nations, les religions et les communaut�s, cultivant un dialogue authentique.

A ce titre, pour mettre fin � l?enseignement du m�pris, le pape a donn� � la lutte contre l?antis�mitisme sa plus forte contribution. Faut-il rappeler que c?est � Paris plus pr�cis�ment, le 31 mai 1980, que Jean-Paul II a prononc� devant les repr�sentants de la communaut� juive parisienne des paroles fortes et inoubliables.

Le pape avait alors salu� cette communaut� qui a eu beaucoup � souffrir pendant les ann�es obscures de l?occupation et de la guerre et rendu hommage � toutes les victimes dont nous savons que le sacrifice n?est pas rest� infructueux.

Toute la trame du pontificat �tait l�, dans ces paroles prononc�es � Paris.

En 1980 et en 1997, Jean-Paul II a rendu visite aux Parisiens. Ses d�placements ont r�uni des foules consid�rables ; leur succ�s a �t� in�gal�.

Les J.M.J. ont fait la fiert� de Paris et contrastent avec ces lugubres d�fil�s qui ont terni l?histoire europ�enne. Aux bruits de bottes, je pr�f�re ces foules recueillies et souriantes. Ces rassemblements honorent Paris et nous ne pouvons pas non plus l?oublier.

Jean-Paul II a appel� � un nouveau printemps dans les relations mutuelles. En ces temps troubl�s, marqu�s ici et l� par des provocations et des initiatives imb�ciles, qu?elles �manent de groupuscules ou, au contraire, de puissances souveraines et qui r�vent d?opposer les communaut�s les unes aux autres, le t�moignage du souverain pontife est un pr�cieux message. C?est une v�ritable boussole � l?usage des g�n�rations futures.

Puisse cette place nous rappeler la n�cessit� de ce dialogue entre tous les hommes, un dialogue o� les convictions respectueuses se distingueront sans difficult� des pr�tentions arrogantes, un dialogue o� Paris sera en premi�re ligne.

Je terminerai en remerciant � la fois le Maire de Paris d?avoir propos� l?attribution du parvis Notre-Dame au nom de Jean-Paul II et Claude GOASGUEN qui en a �t� l?initiateur.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Merci.

Je vais donner la parole � Jean-Pierre CAFFET, puis il y aura des explications de vote.

Monsieur CAFFET, vous avez la parole, pour l?Ex�cutif.

M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - Merci, Madame la Maire.

Je vais intervenir rapidement parce que je crois que Christophe GIRARD a dit l?essentiel et il l?a dit de belle mani�re.

Il ne faudrait pas que nous soyons dans la confusion. Ce que nous faisons aujourd?hui, c?est honorer un homme et non pas honorer une religion. Nous ne pronon�ons pas un acte de foi ; nous reconnaissons simplement la trace qu?a laiss�e un homme dans l?Histoire de la fin du XXe si�cle et du d�but du XXIe si�cle. Ne confondons pas.

Que Jean-Paul II soit une personnalit� controvers�e - et beaucoup de choses ont �t� dites d?ailleurs sur sa position sur la contraception, l?avortement, la place de la femme dans la soci�t�, etc. - je ne dis pas que ce n?est pas grave, Monsieur GAREL? Reconnaissons que la religion catholique est travers�e de courants. Il y a des courants qui sont conservateurs et je crois que la majorit� de la hi�rarchie catholique est oppos�e � l?avortement, par exemple. Elle ne reconna�t pas v�ritablement le r�le que la femme doit occuper dans la soci�t�. De ce point de vue, le pape Jean-Paul II, c?est-�-dire le chef de l?�glise catholique, ne se singularisait pas de la doctrine dominante de l?�glise catholique.

Bien s�r, il y a des courants radicaux au sein de l?�glise. Et ici aussi. Mais ce que nous faisons aujourd?hui, c?est reconna�tre le r�le jou� par Jean-Paul II � la fin du XXe si�cle, notamment sur la shoah, et c?est un acte fondamental. Reconnaissons que Jean-Paul II n?est pas Pie XII.

Si on m?avait propos� une rue Pie XII � Paris, tr�s honn�tement, cela m?aurait pos� probl�me. Mais Jean-Paul II n?est pas Pie XII.

Et cet acte fondamental qu?il a pos�, y compris d?ailleurs avec une esp�ce de repentance de l?�glise catholique d?une certaine �poque, vis-�-vis des Juifs, c?est quelque chose de tr�s important de mon point de vue.

Et le dialogue qu?il a essay� d?instaurer avec les religions me semble �galement un acte que l?on a relativement peu connu dans l?histoire de l?�glise catholique et qui me semble devoir �tre reconnu. Ne confondons pas les choses.

