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2009, Vœu déposé par le groupe socialiste, radical de gauche et apparentés relatif à l'interdiction d'un rassemblement de catholiques intégristes dans le square Louise Michel. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" visant à ce que le square Louise Michel demeure ouvert le lundi de Pentecôte.


M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Nous allons examiner les v?ux nos 67 et 68 relatifs � un rassemblement de catholiques int�gristes dans le square Louise-Michel.

Le v?u n� 67 a �t� d�pos� par le groupe socialiste, radical de gauche et apparent�s et s'adresse � M. le Pr�fet de police.

Le v?u n� 68 a �t� d�pos� par le groupe "Les Verts".

Je donne la parole � M. le Maire Daniel VAILLANT.

M. Daniel VAILLANT, maire du 18e arrondissement. Chaque ann�e, � la Pentec�te, un p�lerinage de Chartres � Paris est organis� par l'association "P�lerinages de Tradition". Cette organisation est, selon ses propres termes, une �manation directe de la Fraternit� Saint Pie X, qui rassemble des fid�les de Mgr LEFEBVRE et des autres �v�ques excommuni�s par Jean-Paul II en 1988.

Ce p�lerinage s?ach�ve le lundi de Pentec�te au pied de la Basilique de Montmartre. Celle-ci leur �tant ferm�e, les participants obtiennent chaque ann�e de se rassembler pour c�l�brer une messe au square Willette d'abord et, depuis que j?ai propos� qu?il change de nom, au square Louise Michel, au pied de la Basilique.

Cette manifestation a toujours �t� autoris�e par la Ville de Paris. La municipalit� du 18e estime qu?il est temps de revenir sur cette autorisation qui r�sultait d'un manque de vigilance, que je nous et que je me reproche, compte tenu des informations que j'ai recueillies depuis sur cette manifestation et ses organisateurs. J'ai d'ailleurs donn� un avis n�gatif avant m�me que le v?u ne soit examin� en mairie du 18e arrondissement.

La Fraternit� Saint Pie X, je ne vais pas d�velopper, s'est construite en opposition � l'�glise catholique en pleine �volution � la suite de Vatican II.

M�me si la Fraternit� Saint Pie X se d�fend d?engagement politique, son discours, ses pratiques et ses ramifications classent indiscutablement cette organisation dans la mouvance de l'extr�me droite int�griste, avec de forts relents antis�mites.

Quelques exemples :

- le 25 juillet 1996, une messe est c�l�br�e en l?honneur du milicien Paul Touvier � l?�glise Saint-Nicolas du Chardonnet, rep�re de la Fraternit� Saint Pie X. A cette occasion, l'abb� Philippe LAGU�RIE lui rend hommage en �voquant "une �me d�licate, sensible et nuanc�e".

- La Fraternit� Saint Pie X a organis� plusieurs p�lerinages � l'�le d?Yeu sur la tombe de P�tain, comme le 22 septembre 2007 au cours duquel l'abb� R�gis de CACQUERAY, sup�rieur du District de France de cette Fraternit� et directeur g�n�ral de l?association "P�lerinages de tradition", compare le combat du Mar�chal P�tain pour la France � celui de Monseigneur LEFEBVRE pour l'�glise.

- le 22 janvier 2009, l'un des responsables de la Fraternit� Saint Pie X, Richard WILLIAMSON, tient des propos n�gationnistes lors d?un entretien t�l�vis�. Alors que la Fraternit� Saint Pie X tente de se d�marquer des propos de WILLIAMSON, le responsable de la Fraternit� pour le Nord-est de l'Italie, Floriano ABRAHAMOWICZ, d�clare le 29 janvier qu'� sa connaissance les chambres � gaz ont servi "� d�sinfecter", ajoutant "ignorer si elles ont caus� des morts ou non".

