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62 - 2012, DICOM 12 - Convention de prêt d’oeuvres pour l’exposition “C’étaient des enfants”. 2012, DICOM 17 - Convention de don - Monsieur Philippe Journo pour l’exposition “C’étaient des enfants”.

62 - 2012, DICOM 12 - Convention de pr�t d?oeuvres pour l?exposition ?C?�taient des enfants?. 2012, DICOM 17 - Convention de don - Monsieur Philippe Journo pour l?exposition ?C?�taient des enfants?.

Mme V�ronique DUBARRY, adjointe, pr�sidente. - Nous examinons les derniers projets de d�lib�ration pour ce soir, pour notre s�ance d?aujourd?hui ; ce sont les projets de d�lib�ration DICOM 12 et DICOM 17 qui ont trait � l?exposition ?C?�taient des enfants?.

Mme Aline ARROUZE a demand� la parole.

Mme Aline ARROUZE. - Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, en cette ann�e 2012, Paris veut comm�morer le 70e anniversaire de la Rafle du Vel d?Hiv. Le 16 juillet 1942, en effet, �taient conduits au V�lodrome d?Hiver des familles et des enfants juifs qui y pass�rent plusieurs jours avant d?�tre transf�r�s � Drancy, puis � Auschwitz, o� une mort terrible les attendait. Ce drame a profond�ment marqu� l?�me de Paris et sa m�moire collective.

Cependant, d?autres familles et d?autres enfants ont �t� sauv�s par des Parisiens. Ils sont au c?ur de cette exposition d�di�e aux enfants cach�s, magnifiquement con�ue et pens�e par Sarah GENSBURGER. Elle est l?aboutissement d?un travail consid�rable men� depuis plus de 15 ans. Dans les �coles, coll�ges et lyc�es parisiens, en effet, en collaboration avec les A.M.E.D.J. et les fils et filles de d�port�s de Serge KLARSFELD, la Ville de Paris recense et rend hommage aux enfants juifs d�port�s.

En 1996, d?anciens �l�ves de l?�cole �l�mentaire de la rue de Tlemcen, dans le 20e arrondissement, parmi lesquels L�on ZYGUEL, ancien d�port�, partie civile au proc�s de Maurice Papon, avaient interpell� Henri MALBERG, �lu d?arrondissement et pr�sident du Groupe Communiste au Conseil de Paris, lui-m�me un enfant juif cach�. Ils ne voulaient pas, en effet, que l?on oublie leurs petits camarades de l?�poque rafl�s le 16 juillet 1942 et d�port�s � Auschwitz.

Le Conseil de Paris vota l?apposition d?une plaque ainsi r�dig�e : ?A la m�moire des �l�ves de cette �cole, d�port�s parce que n�s juifs, victimes innocentes de la barbarie nazie, avec la complicit� active du Gouvernement de Vichy. Ils furent extermin�s dans les camps de la mort?. L?inauguration de cette plaque eut un incroyable retentissement.

Des rescap�s, des enfants cach�s et des enseignants du 20e arrondissement constitu�rent un comit� : le Comit� Tlemcen.

Ensemble, ils commenc�rent un long travail de recherche, afin de retrouver le nom de chaque enfant disparu, � l?aide, notamment, d?un terrible inventaire : le m�morial de Serge KLARSFELD, qui r�pertorie tous les juifs d�port�s de France.

Catherine VIEU-CHARIER a fait partie de ces chercheurs qui ont soigneusement �tudi� ces registres. Elle a �pluch� la liste des �l�ves pass�s par sa maternelle et, peu � peu, elle a vu un quartier revivre. Page apr�s page, ann�e apr�s ann�e, tous les �l�ves pass�s par l?�cole �taient soigneusement not�s � l?encre noire ou bleue sur un papier � peine jauni.

Dans ce quartier tr�s populaire du 20e arrondissement, terre d?accueil de l?immigration d?Europe centrale des ann�es vingt et trente, beaucoup d?�l�ves �taient juifs. A la maternelle de la rue des Couronnes, par exemple, 21 d?entre eux, �g�s de 3 � 6 ans, ont �t� d�port�s pour ne pas revenir.

