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M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Nous allons maintenant examiner le v?u r�f�renc� n� 62 dans le fascicule, d�pos� par le groupe ?Les Verts?, relatif � la cr�ation d?une place des Communards entre les 10 et 19 de la rue des Panoyaux.

Madame BARANDA, vous avez la parole.

Mme Violette BARANDA. - Merci, Monsieur le Maire.

A quelques jours pr�s, nous allons comm�morer le 135e anniversaire de la semaine sanglante qui, du 21 au 28 mai 1871, vit la d�faite de l?un des plus grands mouvements prol�tariens de l?histoire.

Le 11e, le 19e et le 20e arrondissements furent le th��tre de la r�sistance acharn�e des derniers communards. La semaine sanglante s?acheva le 28 mai 1871 au cimeti�re du P�re-Lachaise o� le dernier carr� des retranch�s fut pass� par les armes. Les t�moins �voquent tous de nombreuses ex�cutions sommaires de la part des troupes dites d�mocratiques. On �voque, selon les sources, de 10.000 � 25.000 ex�cutions sommaires, viols, meurtres d?ouvriers communards durant la semaine sanglante.

La r�pression des communards fut f�roce : pr�s de

10.000 condamnations � mort, 4.000 d�portations au bagne de Nouvelle-Cal�donie dont la c�l�bre Louise Michel. Les lois d?amnistie n?interviendront qu?en 1880.

A l?heure du d�bat sur l?immigration choisie, la Commune a repr�sent� une exp�rience unique, tant par la gestion des affaires de la cit� que par sa tol�rance vis-�-vis des �trangers pr�sents � Paris. En effet, non seulement de tr�s nombreux �trangers particip�rent � la Commune, mais ils en devinrent membres de droit. Des Belges dont L�o Frankel, des Polonais dont Dombrowski qui fut membre de l?�tat-major de la Commune, des Garibaldiens, des Russes telle Elisabeth Dimitrieff qui fonda l?Union des femmes, etc.

Depuis quelques ann�es, dans le quartier de M�nilmontant, � deux pas de Belleville, de nombreux citoyens souhaitent qu?un lieu de l?arrondissement marque symboliquement cette page tragique mais glorieuse de notre histoire. L?intersection des 10, 11, 12, 13, 14, 15 et 17-19, rue des Panoyaux repr�sente de fait une petite place o�, les beaux jours venant, se d�roulent de nombreuses f�tes de quartier. Une demande fut d�j� faite au conseil de quartier en 1997 mais rejet�e � l?�poque. C?est une place sans nom, puisque la rue des Panoyaux la traverse.

L?association des Artistes de M�nilmontant, l?association des Amis du Lou Pascalou, l?association des Saules pleureurs (association des riverains locataires), les Amis de la Commune de Paris ainsi que les commer�ants du quartier ont �mis l?id�e qu?en surplus de la rue des Panoyaux, ce qui constitue de fait une place soit appos�e une plaque portant mention : Place des Communards.

La Commune de Paris a d�j� une place dans le 13e arrondissement ; il est d�sormais temps d?honorer les femmes et les hommes qui se sont battus pour la libert�, l?�galit� et le respect des droits des individus.

C?est pourquoi nous demandons qu?� l?intersection des 10, 11, 12, 13, 14, 15 et 17-19 rue des Panoyaux soit appos�e une plaque portant la mention : Place des Communards.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Madame CHRISTIENNE, vous avez la parole.

Mme Odette CHRISTIENNE, adjointe. - La Municipalit� a, depuis 2001, marqu� � de tr�s nombreuses reprises son attachement � la m�moire de la Commune de Paris.

L?H�tel de Ville, lieu symbolique de l?histoire du mouvement communaliste s?il en est, a ainsi accueilli en 2004 l?exposition r�alis�e par ?Les amis de la commune de Paris? et le professeur Jean-Louis ROBERT gr�ce aux soutien financier de la Ville, 79.500 euros, mais aussi une s�rie de tables rondes sur les th�mes comme ?La Commune, l?�cole et la la�cit�?, ?Les Communards, internationalistes patriotes ??, ?Rimbaud et la Commune?, organis�es par des historiens comme Jacques ROUGERIE.

Elle a par ailleurs projet� une s�rie de films sur la commune, dont ?La commune, Paris 1871? de Peter WATKINS, en partenariat d?ailleurs avec des associations ?Rebond pour la commune?, ?Une journ�e au Luxembourg? de Jean BARONNET, ?Paris et le temps des cerises?, ?Honor� Daumier?, etc.

