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2013 DDEEES 39 G - Subventions avec conventions (756.230 euros) relatives aux soutiens financiers aux projets coopératifs labellisés par les pôles de compétitivité "Cap Digital Paris Région", "Systematic Paris Région" et "Advancity", déposés au 15e appel à projets du Fonds Unique Interministériel (F.U.I.).


Mme Olga TROSTIANSKY, pr�sidente. - Nous examinons � pr�sent le projet de d�lib�ration DDEEES 39 G qui est relatif au soutien aux projets coop�ratifs labellis�s par les p�les de comp�titivit� "Cap Digital Paris R�gion", "Systematic Paris R�gion" et "Advancity".

La parole est � Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Mes chers coll�gues, autant dire tout de go qu?il est hors de question, pour nous, de voter ce projet de d�lib�ration.

D'abord, nous sommes en d�saccord profond avec ces p�les de comp�titivit�. Toute la logique qui sous-tend la d�marche est celle de la mise en concurrence des territoires et donc le renforcement de l'attractivit� de l'Ile-de-France et de Paris.

Au nom de quoi faudrait-il que Paris et la R�gion soient plus attractifs que les autres territoires�? Car comprenez bien, tant que vous inscrirez les politiques de l'emploi dans cette logique de l'attractivit�, vous vous inscrirez dans la concurrence et donc celle-ci, forc�ment, se fera au d�triment des autres territoires.

Cette logique ne peut �tre la n�tre, aucun �lu s'inscrivant � gauche, partageant l?id�al r�publicain et les principes de solidarit� ne devrait d'ailleurs l'accepter.

A quand, mes chers coll�gues, des politiques de coop�ration au service d'un maillage sur l?ensemble des territoires d?une activit� �conomique r�pondant aux int�r�ts �cologiques et sociaux�? Qui plus est d'une activit� �conomique socialement novatrice, de type coop�rative, de l'�conomie sociale et solidaire et pas uniquement ou principalement des entreprises priv�es, lucratives, sans fonctionnement coop�ratif ni d�mocratique en leur sein, sans redistribution des richesses produites entre celles et ceux qui y ont travaill�, sans garantie de r�investissement imm�diat dans le d�veloppement de l'activit�.

De plus, regardons plus pr�cis�ment ce qu?il nous est demand� de financer dans ce projet de d�lib�ration qui est quand m�me d'un montant bien �lev�, de 756.230 euros.

Alors, je commencerai par le positif.

Il y a certains projets, le projet Symbio, qui sont fort int�ressants, mais qui m�riterait par ailleurs des notes un peu plus explicatives pour que les �lu-e-s puissent se prononcer en connaissance de cause.

De quoi s'agit-il�? L'agence X-TU travaille depuis plusieurs ann�es, avec notamment l'architecte Anouk LEGENDRE, � la possibilit� d'�lever des fa�ades usines qui rendraient la ville productrice de ses propres besoins, notamment via la culture de micro algues sur des doubles murs-rideaux photosynth�tiques, ces micro algues produites peuvent �tre utilis�es sur le march� des ingr�dients de sp�cialit�s pour l'alimentation humaine et animale.

Ces cultures de micro algues en fa�ade pourraient par ailleurs pr�senter des hautes performances environnementales pour les b�timents neufs, comme pour les constructions.

Nous n'avons cependant pas encore de bilan �nerg�tique li� � l?�valuation de l?�nergie grise du syst�me de fonctionnement hydraulique qui est n�cessaire pour les vidanges fr�quentes de ces parois murales.

C'est le positif.

Mais il y a dans ce projet de d�lib�ration un autre projet, qui lui nous a fait bondir, il s'agit de soutenir la P.M.E. "Work4" pour le projet collectif "Sonar" pour un montant d'aide de 362.509 euros.

Le projet "Sonar" cela signifie, excusez mon accent d�plorable en anglais, "sourcing and automated recruitment" et, dans notre belle langue acad�mique, il s'agit d'outils automatis�s pour mettre en relation efficacement des candidats avec leurs recruteurs.

"Work4 Labs" aide les entreprises � "tirer parti des m�dias sociaux comme Facebook et Twitter pour trouver, engager et embaucher les meilleurs candidats".

Cette entreprise est bas�e � San Francisco et a �galement des bureaux � Paris. Le r�le est de permettre aux entreprises de toutes les tailles de cr�er un site de carri�re personnalisable social sur Facebook.

On s'appr�te donc, mes chers coll�gues, � verser plus de 300.000 euros � la filiale parisienne d?une multinationale am�ricaine pour faire, au final, le travail de P�le Emploi�!