- le site Internet de la Fraternit� Saint Pie X recense parmi ses "associations amies" l'organisation Civitas. Celle-ci, qui se situe ouvertement � l'extr�me droite, est dirig�e par Alain ESCADA, l?un des responsables de la Fraternit� Saint Pie X en Belgique. Sur son site, Civitas publie un communiqu� de presse en date du 24 novembre 2008 consacr� � l'�lection de Simone VEIL � l'Acad�mie fran�aise. Extraits : "Qu'une femme rescap�e des camps de la mort promeuve la l�gislation du meurtre par avortement de millions de petits Fran�ais devrait faire sourire si l'horreur ne l'interdisait. Ces millions d'enfants massacr�s auraient bien voulu survivre eux aussi. Les camps de la mort nazis auront moins tu� que les avortoirs l�galis�s par la loi VEIL".

Compte tenu de ces �l�ments, il serait particuli�rement regrettable de mettre le square Louise-Michel � la disposition de la Fraternit� Saint Pie X le 1er juin 2009 pour lui permettre d?y c�l�brer une messe int�griste v�hiculant son discours de haine.

En revanche, bien s�r, j'ai toujours donn� et continuerai de donner un avis favorable pour la procession du Cardinal Archev�que de Paris en direction du Sacr�-Coeur. Vous savez mes positions sur les �glises, ayant �t� un Ministre des Cultes totalement tol�rant et respectueux de la libert� individuelle de conscience et de religion dans notre pays.

Mais pour ceux-l�, moi, ma r�ponse est "non".

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur le Maire.

La parole est � Sylvain GAREL.

M. Sylvain GAREL. - Apr�s cette forte intervention de Daniel VAILLANT, que je salue particuli�rement, il n'y a plus grand-chose � ajouter.

Si j'ai d�pos� ce v?u en mairie du 18e, et j'ai �t� d'ailleurs tr�s satisfait qu'il ait �t� vot� par toute la gauche, et m�me qu?une partie de la droite se soit simplement abstenue, c'est effectivement qu'il est insupportable que l'un des plus grands espaces verts du 18e, le lundi de la Pentec�te, soit occup� par des gens qui tiennent de tels propos.

Je vous rappelle aussi que cette Fraternit� Saint Pie X squatte depuis plus de 30 ans Saint-Nicolas du Chardonnet, que notre Conseil a demand� � notre initiative, � plusieurs reprises, et a vot� pour qu'ils soient expuls�s de ce lieu o� ils prof�rent ce genre de d�clarations.

Je vous rappelle aussi que, suite � une intervention que j'avais faite, ils ont �t� condamn�s parce que leur bulletin contenait des articles islamophobes et antis�mites, que, dans leur demande - et ce n?est sans doute pas un hasard - d'autorisation, ils ne parlent pas du square Louise-Michel, mais du square Willette, de son ancien nom. Willette �tait, comme le savent sans doute certains ici, un antis�mite notoire. Et que, en plus, lorsque vous vous rendez dans ce square, le lundi de Pentec�te, ce qui m?est arriv� � plusieurs reprises, on s'aper�oit que vous avez l�, � c�t� de gens qui sont venus pour des motifs religieux, des militants d'extr�me droite connus et certains sans doute qui fr�quentent la rue de Javel dont nous parlions tout � l'heure et qui assurent un service d'ordre tr�s muscl� � cette op�ration.

Sur Paul Touvier, c?�tait tr�s bien, la citation qui a �t� faite, mais je voudrais rajouter un petit mot qu?a dit l'abb� Philippe LAGU�RIE : apr�s avoir effectivement parl� de "l'�me sensible, d�licate" et m�me "nuanc�e" du seul Fran�ais qui a �t� condamn� pour crime contre l?humanit�, il rajoutait : "Voici l'heure de la comparution de Paul Touvier devant un tribunal divin o� il n'y a pas de m�dia, pas de communistes, pas de franc-ma�onnerie ou de LICRA."

Par contre, il y avait ensuite un registre o� des gens ont pu �crire, donc des gens qui venaient � cette messe et qui sans doute viendront � celle qui devrait se tenir au square Louise-Michel : "L'avenir vous donnera raison", "Nous prions pour vous et pour le Mar�chal", "A la m�moire d'un homme qui n'a jamais reni� son pass�". Je vous en passe et des pires !

Nous avons des images de cet enterrement o� toute une partie des gens se prom�nent avec la francisque du Mar�chal et des croix celtiques. De plus, les derniers anciens Waffen-SS fran�ais �taient, bien s�r, pr�sents � cette messe fun�bre pour Paul Touvier.