La Ville a par ailleurs, en partenariat avec les Archives de France et naturellement les Archives de Paris, permis gr�ce � un soutien financier constant depuis 2002 de r�aliser un monumental ?Guide des sources d?archives de la Commune de Paris?, r�alis� sous la direction de Ren� BIDOUZE gr�ce au soutien de plusieurs dizaines de chercheurs b�n�voles. Ouvrage magistral de plus de 1.200 pages qui constituera un instrument de r�f�rence pour les chercheurs et les historiens professionnels et amateurs de plus en plus nombreux � s?int�resser de cette page de notre histoire. Il doit �tre �dit� courant 2006 par la Documentation fran�aise et sera accompagn� d?un CD-Rom pr�sentant 50.000 noms de communards condamn�s.

Par ailleurs, la plaquette sur ?La commune de Paris? est en cours de r�alisation � l?intention des lyc�ens parisiens. Lanc� en 2003, ce projet a �t� confi� � une �quipe d?universitaires de renom, Eugen WEBER, Daniel TARTAKOWSKY, St�phane AUDOIN-ROUZEAU, Jacques ROUGERIE, Hollis CLAYSON, Jay GULLICKSON, Laure GODINEAU, sous la direction du professeur Robert TOMBS de l?Universit� de Cambridge.

Ce document qui devrait faire date, car il confrontera le point de vue des universitaires fran�ais et �trangers sur les �v�nements dont l?Histoire a souvent �t� instrumentalis�e, voire d�form�e � des fins politiques, devrait d�boucher sur une publication au second semestre 2006. Cela sera oeuvre d?histoire pour les lyc�ens parisiens.

En outre, le Maire et ses repr�sentants ne manquent pas d?honorer chaque ann�e la m�moire des communards en d�posant une gerbe devant le mur des f�d�r�s.

Enfin, une plaque comm�morative en hommage aux f�d�r�s fusill�s sera prochainement appos�e au cimeti�re de Charonne o� les d�pouilles de nombreuses victimes des fusillades furent r�inhum�es en 1897.

Il me semble donc que nous faisons une oeuvre constante et que nous rendons hommage r�guli�rement � ces communards.

La Commune de Paris a d�j� une place dans le 13e arrondissement. Nous ne devons pas d�cliner une liste de places dans chacun des arrondissements. Par contre, notre politique de m�moire conduit � r�fl�chir � diff�rentes formes d?hommages � rendre � la Commune de Paris.

C?est donc un avis n�gatif pour une nouvelle place de la commune.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Y a-t-il des explications de vote ?

Vous avez la parole, Monsieur BLOCHE.

M. Patrick BLOCHE. - Merci.

Odette CHRISTIENNE vient de rappeler avec force combien la municipalit� actuelle depuis 5 ans a rattrap� un retard historique dans la comm�moration des �v�nements qui ont ensanglant� Paris en 1871 lorsque la commune de Paris fut r�prim�e par les Versaillais.

Nous sommes effectivement au mois de mai, ce mois de mai qui nous am�nera comme chaque ann�e depuis longtemps � nous retrouver notamment samedi prochain devant le Mur des f�d�r�s, ou m�me pour certains - je pense aux habitants du 11e arrondissement- un peu plus tard rue de la Fontaine au Roi, dans cette controverse historique qui am�ne � savoir si la derni�re barricade est tomb�e dans le 11e ou le 20e arrondissement ou peut-�tre ailleurs.

Odette CHRISTIENNE a rappel� toutes les initiatives qu?a prises ou soutenues la Ville en �troite relation avec une association avec laquelle nous sommes amen�s � avoir des liens �troits, ?l?Association des amis de la commune de Paris? que pr�side Claude VILLARD qui est un remarquable historien de cette p�riode, pas seulement d?ailleurs de cette p�riode mais plus g�n�ralement du mouvement ouvrier.

Il y a une place de la commune de Paris qui existe dans le 13e arrondissement. Et vraiment ce v?u, tout aussi sympathique qu?il soit, m�me si nous pourrions avoir sans doute un d�bat s�mantique sur le fait de savoir si le terme ?communard? est un terme appropri� dans la mesure o� c?�taient les Versaillais qui utilisaient le terme de ?communards? initialement.

Au-del� de ce d�bat s�mantique, pour que nous puissions collectivement comm�morer la commune de Paris de fa�on rationnelle et sans esprit de dispersion et pour que cela ait un sens notamment dans le 20e arrondissement, Odette CHRISTIENNE �voquait cet hommage qui sera rendu au cimeti�re de Charonne. Il y a aussi naturellement le Mur des F�d�r�s au cimeti�re du P�re-Lachaise.

