retour Retour

2006, SG 6 - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer avec les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel une Charte des Tournages à Paris et à fixer les tarifs et redevances de tournage dans la Capitale.


M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Nous passons maintenant � l?examen du projet de d�lib�ration SG 6 : autorisation � M. le Maire de Paris de signer avec les professionnels du cin�ma et de l?audiovisuel une charte des tournages � Paris.

Madame TA�EB, vous avez la parole.

Mme Karen TA�EB. - Merci, Monsieur le Maire.

Le projet de d�lib�ration qui nous est soumis traite � la fois de la signature d?une charte des tournages et de la fixation des tarifs et redevances de tournage dans la Capitale.

Paris est le lieu de nombreux tournages. Le septi�me art a, depuis des d�cennies, fait de notre Capitale son port d?atta-che. Nombre de films fran�ais ou �trangers sont tourn�s � Paris, contribuant ainsi � ancrer dans l?imaginaire de centaines de millions de personnes notre Capitale, ses monuments, ses rues ou le fleuve qui baigne son c?ur.

L?impact �conomique d?une telle renomm�e est tr�s difficilement quantifiable, mais, chaque jour, les �crans du monde entier voient d�filer des images de Paris. Le cin�ma � Paris, c?est le monde entier � Paris. Pour notre Capitale comme pour la France, c?est � la fois une exportation de l?imaginaire et une exportation de nos produits, de nos productions, qu?elles soient culturelles ou autres.

Mais le r�ve, son exportation, sa diffusion, ne peuvent pas, ne doivent pas faire abstraction de la r�alit�, � savoir la vie des Parisiens, le quotidien de Paris.

Le contenu de la charte des tournages, �labor�e en partenariat avec les associations de producteurs audiovisuels, est s�rieux. Le guide des tournages est pr�cis. On ne peut faire conna�tre Paris contre les Parisiens, contre le maintien de leur qualit� de vie ou en nuisant au calme de leur quartier.

Nombreux sont les Parisiens qui nous ont expos� les difficult�s caus�es par les tournages qui ne respectent pas toujours quelques r�gles �l�mentaires. La charte et le guide r�pondent � ces interrogations, tant au niveau du stationnement et de la circulation que des probl�mes pos�s par les installations techniques ou encore par la pollution sonore. La charte et le guide vont au devant des interrogations que nous �tions en droit de soulever face � des activit�s parfois peu respectueuses des riverains.

Voici donc alli�s la promotion de Paris et de la France, le soutien � la cr�ation artistique et le maintien d?une qualit� de vie r�elle pour les Parisiennes et les Parisiens riverains des tournages.

Je vous remercie.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Monsieur LEBEL, vous avez la parole.

M. Fran�ois LEBEL, maire du 8e arrondissement. - Je vous remercie.

C?est avec soulagement que nous avons pris acte de la r�daction qui �tait attendue depuis bien longtemps d?une charte des tournages � Paris.

Ce document, annonc� depuis des mois pour ne pas dire des ann�es, �tait devenu vraiment indispensable, tant les nuisances subies par les Parisiens du fait de ces tournages �taient devenues patentes et, dans beaucoup de cas, insupportables.

Ce document a donc le m�rite d?exister. Il est d?ailleurs assez complet et bien r�dig�. Malheureusement - car il y a un malheureusement - votre charte voit le cin�ma � Paris comme Corneille voyait la nature humaine, c?est-�-dire telle qu?elle devrait �tre et non telle qu?elle est.

Car la r�alit� des tournages de cin�ma ou de t�l�vision � Paris n?a, dans la r�alit� du terrain, pas grand-chose � voir avec les conditions assez idylliques que d�crit votre document. Certes, il y a des producteurs parfaitement corrects, respectueux de leurs engagements, de l?environnement et des riverains. A vrai dire, cette charte ne leur apportera rien et ne leur apprendra pas grand-chose ; ils font d�j� ce que vous leur demandez et vous le savez bien.

Ceux qui posent probl�me, ceux qui ne sont plus acceptables, ceux qui empoisonnent la vie des Parisiens et qui sont toujours les m�mes, d?ailleurs, ce sont les r�alisateurs, au moins aussi nombreux, qui profitent de la voie publique et de votre laxisme pour ?faire du fric? sur le dos de la Ville et sur le dos de la tranquillit� des riverains.

