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2009, DU 124 - Attribution de la dénomination "place Marie Claude Vaillant - Couturier" à un espace situé dans le 4e arrondissement.


M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint, pr�sident. - Chers coll�gues, nous examinons le projet de d�lib�ration DU 124. Ce projet est relatif � l'attribution de la d�nomination "place Marie-Claude Vaillant-Couturier" � un espace situ� dans le 4e arrondissement.

La parole est � Mme Catherine VIEU-CHARIER.

Je crois ?

Vous avez souhait� intervenir ?

Mme Catherine VIEU-CHARIER, adjointe. - Je pense que le projet de d�lib�ration doit �tre pr�sent� par Mme HIDALGO.

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint, pr�sident. - Ah, Madame HIDALGO, alors !

A qui donne-t-on la parole ?

A vous, Madame HIDALGO ?

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, rapporteure. Merci.

Je veux bien la prendre. Cela va �tre tr�s rapide, mais je veux bien la passer aussi � Hamou BOUAKKAZ qui avait quelques mots � dire.

Chacun le sait, c?est un projet de d�lib�ration important. Il s'agit d'honorer Marie-Claude Vaillant-Couturier, une grande r�sistante, d�port�e � Auschwitz. Elle a �t� d�put�e communiste de la Seine et du Val-de-Marne. Elle �tait f�ministe, elle s'est vraiment battue pour la d�fense des femmes, notamment pour l'�galit� des salaires.

En 1964, elle a d�fendu la notion d?imprescriptibilit� des crimes contre l'humanit�. Elle t�moignera au proc�s Barbie en 1987 et, en 1990, elle a �t� d�sign�e pr�sidente de la Fondation pour la m�moire de la d�portation.

Elle est d�c�d�e en 1996.

Je crois que rendre hommage aujourd'hui � l'inlassable combattante des libert�s qu'elle �tait, en proposant d'attribuer son nom, Marie-Claude Vaillant-Couturier, � l'espace qui est situ� entre le quai de l?H�tel de Ville, la rue du pont Louis-Philippe, la rue de l?H�tel de Ville et la rue Geoffroy l?Asnier, non loin d?ailleurs de l'immeuble o� elle a v�cu, n'est qu'un juste retour des choses.

C'est aussi une fa�on, permettez-moi de le dire, d'honorer une femme.

J?insiste beaucoup parce que le nom de Vaillant-Couturier est tr�s connu par Paul, grand acteur � gauche, de la vie politique fran�aise de l'avant guerre, et je crois qu'il est important d'honorer aussi les femmes qui, souvent, ont eu un r�le beaucoup moins visible mais au moins aussi important, efficace et utile aux libert�s que nous connaissons aujourd'hui.

Donc, je suis encore plus heureuse de rapporter ce projet de d�lib�ration, puisqu'il s'agit vraiment d'honorer une femme qui m�rite de sortir d'une forme d'invisibilit� dans laquelle elle �tait jusqu'� pr�sent.

Je vous remercie.

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint, pr�sident. - Madame Catherine VIEU-CHARIER, vous avez la parole.

Mme Catherine VIEU-CHARIER, adjointe. - Apr�s les propos de Mme Anne HIDALGO, j?aurai peu de choses � rapporter.

Simplement de dire que cette femme honore aussi notre groupe et qu'elle s?est engag�e dans la r�sistance d�s novembre 1940, puisque le premier tract, le premier num�ro de "L'universit� libre" est sorti effectivement en novembre 1940.

Cette femme a �t� arr�t�e en 1942. Elle est entr�e, avec Genevi�ve Anthonioz-de Gaulle, entre autres, et bien d'autres femmes, comme Charlotte Delbo, dans le sinistre camp de Birkenau.

Je voulais simplement t�moigner des paroles de Mme Genevi�ve Anthonioz-de Gaulle qui a d�clar� d'elle publiquement : "Je l'ai connue dans les locaux de l'infirmerie de Birkenau parce que nous avions besoin de camarades courageuses et parlant allemand. Lorsque nous remettions une ration de pain pr�lev�e sur notre propre ration, nous savions qu'elle serait bien remise � celle qui en aurait le plus besoin. Je connais peu de femmes aussi courageuses que Marie-Claude, qui a toujours donn� le sentiment que sa propre vie n'�tait rien, sinon d'�tre au service de ses camarades".

Voil�, c'est un grand honneur pour nous que d'avoir une place � Paris du nom de Marie-Claude Vaillant-Couturier.

(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. Hamou BOUAKKAZ, qui s?�tait inscrit, et ensuite � M. Christophe GIRARD qui souhaite dire deux mots.

M. Hamou BOUAKKAZ, adjoint. - Mes chers coll�gues, l?h�ro�ne de la R�sistance est bien Marie-Claude, Paul est mort en 1937.