Je pense que notre travail de m�moire se trouve perturb� par des initiatives de dispersion et que nous avons int�r�t collectivement � nous concentrer sur un certain nombre de lieux bien identifi�s. C?est la raison pour laquelle ce v?u ne semble pas opportun aux �lus du groupe socialiste et radical de gauche.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � Mme G�GOUT.

Mme Catherine G�GOUT. - Merci, Monsieur le Maire.

Les habitants du 20e sont un peu frustr�s parce qu?en fait, sur la proposition du groupe communiste, il avait �t� demand� que la place de M�nilmontant s?appelle ?place de la Commune de Paris?. D?ailleurs, cela aurait r�gl� nos affaires avec le 11e, ce qui aurait �t� excellent. Et puis, voil�, on a perdu, le 13e nous a pris de vitesse. La ?place de la Commune de Paris? existe bel et bien, elle est dans le 13e. Apr�s tout, il y a beaucoup de quartiers de Paris qui se sont soulev�s � ce moment-l�.

D?un c�t�, la proposition qui est faite est louable parce que chaque fois qu?on peut comm�morer la Commune quelque part, c?est excellent. Ceci dit, la forme n?est pas forc�ment adapt�e parce qu?il y a � la fois le titre dont on pourrait discuter, le fait que ce sera une place sans en �tre une puisqu?il y a pas mal d?adresses sur la rue des Panoyaux, sur cette place physique qui est la rue des Panoyaux. Ainsi, on ne va pas changer le nom de la place parce que cela changerait l?adresse pour tous les riverains. C?est un demi geste, cette plaque.

Odette CHRISTIENNE a rappel� tout ce qui a �t� fait et qui continue � �tre fait sur la Commune. Comme il y a des plaques historiques un peu partout dans Paris qui rappellent � tel ou tel endroit l?histoire du lieu, ne pourrait-on pas � l?endroit de la barricade de la rue M�nilmontant, installer un panneau explicatif comme il y en a dans de nombreux lieux historiques de Paris. Je pense que l?on pourrait choisir un ou deux lieux de barricades sur lesquels on pourrait mettre dans ces quartiers-l� un souvenir sous forme d?explication, que les gens lisent beaucoup d?ailleurs.

Il n?y a l� aucune agression par rapport � l?intention du voeu mais je pense que la forme n?est pas la bonne. Merci.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.

La parole est � Mme CAPELLE.

Mme Liliane CAPELLE. - Je m?aligne tout � fait sur ce qui vient d?�tre dit, je ne vais pas rouvrir la guerre entre le 11e et le 20e.

Je me souviens que nous �tions avec Patrick et d?autres � cette manifestation. C?est Pierre MAUROY qui �tait venu apposer cette plaque rue de la Fontaine au Roi en 1991 exactement. Donc les lieux de m�moire existent d�j�...

Il est vrai que cela nous met en difficult� parce qu?on a l?impression de balayer comme cela. Or ce n?est pas le sens de notre refus. Notre refus a �t� bien expliqu�. Il y a le Mur des F�d�r�s. Il y aura Charonne. Je partage tout � fait le point de vue souhaitant que l?on puisse indiquer qu?il y ait eu l� une barricade mais on ne va pas mettre que c?est la derni�re quand m�me.

Il faudrait peut-�tre � ce moment-l� reprendre un nom. Je vois qu?il y a une femme Elisabeth Dimitriev ; on cherche des noms de femmes, alors pourquoi ne pas donner un nom de femme mais pas le terme de ?commune?, ?communard?, ou je rappelle plut�t ?communeux?, c?est comme cela qu?ils s?appelaient entre eux.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je crois que l?on s?est bien compris.

Madame BARANDA, vous voulez ajouter quelque chose ?

Mme Violette BARANDA. - Je comprends un peu les arguments. Pour le mot de ?communeux?, c?�tait effectivement leur vrai nom. Les communards s?appelaient entre eux ?les communeux?. Les Versaillais les ont appel� ensuite ?les communards?. Et il fut ensuite repris par Louise Michel dans ses livres, et ensuite quand on voit les chansons de FERRAT, c?est entr� dans le domaine public ; maintenant c?est une revanche sur le terme qui �tait vu n�gativement de leur dire : ?eh bien, oui, c?�taient des communards, voil�?. Je pense que c?est leur rendre hommage, un hommage de dire ?les communards?.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par le groupe ?Les Verts?, assortie d?un avis d�favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repouss�e.

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