Je pense que notre Ville ne peut pas prendre le risque que, par exemple, Monseigneur WILLIAMSON vienne le lundi de Pentec�te tenir une hom�lie devant ce type de fid�les pour r�affirmer ses propos.

Donc, je crois qu'un refus d'autorisation d'un rassemblement dans un lieu appartenant � la Ville est indispensable - s'ils veulent louer un lieu priv�, c'est leur probl�me -. Surtout que, s'ils se r�unissent dans ce square, c'est simplement parce que l'�glise catholique leur refuse l'acc�s du Sacr�-Coeur, mais cela, c'est leur probl�me � r�gler entre eux et ce n?est pas � la Ville de r�soudre les divergences entre ces �glises.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci.

Explication de vote de M. BOURNAZEL.

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Merci, Monsieur le Maire.

On a entendu beaucoup de propos que, ici, bien s�r, l'ensemble du groupe U.M.P. ne peut que condamner : l'antis�mitisme, la haine de l'autre. Nous les condamnons, ces propos, fermement et, pour cela, il y a la loi. Et la loi, elle est utilis�e quand il faut les condamner.

Simplement, je suis un peu �tonn�, Monsieur VAILLANT, que vous nous expliquiez, comme M. JOSPIN en 2002, que vous avez p�ch� vous aussi par na�vet� !

Cela fait 14 ans que vous �tes Maire du 18e arrondissement et vous vous rendez compte aujourd'hui de la gravit� d'une telle situation !

Vous nous parlez de tombe fleurie du Mar�chal P�tain. Je n?oserai pas vous rappeler que le dernier Pr�sident de la R�publique qui a fleuri la tombe du Mar�chal P�tain �tait Fran�ois Mitterrand !

Tout cela pour vous dire qu?il y a des limites.

(Mouvements de protestation sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

Il faut faire attention � ne pas instrumentaliser de tels dossiers. Nous sommes des �lus de la R�publique, des �lus locaux.

(Mouvements de protestation sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Attendez ! Laissez parler M. BOURNAZEL dans le silence !

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Nous avons besoin d'amener du calme. On peut condamner les propos de tel ou tel dirigeant religieux ou de tel ou tel dirigeant politique.

Vous condamnez les propos de M. LE PEN, mais le 1er mai, M. LE PEN va manifester place de l'Op�ra et la Fraternit� Saint Pie X n'a pas M. WILLIAMSON, comme vous l?avez dit, dans ses membres, il en a �t� exclu, par exemple. Vous le voyez, les choses sont beaucoup plus compliqu�es.

Alors, nous, nous sommes sur une position extr�mement claire : nous condamnons fermement tous les propos qui peuvent d�river vers l'antis�mitisme, la haine de l?autre, mais nous n'acceptons pas que vous instrumentalisiez de mani�re politique aujourd'hui?

(Mouvements de protestation sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

? aujourd'hui? 14 ans apr�s votre arriv�e � la mairie du 18e arrondissement. Que n?avez-vous fait lorsque vous �tiez Ministre du Culte et lorsque vous �tiez maire du 18e arrondissement pour interdire cette manifestation qui partait du m�me endroit ?

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

Pourquoi vous r�veillez-vous en 2009 ?

Pourquoi vous r�veillez-vous en 2009, Monsieur VAILLANT ? Vous essayez de mettre sur la table des sujets extr�mement politiciens parce que, finalement, vous voulez cacher peut-�tre tout le reste.

Nous nous abstiendrons sur ce v?u.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Explications de vote ?

Jean-Marie CAVADA ?

Explication de vote de Jean-Marie CAVADA.

M. Jean-Marie CAVADA. - Merci, Monsieur le Maire.

Bien s�r, on peut remonter l'agenda politique et voir qu'ici ou l�, comme il vient d'�tre fait, un peu plus de fermet� dans l'histoire r�cente de notre pays de la part de tel ou tel dirigeant se serait impos�e au regard de la morale publique. Mais c'est sur ce registre-l� que je veux rester.

Je salue, pour ce qu'elle vaut et pour aujourd'hui, Monsieur VAILLANT, votre d�claration, ainsi que le commentaire de M. GAREL.