Beaucoup d?enfants portaient des noms polonais. Leurs parents exer�aient des m�tiers aujourd?hui rares ou disparus : pareur de peau, gar�on de lavoir, gantier, tricoteur, polisseur, frappeur, distributeur de charbon. Les m�res �taient piqueuses de tiges, cartonni�res, couturi�res.

Dans une France touch�e de plein fouet par la crise, les parents sans emploi �taient aussi tr�s nombreux. Ces milliers d?enfants �taient morts dans les camps, mais jusqu?alors, ils n?avaient pas de nom, pas d?�ge, pas de visage. Ils s?incarn�rent avec leur famille dans leurs immeubles et dans leurs quartiers.

Gr�ce au travail de Serge KLARSFELD, on retrouva des photos de petites bouilles souriantes d?enfants qui ont v�cu l?enfer de la s�paration et des wagons plomb�s, puis les chambres � gaz.

Lorsque ce travail d?inventaire fut termin� pour les �coles Couronnes, Julien Lacroix, Levert, Maronites, Dolet et La Mare, le Comit� Tlemcen demanda que dans chaque �cole, une plaque soit appos�e avec le nom des enfants assassin�s.

Henri MALBERG porta cette d�lib�ration au Conseil de Paris et les six �coles inaugur�rent les plaques d�di�es aux enfants d�port�s parce que juifs.

De nombreuses autres associations virent le jour sur le mod�le du Comit� Tlemcen et prirent le nom d?A.M.E.D.J., Association pour la m�moire des enfants d�port�s parce que n�s juifs?

Mme V�ronique DUBARRY, adjointe, pr�sidente. Madame ARROUZE, j?attire votre attention sur le temps de parole.

Mme Aline ARROUZE. - Je termine.

En 2001, Bertrand DELANO� donna un essor consid�rable � ce travail de m�moire. Il syst�matisa la pose des plaques sur toutes les �coles parisiennes concern�es dans les coll�ges, les lyc�es, et d�cida de st�les pour les tout-petits non scolaris�s.

C?est pourquoi il faudrait citer tous ceux qui ont rendu cette exposition possible : la D�l�gation � la m�moire et au monde combattant, la Direction de la communication et toutes les associations d?enfants cach�s, les associations de d�port�s, les associations de r�sistants juifs et d?autres encore.

Merci � vous, merci infiniment � tous ceux qui ont pr�t� leurs souvenirs personnels pour que l?exposition puisse honorer la m�moire de ces enfants que nous ne devons pas oublier.

Merci.

Mme V�ronique DUBARRY, adjointe, pr�sidente. - Merci, Madame la Conseill�re.

Madame TA�EB, vous avez la parole.

Mme Karen TA�EB. - Merci.

Madame la Maire, mes chers coll�gues, dans un mois, nous comm�morerons le 70e sombre anniversaire de la Rafle du Vel d?Hiv qui se d�roula � Paris les 16 et 17 juillet 1942, un cataclysme dans l?histoire de notre pays et de notre capitale qui a vu pr�s de 14.000 hommes, femmes et enfants, l?�toile jaune cousue sur le manteau, emmen�s sauvagement par la police fran�aise au V�lodrome d?Hiver, antichambre de la mort programm�e � Auschwitz.

Je proposerai d?ailleurs un v?u au Conseil de Paris de juillet afin qu?un lieu de Paris, une place ou une esplanade porte le nom de ?Rafle du Vel d?Hiv - 16 et 17 juillet 1942?.

De France, ce sont 11.400 enfants qui seront d�port�s, 2.000 n?ont pas encore 6 ans et sur les 11.400, 200 en reviendront vivants. Le travail de m�moire que nous faisons depuis de nombreuses ann�es rev�t une importance capitale et je veux ici le saluer, tout en y associant, bien s�r, le travail incommensurable de Serge KLARSFELD, le m�morial de la Shoah, qui fait un travail consid�rable. Je pense aux expositions qui y sont organis�es, au travail de recherche mais surtout au ?Mur des noms?, sur lequel sont grav�s les noms des 76.000 juifs dont 11.000 enfants qui ne sont jamais revenus, et au ?Mur des justes?, qui rend hommage aux 2.693 justes de France qui ont sauv� des vies au p�ril de leur propre vie.

