retour Retour

I - Question d’actualité posée par le groupe U.D.F. à M. le Maire de Paris relatif à la multiplication des tentes qui tiennent lieu d’abri à des personnes sans domicile fixe.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La premi�re question d?actualit� est pos�e par le groupe U.D.F.

La parole est � Mme de FRESQUET.

Mme Elisabeth de FRESQUET. - Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur le Maire, distribu�es par M�decins Sans Fronti�re et M�decins du Monde, les tentes qui, depuis plusieurs mois d�j�, tiennent lieu d?abri de fortune � des personnes sans domicile fixe se sont multipli�es dans Paris. Disons-le franchement, d�j�, notre regard s?habitue, il se lasse. D�j�, il ruse avec ce qui devrait �tre une l�gitime indignation. D�j�, tout se passe comme si, en d�pit du caract�re spectaculaire de l?op�ration, nous flirtions avec l?indiff�rence.

Loin de moi l?id�e de sacrifier au mis�rabilisme, mais si l?homme est un animal qui s?habitue � tout, il nous revient de lutter contre la lassitude et la fatalit� face aux situations de grande d�tresse. La politique et les actions de la Ville doivent prendre en compte une r�alit� objective. A vivre ann�es apr�s ann�es l?errance et la marginalit�, on int�gre l?abandon comme un ph�nom�ne naturel de sa propre histoire. On l?int�gre profond�ment.

Cela conduit parfois � refuser les quelques mains tendues qui, finalement, se d�couragent � leur tour et finissent par se d�tourner. Il faut bien entendu r�sister activement et refuser de baisser les bras. Ce n?est pas seulement la vitalit� de notre solidarit� qui est en jeu mais notre dignit� aussi.

Coluche est mort il y a 20 ans, je le regrette, mais, qu?il me soit permis de le dire, ces propos restent plus que jamais d?actualit� et je le regrette encore davantage. Il faut en finir avec le jeu de la ?patate chaude? qui inscrit chacun en d�ni de responsabilit� et il faut en finir vite.

L?Etat, la R�gion et la Ville doivent former une cha�ne d?initiatives qui prennent en charge ces situations de profonde d�tresse. Si la conscience individuelle, les actions de chacun comptent pour beaucoup dans la lutte contre l?exclusion et si la qualit� et l?importance du travail associatif m�ritent d?�tre quotidiennement salu�es, nous ne pouvons faire l?impasse sur la responsabilit� des �lus.

C?est pourquoi, Monsieur le Maire, le groupe U.D.F. vous demande instamment de d�finir et de mettre en ?uvre toute mesure allant dans le sens de la multiplication, �t� comme hiver, de lieux d?accueil d�cents, s�curis�s, en la mati�re il reste beaucoup � faire, et susceptible de recevoir les personnes avec leurs animaux.

Je veux le redire avec force, il s?agit de personnes qui ont int�gr� l?�tat d?abandon. Sur ce point-l� au moins, nous devons leur donner tort. L?intention des associations n?est pas en cause, mais la distribution d?abri de fortune installe finalement les personnes dans leurs propres sympt�mes alors que l?on doit les aider � en sortir. Autant que tout autre ou sinon plus, elles ont droit de b�n�ficier d?une politique volontariste fond�e sur le souci de leur dignit�, de leur respect et qui d�passent la trop simple grille des difficult�s �conomiques.

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame.

Mme Myl�ne STAMBOULI a la parole pour vous r�pondre.

Mme Myl�ne STAMBOULI, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

La distribution de tentes par l?association M�decins du Monde a vocation � alerter les Parisiens et les pouvoirs publics sur la situation des personnes sans domicile. Je souhaiterais indiquer que Mme JEANSON, pr�sidente de M�decins du Monde, a �t� re�ue par le Maire de Paris pour �voquer cette action.

Il est clair que les tentes ne constituent pas une solution pour les sans-abri mais visent � interpeller le Gouvernement sur l?insuffisance de moyens et le manque d?ambition de la politique gouvernementale en mati�re de lutte contre l?exclusion. Je partage l?avis qu?il est indigne que, dans un pays comme le n�tre, des personnes soient contraintes de dormir et d?errer dans la rue. Nous savons, et ce constat est valid� par l?ensemble des acteurs et associations de lutte contre l?exclusion, que cette situation est li�e � plusieurs facteurs.

Premier facteur : la situation de crise nationale du logement, en particulier dans les grandes villes comme Paris et la poursuite d?une politique d?expulsion locative � Paris.

Deuxi�me : les carences des structures de soins psychiatriques.

Troisi�me : l?inadaptation du syst�me d?h�bergement d?urgence qui existe actuellement avec des h�bergements donn�s nuit apr�s nuit ou 7 jours par 7 jours.