D'abord � l'aide de trois propos.

Avant la puissance publique, il faut le dire, puisque nous sommes dans une ville qui a son autorit� ind�pendante, ce n'est pas normalement � l'autorit� municipale de devoir monter en premi�re ligne, c'est � l'Archev�ch� de faire son m�nage avec ses bons et ses mauvais sujets. Et je suis �tonn� du silence de l'Archev�ch� dans cette affaire, s'il apparaissait qu'elle aille jusqu'� troubler l'ordre public !

Deuxi�me chose, si c'est dans ce cadre que M. Daniel VAILLANT a pris son arr�t�, cela me semble tout � fait impossible d'y apporter la moindre critique, parce que quelles seraient les cons�quences apr�s, s'il y avait des heurts raciaux, des propos antis�mites, des propos de toute nature tenus lors de cette manifestation ? Or, il faut bien voir que ce n'est pas exactement dans un cadre pacifique qu'elle se r�unit.

Mais je veux aller plus loin, Monsieur le Maire, je veux aller plus loin parce qu'il y a tout de m�me un certain nombre de choses qui nous conduisent � l'id�e que cela suffit. J'aurais pr�f�r�, d�s avant m�me le d�p�t de ce voeu, voir notre Municipalit� ester devant les tribunaux, ainsi que sa personne morale le lui permet, contre les propos tenus par cet �trange M. WILLIAMSSON, qui porte encore le titre de Monseigneur.

Pourquoi je dis ceci ? La Ville de Paris est compagnon de la Lib�ration. De nombreux r�sistants communistes ou autres, juifs, sont tomb�s sous les balles nazies, ont �t� d�port�s, on �t� extermin�s dans les camps de la mort.

Je veux citer en ce moment, qui �chauffe les esprits mais qui devrait tous nous r�unir, deux noms qui ont leur place dans cette enceinte : celui de l'ing�nieur Joseph Clisci et celui de M. Joseph Epstein, un des principaux chefs de la R�sistance en R�gion parisienne. Cette m�moire, ces sacrifices, doivent �tre d�fendus devant l'Histoire, et donc dans nos m�moires contemporaines actuellement contre les falsificateurs et n�gationnistes, et d'une fa�on g�n�rale, par tous les moyens judiciaires � notre disposition dans les tribunaux nationaux ou internationaux.

Notre famille politique centriste, comme celle des communistes, comme celles des gaullistes bien �videmment et d'abord, et comme celle des socialistes, a �t� directement li�e � la R�sistance. C'est pourquoi notre groupe, en conclusion, Monsieur le Maire, serait favorable � des poursuites contre les propos de Monseigneur WILLIAMSON, qui a souill� les sacrifices des lib�rateurs de la Capitale, comme tous les autres sacrifi�s dans cette bataille de lib�ration.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur CAVADA.

M. SARRE a la parole.

M. Georges SARRE, adjoint. - Monsieur le Maire, Monsieur le Ministre, je dirai d'abord la r�gle. En vertu des dispositions du r�glement, des parcs et promenades de la Ville de Paris (article 27), l'organisation d'une manifestation religieuse dans un square est interdite, sauf autorisation pr�alable donn�e par le Maire de Paris et par le Pr�fet de police.

Je rappelle la r�gle.

La majorit� des membres du Conseil du 18e arrondissement souhaite que cette autorisation ne soit pas d�livr�e aux organisateurs de la messe, qui serait c�l�br�e pour Pentec�te par un groupe catholique, r�actionnaire, traditionaliste dans le square Louise-Michel, qui se trouverait par l� m�me ferm� au public.

Cette messe serait susceptible de provoquer quelques troubles � l'ordre public, dans un contexte de controverse aigu� rappel� par les d�positaires du voeu.

Au demeurant, je pense que nous n'avons pas lieu de pol�miquer, la non-d�livrance de cette autorisation est conforme au principe de la�cit� et aux lois en vigueur depuis 1905.

