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2010, II - Question d'actualité posée par le groupe U.M.P.P.A. à M. le Maire de Paris relative à l'engagement de la Municipalité pour l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question d'actualit� pos�e par le groupe U.M.P.P.A.

La parole est � Mme Marie-Claire CARR�RE-G�E.

Mme Marie-Claire CARR�RE-G�E. - Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur le Maire, il y a un peu plus de deux ans, le 26 mai 2008, votre communication en Conseil de Paris valait un milliard. Vous souhaitiez faire du plan d'investissement pour l'enseignement sup�rieur, la recherche et l?innovation l?une des priorit�s d'action de votre seconde mandature. Vous aviez ainsi annonc� 1 milliard d'euros sur six ans, ne reculant d'ailleurs devant aucune audace - je vous cite : "1 milliard qui en l�vera un second, en stimulant et en mobilisant les efforts de nos partenaires : Europe, Etat, R�gions, acteurs financiers et �conomiques".

Monsieur le Maire, si vous le permettez, avant d'�voquer le second milliard, revenons sur le premier, le v�tre, celui qui devait permettre � Paris de financer, entre autres, 4.000 logements �tudiants, 55.000 m�tres carr�s de p�pini�res et d?incubateurs, de donner une dimension m�tropolitaine � la politique universitaire ou d'am�liorer les conditions de travail et la qualit� de vie des �tudiants et des chercheurs parisiens.

Cette communication si ambitieuse ne comportait malheureusement aucune pr�cision budg�taire chiffr�e. Il a fallu attendre le mois d'octobre suivant pour conna�tre une r�partition toute th�orique, par votre adjoint M. MISSIKA, soit 907 millions d'euros en investissement et 171 millions d'euros en fonctionnement.

Depuis, o� en est-on ? Quelle est, Monsieur le Maire, la r�alit� budg�taire et programmatique de ces annonces ? Existe-t-il un PIPP universitaire, qui serait un v�ritable instrument de pr�vision et de suivi budg�taire, notamment pour l?ensemble de la vie �tudiante, le logement et les bourses ? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les dotations annonc�es en octobre 2009 ne se retrouvent pas dans le budget primitif 2010, dans lequel le volet investissement pour l?innovation, la recherche et l?enseignement sup�rieur totalisait � peine 42 millions d'euros ?

Quant au budget suppl�mentaire du mois de juillet, qui invoque - je cite - "la pr�paration de l?avenir, une dynamique d?innovation", les dotations effectu�es en secteurs strat�giques n'arrivent qu?en 11e position sur 13, tout juste avant celles consacr�es au sport, ne recueillant que 1,2 million d'euros. Si on compare aux investissements pr�vus pour les op�rations Jean Bouin ou Les Halles, qui totalisent pr�s de 1 milliard, les Parisiens appr�cieront, je crois.

Ils appr�cieront �galement votre r�action, pour le moins st�rile, � l'annonce du campus Paris-Saclay par le pr�sident de la R�publique, avec une dotation de 850 millions d'euros, alors qu'il s'agit d'un projet dont d�pend l'avenir de la France.

En effet, la v�ritable ambition est l� : �riger le campus de Paris-Saclay en un p�le scientifique et technologique pluridisciplinaire, dans la lign�e des meilleurs campus mondiaux : le MIT, Stanford ou Cambridge.

A la lumi�re de votre r�action face � l?effort sans pr�c�dent que r�alise l?Etat en mati�re d'investissement dans l?enseignement sup�rieur � Paris, doit-on en conclure, Monsieur le Maire, que le secteur de M. MISSIKA, qui devrait �tre le v�tre �galement, demeure le parent pauvre de la politique d'investissement municipale ?

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je sens que la r�ponse de M. MISSIKA va �tre dynamique !

M. Jean-Louis MISSIKA, adjoint. - D'abord, je voudrais commencer par citer M. Jean-Fran�ois LAMOUR. Il a dit ce matin : "Il y a des moments dans la vie politique o� il faut savoir d�passer les clivages."

