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35 - VI - Question d'actualité déposée par le groupe U.D.F. concernant Cesare BATTISTI


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question d'actualit� du groupe U.D.F.
Monsieur GALLAND, vous avez la parole.
M. Yves GALLAND. - Monsieur le Maire, la question que je vais vous poser rev�t pour nous un caract�re fondamental sur le r�le, la responsabilit� et le fonctionnement du Conseil de Paris sous votre autorit�.
Le 1er mars 2004, vous pr�sentiez un v?u au Conseil de Paris demandant que Cesare BATTISTI soit plac�, je cite : "sous la protection de la Ville de Paris". Vos adjoints, M. CARESCHE, M. MANSAT, le maire du 9e arrondissement, notre coll�gue M. BRAVO, sont intervenus avec force sur un certain nombre d'�l�ments. M. CARESCHE indiquait, citation du B.M.O. : "Soutenir une mobilisation forte et justifi�e autour de M. BATTISTI". M. MANSAT : "Paris affirme sa volont� d'�tre une ville refuge pour les �crivains pourchass�s". M. BRAVO : "La protection de la Ville de Paris peut prendre un contenu tr�s concret... Un comit� de suivi et de vigilance des �lus parisiens suivra de tr�s pr�s ce dossier et celui de tous les autres r�fugi�s politiques italiens".
Monsieur le Maire, dans le livre que vous venez de publier et sur lequel j'ai entendu une publicit� sympathique ce matin, vous �crivez, je vous cite, que "en mars 2004, le Conseil de Paris a vot� une r�solution concernant Cesare BATTISTI [...]. Je dois ici avouer avoir manqu� de vigilance...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Il y a des choses dans les points de suspension.
M. Yves GALLAND. - Monsieur le Maire, vous les rappellerez, mais je vais � l'essentiel. L'essentiel �tant que vous disiez : "Je dois ici avouer avoir manqu� de vigilance et d'autorit�". Je crois vous citer dans le texte.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Il faut la citation compl�te.
M. Yves GALLAND. - Vous me corrigerez, le cas �ch�ant. Je n'ai pas essay� de faire un raccourci qui d�formait vos propos. Ce qui me para�t le plus important c'est qu'apr�s mars un deuxi�me v?u a �t� vot� en s�ance le 5 juillet. Lors du d�bat relatif � ce deuxi�me v?u, Mme KOMIT�S d�clarait que M. BATTISTI, je cite : "n'avait eu droit � aucun proc�s �quitable et contradictoire en Italie, qu'il a �t� jug� sans preuve mat�rielle irr�futable", fin de citation.
Ceci, vous le savez, de notre point de vue, est notoirement faux et va bien au-del�, je crois, de ce que vous indiquiez �tre votre position. C'est l'avis unanime, tr�s ferme et avec un fond d'incompr�hension de toute la gauche italienne, sur ce que peut �tre la position d'un certain nombre d'�lus fran�ais.
Dans ce m�me d�bat, Mme G�GOUT intervenait dans le m�me sens ainsi que M. BLOCHE. Seul M. SARRE se d�marquait avec force.
Monsieur le Maire...
Mon cher coll�gue, j'ai repris le B.M.O. in extenso.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Veuillez m'excuser, votre bonne foi est �clatante, mais je vous en prie.
M. Yves GALLAND. - Ma bonne foi est �clatante, et je r�pondais simplement � mon excellent coll�gue M. BLOCHE que seul, je le maintiens, M. SARRE se d�marquait avec force.
Monsieur le Maire, auriez-vous donc manqu� sur ce sujet de vigilance deux fois ? Le 1er mars comme vous l'indiquez dans votre livre, mais aussi le 5 juillet ?
Monsieur le Maire, autre �l�ment compl�mentaire, il nous int�resserait de savoir comment s'exerce concr�tement aujourd'hui la protection de la Ville de Paris envers M. BATTISTI vot�e par la majorit� municipale le 1er mars.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Avant que Christophe CARESCHE ne vous r�ponde et pour d�montrer votre bonne foi magnifique, je vais dire ce qu'il y a dans les points de suspension.
