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2006, DAC 211 - Attribution de la dénomination définitive “Bibliothèque du Cinéma - François Truffaut” à la bibliothèque aménagée au 14 Grande Galerie au Forum des Halles (1er).


Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration DAC 211 concernant l?attribution de la d�nomination d�finitive ?Biblioth�que du cin�ma - Fran�ois Truffaut? � la biblioth�que am�nag�e au Forum des Halles.

Je donne la parole � Alain LE GARREC.

M. Alain LE GARREC. - Merci, Madame le Maire.

Quand on parle cin�ma, le nom de Fran�ois Truffaut arrive toujours dans la conversation. Nous en savons tous un film, une image, une r�plique ou un personnage, donc tout naturellement quand la Ville de Paris a d�cid� de r�aliser le sc�nario ?Biblioth�que du cin�ma?, le titre s?est alors impos� de lui-m�me : Fran�ois Truffaut.

Quand j?ai commenc� � �crire ce petit texte, je me suis interrog�. Faut-il privil�gier sa biblioth�que et sa cr�ation unique en France, ou Fran�ois Truffaut tout aussi unique ?

J?ai choisi de commencer par Fran�ois Truffaut car s?il est n�cessaire d?ouvrir une biblioth�que du cin�ma, c?est que le cin�ma fran�ais est objet de fiert� et Fran�ois Truffaut y est pour beaucoup, m�me s?il y e�t un avant et qu?il y aura un apr�s qui lui doit beaucoup.

De fa�on brutale, on dit souvent que Fran�ois Truffaut est n� de p�re inconnu en 1932, qu?il fut �lev� principalement par ses grands-m�res puisque sa m�re en fait ne le supportait pas quand il faisait du bruit, ce qui est assez simple � vivre quand on est un enfant. Enfance donc difficile dans la p�riode de l?occupation qui ne l?�tait pas moins. Il mettra longtemps avant d?aborder d?ailleurs cette p�riode.

A 15 ans, il passe par une maison de redressement pour fugue. Puis en 1950, il fait de la prison militaire pour d�sertion. Il d�veloppe alors une de ses grandes qualit�s, et d�faut pour certains, ne jamais s?enfermer.

Andr� BAZIN, critique de cin�ma le prend sous son aile et l?entra�ne dans l?aventure du cin�ma tout d?abord par la critique et l?�criture, ce qui permet au jeune Fran�ois de remettre les pendules � l?heure devant le cin�ma conformiste et corporatiste fran�ais du moment en publiant ?Le cin�ma fran�ais cr�ve sous de fausses l�gendes?. Nous sommes en 1957 et il faut du courage et beaucoup d?assurance.

On pourrait se demander quel serait son regard aujourd?hui sur nos cha�nes de t�l�vision, leur puissance d�terminante o�, je crois, les mots ?conformiste? et ?corporatiste? sont venus se nicher. Je crois que ces mots se nichent dans malheureusement beaucoup d?autres endroits.

En 1954, il tourne un premier court-m�trage, titre ?La visite?. G�n�rique : r�alisateur Fran�ois Truffaut, sc�nario Fran�ois Truffaut, images Jacques Rivette, montage Alain Resnais. Je ne connais pas ce film mais quelle carte de visite.

Son vrai premier court-m�trage ?Les mistons? en 1957 lui donne d�j� deux cl�s pour le futur. Le rapport amoureux ambigu du couple interpr�t� par Bernadette LAFFONT et G�rard Blain et l?univers des enfants, ce seront les �l�ments pr�curseurs et constitutifs du cin�ma de Fran�ois Truffaut et de la ?nouvelle vague?.

En 1959, il tourne et c?est devenu, comme l?avait pr�vu GODARD, une expression classique ?Les 400 coups?. C?est un film � la premi�re personne et ce n?est pas courant. Un petit peu avant lui, il y eut Jean Renoir, sa r�f�rence, son ami, son ma�tre. La maison de production que vient de cr�er Truffaut se nomme ?Les films du Carrosse? en souvenir du film de Renoir ?Le carrosse d?or? mal aim� qu?il d�fendit avec acharnement.

Qui ne conna�t pas ?Les 400 coups? ? Qui ne conna�t pas Antoine Doinel et sa vie qui va se poursuivre dans d?autres films ? Et bien entendu Jean-Pierre LEAUD. Il est vrai que ces ?400 coups? sont les 400 coups de Fran�ois Truffaut mais le caract�re et l?�ge de LEAUD prennent le dessus et ce sont aussi les 400 coups du jeune LEAUD.

Ceux de cette g�n�ration se souviendront des ann�es 50, de son atmosph�re grise, de sa vie grise, de ses blouses grises. Cette �poque est en noir et blanc et il est difficile de l?imaginer autrement.

Il y a 2 ans, le succ�s du film ?Les choristes? montre bien que l?univers des enfants et l?histoire � la premi�re personne r�sonnent encore. Je ne sais pas si Truffaut qui disait ?L?adolescence ne laisse un bon souvenir qu?aux adultes ayant mauvaise m�moire? aurait aim� ce film, mais il n?en aurait pas rejet� les ingr�dients.

Puis vint ?Tirez sur le pianiste? en 1960, ?Jules et Jim? en 1962 et le dernier film presque pr�monitoire ?Vivement dimanche? en 1983. En tout, il y en aura 21 en 24 ans sans compter les sc�narios tourn�s par d?autres, comme ?A bout de souffle? par Jean-Luc GODARD, ?La petite voleuse? tourn� apr�s sa disparition par son ami Claude MILLER.