Je constate que la v�rit� politique du matin n'est pas celle de l'apr�s-midi et que le caract�re pol�mique de la question n'est pas du tout � la hauteur du sujet enseignement sup�rieur, recherche et innovation.

Il y a deux aspects dans votre question : l?un concerne le milliard et l?autre la politique de l'Etat dans le domaine de Saclay. Je vais donc, si vous le voulez bien, r�pondre sur les deux points.

Sur la question du milliard, nous avons d�j� communiqu� un certain nombre d'�l�ments. Je pourrai vous les recommuniquer, si vous le souhaitez. Vous avez une mani�re de calculer qui me para�t totalement erron�e, puisque vous laissez de c�t�, par exemple, l'investissement dans le logement �tudiant lorsque vous regardez la ligne budg�taire enseignement sup�rieur et recherche. Vous oubliez que, dans le calcul que nous avons fait, et nous l'avons toujours dit, la dimension de dotation fonci�re �tait prise en compte. Je maintiens donc que nous aurons, d'ici l� fin de la mandature, investi 1 milliard et peut-�tre m�me un petit peu plus, de la fa�on suivante :

- 425 millions d'euros d'investissement dans l'enseignement sup�rieur, dont 237 millions d'euros pour le foncier universitaire. Je vous signale au passage, par exemple, que nous avons une n�gociation en cours, complexe mais importante, avec le minist�re de l'Enseignement sup�rieur concernant la cit� universitaire dans laquelle la Ville de Paris risque, si cette n�gociation va jusqu'au bout, de proposer 150 millions d'euros de foncier pour la construction de logements �tudiants ;

- 188 millions d'euros pour le financement?

Excusez-moi ! Je ne vous ai pas interrompue, Madame !

M. LE MAIRE DE PARIS. - Si vous voulez la r�ponse, il faut peut-�tre pouvoir l?entendre.

M. Jean-Louis MISSIKA, adjoint. - Ce sont 188 millions d'euros pour le financement de l?immobilier et des �quipements universitaires.

J'en viens maintenant � la partie recherche et innovation. Oui, nous ferons les 55.000 m�tres carr�s d'incubateurs et de p�pini�res, ce qui portera l'effort sur deux mandatures � 100.000 m�tres carr�s. Cet investissement repr�sente 100 millions d'euros et cet investissement est dans le P.I.P.P.

Dans ce chiffre, je citerai des dotations particuli�res pour un certain nombre de projets qui totalisent un montant global d'investissement de 47 millions d'euros : l'Institut d'�tudes avanc�es, l'Institut du cerveau et de la moelle qui a �t� inaugur� vendredi, l'Institut de la vision, l?Institut Imagine, l'Institut Pasteur, l'Institut Langevin. Je peux vous donner, si cela vous int�resse, l'ensemble des dotations qui sont pr�vues ou qui ont d�j� eu lieu pour ces diff�rents instituts.

Au passage, je note que si le Ministre de la Sant� se pr�cipite pour inaugurer l'Institut du cerveau et de la moelle, la dotation de l'Etat est largement inf�rieure � celle de la Ville et de la R�gion pour l'installation de l'Institut du cerveau et de la moelle sur le site de la Piti�-Salp�tri�re.

Nous avons dot� de 31 millions d'euros le fonds "Paris Innovation Amor�age", le Paris Lab et les pr�ts d'honneur. Ce sont 36 millions d'euros pour les p�les de comp�titivit�.

Quant � la recherche, en fonctionnement, nous aurons d�pens� 171 millions d'euros au cours de la mandature, je vous recommande d'aller voir, par exemple, sur le site de la Ville les annonces que nous faisons en ce qui concerne les diff�rents programmes de recherche, que ce soit "Research in Paris" dont la capacit� d'accueil a �t� doubl�e (1,7 millions d'euros par an) ou le programme "Emergence(s)" cr�� en 2009 (1,8 millions d'euros en 2010).