Je ne partage pas compl�tement les propos de M. BOHBOT, m�me s?il n?est pas faux de dire que si on peut aujourd?hui voter librement en Pologne, c?est aussi un petit peu gr�ce � Jean-Paul II.

Je ne sais pas s?il a eu quelques connivences avec le r�gime de Pinochet, mais je ne veux pas rentrer dans ces pol�miques politiques parce que je sais qu?il y en a qui s?arrogent le monopole de ce que doit �tre la libert�, de sa d�finition et de sa d�fense. Tr�s bien.

Je voudrais conclure simplement en disant que, dans notre esprit, dans l?esprit de ceux qui adopteront ce projet de d�lib�ration et dans l?esprit du Maire de Paris, il n?y a pas de confusion, il n?y a pas un acte visant � privil�gier une religion par rapport � une autre. Il y a simplement un acte visant � reconna�tre le r�le historique d?un homme, aussi controvers� soit-il.

Notre Assembl�e a honor� Michel Debr� et je crois me souvenir qu?il a �t� pendant quelques ann�es un chaud partisan de l?Alg�rie fran�aise. Et alors ?

Ne faisons pas de confusion.

Je vous invite � voter ce projet de d�lib�ration.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Merci beaucoup pour la clart� de cette explication.

Je vais donner la parole � Patrick BLOCHE pour le groupe socialiste et radical de gauche.

M. Patrick BLOCHE. - Merci, Madame la Maire.

Apr�s les interventions, notamment de Christophe GIRARD et de Jean-Pierre CAFFET, j?aurai peu � ajouter, sinon pour appeler notre Assembl�e, mais c?est peut-�tre un r�flexe de Pr�sident de groupe, � une certaine coh�rence puisque c?est un peu comme le P.L.U., hier soir. Nous votons pour la deuxi�me fois la m�me chose.

En l?occurrence, il y avait une majorit�, au sein de cette Assembl�e, pour voter un v?u visant � ce que le parvis Notre-Dame s?appelle parvis Notre-Dame-Jean-Paul II. A partir du moment o� le Conseil de Paris, dans son autonomie, a vot� un v?u pour qu?il en soit ainsi, il serait curieux qu?au moment o� le Maire de Paris met en ?uvre un v?u du Conseil de Paris, il n?y ait plus de majorit� pour le suivre.

C?est ma premi�re observation.

J?ai entendu les interventions des uns et des autres. Il a �t� fait un bilan contrast� de l?action de Jean-Paul II et j?ai moi-m�me, � titre personnel, et aussi � titre politique, comme d?autres, une vision contrast�e du bilan de Jean-Paul II.

Mais ce qui m?a frapp�, et Jean-Pierre CAFFET l?a dit avec beaucoup de raison, c?est que, dans le jugement port� sur Jean-Paul II, et qui avait dans certaines interventions un c�t� quasi inquisitorial, j?ai �t� tr�s frapp�, car ce n?est pas Jean-Paul II qui �tait jug� mais c?est la doctrine catholique en tant que telle.

Car Jean-Paul II n?a �t�, durant la dur�e de son pontificat, que celui qui, en responsabilit�, a appliqu� une doctrine qui est m�me un dogme sur un certain nombre de sujets et sur un certain nombre de sujets de soci�t�, pour lesquels je confirme, au nom du groupe socialiste et radical de gauche, que nous sommes en complet d�saccord.

Je voudrais �galement alerter notre Assembl�e, et ce sera mon dernier point, sur la mani�re dont nous pouvons �tre amen�s � porter certains d�bats au sein du Conseil de Paris dans l?attribution que nous donnons � certaines places, � certaines rues, � certains lieux de Paris et les noms de personnalit�s que nous pouvons donner.

Je dis cela parce que, quelque part, dans mon oreille, ont raisonn� un peu quelques propos tenus quand nous avons attribu� � un quai de Paris le nom de Fran�ois Mitterrand. Vous m?en excuserez. Et aussi parce que nous sommes amen�s r�guli�rement � donner � des rues, des lieux, des places de Paris le nom de personnalit�s qui, � un moment de leur vie, par �garement, ont �t� des partisans souvent tr�s convaincus, sinon convaincants, d?id�ologies totalitaires qui furent au c?ur de l?histoire du XXe si�cle et qui ont provoqu� les crimes contre l?humanit� que nous savons.

C?est la raison pour laquelle je ne souhaiterais pas que notre Assembl�e entre dans un d�bat sans fin qui nous am�ne, sur chaque appellation que nous serons amen�s � donner, � dresser un r�quisitoire de telle ou telle personnalit�, chacun ayant une histoire personnelle qui se confond souvent avec l?Histoire tout court.

