retour Retour

2006, DPJEV 82 - Attribution de la dénomination “Jardin Marie Trintignant” au square situé 17, rue de l’Ave-Maria (4e).


M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Nous commen�ons par examiner le projet de d�lib�ration DPJEV 82. Il s?agit d?attribuer la d�nomination ?Jardin Marie Trintignant? au square situ� 17, rue de l?Ave-Maria dans le 4e arrondissement.

Mme AZZARO a la parole et M. CONTASSOT r�pondra.

Mme Nicole AZZARO. - Il nous est demand� de voter un projet de d�lib�ration pour attribuer le nom de Marie Trintignant � un square dans le 4e arrondissement.

En soi, pourquoi pas ? Il y a tellement de lieux qui portent des noms d?hommes qu?attribuer un nom de femme serait presque justice et nous devrions tous nous en r�jouir.

Sauf que, l�, Monsieur le Maire, le choix de Marie Trintignant nous pose probl�me. La r�gle qu?un d�lai de cinq ans soit respect� apr�s son d�c�s pour pouvoir donner le nom d?une personne � un espace public, n?est pas respect�e ici.

En effet, trois ans se sont �coul�s depuis la mort de la com�dienne. Pouvez-vous me dire pour quelle raison ce d�lai est respect� pour les uns et pas pour les autres ?

Par ailleurs, le projet de d�lib�ration retrace la carri�re de la com�dienne et cite ses films et r�compenses. Bien entendu, comme tout le public, nous avons appr�ci� le talent de Marie Trintignant et pour �tre particuli�rement sensible au travail des com�diens je dois dire, et ce n?est rien enlever � Marie Trintignant, que bien d?autres jeunes com�diennes ont eu ou ont autant de talent qu?elle.

L� encore, Monsieur le Maire, pouvez-vous me donner la raison de ce choix ?

Il est dit dans la d�lib�ration, je cite, ?qu?elle d�c�de le 1er ao�t 2003 dans des circonstances tragiques?. Mais je me souviens de com�diennes magnifiques, Pascale Augier, Dominique Laffin, Pauline Laffont, par exemple, d�c�d�es jeunes et dans des conditions tragiques.

Alors pourquoi Marie Trintignant, encore une fois ? Serait-ce pour ce que la d�lib�ration ne mentionne pas ? C?est-�-dire parce que Marie Trintignant est morte battue � mort par son compagnon ? Serait-ce cela qui justifierait la d�lib�ration que vous nous proposez ?

Mais, Monsieur le Maire, tous les quatre jours, en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint. Le Journal du Dimanche du 10 septembre a rapport� qu?� Montfermeil Muriel avait �t� abattue par son ex-compagnon et que dans ce seul d�partement huit vies de femme avaient �t� supprim�es en huit mois.

Amnesty International qui a publi� une �tude le 8 f�vrier 2006 consacre une part importante de son action aux violences faites aux femmes, qui repr�sentent un grave probl�me de soci�t� et v�ritablement une affaire d?Etat.

Cette violence-l� est banale, ordinaire, elle touche toutes les femmes quels que soient leur �ge, origine, milieu. Cette vio-lence-l� est li�e � une discrimination fond�e sur l?appartenance sexuelle. Etre femme suffit pour �tre battue.

Rien dans la d�lib�ration ne dit que Marie Trintignant est embl�matique de cela.

C?est pour ces raisons que les �lus du groupe ?Les Verts? du 4e arrondissement, consult�s au mois de mai, avaient demand�, et pensaient avoir obtenu, le retrait de ce projet de d�lib�ration.

Monsieur le Maire, nous savons que vous �tes engag� dans un combat contre toutes les discriminations et le soutien aux associations qui luttent dans ce sens le prouve encore. L?action men�e par la Municipalit� est la seule mani�re de lutter contre ce fl�au et la meilleure mani�re de rendre hommage � la centaine de femmes qui, chaque ann�e, ici, en France, meurent sous les coups de leur compagnon. Elles toutes m�ritent qu?on leur rende un hommage public.

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Maire, nous nous abstiendrons de ce projet de d�lib�ration.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame AZZARO.

Je donne la parole � M. CONTASSOT.

M. Yves CONTASSOT, adjoint, au nom de la 4e Commission. - Merci.

Mme AZZARO pose une s�rie de questions dont je dirai que, pour un certain nombre, je n?ai pas les r�ponses puisque c?est une d�cision qui a �t� prise malgr� moi. Je l?ai d�j� dit, je consid�re que les squares ne devraient pas porter des noms de personnes, pour celui-ci comme pour d?autres. J?estime qu?il y a une fuite en avant pour attribuer des noms aux squares, dans la mesure o� cela g�ne beaucoup moins de monde que d?attribuer des noms aux rues puisqu?il faut, dans ces conditions, changer r�guli�rement les adresses.

Comme on ne le fait pas, on en est r�duit � trouver des carrefours pour honorer les gens, ce qui pose �videmment quelques questions.

Je ne suis pas d?accord pour cette d�nomination, comme pour les autres, car je pense que quoi qu?on en dise nous oublions une dimension tout � fait essentielle qui est le temps de l?Histoire. Et je crains fort que dans trente, quarante ou cinquante ans, ce nom, comme d?autres que nous allons attribuer ce matin, ne dise rien � aucune g�n�ration car nous choisissons des personnalit�s qui font peut-�tre sens sur une p�riode tr�s courte, mais qui font sans doute moins sens que le nom qui existe pour beaucoup de squares et qui retrace l?histoire des quartiers et qui me semble pr�f�rable pour trouver un sens � la ville et � ce qu?elle a �t� dans le pass�.