Il est aussi producteur : ?Paris nous appartient? de Jacques RIVETTE ou encore ?L?enfance nue? de Pialat.

Il est acteur dans certains de ses films comme ?La nuit am�ricaine?, expression qui d�signe au cin�ma un truquage technique qui permet d?obtenir un effet de nuit en plein jour - ne voyez pas l� une appr�ciation sur un pr�sident, quoique - et aussi chez SPIELBERG dans ?Rencontre du 3e type? ; l�, toute ressemblance avec des faits r�els aujourd?hui ne serait que pure co�ncidence.

Oscars, C�sars, Cannes qu?il boycottera en 1968, pluie de r�compenses, combien d?acteurs et d?actrices lui doivent ce qu?ils sont aujourd?hui.

Celui qui disait ?Je tourne autour de la question qui me tourmente depuis 30 ans : le cin�ma est-il plus important que la vie ?? s?�teint le 21 octobre 1984, il avait 52 ans.

Je ne sais pas r�pondre � cette question. Tout ce que je sais, c?est que gr�ce au cin�ma, nous, pauvres spectateurs, nous entrons dans l?histoire qu?on nous raconte, nous avons toujours l?�ge de ceux qui la font vivre. Et les 1 heure, les 2 heures, les 3 heures que nous passons dans les salles obscures sont une confrontation entre notre imaginaire et celui du r�alisateur. Bien souvent nos souvenirs personnels sont des images qui nous ont �t� apport�es par le cin�ma.

Le cin�ma, c?est une bonne histoire, puis une bonne histoire et enfin une bonne histoire. C?est aussi une communion avec une salle, avec un groupe. Le cin�ma qui se regarde tout seul se nomme t�l�vision et c?est autre chose.

Truffaut cin�aste, c?est aussi Truffaut auteur, d�couvreur, admirateur : Orson Wells, Citizen Kane, Alfred Hitchcock. Il publiera ses entretiens. Quand on interrogeait Truffaut sur pourquoi il �crivait aussi, il r�pondait ?Je crois que les deux activit�s sont compl�mentaires. J?aime les livres autant que les films, je n?aime pas l?id�e que le cin�ma, le domaine de l?audiovisuel s?adresserait aux gens qui n?aiment pas les livres?.

C?est par cette phrase que nous allons entrer dans la nouvelle biblioth�que du cin�ma. Livres, DVD, espace ouvert convivial et facile d?acc�s. Truffaut aurait peut-�tre fait ce long travelling, m�me en plusieurs prises en partant de la m�diath�que puis le Forum des Images, puis la biblioth�que et le cin�ma multiplexe avec ce monde qui se presse aux diff�rents guichets.

Je crois donc que cette avenue en perp�tuel mouvement qu?il faudra d?ailleurs aussi nommer un jour, convient bien pour aller de lieux de cin�ma � d?autres lieux de cin�ma. Et puis n?estce pas en cet endroit quand ce n?�tait que le trou des Halles que Catherine DENEUVE rencontra Marcello Mastroianni.

Monsieur le Maire apr�s bien des p�rip�ties en surface?

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Il va falloir conclure, Monsieur LE GARREC.

M. Alain LE GARREC. - Je termine.

? bien des discussions non encore termin�es, sans qu?on y prenne garde, sans trace apparente, mois apr�s mois, difficult� apr�s difficult�, un projet prenait forme, trouvait son financement qui est un effort consid�rable mais � la hauteur de ce qu?est le cin�ma pour notre Ville. Il ouvrira tout au d�but de l?ann�e prochaine en respectant le budget initial de la production, ce qui dans le domaine du cin�ma est une gageure. Le chantier est important et invisible. On peut mener des chantiers aux Halles en toute discr�tion, c?en est l� une preuve.

J?en profite pour remercier ceux qui ont �crit le sc�nario, ceux qui ont fait le casting, ceux qui ont fait le d�coupage, qui ont n�goci� les contrats, le r�alisateur, les acteurs et le producteur.

Enfin, la fermeture, il n?y a pas eu de derni�re s�ance, les programmations du Forum des Images en?

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Il faut vraiment conclure. Vous �tes vraiment � plus de 6 minutes.

M. Alain LE GARREC. - ? ont profit� pour sillonner Paris et aller � la rencontre des spectateurs pour les remercier d?�tre venus aux Halles et leur dire que l?ann�e prochaine avant ?Le dernier m�tro?, nous les attendrons.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci. C?�tait une tr�s belle intervention et j?ai eu des scrupules � demander de l?arr�ter mais mon r�le ici est de veiller aux temps de parole.

La parole est � Christophe GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint, au nom de la 9e Commission. - Tr�s rapidement, et sans avoir fait ?les 400 coups? ni avec M. LE GARREC ni M. LEGARET, je dois dire que souffle sur le 1er arrondissement une sorte de nouvelle vague dont je prends acte.

C?est l?occasion pour moi de remercier Alain LE GARREC, � la fois pour ce qu?il a dit, ce qui montre toute l?attention qu?il porte comme �lu de l?arrondissement � ce qui s?y passe, et me souvenir �galement qu?on lui doit en effet l?avancement du chantier actuel du Forum des Images.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 211.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2006, DAC 211).

Mai 2006
Débat
Conseil municipal
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