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2012 DASES 595 G - Subvention et avenant à convention (20.000 euros) avec l'association SAFE (15e).


M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Nous passons � l'examen du projet de d�lib�ration DASES 595 G relatif � l'attribution d'une subvention de 20.000 euros � l'association "SAFE", dans le 15e arrondissement. La parole est � Mme WIEVIORKA.

Mme Sylvie WIEVIORKA. - Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur le Pr�sident, chers coll�gues, � Paris, on estime que 12.000 personnes consomment des drogues par voie intraveineuse. Au-del� de tout jugement de valeur morale, il s'agit d'une question de sant� publique, � laquelle nous, responsables politiques, devons r�pondre. C'est une pratique � haut risque sanitaire, car chaque �tape de la pr�paration et de la r�alisation de l'injection peut favoriser la transmission des virus, notamment ceux de l'h�patite C et du VIH ainsi que de bact�ries ou de champignons.

Engag�e depuis plus de trente ans dans la r�duction des risques aupr�s des usagers de drogues, notamment des risques de contamination par l'h�patite C et le Sida, l'association "SAFE" a mis en place depuis une dizaine d'ann�es un programme d'�change de seringues.

Ce dispositif a r�duit tr�s efficacement les risques, notamment de contamination par le virus du Sida. En 1999, selon une �tude de l'Institut de recherche en �pid�miologie de la pharmacod�pendance, le taux de pr�valence du VIH chez les usagers de drogues se rendant aux distributeurs d'�change de seringues �tait pass� � 20�% alors qu'il �tait de 40�% quatre ans plus t�t.

Principal gestionnaire des automates distributeurs et r�cup�rateurs de mat�riels d'injection, l'association "SAFE" a souhait� aller plus loin dans son action. Depuis 2011, et afin de mieux conna�tre les pratiques des usagers, elle m�ne des �tudes sur les r�sidus de drogues pr�sents dans les seringues usag�es que les consommateurs restituent en contrepartie de la d�livrance de trousses de pr�vention d�nomm�es kit.

Pour cela, l'�quipe "SAFE" r�cup�re chaque mois des pr�l�vements al�atoires de seringues usag�es sur dix-sept sites de la R�gion parisienne, dont onze � Paris. Cofinanc�e par le D�partement de Paris et le Conseil r�gional d'Ile-de-France, les premiers r�sultats de cette action montrent que la bupr�norphine, la coca�ne et l'h�ro�ne sont les produits les plus fr�quemment consomm�s et qu'il existe notamment une forte pr�sence de produits m�lang�s.

Or, certains m�langes retrouv�s, comme bupr�norphine plus h�ro�ne ne peuvent pas �tre inject�s simultan�ment. Ceci implique donc que certaines seringues sont r�utilis�es, voire partag�es par les utilisateurs favorisant ainsi les contaminations.