Ce qui me semble, apr�s avoir parl� de la r�gle, n�cessaire, c'est, face � certains propos, de rappeler l'Histoire et la R�sistance, et le sursaut des Fran�ais d�s 1940. Je voudrais c'est pour cela que je me tourne - saluer Daniel VAILLANT, le Maire du 18e arrondissement qui a pris cette initiative, car c'est une affaire qui dormait gentiment, et j'entends beaucoup de gens offusqu�s. Mais nous le savions tous !

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Et alors, il fallait le faire !

M. Georges SARRE, adjoint. - Et bien, on le fait !

Je consid�re, pour ma part, qu'il est regrettable de se trouver au Conseil de Paris aujourd'hui et d'entendre des propos tout � fait stup�fiants : car rejoindre la R�sistance, mourir pour son pays, mourir sous la torture, devrait faire en sorte que tous, nous soyons d'une dignit� irr�prochable, non seulement dans un d�bat comme celui-ci, mais plus largement dans la vie ordinaire ou officielle.

Je prends un exemple : il y aura des manifestations pour c�l�brer les d�port�s et les r�sistants. Combien serons-nous ? Car quand je regarde les visages, je sais qu'il y en a quelques-uns, et je le dis, nous ne sommes pas tr�s nombreux. Il me semble donc souhaitable que dans cette affaire, l'interdiction soit claire, nette et durable, et que dans le m�me temps, pour tous ceux qui se sont sacrifi�s pour notre libert�, on ait de la dignit�, du respect et de la m�moire.

Je vous remercie.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Monsieur CAFFET, vous voulez dire deux mots ?

M. Jean-Pierre CAFFET. - Je veux dire deux mots, bien entendu, explication de vote, pour dire aussi combien j'ai �t� stup�fait par les propos de M. BOURNAZEL, car il faut donner acte � Daniel VAILLANT du courage d'avoir reconnu une n�gligence de sa part et cela a �t� ses propres propos.

Oui, il a eu, sans doute, peut-�tre une n�gligence, de ne pas interdire?

Reconnaissons quand m�me que depuis quelques mois, des �l�ments nouveaux ont �t� port�s � notre connaissance ! Les propos d'antis�mitisme, les propos n�gationnistes qui ont �t� tenus par quelqu'un de cette secte, parce que je pr�tends que la Fraternit� Saint Pie X est une secte int�griste, sont quand m�me un �l�ment nouveau ! Et vous pouvez me dire que M. WILLIAMSON a �t� exclu de cette secte il y a quelques semaines, cela ne change rien aux propos qui ont �t� tenus !

Qui instrumentalise, Monsieur BOURNAZEL ? Un maire qui, � partir d'�l�ments nouveaux, prend ses responsabilit�s et est capable devant l?h�micycle, ici, de reconna�tre son erreur et peut-�tre ses n�gligences pendant des ann�es ou vous qui instrumentalisez v�ritablement de mani�re politicienne ce sujet ?

Et je vais vous dire, Monsieur BOURNAZEL, l'instrumentalisation dont vous �tes responsable, je ne sais m�me pas si vous en mesurez les cons�quences, car avec votre propos et avec le vote que vous allez �mettre, vous allez tol�rer une manifestation dans laquelle, probablement, des propos antis�mites et n�gationnistes seront tenus encore !

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Sylvain GAREL ?

M. Sylvain GAREL. - D'abord, pour une chose technique, les deux v?ux sont identiques, donc on va les fusionner ; ce sera plus simple.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - C'est bien sp�cifi� dans le v?u n� 67.

M. Sylvain GAREL. - Simplement, je dois dire que j?ai �t� extr�mement choqu� par l'intervention de M. BOURNAZEL.

Je ne comprends pas bien pourquoi il dit qu'on instrumentalise ce d�bat et pourquoi il se sent attaqu� lorsqu'on attaque les gens de la Fraternit� Saint Pie X. A aucun moment, nous n'avons critiqu� l?opposition, � aucun moment, nous n'avons laiss� entendre qu'il y aurait une quelconque connivence entre vous et ces gens-l�. Et j'esp�re qu'il n'y en a aucune et j'en suis quasiment certain, mais si vous vous mettez � les d�fendre d?une fa�on stup�fiante comme vous l'avez fait, on peut commencer � se poser des questions... Pourquoi d�fendez-vous ces gens qui nient toutes les valeurs que nous d�fendons ?