Quatri�me : l?absence d?un dispositif d?accueil et d?h�bergement suffisant pour les demandeurs d?asile isol�s et les d�bout�s du droit d?asile.

Enfin, la situation particuli�re de l?Ile-de-France dont l?offre d?h�bergement est insuffisante et mal r�partie. Avec 4.500 places d?h�bergement d?urgence, Paris concentre 50 % des places existantes. La fermeture des centres d?h�bergement dans la journ�e, le manque de financement et de personnels sociaux qualifi�s, l?accueil pour une nuit parfois non renouvelable sans demande d?un travailleur social au 115 ou des h�bergements de dur�e de 7 jours renouvelables une ou 2 fois, ne peuvent r�pondre aux besoins de personnes gravement d�socialis�s.

Le financement du fonctionnement des centres d?urgence et du dispositif d?insertion est assur� par l?Etat dans le cadre de sa responsabilit� en mati�re de lutte contre l?exclusion et en tant que garant de la solidarit� nationale. Eu �gard � la sp�cificit� de Paris, la Ville participe d�j� au-del� de ces comp�tences en soutenant des actions de lutte contre l?exclusion � hauteur de plus de 100 millions d?euros : 15 espaces solidarit� insertion, les accueils de jour, 4 permanences sociales d?accueil, participation au Samu social, am�lioration et coordination de l?aide alimentaire et des maraudes parisiennes, aides financi�res exceptionnelles.

Vous nous invitez � mettre en ?uvre toutes les mesures allant dans le sens de la multiplication, �t� comme hiver, de lieux d?accueil d�cents, s�curis�s, susceptibles de recevoir des personnes y compris avec des animaux. C?est d�j� le sens de notre engagement depuis 2001. En effet, la Ville participe en cr�dits d?investissement � hauteur de 16,5 millions � l?humanisation des grands centres d?urgence parisiens, le centre Ney, d�j� r�nov�, le C.A.S.H. de Nanterre, en cours et c?est la premi�re fois que la Ville soutient un centre situ� en dehors de Paris comme le C.A.S.H., le centre Crim�e, projet en cours pour les femmes avec ou sans enfant, le projet de Baudricourt, de la Mie de Pain, la restructuration du Palais de la femme, etc.

Nous nous sommes engag�s �galement dans une nouvelle convention avec l?Etat sur la cr�ation ou l?humanisation de 1.600 places d?h�bergement d?urgence pour la p�riode 20052010. La Ville, au quotidien, recherche des terrains, des lieux pour l?ouverture de nouveaux centres, � taille plus humaine, mieux r�partis sur le territoire parisien, visant � compenser �galement des pertes de place li�es � l?humanisation des grands centres.

L?Etat vient d?annoncer l?ouverture de 5.000 places d?urgence d?ici trois ans, fonctionnant 24 heures sur 24, dont 500 places pour cette ann�e. C?est tr�s clairement insuffisant pour r�pondre aux besoins. 1.000 places sur Paris pourrait �tre maintenues ouvertes en journ�e d�s � pr�sent, � condition que le Gouvernement d�bloque les financements correspondants et engage sans d�lai une concertation avec les gestionnaires de ces lieux. Nous sommes pr�ts � �tudier, avec les services de l?Etat, les modalit�s selon lesquelles nous pouvons contribuer � une ouverture des centres en journ�e, comme nous l?avons propos� � l?Etat, dans le cadre d?un projet social qui est celui de Crim�e, centre g�r� par le Centre d?action sociale qui, apr�s des travaux de r�habilitation, va rouvrir en fin d?ann�e 2006 pour accueillir des femmes avec ou sans enfant.

Mais nous renouvelons notre demande, sous l?autorit� de l?Etat, d?une conf�rence r�gionale de l?h�bergement et du logement des plus d�munis visant � la cr�ation nouvelle de places d?h�bergement et de logements tr�s sociaux r�partis en Ile-de-France. La r�ponse � cette demande ne peut plus �tre diff�r�e dans le contexte actuel.

En conclusion, cha�ne d?initiative, oui. L?Etat, la R�gion, la Ville peuvent travailler ensemble mais, bien entendu, dans le respect des comp�tences et des financements tels qu?ils sont pr�vus actuellement. Nous assurons d�j� beaucoup plus que ce qui �tait fait auparavant et que ce qui est dans nos comp�tences.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Je rappelle quand m�me � tous les �lus qui interrogent ou qui r�pondent que leurs temps de parole sont de 2 minutes ou 2 minutes et demie.

Mai 2006
Débat
Conseil municipal
retour Retour