Et que nous dit le cabinet de M. MISSIKA, lorsqu'on essaie d'avoir de plus amples explications�? Eh bien, qu?il faut reconna�tre que P�le Emploi n'est pas efficace et manque totalement de capacit� d?innovation en la mati�re?

Mais que se passe-t-il, mes chers coll�gues, � P�le Emploi, que nous d�noncions sous les gouvernements SARKOZY mais qui se poursuit de plus belle depuis que la majorit� a chang�? Eh bien, que se passe-t-il � P�le Emploi�? Eh bien, pourquoi ce service public ne serait-il pas capable d'innover et de permettre ces am�liorations de mise en relation entre les demandeurs d'emploi et les employeurs via les r�seaux sociaux, si c'est la m�thode miracle innovante, au point qu'il faudrait n�cessairement en appeler au service lucratif, mais n�anmoins subventionn� par la collectivit�, dont, par ailleurs, on ne sait rien des partenariats �ventuels des services publics�? Mais peut-�tre allez-vous nous le pr�ciser?

Mes chers coll�gues, les politiques d'aust�rit� de l'Etat ne cessent de r�duire les moyens et de fermer des agences, de r�duire les postes, refusent d'augmenter les salaires et d�gradent les conditions de travail des professionnels de P�le Emploi, ce qui d�grade �galement de mani�re catastrophique les conditions d'utilisation des usagers.

L'urgence, c?est que l'Etat accorde les moyens n�cessaires � P�le Emploi d'assurer correctement sa mission de service public, notamment en effectifs suffisants pour permettre de recevoir et traiter dans de bonnes conditions les demandes de tous les priv�s d'emploi.

Et l'Etat, qui le dirige actuellement�? Eh bien, principalement le Parti Socialiste et "Europe Ecologie - Les Verts", donc demandez � vos amis de prendre les bonnes mesures pour rendre P�le Emploi efficace et innovant, en stoppant ces politiques d'aust�rit�, pas simplement d'ailleurs dans l'int�r�t des entreprises mais d?abord et avant tout dans l?int�r�t des demandeurs d'emploi.

Donc, franchement non�! Ce projet "Work4" nous semble �tre une provocation et nous ne pouvons le soutenir.

Je vous en remercie.

Mme Olga TROSTIANSKY, pr�sidente. - Merci, Madame SIMONNET.

Pour r�pondre, la parole est � M. Jean-Louis MISSIKA.

M. Jean-Louis MISSIKA. - J'ignorais que j'�tais un provocateur � ce point-l�, mais je voudrais remercier d'abord Danielle SIMONNET de son intervention, de sa remarquable intervention qui permet de mettre en valeur un projet de d�lib�ration qui est un projet de d�lib�ration important.

Je voudrais aussi lui dire que les p�les de comp�titivit� ont �t� con�us d�s l'origine comme des lieux o� se d�veloppait une logique de coop�ration�; et de coop�ration notamment entre les "start-up", donc les jeunes pousses en fran�ais, et les laboratoires publics. C'est m�me le principe de ce syst�me de financement Fonds Unique Interminist�riel, o� le Conseil g�n�ral, la R�gion et l'Etat cofinancent des projets de recherche et d�veloppement, qui sont des projets coop�ratifs, des projets d'innovation ouverte, permettant � diff�rentes entreprises de pouvoir utiliser des technologies innovantes.

Puisque vous parlez de ce projet "Sonar", je vais vous en dire quelques mots, ne serait-ce que parce que c'est un projet tout � fait int�ressant et tout � fait innovant.

D'abord, c'est un projet qui associe des organismes publics�: le C.N.R.S., le laboratoire LIMSI � l'Universit� de Paris Sud, l'Universit� Paris 8 et deux "start-up" parisiennes. Je dis bien "deux start-up", ce ne sont pas de grands groupes et je dis bien "parisiennes" parce que si l'une de ces deux "start-up" est bas�e � la fois � Paris et � San Francisco, c?est, � l?origine, une entreprise parisienne qui, parce qu'elle a grandi et qu?elle a grandi tr�s vite, a pu ouvrir des bureaux � San Francisco.

D'ailleurs, je prends tr�s souvent cet exemple de cette entreprise "Work4 Labs", et non pas "Work4", pour illustrer l'int�r�t d'une coop�ration entre le D�partement de Paris et la Ville de San Francisco.

Ce projet "Sonar" traite d'une probl�matique d'int�r�t g�n�ral, qui est le ch�mage, et il permet de d�velopper un outil qui permet de r�aliser plus efficacement un recrutement en ligne ou une recherche d'emploi en ligne.

