2006, DLH 63 - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer avec la Société immobilière d’économie mixte de Paris (S.I.E.M.P.) un bail emphytéotique portant location de l’immeuble communal situé 69, rue de La Jonquière (17e).
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M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Nous examinons maintenant le projet de d�lib�ration DLH 63 concernant une autorisation � M. le Maire de Paris de signer avec la Soci�t� immobili�re d?�conomie mixte de Paris un bail emphyt�otique portant location de l?immeuble communal situ� 69, rue de La Jonqui�re dans le 17e, sur lequel l?amendement n� 43 a �t� d�pos� par le groupe ?Les Verts?.
Monsieur BLET, vous avez la parole.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire, au 69, rue de La Jonqui�re se trouve un petit immeuble de deux �tages. Ce petit immeuble faubourien �tait un des plus anciens, c?est m�me le plus ancien de la rue. Il aurait, en effet, �t� construit lors de l?ouverture de la rue. Son style architectural et sa morphologie t�moignent de cette anciennet�. Il est notamment remarquable par sa faible hauteur et sa toiture en tuiles de terre cuite.
Edifi� sur une parcelle de 97 m�tres carr�s, il occupe 80 % de la surface du terrain et sa surface totale b�tie est de 239 m�tres carr�s environ. Il comprend aujourd?hui 9 petits logements de 19 m�tres carr�s en moyenne et un local commercial en rez-de-chauss�e occup� par une auto-�cole. Ce b�timent est insalubre ; cela fait 10 ans maintenant qu?une proc�dure d?expropriation a �t� mise en oeuvre. Depuis lors, les habitants n?ont bien �videmment pas �t� relog�s et on a laiss� sciemment le b�timent continuer � se d�grader.
Au niveau des structures porteuses, le service technique de l?habitat estime les murs ext�rieurs et l?assise du b�timent en mauvais �tat mais ne conclut en aucun cas � l?irr�m�diabilit� de ses d�gradations.
Pour la Pr�fecture de police, seul un seul logement sur les neuf pose un probl�me de s�curit�, compte tenu de l?effondrement tr�s partiel d?une partie du plancher d� � des infiltrations d?eau, ph�nom�ne classique du pl�tre qui se d�colle. Les marches de l?escalier en bois sur cour doivent �tre r�par�es. Pour le reste, les probl�mes du b�timent sont li�s � des probl�mes ultra classiques d?infiltration d?eau effectivement. La Pr�fecture de police demande de v�rifier l?�tanch�it� des r�seaux d?alimentation et d?�vacuation d?eau, ce qui aurait d� �tre fait depuis longtemps.
La pr�sence de termites est �galement signal�e mais elles ne sont plus actives, ainsi que le dit express�ment le rapport de l?architecte. Et m�me la pr�sence de termites serait insuffisante pour justifier la d�molition de l?immeuble. En 2003, 1.538 immeubles parisiens affect�s par les termites avaient �t� recens�s apr�s inspection de 10 % seulement du patrimoine immobilier parisien. Si on le transpose � la totalit� de ce patrimoine, c?est donc plus de 100.000 immeubles sur Paris qui sont l?objet des visites de ces charmantes bestioles. Ce chiffre est ainsi bien en de�� de la r�alit�. Le 17e arrondissement est l?un des arrondissements les plus affect�s par les termites. Entre les quartiers des Ternes, de la plaine Monceau et des Epinettes, pr�s de 500 immeubles sont infest�s.
Alors, faut-il d�molir tous ces immeubles ? Faut-il d�molir 500 immeubles dans le 17e ? Faudrait-il d�molir plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d?immeubles dans Paris sous pr�texte de termites ?
Pour avoir connu cette exp�rience dans la copropri�t� o� j?habite, je peux vous dire qu?il y avait eu un effondrement sur trois niveaux, planchers et plafonds, dus effectivement non pas � des termites mais � des capricornes qui adorent la chaleur de ces espaces, le garde-manger que leur offrent les poutres et l?eau des infiltrations d?eau. Qu?avons-nous fait ? Nous avons chang� les poutres ma�tresses, ce qui repr�sente effectivement des travaux relativement importants mais nous n?avons pas d�moli le b�timent pour autant. Voil�.
M�me les termites, cela se traite d?abord. Et m�me en cas de gros d�g�ts, on peut parfaitement les r�parer. L�, il n?y aurait que 2 poutres �ventuellement � changer, puisque l?immeuble ne fait que 2 �tages. Bref, le b�timent est d�grad� et il doit �tre trait�.
Alors la question de son traitement pose une question fondamentale pour Paris : quelle est l?attitude de la Municipalit� et de ses bras arm�s vis-�-vis de son patrimoine ?