(Protestations sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Qu?est-il pr�vu dans votre charte pour les contrer ou, �ventuellement, les rayer de vos listes ? Rien. Aucune consultation pr�alable, aucune sanction, aucun contr�le, ni avant, ni apr�s. Il n?est m�me pas fait allusion une seule fois dans le texte que vous nous soumettez aux mairies d?arrondissement, qui sont pourtant les mieux plac�es et de tr�s loin pour recevoir les plaintes des riverains et conna�tre les lieux � probl�me, a priori comme a posteriori.

Croyez-vous vraiment que ?la mission cin�ma? conna�t chaque lieu et chaque rue de Paris mieux que les �lus de terrain ?

Pour ne pas rallonger mon intervention, je ne prendrai pour exemple qu?une seule des rubriques de la charte, le point n� 3 qui s?appelle ?Tourner dans un lieu priv�?. Je cite : ?Vous devez avant toute chose v�rifier que ce lieu ou ce d�cor n?a pas �t� trop sollicit�?. Qui va v�rifier ce point ? Qui va d�cider que tel ou tel appartement qui a d�j� servi x fois dans la m�me ann�e est, n?est pas, un peu trop, pas assez ou trop sollicit� ?

En tout cas, certainement pas son propri�taire qui encaisse un montant de location qui �quivaut, pour trois jours de tournage � 6 mois de loyer normal. Est-ce que ce sera la ?mission cin�ma? ? Pas davantage. Elle a d�j� beaucoup de mal � g�rer les milliers de demandes qu?elle re�oit chaque ann�e. Rien ne va donc changer et la bonne aubaine de l?appartement, qu?on se refile de r�alisateur � r�alisateur, va perdurer.

Je continue toujours sur le point n� 3 : ?qu?il existe � proximit� imm�diate les possibilit�s de stationnement n�cessaires?. Voulez-vous me dire o� et quant � Paris, sauf peut-�tre dans le bois de Vincennes la nuit, il peut exister des lieux o� les dix ou vingt camions et parfois plus, qui sont pr�sents sur un tournage, peuvent stationner ? Certainement pas rue Marbeuf, comme c?est le cas actuellement, sur les trottoirs en plein jour, chaque semaine depuis des mois, devant les vitrines des commer�ants, pour permettre � un �tablissement de nuit bien connu d?arrondir son chiffre d?affaires le jour en louant ses locaux � un tournage, au d�triment de tout un quartier.

Je termine en citant toujours le point n� 3. ?Vous devez avant tout v�rifier qu?il existe la capacit� de fourniture �lectrique?. Encore un v?u pour la forme. Depuis le d�but de votre mandature, je n?ai pas vu plus de trois fois une production de quelque importance qui n?utilise pas de groupes �lectrog�nes diesel pour ses �clairages. Ce sont des groupes diesel, polluants, fixes qui fonctionnent jour et nuit sous les fen�tres des riverains. Par qui et comment ces pratiques seront-elles �limin�es et m�me restreintes ? Quelles sanctions seront appliqu�es ?

Votre charte est, h�las, muette et par cons�quent rien ne changera. Car le vrai probl�me n?est pas cern� dans cette charte. En dehors des grands films, tourn�s dans des d�cors parisiens parfaitement justifi�s par le sc�nario, il existe toute une profession qui vit, et qui vit tr�s bien, aux d�pens de la voie publique. Votre charte les ignore totalement. Je vais prendre un exemple parmi tant d?autres : M. Thierry ARDISSON, avec une �mission bien connue qu?il tourne sans myst�re dans son appartement et dont elle porte l?adresse dans le faubourg Saint-Honor�.

A ce propos, je croyais que l?utilisation professionnelle du domicile �tait soumise � une r�glementation - celle du Code de la construction et de l?habitation -, mais passons. Voil� une �mission qui ne co�te pas cher en location de studios. Pas cher non plus la privatisation de la voie publique au profit de l?�mission, avec tout ce que cela comporte en logistique, en r�gie, en �clairage, en maquillage et qui pose un vrai probl�me. Combien de mois ou d?ann�es, l?angle du faubourg Saint-Honor� et de la rue Jean-Mermoz sera-t-il annex� au profit d?une entreprise priv�e ? Qui l?autorise, qui contr�le, qui peut faire cesser cet abus ?

Avec votre charte, ces questions ne sont pas r�solues. Elles ne sont m�me pas �voqu�es, d?une part parce que vous n?avez pr�vu ni moyens de contr�le ni sanctions et, d?autre part, parce que la Pr�fecture de police, en ce domaine et dans son petit coin, fait ce qu?elle veut sans en r�f�rer � quiconque et dans un esprit - il faut bien le reconna�tre -, de total laxisme. Votre charte, finalement, tr�s bien r�dig�e, est un recueil de v?ux pieux.