Bref, comme les �lus du groupe socialiste et radical de gauche refusent tout autant le terrorisme intellectuel que le sectarisme, c?est en pensant � toutes les Parisiennes et � tous les Parisiens qu?ils voteront ce v?u, car ce sont des �lus libres, parce qu?ils sont la�ques.

Mme Anne HIDALGO, adjointe, pr�sidente. - Merci beaucoup, Patrick BLOCHE.

Je vais donner la parole, � qui d?autre, pour une explication de vote ?

Monsieur George SARRE, Pr�sident du groupe M.R.C., puis M. GOASGUEN.

M. Georges SARRE, pr�sident du groupe du Mouvement r�publicain et citoyen, maire du 11e arrondissement. - Madame la Maire, chers coll�gues, pour une raison de principe, le groupe M.R.C. votera contre la proposition de donner le nom du pape Jean-Paul II � l?actuel parvis de Notre-Dame.

Nous sommes en effet attach�s au principe de la�cit� qui impose une stricte s�paration entre l?Etat et les religions, toutes les religions.

Nous n?ignorons pas que d?autres rues portent � Paris le nom de religieux. Pour certaines d�nominations, fort anciennes, nous n?y pouvons rien. Dans d?autres cas, nous admettons qu?il soit fait exception � la r�gle. Mais il faut, � ce moment-l�, que la personne concern�e ait rendu au Pays et � la R�publique des services �minents et indiscutables.

C?est le cas du grand r�sistant que fut le P�re Chaillet qui, pendant la guerre, la Seconde Guerre mondiale, se distingua dans la r�sistance avec d?autres, notamment beaucoup de chr�tiens.

Il est une autre raison � notre refus : c?est l?Histoire. Le parvis de Notre-Dame est connu sous ce nom depuis des si�cles, par les Parisiennes et les Parisiens bien s�r mais aussi par beaucoup d?�trangers. C?est un marqueur fort dans la ville, un lieu connu de tous les touristes, qui est donc associ� � l?image de Paris dans le monde.

Il n?existe aucune raison pour que cet endroit central de la Capitale soit d�sormais connu sous le nom d?une personnalit� qui n?a aucun lien, de pr�s ou de loin, avec notre ville et avec la France. Et dont certaines options ont �t� particuli�rement controvers�es. Pour un endroit aussi important, le choix de la personne doit faire l?unanimit�.

La la�cit� est un des fondements de notre R�publique et, chacun le sait, elle n?est pas une juxtaposition de communaut�s, fussent-elles religeuses. Elle suppose une stricte s�paration entre l?espace public et l?espace priv�, la religion ayant toute sa place dans le second mais aucune dans le premier.

Or, qu?est-ce que le parvis de Notre-Dame sinon un espace public que foulent chaque ann�e des centaines et des centaines de milliers de visiteurs.

Voil� donc, mes chers coll�gues, les raisons de notre opposition. La la�cit� est une affaire de grands principes mais m�me les petites entorses � son respect sont une marque de faiblesse et de recul des principes r�publicains.

Mme Anne HIDALGO, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur SARRE.

M. GOASGUEN a la parole.

M. Claude GOASGUEN. - Merci, Madame la Pr�sidente. Je crois que tout a �t� fort bien dit par notre coll�gue GIRARD et avec beaucoup d?�motion.

Je voudrais dire simplement qu?il y a des personnalit�s qui d�passent tr�s largement les contingences juridiques, les cinq ans, qui ne sont d?ailleurs pas une r�gle de droit mais une r�gle coutumi�re, pour laquelle des exceptions ont d�j� �t� donn�es, et � juste titre, puisqu?il s?agit du G�n�ral de Gaulle et de Fran�ois Mitterrand.

Si des critiques se sont �lev�es sur certaines personnalit�s politiques, c?est qu?elles �taient plus proches du Conseil de Paris que la personnalit� d?un pape qui n?�tait pas directement li�e aux contingences politiques conflictuelles, encore que, quand j?�coute certains propos ici, je me dis que, ma foi, certains n?ont pas bien compris son message. C?est l?homme et non pas le chef religieux qui est ici c�l�br�. C?est l?homme de paix. Qu?on me cite un seul propos de Jean-Paul II o� il est quelque part fait l?apologie d?un conflit ou pr�t� la main. Que l?on me cite un seul propos !

J?ai cru entendre tout � l?heure que, quasiment, Jean-Paul II avait pr�t� la main � des guerres sournoises dans des pays �loign�s. Enfin ! C?est un homme de paix, c?est un homme de r�conciliation. C?est un homme qui croyait en l?homme et qui l?a prouv� m�me dans ses derniers messages et dans ses derniers mots? Rappelez-vous, ?n?ayez pas peur?.