On s?appr�te, en effet, � d�molir sans sourciller le b�timent le plus ancien d?une rue de 500 m�tres de long environ qui t�moigne du pass� faubourien du quartier des Epinettes. Une telle attitude d�montre bien le m�pris dont font toujours l?objet les b�timents faubouriens, surtout s?ils sont de faible hauteur.
Et l�, je rejoins tout � fait les remarques et les analyses de notre coll�gue Sylvain GAREL, il y a un instant, en ce qui concerne le traitement de maisons identiques � Montmartre. Ces b�timents sont souvent les plus anciens des arrondissements, ils sont en effet synonymes de d�penses moindres et de profits accrus.
La volont� de pr�server la m�moire et l?identit� des quartiers n?est rien face � l?implacable logique des profits et des profiteurs.
Dans le P.L.U. ces vieux b�timents de faible hauteur n?ont fait l?objet d?aucune attention particuli�re. Bien au contraire. Lors du d�bat au Conseil de Paris sur le P.L.U. sur plus de 500 amendements visant � prot�ger b�timents, volum�trie ou hauteur des immeubles de faible hauteur du 19e - et je dis bien volum�trie et hauteur - ce qui repr�sentait les trois-quarts des demandes, ce qui veut dire que l?on est pr�t � ce qu?il y ait des cr�ations architecturales audacieuses pour rompre avec la m�diocrit� architecturale dont nous sommes abreuv�s depuis le d�but de cette mandature sur Paris? eh bien, 80 % de ces demandes, pour l?heure, ont �t� rejet�es. Elles ne r�pondraient pas aux crit�res ; ces crit�res sont secrets, clandestins et n?ont jamais �t� communiqu�s au Conseil de Paris. Et sur la base de crit�res de quelques technocrates r�unis dans je ne sais quel groupe de travail ou commission, eh bien, on nous objecte des fins de non-recevoir.
Pour terminer, le cas du 69, rue de La Jonqui�re rel�ve de cette m�me logique. Un petit immeuble ancien, une dent creuse qui, une fois r�habilit�e, aurait �norm�ment de charme et que l?on sacrifie pour un profit suppos� qui, quoi qu?il en soit sera bien maigre puisque seuls 2 logements sont pr�vus dans le futur b�timent. Je constate que dans d?autres arrondissements? dans le 11e, des b�timents identiques ont �t� retir�s de l?ordre du jour � la suite de demandes parfaitement l�gitimes et qu?une attention particuli�re leur a �t� apport�e par le maire de leur arrondissement, Georges SARRE que je tiens � saluer sur ce point.
Monsieur le Maire, le patrimoine parisien n?est malheureusement pas in�puisable. Regardez le 18e o� Ch�teau Rouge sera bient�t la copie conforme de la Goutte d?Or, menac� et massacr� avec le m�me acharnement m�thodique que l?a �t� la Goutte d?Or.
Regardez le 19e : en moins de 30 ans, il a �t� d�truit � 85 %, au nom de la modernit�, bien s�r, le crit�re hygi�niste de la guerre anti-vieille pierres men�e par les lobbys des promoteurs et des architectes. A ce rythme, Paris s?enlaidit et Paris se renie.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Monsieur MANO, vous avez la parole.
M. Jean-Yves MANO, adjoint, au nom de la 8e Commission. - Permettez-moi, Monsieur le Maire, de me f�liciter que M. Jean-Fran�ois BLET ait r�sist� � l?attaque des capricornes ayant entra�n� l?effondrement de trois niveaux de son immeuble. Il est donc heureusement encore l� pour occuper sa place dans la Municipalit�?
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - M�me les capricornes n?ont pas eu raison de M. BLET?
M. Jean-Yves MANO, adjoint, rapporteur. - Malgr� cette satisfaction, je crois que je ne pourrais pas suivre M. BLET dans sa d�marche qui fait qu?un immeuble, s�rement tr�s significatif de l?architecture particuli�re de ce coin du 17e, pourrait subir une r�habilitation jug�e impossible par les services techniques. Je suis tent� de suivre l?avis des services techniques plus comp�tents que moi pour juger de l?opportunit� de la r�habiliter ou non car, vous le savez , avant de prendre de telles d�cisions, nous �tudions syst�matiquement les diff�rents sc�narios possibles.
Je suis donc au regret de rejeter l?amendement qui nous est propos�.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition d?amendement n� 43 d�pos�e par le groupe ?Les Verts?, assortie d?un avis d�favorable l?Ex�cutif.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
La proposition d?amendement n� 43 est repouss�e.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DLH 63.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2006, DLH 63).
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