Je pense aussi aux associations comme l?A.M.E.J.D., avec qui nous avons organis� la pose de plaques dans les �coles, coll�ges et lyc�es, mentionnant le nom de ces enfants parisiens qui �taient scolaris�s et ne sont jamais plus revenus.

Je pense aussi aux lieux de Paris qui portent le nom de r�sistants ou � la biblioth�que de la rue de Picpus qui porte d�sormais le nom d?H�l�ne Berr.

Au travers de l?exposition qui s?ouvrira le 26 juin prochain, la Mairie de Paris honore le souvenir de ces enfants juifs de Paris et il est important de rappeler, comme le fait le titre de l?exposition, qu?ils �taient des enfants. Ils n?�taient que des enfants, des enfants qui riaient, qui jouaient, qui vivaient et qui, parce que juifs, n?ont plus jamais jou�, ni ri, ni grandi comme les autres enfants. Ces enfants sont les n�tres.

Cette exposition est donc une nouvelle pierre � cet �difice que nous construisons ensemble et je veux remercier le Maire de Paris et tout particuli�rement son adjointe Catherine VIEUCHARIER, sans oublier Odette CHRISTIENNE, pour son travail dans la pr�c�dente mandature, mais aussi Christophe GIRARD et Anne HIDALGO.

Nous pourrons, avec cette exposition, observer ces visages en photo, visages de l?insouciance nous renvoyant en miroir celui de la barbarie dont est capable l?homme. Nous pourrons voir ces marionnettes en carton fabriqu�es � Drancy : ces dessins de Violette, 10 ans, d?Ad�le, 12 ans ou de Marie, 11 ans ; les fausses cartes d?identit� fabriqu�es pour sauver sa peau et cette convocation du Commissariat g�n�ral aux questions juives pour une petite fille d?� peine 5 ans.

Nous pourrons lire cette lettre de Gis�le et Lulu � leurs parents ou celle d?Anita Rind aux siens le 8 novembre 1942. Anita Rind qui a donn� tous ses documents, lettres et photos, au M�morial de la Shoah et qui dit : ?Pour moi, c?est mieux que n?importe quelle distinction que l?on me donnerait. Je sais que je peux mourir tranquille. Je sais qu?il y aura quelque chose qui restera pour la cha�ne de l?Histoire?.

Je veux, pour conclure, remercier tous les m�c�nes et partenaires priv�s qui ont contribu� � cette exposition et dire combien tout le travail r�alis� par notre Municipalit� est un v�ritable plaidoyer pour la m�moire, un bouclier contre toutes les tentations n�gationnistes, un lien indestructible entre les g�n�rations d?hier et celles de demain.

Je vous remercie.

Mme V�ronique DUBARRY, adjointe, pr�sidente. - Merci � vous, Madame TA�EB.

La parole est � Mme VIEU-CHARIER pour vous r�pondre et compl�ter.

Mme Catherine VIEU-CHARIER, adjointe, au nom de la 9e Commission. - Je crois qu?Aline ARROUZE et Karen TA�EB ont �t� tr�s compl�tes.

Je voudrais simplement vous dire que ce 70e anniversaire de la Rafle du Vel d?Hiv est important aussi pour souligner que ce fut un tournant, cette rafle, dans la conscience des Parisiens et des Parisiennes. Parce que voir embarquer au petit matin des familles enti�res, des enfants dont on savait bien qu?ils allaient vers un destin tragique a quand m�me secou� le peuple de Paris, qui s?est mis � partir de ce moment, v�ritablement, � organiser des r�seaux pour sauver les enfants qui n?avaient pas �t� rafl�s.

