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Vœu relatif à l’attribution du nom du professeur Jean Bernard à une rue de Paris.


 

Délibération affichée à l'Hôtel-de-Ville

et transmise au représentant de l'Etat le 23 février 2007.

Reçue par le représentant de l'Etat le 23 février 2007.

 

Le Conseil de Paris, siégeant en formation de Conseil municipal,

Jean Bernard est né le 26 mai 1907 à Paris. Elève au lycée Louis-le-Grand, puis à la faculté de médecine et à l'Institut Pasteur, il devient docteur en médecine en 1936.

Pendant la seconde guerre mondiale, il entre très tôt dans la Résistance et est nommé responsable des parachutages d'armes sur les plateaux du Vivarais et dans le sud de la France. En 1943, il est arrêté et incarcéré à la prison de Fresnes. Libéré quelques jours avant la Libération, il reprend le combat contre l'occupant et ne reprendra ses activités civiles qu'une fois l'armistice proclamé. Jean Bernard est l'un des cinq cents titulaires de la carte des Résistants de 1940.

Nommé médecin des hôpitaux de Paris en 1946, professeur agrégé à la faculté de médecine en 1949, professeur de cancérologie en 1956, puis chef du service des maladies du sang à l'hôpital Saint Louis en 1957, il est le fondateur de l'école d'hématologie française, qui est devenue, grâce à lui et ses élèves, l'une des meilleures au monde.

Il mène ainsi de front une carrière de clinicien et une activité de chercheur, deux domaines jusque-là séparés, mais qu'il juge indissociables. De nombreuses maladies sont alors constamment mortelles, comme les leucémies. En 1947, il obtient la première rémission d'une leucémie aiguë.

Jean Bernard et ses collaborateurs tentent alors de découvrir les causes des leucémies et, plus généralement, des cancers. En quelques décennies, il révolutionne l'hématologie, qu'il s?agisse de la compréhension des processus pathologiques ou de la guérison obtenue pour des maladies jusqu?alors mortelles. Jean Bernard crée plusieurs équipes. Il confiera l'immunologie au Professeur Jean Dausset, qui découvrira le système d'histo-compatibilité, dit HLA. Cette avancée majeure ouvre la voie aux greffes d'organes et vaudra à Jean Dausset le prix Nobel de médecine en 1980. Jean Bernard portera la renommée de l'hématologie française à travers le monde.

Son influence scientifique s?est étendue à l'ensemble de la recherche médicale avec la création de l'INSERM, dont il préside le conseil d'administration de 1967 à 1980. Doyen de la faculté de médecine de Lariboisière-Saint-Louis (1969), Docteur honoris causa de onze universités étrangères, il obtiendra de nombreux prix. Il deviendra membre de l'Académie de médecine (1973) et président de l'Académie des sciences (de 1982 à 1984).

L?exceptionnelle vigueur d'esprit, le grand humanisme, la bonté et la sagesse de cet homme qui choisit de devenir médecin parce que, écrivit-il, ?la médecine me parut allier l'humanisme et mon goût pour les sciences?, conduisirent François Mitterrand à le désigner président, à sa création, du Comité Consultatif National d'Éthique (1983-1992), dont il restera ensuite président d'honneur.

Mais la médecine n'était pas le seul centre d'intérêt de Jean Bernard. Homme de culture, ami de Paul Valéry et de Jules Romains, il fut également écrivain et poète. Il composa son premier recueil de poèmes dans sa cellule de Fresnes et est l'auteur de nombreux ouvrages littéraires, philosophiques et scientifiques. Il fut élu à l'Académie française en 1975 dans le fauteuil de Marcel Pagnol.

Grand-Croix de la Légion d'Honneur et de l'Ordre national du mérite, Croix de Guerre 1939-1945, Rosette de la Résistance, Commandeur des Arts et des Lettres, il était convaincu que ?l'honneur de la médecine et ses difficultés sont dans cette alliance du devoir de science et du devoir d'humanité?.

Considérant :

- l'exposé des motifs ci-dessus évoquant le parcours exceptionnel du professeur Jean Bernard ;

-l'accord de la famille du professeur Jean Bernard;

-l'accord du président de l'Université Paris VII;

 Sur la proposition de M. Alain LHOSTIS, adjoint au Maire de Paris chargé de la santé et des relations avec l'AP-HP,

Emet le voeu :

- que la voie piétonne partant du quai de Valmy, dans le 10e arrondissement, et actuellement dénommée allée du canal, soit prolongée le long du bâtiment de l'UFR de médecine de l'Université Denis Diderot jusqu?à l'avenue de Verdun ;

-que cette nouvelle voie piétonnière porte le nom d'allée Jean Bernard et donne la possibilité à l'UFR de médecine, dans laquelle il enseigna, d'y être domiciliée.

 

Février 2007
Déliberation
2007 V. 63
Conseil municipal
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