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15 - 2011, DASES 602 G - Subvention et convention (8.300 euros) avec l'association "SAFE" (15e).

15 - 2011, DASES 602 G - Subvention et convention (8.300 euros) avec l'association "SAFE" (15e).

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Nous passons maintenant au projet de d�lib�ration DASES 602 G.

Il s'agit d'une subvention de 8.300 euros � l'association "SAFE", dans le 15e arrondissement.

M. Pascal CHERKI souhaite intervenir bri�vement. Je lui donne la parole.

M. Pascal CHERKI. - Oui, pour nous f�liciter et remercier le D�partement de Paris de rentrer dans ce dispositif, qui est constitu� d'une subvention donn�e � une association pour engager une mission de pr�figuration visant � terme � engager une action de longue haleine et d'ampleur dans la prison de la Sant�, pour la pr�vention de la toxicomanie.

L?�l�ment phare en serait l'installation d'un distributeur de seringues, si j'ai bien compris, au sein de la prison de la Sant�. C'est bien connu : en prison, il n'y a pas de drogue ; et c'est bien connu aussi : en prison, tous les prisonniers peuvent pr�parer leur r�insertion. Il n'y a qu'� voir comme quoi le taux de r�cidive baisse � l'issue de la sortie de prison.

Tout cela est une vue de l'esprit, et je pense que c'est une bonne m�thode que de vouloir ne pas nier les probl�mes mais les affronter. Il y a de la toxicomanie en prison. Il n?y a, non pas une r�duction, mais une augmentation des risques sur la sant� des d�tenus, et je pense que c'est une bonne chose que le D�partement de Paris essaie de faire �voluer l'administration p�nitentiaire.

Certes, cela va bousculer des habitudes ; certes, cela va peut-�tre aussi pointer du doigt un certain nombre de lacunes et de d�calages entre les objectifs affich�s par l'institution p�nitentiaire et la r�alit� de la pratique dans les prisons, mais moi, je pr�f�re que l'on fasse �voluer les institutions publiques dans le sens de la sant� et de la s�curit� des prisonniers, qui doivent �tre trait�s comme des citoyens � part enti�re, nonobstant leur privation de libert�, plut�t que l'on fasse la politique de l'autruche et qu'on se retrouve avec une multiplication des risques.

C'est une mission de pr�figuration ; c'est un travail qu'on fait en amont ; j'esp�re que l?administration p�nitentiaire acceptera d'�voluer tr�s rapidement sinon, je souhaite qu'en 2012 les mentalit�s puissent �voluer et qu'on puisse le faire.

Je terminerai en disant que c'est aussi l'occasion de manifester notre volont� de faire en sorte que la prison de la Sant� puisse devenir une prison, une vraie prison. Je pense qu?� terme, il y a tout un projet � revoir dans cette prison qui n'est plus moderne, afin qu'elle ne soit plus obsol�te. Autant il faut une prison dans la ville - comme maire du 14e arrondissement, je trouve �a tout � fait bien qu?il y ait une prison dans le 14e arrondissement -, mais pas celle-l�, pas dans les conditions de d�tention que subissent les prisonniers, qui ne sont vraiment pas adapt�es � ce que l'on doit attendre d'une prison moderne qui devrait pr�parer la r�insertion.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Merci, Monsieur CHERKI.

Monsieur LE GUEN, quelques commentaires. Vous avez la parole.

M. Jean-Marie LE GUEN, au nom de la 6e Commission. - M. Pascal CHERKI a dit et pr�sent� ce dossier, qui vise � subventionner une association de pr�figuration de ce que pourrait �tre effectivement, et comment fonctionnerait un �changeur de seringues dans notre prison parisienne, � savoir la Sant�. Il en a dit toutes les raisons.

Les raisons sont tr�s simples et tr�s fortes. Aujourd'hui, comme je le faisais sur un sujet pr�c�dent, l'objectif fondamental de la lutte contre l'�pid�mie de Sida consiste � mettre en ?uvre une politique de r�duction des risques et d'autre part, un d�pistage le plus pr�coce.