Nous avons �galement, comme vous le savez, un certain nombre d'�coles d'ing�nieurs dont nous avons la charge, qui repr�sentent une d�pense qui d�passera les 100 millions d'euros sur la mandature, je pense notamment � l'E.S.P.C.I. qui est l'�cole des prix Nobel, et � l'Ecole des ing�nieurs de la Ville de Paris.

Il y a 222 millions d'euros sur le logement �tudiant, dont Didier GUILLOT a la charge, qui se compose de 180 millions d'euros pour le logement proprement dit et de 42 millions d'euros pour la vie �tudiante.

Je ne passerai pas en d�tail l'ensemble de ces �l�ments, mais je vous invite � faire les additions, vous verrez que le milliard est pr�sent.

J'en viens maintenant � notre r�action sur la question de Saclay et du discours du Pr�sident de la R�publique � propos de Saclay. La Ville de Paris a toujours soutenu, et le Maire de Paris a toujours soutenu, l'installation d'un grand campus technologique et scientifique � Saclay. Ce que nous reprochons aujourd?hui au Gouvernement et au Chef de l?Etat, c?est l'absence totale de concertation et le non-respect d'un certain nombre d'engagements.

Je prends deux exemples. Le premier exemple, c'est que deux grandes �coles install�es � Paris (l?Ecole des Mines et T�l�com Paris Tech, l?une est dans le 5e arrondissement et l'autre dans le 13e arrondissement) avaient d�velopp� des projets scientifiques et p�dagogiques de double implantation, � Paris et Saclay.

Ces projets avaient �t� valid�s par les conseils scientifiques et les conseils d'administration de ces �coles, et valid�s par le Minist�re de tutelle, en l'occurrence Mme LAGARDE qui est �galement conseill�re de Paris. Tout cela a �t� balay� d'un revers de main par le Pr�sident de la R�publique, lors de son discours de Saclay, puisqu'il a annonc�, � la surprise g�n�rale, que ces deux �tablissements allaient d�m�nager en totalit� sur le campus de Saclay.

Le second reproche que nous faisons au Pr�sident de la R�publique n'est pas d'avoir un grand projet ambitieux pour Saclay, parce que cela nous le partageons. Le second reproche que nous lui faisons est que ce projet ambitieux pour Saclay ne se double pas d?un projet ambitieux pour Paris. Il a prononc� une phrase malheureuse en disant que Paris n?avait pas les moyens, compte tenu du prix du m�tre carr�, d?�tre un campus scientifique de dimension mondiale, alors que Paris l?est depuis au moins six ou sept si�cles.

D?autre part, il a annonc� que pour financer le d�m�nagement des �coles d?ing�nieurs sur Saclay, les b�timents seraient vendus. Cela repr�sente pr�s de 100.000 m�tres carr�s, au coeur du quartier latin, d'�tablissements consacr�s � l'enseignement sup�rieur et � la recherche, qui seraient vendus � l?encan pour financer le d�m�nagement des �coles sur Saclay.

Je dois dire que m�me quand on est un �lu U.M.P., � partir du moment o� on est un �lu parisien, je ne vois pas comment on ne peut �tre choqu� par une d�marche pareille. Il est contradictoire de dire que l?on veut aider Paris � faire son d�veloppement scientifique et universitaire, et que ces b�timents seront vendus, parce que ces b�timents devraient accueillir les grands projets scientifiques et universitaires, dont sont porteuses les universit�s parisiennes.

Je pense, par exemple, � l?IRT Vie num�rique. Je pense, par exemple, au p�le chimie, qui est port� par Paris Sciences et Lettres et qui demande � �tre install� dans les locaux de la rue Claude-Bernard. Si tout cela �tait n�goci� entre nous et l'Etat, je peux vous dire que le climat serait profond�ment diff�rent entre la Ville et l'Etat, entre la Ville et l?Elys�e, en mati�re de politique scientifique et universitaire.