Vous n'ignorez pas, ch�re Danielle SIMONNET, qu'au-del� de la pr�occupante p�nurie d'offres d'emploi dans laquelle vit notre pays, il y a �galement chaque jour des offres d'emploi qui ne trouvent pas preneurs, faute de mise en relation convenable entre les offreurs d'emploi et les demandeurs d'emploi disposant du bon profil. Cette inefficacit� de la mise en relation de l'offre et de la demande d'emploi co�te des millions et des millions d'euros � la collectivit� publique.

Le march� de l'emploi a �galement connu une �volution extr�mement importante au cours de ces 15 derni�res ann�es, avec l?essor du recrutement en ligne. Je vais citer une �tude de l'Institut C.S.A. qui date de janvier 2012, dans laquelle 2 Fran�ais sur 3 d�clarent avoir d�j� consult� des offres d'emploi sur Internet�; 44�% y ont r�pondu�; 31�% des personnes interrog�es affirment m�me avoir trouv� un emploi gr�ce � Internet.

Cette r�volution num�rique, c?est un fait et ce fait doit �tre reconnu.

Le probl�me est que, aujourd'hui, les outils num�riques qui sont mis � disposition des recruteurs, comme des candidats, sont encore tr�s loin d'�tre parfaits.

D'une part, les utilisateurs, qu'ils soient recruteurs ou en recherche d'emploi, sont �parpill�s en une multitude d'acteurs, qu'il s'agisse d'acteurs institutionnels, comme P�le Emploi, de structures g�n�ratrices de masse, comme l?A.P.E.C. ou Monster, ou de nombreuses petites structures sp�cialis�es, comme les cabinets de recrutement ou les sites sp�cialis�s. Ce qui veut dire que, pour le demandeur d?emploi ou pour l'offreur d'emploi, il faut saisir sur chaque site �norm�ment de documents pour avoir une audience maximale.

Deuxi�mement, ces sites ont l'inconv�nient, dans la mise en relation entre l?offre et la demande, d?utiliser des crit�res assez simplistes, tels que la pr�sence ou non d'un mot cl� exact ou d'une zone g�ographique.

Que proposent les partenaires de ce projet "Sonar"�? Ils proposent de faire progresser ces outils technologiques, ces outils num�riques, en appliquant des techniques d'intelligence artificielle et des techniques web. Ce qui veut dire que, pour un recruteur, il sera possible de saisir une fois pour toute son annonce, de fa�on structur�e dans cet outil et, au fur et � mesure, cet outil permettra de fournir des conseils pour am�liorer l'annonce. Et l'outil automatisera la publication sur chacun des sites dans le format le plus adapt�.

Si vous voulez, pour un candidat, c?est un �norme progr�s que de pouvoir utiliser un outil comme celui-l�.

Quelques mots sur les partenaires du projet�:

- Le laboratoire d'informatique avanc�e de Saint-Denis et le LIMSI sont sp�cialis�s dans le traitement automatis� du langage �crit et de la logique floue.

- Multiposting est une "start-up" parisienne sp�cialis�e dans la diffusion d?offres d?emploi vers plusieurs canaux. Cette "start-up" a connu une croissance exceptionnelle depuis sa cr�ation en 2008. Elle a cr� presque de 100�% chaque ann�e. En 2012, j?esp�re que ce chiffre ne vous choquera pas, Madame SIMONNET, Multiposting a trait� pr�s de 4 millions d'offres d'emploi, soit un peu plus que P�le Emploi.

- Work4 Labs, cr��e il y a tout juste un an, est sp�cialis�e dans le recrutement sur les r�seaux sociaux et elle est d�j� num�ro un du recrutement sur Facebook. C'est une entreprise qui est pass�e de 0 � 80 emplois et qui a autant d'emplois � Paris qu'� San Francisco.

Alors, vous insistez, et je partage votre pr�occupation, sur la n�cessit� d'avoir un service public de l'emploi de qualit�. Je vous rappelle qu'aujourd'hui, on estime � 30 ou 40�% la proportion d'emplois trait�s par P�le Emploi. Il me semble d?abord qu'il n'y a rien de mal � optimiser pour nos concitoyens les m�canismes des 60 � 70�% restants.

Par ailleurs, le service public de l'emploi utilise des syst�mes d'information automatis�s qui ont tous �t� r�alis�s par des entreprises priv�es.

En faisant progresser la R&D dans le domaine on peut raisonnablement esp�rer que ces avanc�es b�n�ficieront aux usagers de P�le Emploi lors des prochains appels d'offres que lancera cet organisme, pour faire �voluer ce syst�me.

Voil� pourquoi, mes chers coll�gues, je vous propose de voter ce projet de d�lib�ration.

Mme Olga TROSTIANSKY, pr�sidente. - Merci, Monsieur MISSIKA.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DDEEES 39 G.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s?abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2013, DDEEES 39 G).

Avril 2013
Débat
Conseil général
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