Je vous remercie.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.

Monsieur COUMET.

M. J�r�me COUMET. - Je ne partage pas le pessimisme de M. LEBEL et je me r�jouis bien �videmment de la signature de cette charte des tournages, ces tournages qui contribuent au rayonnement de Paris, et plus largement de notre industrie cin�matographique qui a eu le m�rite non seulement de survivre mais aussi de se d�velopper.

Je ne me permettrais pas non plus de dire moins bien et avec moins de talent ce qu?a d�j� dit ma coll�gue Karen TA�EB. Je vais me contenter de vous alerter sur un point pr�cis puisque nous avons eu beaucoup de plaintes aux abords des chantiers du tramway o� des tournages ont tendance � se multiplier, pour des raisons que je ne comprends pas. Je vous serais donc gr� de bien vouloir veiller � ce que ces tournages �pargnent ces quartiers jusqu?� la fin des am�nagements - c?est-�-dire qu?il n?y a plus que six mois ou un peu plus � tenir -, car la neutralisation d?un grand nombre de places de stationnement, en sus des travaux, est particuli�rement p�nalisante pour les riverains.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Mme de FRESQUET a la parole.

Mme Elisabeth de FRESQUET. - Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur le Maire, chers coll�gues, le patrimoine culturel et architectural de la Capitale exerce un attrait consid�rable sur les professionnels du cin�ma, comme en t�moigne le nombre �lev� de tournages qui chaque jour sont organis�s � Paris. Il s?agit d?�vidence d?un atout � pr�server. R�cemment encore, la presse locale et nationale s?est faite l?�cho de cet incontestable succ�s. Paris s�duit et attire. Chacune et chacun d?entre nous peut, je le crois, s?en r�jouir pleinement.

Dans ce contexte, une charte des tournages est bien s�r une id�e int�ressante. Je comprends, et les �lus du groupe U.D.F. avec moi, la volont� de la Ville de pr�ciser les r�gles qui devront d�sormais r�gir la planification et l?organisation des tournages cin�matographiques � Paris.

J?ajouterai qu?une telle entreprise ne sera v�ritablement concluante que si elle b�n�ficie de la participation de la Pr�fecture de police de Paris, dont la comp�tence en la mati�re ne peut �tre ignor�e. Ces r�gles doivent se fonder sur un double horizon de contraintes. Il s?agit, � la fois de renforcer les capacit�s d?accueil des professionnels du cin�ma, donc d?inscrire la Ville dans une d�marche de soutien � la production cin�matographique, de l?autre, de concilier au mieux les activit�s de tournage avec les rythmes et le cadre de vie des habitants.

Or, Monsieur le Maire, force est de constater que vous arbitrez tr�s nettement en faveur de la promotion des activit�s de tournage, sans chercher v�ritablement � pr�server la vie quotidienne des Parisiens. Ces derniers ne sont pas des figurants, ils n?ont pas � subir de mani�re r�currente les cons�quences du d�ploiement de logistiques lourdes que repr�sente un tournage. Cela reviendrait de fait � privatiser l?espace public. Pour le moment les quelques garde-fous que vous pr�conisez p�sent faiblement si on les compare aux incitations mises en place. Je pense notamment aux tarifs et redevances de tournage dans la Capitale dont le bar�me est peu �lev�. Je pense aussi � la Mission cin�ma/BTP qui devra instruire en dix jours ouvrables, alors que dix tournages ont lieu chaque jour dans Paris, les demandes d?autorisation.

Les �ventuelles ?r�serves? ou ?recommandations? que pourra �mettre cette mission ne suffiront pas, je le crains fort, pour pr�munir de toute nuisance r�elle ceux qui vivent et travaillent sur les lieux en question, surtout s?il s?agit d?un site particuli�rement appr�ci� pour son cachet et son image, donc tr�s demand�. Paris est une ?ville lumi�re?, pas un d�cor en carton pour salles obscures.