R�duction des risques. Dans tous les domaines, de fa�on tr�s pragmatique, nous sommes volontaires. De la m�me fa�on que nous l'avons �t� pour les salles de consommation � moindre risque, car nous pensons que c'est le moyen, effectivement, de diminuer les risques, nous savons, nous avons pris conscience avec les enqu�tes qui ont �t� faites aujourd'hui par les diff�rents organismes charg�s de surveiller la toxicomanie dans ce pays, qu'il y avait effectivement, d'abord, un taux de toxicomanes enferm�s en prison pour des raisons de toxicomanie tout � fait consid�rable, li� en partie d'ailleurs au renforcement de la politique p�nale.

Mais ceci n'am�ne absolument pas, �videmment, une diminution, malheureusement, de la consommation de drogue � l?int�rieur m�me des murs de la prison.

De ce point de vue, cela nous interpelle, comment est-il possible de pr�tendre faire en sorte que, dans la vie quotidienne, dans nos quartiers, on puisse garantir par la r�pression le fait que les jeunes, d'autres peut-�tre mais singuli�rement les jeunes, puissent �tre jamais en contact avec la drogue, alors m�me que dans le lieu le plus ferm� de la soci�t� fran�aise, le plus prot�g� o� la r�pression s'exprime de la fa�on la plus ferme, des jeunes, des moins jeunes sont confront�s au probl�me de la toxicomanie ?

C'est quelque chose qui nous interpelle quand m�me profond�ment et qui devrait faire r�fl�chir ceux qui n'ont, comme id�e dans la t�te, que de mettre un mur entre la drogue et les jeunes, sachant que nous pensons, nous, qu'il faut apprendre � toutes les personnes, et � tous les jeunes �videmment, � se d�fendre, � se pr�venir, contre les addictions et les comportements � risque, ce qui n'est pas la m�me approche.

Nous sommes derri�re les murs de ces prisons et il y a de la drogue. Et derri�re cette drogue, il y a des pratiques, qui sont celles qui ont �t� �vacu�es dans la soci�t� fran�aise il y a quelques ann�es, c'est-�-dire des injections avec le partage des seringues. Et ceci se fait �videmment dans des conditions sanitaires absolument abominables, au sens o� les personnes qui s'injectent sont parfois porteurs du VIH. Etant donn� les circonstances de l'enfermement, il est souvent tr�s difficile pour des personnes qui pourraient se savoir infect�es de le faire savoir, de le faire reconna�tre, d'accepter cette id�e. Il y a donc une dissimulation encore plus forte, puisque la stigmatisation est tr�s forte.

Donc les risques de contamination sont encore plus forts quand on s'aper�oit qu'il y a un certain nombre de pratiques qui se d�veloppent, c'est-�-dire la multi injection, comme cela pouvait exister dans la rue il y a vingt ou vingt-cinq ans avant qu?on ne mette en place les �changeurs de seringues, avant qu?on ne mette en place les politiques de r�duction des risques.

Face � cela, l'indication - j'allais dire en mati�re de sant� publique - est �vidente : il faut ne pas nier les probl�mes mais mettre en place des syst�mes de r�duction des risques, qui ont fait leur preuve � l'ext�rieur, � savoir des �changeurs de seringues, qui ne posent pas en soi des probl�mes, en tout cas �thiques, philosophiques par rapport � la probl�matique de l'incarc�ration ou de la r�duction des risques, mais simplement qui posent sans aucun doute peut-�tre un certain nombre de probl�mes techniques.

Mais je ne crois pas que ces probl�mes techniques soient impossibles � surmonter. En tout �tat de cause, lorsque nous d�fendons la sant� de ces personnes, nous avons le sentiment que nous nous prot�geons tous, en quelque sorte, parce que ces personnes, un jour ou l'autre, seront sorties de cette prison, seront dans la soci�t� et, infect�es, elles repr�sentent un risque pour l'ensemble de la population.

Donc nous avons � c?ur �videmment d'�viter des infections apr�s des injections dans les prisons pour les personnes concern�es, mais nous avons � c?ur aussi de d�fendre la sant� publique. C'est pourquoi, faute pour l'instant d'une volont� gouvernementale, nous mettons en place des proc�dures qui visent � faire en sorte que, d�s que le Gouvernement aura chang� au moins de position, nous aurons la capacit�, nous, en tant que Ville de Paris, � faire �voluer et avancer cette politique de r�duction des risques.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Merci, Monsieur LE GUEN.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 602 G.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2011, DASES 602 G).

Décembre 2011
Débat
Conseil général
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