Dans une �poque qui bruisse de noms c�l�bres et plus encore, de ceux qui voudraient le devenir, il nous faut savoir distinguer entre deux types de c�l�brit�s. Georges Wolinski disait : "La notori�t�, c'est lorsqu'on remarque votre pr�sence ; la c�l�brit�, c?est lorsqu'on note votre absence".

Pour tous ceux qui comme moi ont eu l'insigne honneur de conna�tre et de fr�quenter quelques instants Marie-Claude Vaillant-Couturier, l'absence dure depuis qu?elle nous a quitt�s il y a treize ans d�j�, en 1996. Rares, trop rares sont d�sormais les visages o� s'incarnent encore une conscience universelle � qui nous devons ce que nous sommes et pour laquelle la m�moire peine � restituer la longue liste des abn�gations, des faits h�ro�ques, des prises de position au m�pris de sa propre vie, de l'action quotidienne au service de tous, non pas sous les cam�ras ou sur les magazines en papier glac�, mais en partageant les derni�res tranches de pain � Ravensbr�ck ou � Auschwitz.

Si, comme l'affirmait Louis XVIII, "Les grands hommes sont ceux qui donnent des secousses � leur si�cle", Marie-Claude Vaillant-Couturier, l?une des premi�res femmes reporters-photographes, arm�e d?un appareil photo et d'une volont� farouche de se mettre au service des valeurs que d'autres se contentent d'�nonner, surpasse bien des rois.

D�s 1933, elle fut l'une des premi�res � r�v�ler au monde incr�dule les images des camps du r�gime hitl�rien commen�ant. Dans la clandestinit�, d�s les premiers jours de l'occupation, distribuant des tracts, transportant des munitions, assurant des liaisons entre les r�sistants, elle a poursuivi son action au sein m�me des camps de la mort.

De secousses de prise de conscience, nous lui en devons beaucoup.

T�moin infatigable � la barre du proc�s de Nuremberg et de celui de Klaus Barbie, au perchoir de l'Assembl�e nationale, dans les �coles o� je l?ai c�toy�e, sur le terrain qui n'a cess� d'�tre son �l�ment jusqu'� un �ge tr�s avanc�, sa bouche fut toujours celle des extermin�s et des tortur�s, des exclus et des m�pris�s, bref, les paroles sont vaines depuis que cette bouche s'est tue.

Pour reprendre la pens�e de l'un des philosophes contemporains de Marie-Claude Vaillant-Couturier, Louis Lavelle : "Reste le silence, ce silence qui est un hommage que la parole rend � l'esprit".

Mes chers coll�gues, il nous appartient aujourd'hui, comme elle, de m�diter sur le sens de notre vie et sur le sens du mandat que les �lecteurs nous ont confi� de poursuivre l??uvre de Marie-Claude Vaillant-Couturier.

En donnant aujourd?hui son nom � une place non loin de l'immeuble o� elle a v�cu, � un battement de c?ur d'ici, donnons son visage � tout un quartier, visage d'universalit� et de justice, visage de toute l?humanit�.

Oscar Wilde disait : "On a conscience avant, on prend conscience apr�s".

Prenons donc conscience, prenons comme elle nos responsabilit�s dans les temps de joie et dans les temps de crise et poursuivons la t�che de Marie-Claude Vaillant-Couturier ici et maintenant.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint, pr�sident. Monsieur Christophe GIRARD, vous avez la parole.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Je voudrais ajouter un dernier mot apr�s Anne HIDALGO, Catherine VIEU-CHARIER et Hamou BOUAKKAZ comme adjoint en charge de la m�moire dans le 4e arrondissement, car nous avons eu un d�bat assez approfondi lors du dernier Conseil d'arrondissement.

Tout le Conseil a vot� mais la pr�sentation du projet de d�lib�ration que je fis a fait l'objet d'une pol�mique avec Vincent ROGER - je regrette d?ailleurs qu'il ne soit pas l� -, qui trouvait qu'� nouveau, une communiste �tait honor�e par Paris et que cela faisait beaucoup de communistes dans l'arrondissement.

Nous avons pr�cis� que certes, elle �tait communiste et qu'elle assumait qu'elle �tait communiste, et que les communistes assument qu'elle fut communiste, mais que nous honorions une femme qui n?�tait pas que communiste. Elle �tait aussi et surtout la grande combattante qui vient d'�tre d�crite avec beaucoup de pr�cision et de sensibilit�.

Je rappelle qu?elle fut pr�sente, l'une des rares, au proc�s de Nuremberg et au proc�s de Klaus Barbie. Donc c?est un honneur pour Paris, en effet, qu'une femme, une de plus dans la liste trop courte des femmes honor�es � Paris, trouve sa place d�finitivement dans la m�moire collective.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du parti de Gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DU 124.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2009, DU 124).

Avril 2009
Débat
Conseil municipal
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