Pour Marie Trintignant, cette d�cision a �t� prise au plus haut niveau de la Ville, c?est un fait. Il est vrai que d?autres femmes, d?autres actrices, vous l?avez soulign�, sont victimes r�guli�rement de violences � Paris, comme ailleurs. J?aurais pr�f�r� que l?on trouve une mani�re d?honorer ces victimes, tout en poursuivant, vous l?avez dit �galement, la politique de lutte contre les discriminations qui est la seule mani�re r�elle, un jour, d?arriver � ce que nous n?ayons plus ce type de situations.

Voil� ce que je peux vous r�pondre.

Quant � la r�gle des trois ans, je ne sais pas si elle est tout � fait formelle. J?aimerais qu?un jour on puisse nous le dire ; je n?ai pas de trace �crite de cette r�gle. Je pense que c?est plus une coutume qu?autre chose.

Mais, en tout �tat de cause, il est bon de se donner un d�lai avant de prendre une d�cision, de fa�on � avoir un peu de recul par rapport � des �v�nements.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur CONTASSOT.

Une explication de vote de Mme G�GOUT.

Mme Catherine G�GOUT. - Je suis enti�rement d?accord avec ce que dit M. CONTASSOT sur la n�cessit� de se donner un peu de temps et de ne pas attribuer des noms de rues ou de jardins en fonction de l?actualit� un peu chaude.

D?autre part, je m?associe �galement � ce qui a �t� dit concernant Marie Trintignant. Bien s�r, cela n?a rien � voir avec sa personne qui a eu un destin tragique, mais concernant la r�gle des cinq ans, je pense qu?il n?y a aucun probl�me pour ne pas l?appliquer lorsqu?il s?agit de personnalit�s ayant eu un r�le �minent dans l?histoire de Paris, et nous en avons cit� je crois � cette s�ance. Je crois cependant qu?il faut s?abstenir quand ce n?est pas le cas, car on arrive � un d�luge de propositions. Pourquoi l?une et pas l?autre ? Elles sont toutes bonnes et, finalement, aucune n?est bonne car il n?y a pas la place pour cela.

Notre repr�sentante au Conseil du 4e arrondissement avait vot� contre ce projet de d�lib�ration et nous voterons contre �galement.

Je vous remercie.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame G�GOUT.

Je donne la parole � M. Georges SARRE pour une explication de vote.

M. Georges SARRE, pr�sident du groupe du Mouvement r�publicain et citoyen, maire du 11e arrondissement. - Quelques mots, Monsieur le Maire, pour dire tout d?abord que ce qui a �t� dit � propos de ce qui nous r�unit en ce moment pour d�battre m�rite en effet interrogation. Car le drame qui a occasionn� la mort de Marie Trintignant, le contexte national et europ�en dans lequel tout cela s?est d�velopp� montrent que la pr�cipitation n?est peut-�tre pas la meilleure des solutions.

Donc je consid�re que nous aurions pu utilement nous abstenir et je me demande encore ce que je vais voter.

Il se peut que je vote contre et que mon groupe s?abs-tienne. Mais, tr�s franchement, cela me para�t un peu h�tif.

En revanche, je suis en d�saccord avec l?adjoint quand il dit qu?il ne faut pas donner des noms de personne aux squares. Pourquoi donc ? Que, dans certains cas, on h�site et on r�fl�chisse, de toute fa�on c?est l?histoire qui juge et qui tranche. Si, � un moment donn�, le Conseil de Paris d�cide que tel square peut s?appeler de telle fa�on, il me semble que tout cela est normal. Il ne peut pas y avoir d?interdit. Cela peut �tre un chanteur, cela peut �tre un philosophe, cela peut �tre un militaire, un brave homme, peu importe.

Oui, ils sont rares !

Le Conseil de Paris peut statuer mais partir d?un postulat qu?on ne donne pas de nom de personne aux squares me para�t quelque chose qui ne r�siste pas non plus � l?analyse.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur SARRE.

Mme STIEVENARD veut intervenir sur ce cas tr�s symbolique.

Mme Gis�le STIEVENARD, adjointe. - Je trouve opportun que le nom de Marie Trintignant soit donn� � un square � Paris.

J?attire l?attention sur le fait que les violences conjugales et les violences domestiques sont en effet un fl�au dans ce pays. Symboliquement, cela me para�trait malheureux de rejeter le projet de d�lib�ration pr�sent�.

Par sagesse, je proposerais qu?on le retire de l?ordre du jour et qu?on prenne le temps d?en discuter entre les diff�rents groupes de la majorit� car il serait vraiment tr�s f�cheux de le rejeter.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Monsieur CONTASSOT ?

M. Yves CONTASSOT, adjoint, rapporteur. - J?ai entendu l?ensemble des groupes de la majorit� exprimer leurs h�sitations et leurs interrogations. Je demande 5 minutes de suspension de s�ance, si vous le voulez bien, Monsieur le Pr�sident.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - 5 minutes de suspension de s�ance � la demande de l?Ex�cutif.

Septembre 2006
Débat
Conseil municipal
retour Retour