Celles et ceux qui y vivent sont certes attach�s � son image nationale et internationale. Mais la politique d?accueil des industriels du cin�ma, si elle est indispensable, ne peut �tre con�ue comme un simple compl�ment � la politique de communication de la Ville. Sauf � consid�rer que la Municipalit� exerce un droit de r��criture sur les scripts et les sc�narii, elle ne peut contr�ler r�ellement l?image qui est donn�e de Paris dans une oeuvre. C?est la diff�rence entre libert� artistique et communication politique. Par exemple, nous pouvons tous citer ici des films dans lesquels l?image qui est donn�e de la Ville est d�su�te, dans lesquels Paris appara�t comme une ville du pass�. Est-ce ce que nous voulons ? Je ne le crois pas.

Enfin, les ressources g�n�r�es par les activit�s de tournage doivent � mon sens �tre consacr�es au soutien � la production cin�matographique. Rien ne le garantit malheureusement aujourd?hui. Plus que des tarifs et redevances peu �lev�s, ces investissements peuvent constituer une v�ritable aide en faveur de la cr�ation et des jeunes talents de demain. Je pense tout particuli�rement aux 34.000 intermittents qui r�sident � Paris.

Je vous remercie.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.

M. GIRARD a la parole.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Vous n?allez pas �tre d��us ! D?abord, j?invite les esprits chagrins, qui se plaignent qu?il y ait des tournages � Paris, � vraiment rencontrer les producteurs, les r�alisateurs, les distributeurs, les com�diens et les exploitants de cin�ma et vous leur expliquerez, en effet, que vous pr�f�rez qu?il y ait des d�localisations et que l?on aille tourner les films en Roumanie, en Pologne ou en Ukraine plut�t qu?� Paris ! Parce qu?aujourd?hui, c?est un tournage sur trois qui est menac� ! Vous voulez quoi ? Que l?activit� �conomique de Paris baisse ? Et vous croyez que les Parisiens sont des imb�ciles ? Qu?ils ne pl�biscitent pas le cin�ma ? Qu?ils ne sont pas fiers d?avoir Paris dans les films ? Qu?ils ne sont pas heureux de voir leur ville montr�e � travers le monde par le cin�ma et par la cr�ation ?

Les Parisiens et les habitants sont tout � fait conscients qu?il y a des g�nes et sont tout � fait capables de comprendre qu?un tournage, cela demande du temps, cela demande une organisation,

Je voudrais d?ailleurs saluer au passage l?excellent travail que nous faisons avec la Pr�fecture de police. Car c?est avec eux que nous r�ussissons, maintenant qu?il y a une charte, � organiser des tournages de fa�on bien coordonn�e.

En effet, la mairie du 8e, celle de M. LEBEL, est sollicit�e r�guli�rement.

D?ailleurs, je vous signale, cher ami, que, quand vous citez Corneille, ce serait mieux de le citer exactement car, � ma connaissance, c?est Boileau qui a dit : ?Corneille peint les hommes tels qu?ils deviennent, tandis que Racine les peint tels qu?ils sont.? Ce n?est pas tout � fait ce que vous avez dit.

Continuons maintenant sur les tournages. La Pr�fecture de police et le Minist�re de l?Int�rieur se sont r�jouis que la Ville de Paris ait �tabli un document de ce type. Cela leur para�t essentiel qu?il y ait de l?ordre dans la ville mais qu?en m�me temps, on puisse avoir beaucoup de tournages. Croyez-moi, on fera tout pour que Paris reste la capitale du cin�ma.

Bien entendu, lorsqu?il y a des plaintes, elles sont �tudi�es, regard�es de pr�s, mais nous ferons, gr�ce � cette charte, tout un travail de pr�vention avec la Pr�fecture.

Vous savez tr�s bien, Fran�ois LEBEL, que vous �tes r�guli�rement sollicit� � la mairie du 8e. Chaque fois, lorsque vous �tes sollicit�, vous r�pondez de fa�on argument�e. Vos arguments sont pris en compte et, ensuite, sont indiqu�s � ceux qui organisent les tournages. C?est souvent � propos du stationnement. Je vous signale au passage que, lorsqu?il y a stationnement, il y a une taxe de stationnement qui est pay�e. Cela entre donc dans les caisses de la Ville, ce n?est pas pour appauvrir Paris que je sache.

Je suis assez troubl� que vous teniez un tel discours. Il faudrait savoir ! Soit vous voulez de la vitalit� �conomique et que Paris reste la capitale du cin�ma ou alors vous voulez que cette ville devienne une ville mus�e morte. Soyez clairs !

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration SG 6.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� avec l?abstention de M. Fran�ois LEBEL. (2006, SG 6).

Janvier 2006
Débat
Conseil municipal
retour Retour