Je suis d?accord avec ce que disait M. CAVADA, mais avant d?attaquer en justice M. WILLIAMSON, il faudrait d�j� faire expulser les gens qui sont � 300 m�tres d'ici dans une des plus belles �glises de Paris.

J'y suis pass� le week-end dernier? Vous voyez, par exemple, les autocollants qu'on trouve pr�s de l'entr�e : "Paris, un peuple, une histoire", cela ne vous rappelle rien comme type de slogan. "Ein Reich, ein Volk, ein F�hrer. C'est exactement la m�me d�clinaison... Oui, bien s�r, c'est une r�f�rence � cela. Quand ces gens-l� �crivent cela, quand ils �crivent aussi, pour un autre sujet : "Au-del� des modes, Kop de Boulogne" avec une croix celtique au milieu, tout cela est coll� autour de l'�glise Saint-Nicolas du Chardonnet.

Trouvez-vous normal que les gens � la sortie d'une messe colle cela ? Je ne comprends pas comment un groupe dans notre h�micycle peut prendre la d�fense de ces gens-l�. Cela d�passe mon entendement.

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Je voudrais quand m�me resituer le d�bat parce qu'il s'agit de l'occupation d'un square au d�part. Vraiment, je vous le dit avec la plus grande sinc�rit�, les combats de l'antis�mitisme, le rappel de l'Histoire? Enfin, sur les combats contre l'antis�mitisme, je suis partout, sur les combats?

(Rires dans l'h�micycle).

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Sur les combats.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - S'il vous pla�t, attendez, pas de psychanalyse du caf� du commerce. Laissez parler l'orateur je vous prie. On en termine.

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Vraiment, si vous en �tes l�, c'est que vous l'instrumentalisez vraiment. Je crois vraiment que quelle que soit l'opinion politique des uns et des autres, la sinc�rit� du combat contre l'antis�mitisme et contre le racisme n'a pas � �tre manich�enne, vous n'avez pas � vous approprier ce combat.

Moi, je suis de ces combats, le groupe U.M.P. est de ces combats, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui. Le sujet...

(Mouvements de protestation sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - S'il vous pla�t, laissez parler l'orateur.

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Le sujet, c'est que M. VAILLANT vient d�poser un v?u pour nous expliquer qu'il a commis des n�gligences pendant 14 ans et c'est � nous qu'il viendrait donner des le�ons de morale, mais c'est vous qui pendant 14 ans...

(Mouvements de protestation sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - S'il vous pla�t !

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - C'est vous qui pendant 14 ans, et c'est bien l� ce qui vous fait mal, vous avez n�glig�. Alors, si aujourd'hui on doit condamner quelque chose, ce sont des propos, et la force serait que l'ensemble des groupes de l'opposition et de la majorit� ensemble les condamne par un message du Maire de Paris � l'�v�ch�.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - S'il vous pla�t, laissez M. Pierre-Yves BOURNAZEL. Je vous demande d'�couter l'orateur parce que les affaires d'antis�mitisme, il y en a partout et j'aimerais bien aussi qu'on en parle quand il s'agit d'autres personnes.

(Applaudissements sur les bancs du groupe U.M.P.P.A.).

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Je voudrais vous dire que je pense qu'il aurait �t� bien plus fort que nous soyons unis, que vous ayez appel� l'opposition et qu'on ait fait un message commun, mairie du 18e unanime, du Maire de Paris au niveau du Conseil de Paris, pour aller �crire � l'�v�ch� et lui demander de condamner ces propos, plut�t que d'utiliser cette histoire de square.

La v�rit� est d'autant plus?

(Mouvements de protestation sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - On tourne en ronds. Terminez...

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Oui, mais, je ne peux pas m'exprimer.

Enfin, je voudrais vous dire pour la meilleure preuve, c'est que si on a mis le doigt o� cela fait mal, sur la n�gligence, c'est que les propos que vous rapport�s, vous les avez cit�s 96, 98, vous le saviez, c'�tait sur la place publique et il fallait le faire avant. Pourquoi maintenant ? Le message aurait �t� plus fort s'il �tait port� par le Maire de Paris � l'�v�ch� directement.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - S'il vous pla�t, tout le monde a reconnu les faits. Jean-Pierre CAFFET a fait une intervention. Il y a des �l�ments nouveaux. L'antis�mitisme est quelque chose de s�rieux dans notre pays depuis un moment.