Je rappelle : "Je dois ici avoir manqu� de vigilance et d'autorit�" et puis il y a trois points de suspension. Dans les trois points de suspension, j'ai �crit : "S'il �tait juste que la majorit� du Conseil de Paris s'exprime sur le droit, sur le respect de la parole donn�e et qu'elle demande en cons�quence l'annulation de la mesure d'extradition qui frappait BATTISTI, en revanche il est vraiment regrettable qu'elle ait exprim�e de la complaisance, voire de la sympathie pour son pass�".
Voil� ce qu'il y avait dans les points de suspension, ce qui change l�g�rement quand m�me ce que vous venez de dire ! Mais je laisse � Christophe CARESCHE le soin de r�pondre.
M. Christophe CARESCHE, adjoint. - Je voudrais tout d'abord me placer du point de vue de M. GALLAND, c'est-�-dire du point de vue de quelqu'un, manifestement favorable � l'extradition de M. BATTISTI. Si j'�tais � la place de M. GALLAND, je ne m'adresserai pas au Maire de Paris, mais au Ministre de l'Int�rieur ! Ma question serait la suivante : comment se fait-il que M. BATTISTI, plac� sous contr�le judiciaire, ait pu se soustraire aussi facilement � une d�cision de justice ? Voil� la question et, honn�tement, j'attends que le groupe de M. GALLAND � l'Assembl�e nationale la pose au Ministre de l'Int�rieur.
Pour ce qui concerne la Ville de Paris, je voudrais dire qu'il y a effectivement, et je crois qu'elles se sont exprim�es, des nuances, en tous cas des divergences d'appr�ciation, de position sur les raisons qui motivent la d�fense de M. BATTISTI. Ces nuances se sont d'ailleurs exprim�es tr�s clairement lors de la r�union qui s'est tenue dans je ne sais plus quel th��tre du 9e arrondissement, avec notamment la prise de position de Bernard HENRI-LEVY, dans laquelle je me reconnais de m�me, je pense, que le Maire de Paris.
Et donc ces nuances existent, ces diff�rences existent...
Elles se sont exprim�es, et elles s'expriment.
Mais nous nous retrouvons, les uns et les autres, pour dire que le Gouvernement actuel remet en cause les principes sur lesquels des gouvernements pr�c�dents, notamment ceux plac�s sous l'autorit� de Fran�ois Mitterrand, se sont fond�s pour emp�cher l'extradition de M. BATTISTI. Les choses sont extr�mement claires, extr�mement simples, et d'ailleurs elles sont...
Ecoutez, Monsieur GOASGUEN...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Poursuivez, Monsieur CARESCHE, car si vous vous arr�tez � chaque interruption...
M. Christophe CARESCHE, adjoint. - Mais M. GOASGUEN m'interrompt...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur GOASGUEN, voudriez-vous rire en silence.
M. Christophe CARESCHE, adjoint. - M. GOASGUEN m'interrompt encore une fois. Je pense que s'il avait le courage de poser la question au Ministre de l'Int�rieur, je pourrais alors consid�rer son interpellation comme �tant de bonne foi.
Je termine en disant que c'est la position du Gouvernement actuel, remettant en cause des principes auxquels nous sommes attach�s et qui avaient �t� respect�s par les gouvernements plac�s sous l'autorit� de Fran�ois Mitterrand, qui nous rassemble. C'est pourquoi nous avons vot� ce v?u.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Christophe CARESCHE.
La parole est donn�e � M. GALLAND.
M. Yves GALLAND. - Monsieur le Maire, admirable mais pas convaincant. Premi�re...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Sur aucun sujet on n'arrive � vous convaincre.
M. Yves GALLAND. - Si, si, �a arrive. Il nous arrive m�me, vous l'aurez probablement observ�, de voter avec l'Ex�cutif.
Monsieur le Maire, je n'ai pas �t� convaincu, je n'avais aucune intention d'occulter votre citation, mais la citation int�grale telle que vous l'avez donn�e ne me para�t pas aller du tout � l'encontre de ce que vous indiquez et de ce que j'ai dit. Au contraire.