Si le taux de pr�valence du VIH chez les usagers de drogues ainsi que le nombre d'overdoses ont consid�rablement diminu�, les risques de contamination par les h�patites B et C, beaucoup plus nombreuses, demeurent �lev�s et imposent de nouvelles actions. Ces h�patites sont responsables de 8.000 contaminations et de 4.000 morts par an avec des taux de pr�valence d'h�patite C allant de 70 � 90�% chez les usagers de drogues, auxquels on doit ajouter un risque important de contamination puisque environ un tiers des contamin�s l'ignorent. Les risques sanitaires encourus par l'h�patite C ne doivent donc pas �tre sous-estim�s. Si le Sida est consid�r� aujourd'hui comme une maladie extr�mement grave, les h�patites, qui sont encore � l'heure actuelle moins reconnues comme telles, se terminent par des cancers et des d�c�s. Pour approfondir et am�liorer ces actions de pr�vention, l'association "SAFE" souhaite mettre en place de fa�on exp�rimentale une surveillance �pid�miologique des usagers de drogues par voie intraveineuse en Ile-de-France, en �largissant l'�tude aux contaminations du mat�riel d'injection par les virus des VIH et des h�patites. Gr�ce � ces r�sultats, des liens pourront �tre faits entre les r�sultats des analyses et les pratiques de consommation observ�es sur le terrain, suivant le lieu et le temps. Des actions, visant � am�liorer l'acc�s aux soins et � r�duire la mortalit� directement li�e � l'usage de drogues, pourront alors voir le jour. L'ouverture de salles de consommation � moindres risques qui, comme l'a rappel� Mme Marisol TOURAINE jeudi dernier ne doit pas �tre un enjeu partisan mais bien un enjeu de sant� publique, me semble �tre l'ultime �tape dans notre d�marche de pr�vention. Je le rappelle ici, ces salles ont un impact positif � la fois pour les usagers de drogues mais aussi pour les riverains. En permettant d'entrer en contact avec un groupe hautement probl�matique de consommateurs de drogues, elles assurent un accompagnement vers le soin, favorisent l'insertion sociale des usagers de drogues marginalis�s tout en permettant d'assurer une meilleure tranquillit� publique pour les riverains. Au lieu de s'injecter sur la voie publique, dans des conditions d'hygi�ne effroyables, les consommateurs de drogues le feront dans les salles, ce qui limitera les tensions avec les riverains. Le taux de morbidit� et les risques de mortalit�, ainsi que les nuisances li�es � la consommation de drogues en public, seront donc consid�rablement r�duits. Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, le pr�sent projet de d�lib�ration n'organise pas l'ouverture d'une salle de consommation pour les usagers de drogues parisiens, c'est un autre d�bat. L'action de "SAFE" a pour objet d'�clairer les acteurs et les d�cideurs impliqu�s dans la r�duction des risques li�s � l'usage des drogues, elle permettra, du moins je l'esp�re, d'affiner le moment venu l'�valuation de l'impact sanitaire de l'ouverture d'une salle de consommation de moindres risques dans la capitale. Je vous invite donc � voter cette subvention. Merci.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Merci, Madame WIEVIORKA. Je donne la parole � M. Jean-Marie LE GUEN qui vous r�pond.

M. Jean-Marie LE GUEN. - Merci, Monsieur le Pr�sident. Merci � Mme WIEVIORKA de cette intervention qui �tait tr�s structur�e, tr�s charpent�e. Elle qui nous rappelait combien certains, y compris dans cette Assembl�e, disaient au moment o� avaient �t� mis en place des distributeurs de seringues, que nous allions favoriser l'usage de la toxicomanie et que d'une certaine fa�on l'Etat allait intervenir pour fournir les moyens de l'injection et de la toxicomanie aux toxicomanes. Au final, la r�alit� a �t� d�montr�e, c'est cette politique-l� qui a sauv� des vies, c'est cette politique qui a diminu� l'impact sanitaire et qui fait qu'aujourd'hui les infections par le V.I.H., et en partie h�patites aussi, ont singuli�rement diminu�es chez les toxicomanes injecteurs. N�anmoins, et � la diff�rence peut-�tre encore des m�mes sur ces m�mes bancs, nous pensons qu'il y a encore de s�rieux probl�mes �pid�miologiques qui se posent, notamment en termes d'infections pour les raisons qu'a indiqu�es Mme Sylvie WIEVIORKA. Et il y a encore malheureusement des risques de diffusion, � la fois du V.I.H. et des h�patites. C'est pourquoi nous avons d�cid� d'une fa�on tr�s pragmatique, d'une fa�on tr�s volontaire et sans tabou, de mener les �tudes de terrain, en m�me tant que les �tudes scientifiques, qui nous permettent de mieux conna�tre les probl�mes li�s � ces �pid�mies. C'est pourquoi je me f�licite que nous pr�sentions ce projet de d�lib�ration et je vous invite �videmment � le voter en remerciant Mme WIEVIORKA de son intervention encore une fois tr�s �clairante sur ce sujet, mais nous aurons l'occasion d'y revenir bient�t.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Merci, Monsieur LE GUEN. Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 595 G. Qui est pour�? Contre�? Abstentions�? Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2012, DASES 595 G).

Octobre 2012
Débat
Conseil général
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