Il faut rappeler que les trois-quarts des enfants n?ont pas �t� d�port�s, selon ce que Serge KLARSFELD explique, parce qu?il y a eu beaucoup de nos compatriotes qui, au p�ril de leur vie, ont d�cid� d?arracher les juifs enfants ou adultes des griffes de la police fran�aise et des nazis.

Il faut redire tout cela parce que je voudrais vous donner un exemple. Je lisais encore ce matin une lettre, parce que nous sommes en train d?installer l?exposition, ?Une lettre de d�nonciation? pour des enfants.

Il y avait �crit � la fin de cette lettre d?une femme qui explique qu?il faut d�porter les enfants d?�-c�t� : ?Je ne comprends pas pourquoi les enfants juifs ont encore le droit d?aller dans les �coles publiques. Je ne comprends pas pourquoi nous continuons � donner du travail � leurs parents, ces juifs qui prennent notre pain?.

Ces mots-l�, malheureusement, ont un �cho encore aujourd?hui.

Il y a des gens qui pensent encore des choses comme cela. Le racisme, l?antis�mitisme existent.

Cette exposition vient aussi nous dire aujourd?hui, nous rappeler que nous avons des valeurs r�publicaines � d�fendre, que nous avons des valeurs de solidarit� � d�fendre, que nous avons des valeurs humanistes � d�fendre, qu?il faut continuer de fa�on incessante � lutter contre le n�gationnisme, ce n�gationnisme qui est rampant mais toujours solide, et cet antis�mitisme qui est aussi pr�sent.

Nous avons donc un devoir, et cette exposition est l� pour nous le rappeler.

Vraiment, je vous invite � venir la visiter.

Le travail qu?a fait Sarah GENSBURGER, chercheuse au C.N.R.S. et commissaire de l?exposition, est vraiment remarquable. Vous verrez des documents in�dits, jamais expos�s.

Puis, je veux rendre, une fois de plus, hommage � ce grand homme, Serge KLASFERLD, � sa femme aussi, Beate, ce sont des gens qui ont mis leur vie tout enti�re au service de l?Histoire et de la m�moire de la Shoah, qui ont inlassablement recherch� les criminels et qui ont fait un travail consid�rable : ils ont recherch� chaque nom de femme, d?homme, d?enfant, pour qu?il revienne � la m�moire de tous et qu?ils ne meurent pas une seconde fois. Karen l?a dit tout � l?heure, sur le mur.

Et encore aujourd?hui, Serge KLASFERLD continue ses recherches. Il vient de sortir un livre qui est remarquable, justement autour de ces noms, autour de ces familles qui, comme l?a dit Aline ARROUZE, �taient des gens qui travaillaient chez nous et qui aimaient passionn�ment la France.

Ces gens aimaient passionn�ment la France ! Les p�res s?�taient engag�s entre 1939, alors qu?ils �taient �trangers, pour lutter contre la barbarie nazie dans l?arm�e fran�aise. Ils ont �t� rattrap�s par l?Histoire.

Tout cela, vous voyez, je ne peux en parler sans avoir une �motion profonde. Et je voudrais qu?elle soit communiqu�e. Je suis s�re d?ailleurs qu?elle l?est. Et donc vraiment faire en sorte que les �l�ves de nos �coles, les passants, le peuple parisien soient conscients que cette exposition-l�, elle nous parle pour aujourd?hui. Elle parle d?hier, mais elle parle d?aujourd?hui.

Je vous encourage � venir la voir, et je vous remercie � l?avance de faire de la communication pour cette exposition.

Venez la voir, vous rendrez au fond la vie � tous ces enfants qui ont disparu en cendres dans le ciel d?Auschwitz.

Mme V�ronique DUBARRY, adjointe, pr�sidente. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DICOM 12.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l?unanimit�. (2012, DICOM 12).

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DICOM 17.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l?unanimit�. (2012, DICOM 17).

C?est sur ces projets de d�lib�ration que nous terminerons notre s�ance de ce soir.

Nous nous retrouverons demain matin, � 9 heures, pour les derniers dossiers de la 9e Commission.

Je vous remercie.

Passez toutes et tous une bonne soir�e.

Juin 2012
Débat
Conseil municipal
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