Quant � M. CARESCHE, je voudrais lui dire simplement ceci. Il a tort, nous n'avons jamais indiqu� ici que nous �tions favorables - B.M.O. -, chers coll�gues, � l'extradition de M. BATTISTI. Jamais !
Nous avons toujours dit une seule chose, c'est que nous ne souhaitions pas que le politique se substitue au judiciaire ! Il y a une s�paration des pouvoirs dans ce pays et nous pensons qu'il faut nous y tenir avec une extr�me fermet�.
Par ailleurs, nous avons eu des vraies divergences d'appr�ciation, Monsieur le Maire, et sur ces vraies divergences d'appr�ciation, je regrette que vous n'ayez apport� aucune r�ponse puisque vous avez quand m�me vot� le 1er mars la protection de la Ville de Paris pour M. BATTISTI et que nous ne savons toujours pas ce que cela repr�sente et quels sont les �l�ments que vous pouvez nous donner aujourd'hui sur la protection pratique que vous avez apport� � M. BATTISTI qui a disparu.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Alors, je voudrais comprendre, mais nous allons passer au Conseil g�n�ral.
Tout � l'heure, un de nos coll�gues a parl� de "j�suitisme", s'adressant bien s�r � M. CARESCHE. Mais je viens d'entendre M. GALLAND dire : "Je n'ai jamais dit que j'�tais pour l'extradition". Donc je me demande � qui s'appliquait ce qualificatif.
Je vais �tre clair, Monsieur GALLAND.
(Rires).
Je vais �tre clair car vous avez tent� de faire un petit coup, et ce faisant, vous avez renforc� la campagne de publicit� pour un livre. Je vous en remercie mais votre mauvaise foi est d�montr�e puisque vous avez fait sauter de votre citation l'essentiel.
Qu'est-ce qui est �crit dans le livre ? Et je vais �tre bref. "Je suis en d�saccord avec certains moyens qui utilisent la violence dans les luttes politiques". Voil� de quoi je parle � ce moment-l�.
Et qu'est-ce que je dis � propos de ce qu'a fait le Conseil de Paris ? Je dis : "La majorit� du Conseil de Paris a eu raison de d�fendre le droit et le respect de la parole donn�e".
A propos de respect de la parole donn�e, je voudrais quand m�me faire remarquer que ce que sont plusieurs gouvernements de droite et de gauche qui ont respect� cette parole. En revanche, j'introduis une nuance, et je l'assume, Monsieur GALLAND, parce que le temps des clans qui marchaient comme cela au canon, le petit doigt sur la couture du pantalon, c'est termin� � la Mairie de Paris. Maintenant, on dit ce qu'on pense !
Oui ce que j'assume, Monsieur GALLAND, c'est que j'ai une diff�rence d'appr�ciation avec des amis politiques et personnels et que je n'ai aucune sympathie, je vous le dis, ni pour la personne ni pour le pass� militant de M. BATTISTI. Mais que j'ai de la sympathie ou pas pour son pass� militant, son droit et le respect de la parole donn�e ce n'est pas n�gociable ; c'est ce qu'a vot� le Conseil de Paris, et je l'approuve.
Quant � savoir les sympathies que nous avons et les propos que nous tenons, chacun est libre, et je n'ai aucune envie de "caporaliser" la majorit� municipale.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen, communiste et "Les Verts").
Mme Catherine G�GOUT. - Personne n'a parl� de sympathie.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Mais bien s�r que si, Madame G�GOUT. Je vous communiquerai de nombreuses d�clarations de plusieurs �lus y compris socialistes. Et c'est plus que de la sympathie.
Ch�re, Madame G�GOUT, vous exprimez des d�saccords, permettez que je pense encore et que j'ai des convictions. Et quand je suis en d�saccord avec vous, j'en ai autant le droit que vous de m'exprimer.
Et oui, des �lus, y compris socialistes, communistes, "Verts", ont exprim� de la sympathie pour l'action de BATTISTI. Pas moi. Voil�.
Et maintenant, nous passons � nos travaux en formation de Conseil g�n�ral.
La s�ance est suspendue.

Septembre 2004
Débat
Conseil municipal
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