Est-ce que vous pouvez imaginer un seul instant qu?un homme de cette envergure historique puisse pr�ter � confusion ? Qu?il soit devant Notre-Dame de Paris n?a pas grand-chose de choquant, vous voudrez bien le reconna�tre ! Car Notre-Dame de Paris est quand m�me un �difice de culte. M�me si c?est un lieu passant, c?est aussi un �difice de culte. Et comme le nom de Notre-Dame restera attach� au nom du pape qui a dirig� la chr�tient� dans un moment critique, je ne vois pas ce qu?il y aurait de choquant.

Mais je voudrais dire que cela, lorsque j?en ai fait la proposition, s?est fait dans la plus grande dignit�. Ne croyez que l?�glise ait �t� si enthousiaste que cela ; elle a pris le temps de la r�flexion.

Personnellement, lorsque j?ai fait cette proposition, j?en ai discut� � plusieurs reprises avec l?archev�que de Paris qui, pendant plusieurs semaines, et en contact avec le Maire de Paris, a r�fl�chi � la d�viance que l?on pourrait voir � un quelconque culte de la personnalit�, ce qui n?est pas dans la tradition catholique. Par cons�quent, ne croyez pas que cette d�cision a �t� si facile � accepter ; c?est le fruit d?une m�re r�flexion.

Je voudrais dire, pour �tre encore plus honn�te, que je remercie le Maire de Paris. Je remercie le Maire de Paris de l?avoir accept�e ; la proposition que j?avais faite �tait pour un lieu de la Capitale. Il a largement contribu� � ce que ce lieu soit l?esplanade devant Notre-Dame de Paris, faisant le parall�le avec un autre lieu proche de Notre-Dame de Paris qui est le square Jean XXIII. Encore une fois, cela n?a rien d?aberrant. Notre-Dame de Paris est, quand m�me un �difice cultuel de toute premi�re importance.

Je voudrais donc remercier le Maire d?avoir aid� � la compr�hension, � la prise de conscience de cette demande et je crois que l?image de Paris a beaucoup gagn� dans ce geste qui n?est pas particulier � l?�gard d?un culte mais le geste de la reconnaissance d?une capitale prestigieuse vers un homme qui est un grand homme de paix tout aussi prestigieux. Et je crois que Paris s?honore de rendre hommage aux grands hommes du XXe si�cle.

C?est la raison pour laquelle le groupe U.M.P. votera sans h�sitation, bien entendu, ce projet de d�lib�ration.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Merci, Monsieur GOASGUEN.

Autre explication de vote ?

Mme AUFFRAY a la parole.

Mme Dani�le AUFFRAY, adjointe. - Je n?avais pas besoin de l?�tre mais je suis convaincue par les excellentes interventions de nos coll�gues Gilles ALAYRAC et Sylvain GAREL. Mais si vous le voulez, et c?est pourquoi je disais que c?�tait en mon nom mais je remercie le groupe ?Les Verts?, je vais faire une intervention rapide mais un peu en contre-pied th�ologique.

Je pense qu?en effet j?aurais s�rement vot� contre une proposition de d�nomination du parvis Notre-Dame qui aurait �t�, en quelque sorte, sacril�ge.

Il me semble que les lieux de culte doivent �tre respect�s et c?est justement parce qu?il s?appelle parvis Notre-Dame et que l?on a dit, et cela a �t� dit plusieurs fois que ce n?est pas le pape mais l?homme et avec tout ce que l?on a entendu sur le fait et que je partage, l?homme politique pire, qui serait ainsi honor�, il me semble absolument peu conforme et peu chr�tien d?associer le nom de Notre-Dame au nom de Jean-Paul II.

Il n?y a pas lieu ici de faire une le�on trop longue sur le culte marial, initi� au 12e si�cle par l?�glise catholique et qui, malgr� ce que l?on peut en croire sans trop savoir, a �t� une chose assez positive tout au cours des si�cles, le fait que la religion catholique ait peut-�tre �t� l?une des moins p�jorante des autres religions monoth�istes par rapport au r�le de la femme.

En plus de toutes les excellentes choses qui ont �t� dites sur le caract�re de Jean-Paul II, c?est � l?association de Notre-Dame et de Jean-Paul II que je m?oppose.

(Applaudissement sur les bancs du groupe ?Les Verts?).

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. Mes chers coll�gues, nous allons passer au vote sur ce projet de d�lib�ration DU 135.

Tout d?abord, je mets aux voix, � main lev�e, l?amendement n� 20 pr�sent� par Gilles ALAYRAC assorti d?un avis d�favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

L?amendement n� 20 est rejet�.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DU 135.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2006, DU 135).

Juin 2006
Débat
Conseil municipal
retour Retour