Jean-Marie CAVADA et moi avons �t� les t�moins politiques d'une d�claration politique en plein c?ur du Parlement europ�en sur le n�gationnisme et sur les chambres � gaz. Cela devient tr�s s�rieux. C'est pourquoi je vous demande d'�tre tr�s attentifs, et le v?u d�pos� par le Maire du 18e arrondissement est tout � fait normal, m�me s'il a reconnu un certain nombre de faits auparavant.

Il y a des �l�ments nouveaux comme le disait Jean-Pierre CAFFET, je demande que l'on conclue le d�bat et que l'on puisse voter. Je donne une derni�re fois la parole, tr�s rapidement, au Maire du 18e et nous votons.

M. Daniel VAILLANT, maire du 18e arrondissement. - J'ai eu le sentiment d'�tre mis en cause alors que sur une affaire comme celle-l�, que les choses soient extr�mement claires, durant les ann�es que vous �voquez, Monsieur BOURNAZEL, les questions telles que j'ai pu aller les consulter sur Internet, ce n'�tait pas la d�marche que nous avions entreprise.

Quand j'ai su, et vous savez ce qui m'a alert� ? C'est que la demande de cette f�d�ration �tait dans le square Willette, je me suis dit : mais pourquoi le square Willette alors qu'il s'appelle maintenant Louise-Michel ? Et du coup, j'ai demand� � mes collaborateurs d'aller regarder d'un peu plus pr�s ce qu'�tait cette Fraternit�, et j'ai d�couvert le pot au rose, Monsieur BOURNAZEL.

Il est vrai que je n'ai m�me pas attendu d'avoir un v?u parce que s'il est arriv� au Conseil d'arrondissement, Monsieur BOURNAZEL, c'est avant m�me que les �lus "Verts" ne sachent que j'avais donn� un avis d�favorable � la demande de tenue de cette messe dans un jardin public dans le square Louise-Michel. Et le v?u des "Verts" arrivant au Conseil d'arrondissement, il a �t� distribu�, propos� et j'en veux pour preuve que des �lus de votre groupe ne se sont pas associ�s � votre prise de position.

Il y a donc bien un d�bat, y compris dans votre groupe. Je pense donc que vous pouviez tout � fait sereinement voter le v?u que nous proposions, qui n'�tait en rien pol�mique vis-�-vis de l'opposition et je peux m�me vous dire que ce v?u des "Verts" et celui que j'ai repris n'ont rien � voir avec l'opposition.

Il est des moments o� il faut savoir quand les valeurs fondamentales, Pierre SCHAPIRA y a fait allusion, sont en jeu. Je pense qu'on peut ensemble voter un v?u qui confirme l'avis n�gatif du Maire d'arrondissement, qui, comme l'a dit Georges SARRE, entra�ne de la part du Maire de Paris un refus de cette manifestation, j'imagine d'ailleurs accompagn� par le Pr�fet de police, car compte tenu de l'actualit�, tout cela ne serait pas sans risques par ailleurs de tenir ce type de manifestation.

C'est pourquoi je ne comprends pas cette pol�mique ce matin et cette mise en cause. Si des personnes peuvent �tre mises en cause, c'est pour ce qu'elles ont dit. Je me reproche de ne pas avoir �t� alert� � l'avance de ce qu'�taient finalement ces personnes. Voil� pourquoi, Monsieur BOURNAZEL. Peut-�tre pourriez-vous reprendre ce v?u ?

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Mes chers coll�gues, je mets maintenant aux voix, � main lev�e, le v?u r�f�renc� n� 67, le v?u n� 68 �tant retir�, le v?u n� 67 d�pos� par Daniel VAILLANT � l'initiative du groupe "Les Verts".

Qui est pour ?

Qui est contre?

Qui s'abstient?

Le v?u est adopt�. (2009, V. 108).

Avril 2009
Débat
Conseil municipal
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