Mais j?insiste sur un point essentiel?

M. LE MAIRE DE PARIS. - C?est excellent, mais il faut conclure maintenant.

M. Jean-Louis MISSIKA, adjoint. - Tous les �lus parisiens, pour reprendre la phrase de M. LAMOUR, quelle que soit leur �tiquette politique, devraient �tre unis dans cette bataille pour conserver les m�tres carr�s scientifiques dont nous avons absolument besoin pour le d�veloppement du territoire parisien.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du Parti de Gauche et "Les Verts").

M. LE MAIRE DE PARIS. - Si vous y tenez...

Mme Marie-Claire CARR�RE-G�E. - Je suis s�re que M. MISSIKA y tient vraiment en v�rit�, parce que je crois que, sur la premi�re partie de ma question, il n'a pas �videmment apport� de r�ponse parce que ce n'est pas possible.

Je crois que je vous rends un grand service, Monsieur MISSIKA, et que vous pourrez faire valoir le fait que nombre d'�lus veillent au grain sur cet important engagement du Maire de Paris. Et cela, pas seulement pour vos beaux yeux, Monsieur MISSIKA, mais parce que l'avenir de la jeunesse et de la recherche universitaire � Paris est en jeu.

Pour d�fendre votre secteur, Monsieur MISSIKA, vous pourrez dire au Maire que je reviendrai � la charge, si les engagements ne sont pas tenus. Vous m'avez r�pondu en citant beaucoup de chiffres. Vous avez additionn� quarante fois la m�me chose, etc. Vous avez fait ce que vous pouviez, mais vous savez tr�s bien que les engagements qui ont �t� pris dans le budget ne sont pas suffisants pour tenir les engagements pr�vus.

Quant � l'action de l'Etat que vous avez �voqu�e �galement, vous savez que cet engagement est plus qu'op�rationnel, il ob�it � une priorit� absolue qui est celle de participer le plus efficacement possible � la recomposition du paysage universitaire parisien.

Je citerai, par exemple, le projet Condorcet Paris Aubervilliers, qui a �t� dot� de 450 millions d'euros en 2009. Val�rie P�CRESSE l?a redit lors de l'inauguration de la partie ouest de Jussieu le 10 mai et encore le 4 juin : l'Etat a d�bloqu� 40 millions d'euros pour financer l?achat de 10 hectares n�cessaires au lancement des travaux.

Une telle politique se fait avec des moyens. Outre les 700 millions d'euros attribu�s aux �tablissements parisiens par l?op�ration Campus, l'Etat s'engage � investir 1,7 milliard d?euros sur la p�riode 2007-2013. Au total, ce sont 2,4 millions d'euros que l?Etat investit d�s � pr�sent dans l'enseignement sup�rieur de la Capitale.

Voil�, Monsieur MISSIKA, je crois que nous partageons les m�mes objectifs. Ma question n'a rien de pol�mique, ma question vise � faire en sorte que vos engagements soient tenus, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Vous le savez parfaitement, Monsieur MISSIKA, et dites-moi un grand merci.

(Rires).

M. LE MAIRE DE PARIS. - C'est peut-�tre beaucoup nous demander.

Nous tiendrons tous nos engagements.

Non, tu n?as pas le droit de reparler. Je suis d�sol�. Moi, j?ai le droit parce que le Code des collectivit�s locales? Je n'en abuse pas.

Nous tiendrons tous nos engagements. Vous savez que Jean-Louis MISSIKA veille � ce que je les tienne pr�cis�ment dans ce domaine aussi.

Par ailleurs, si vous pouviez nous aider � convaincre l'Etat de ne pas vendre de terrains et de b�timents universitaires � Paris, ce serait bien. L�, je pense que l'on pourrait faire du bon boulot ensemble.

Septembre 2010
Débat
Conseil municipal
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