retour Retour

2019 DAE 378 - Sciences Po-campus 2022 (7e) : subvention (2.000 000 euros) et convention avec la FNSP pour l’aménagement d’espaces de travail et de vie étudiante.


 

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DAE 378 relatif à l'attribution d'une subvention et d'une convention avec la Fondation nationale des sciences politiques.

Je donne la parole à M. Jean-Noël AQUA.

M. Jean-Noël AQUA. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, avez-vous déjà imaginé ce que vous pourriez faire avec 2 millions d'euros ? Le chiffre est vertigineux et les possibilités sont multiples.

Mais cela me pique les yeux de les voir utilisés pour rénover les espaces de travail de Sciences Po.

Sciences Po, un établissement qui jouit déjà d'un certain prestige et qui n'a a priori pas besoin de l'argent de la Ville de Paris pour redorer son blason.

D'ailleurs, il est rappelé dans l'exposé des motifs que cet établissement a financé la rénovation de ses locaux par un emprunt de 160 millions, auquel s'ajoutent environ 30 millions d'euros sur fonds propres, pourquoi diable la Ville de Paris intervient-elle avec 2 millions d'euros supplémentaires dans ce projet ?

Il s'agirait d'aménager des espaces de travail pour la vie étudiante, des espaces de travail qui se veulent ouverts sur la ville et accessibles à d'autres étudiants.

C'est l'argument qui devrait faire passer la pilule. Pilule à 2 millions d'euros tout de même.

Vous me direz que Sciences Po a une politique d'accueil des boursiers plus ouverte, certes. 2 millions d'euros pour ouvrir le campus sur la ville alors qu?aujourd'hui pour entrer dans l'enceinte de Sciences Po, il est nécessaire de montrer patte blanche et de tendre en premier sa carte d'étudiant, cela continue de piquer les yeux.

2 millions d'euros pour accueillir d'autres étudiants, en partenariat avec le CROUS et la Maison des étudiants. Quand on connaît l'espace qui est concerné sur le campus, on peut douter de sa capacité d'accueil d'autres étudiants que ceux de Sciences Po, déjà nombreux.

"And, it's not like the learning and teaching coworking spaces now the biggest collect programm that will attract us". Je le dis en anglais, parce que visiblement le projet de délibération a l'air de s'enorgueillir beaucoup sur l'anglais, or le rayonnement international d'un établissement, je le dis et le redis, je suis désolé, ne se mesure pas au nombre de locutions anglaises.

D'ailleurs, quand vous vivez aux Etats-Unis, il est piquant de voir que c'est l'inverse, c'est le nombre de locutions françaises qui témoigne d'un certain niveau d'éducation.

Il serait heureux de voir les projets de délibération rédigés dans la belle langue de Molière, surtout pour des mots comme apprendre, enseigner, prendre, collecter, qui sont des mots pour lesquels la traduction est quand même relativement aisée à trouver dans n'importe quel dictionnaire ou dictionnaire en ligne.

Pour en revenir à l'objet du projet de délibération et ne pas rester sur sa forme, la Ville a déjà financé des rénovations et investissements dans des universités qui ne lui appartenaient pas, c'est vrai, mais il s'agissait d'établissements bien moins prestigieux et avec plus de difficultés à mobiliser des financements qui pouvaient justifier le recours à l'argent public.

Si nous avions pu arbitrer, nous aurions choisi d'utiliser ces 2 millions d'euros pour investir dans des bâtiments qui appartenaient à la Ville et qui ont un besoin urgent de réhabilitation.

Notre première pensée, évidemment, a été pour l'école Du Breuil, qui attend un plan de travaux ambitieux depuis plus de 10 ans, c'était l'objet d'un amendement budgétaire que vous avez repoussé hier, nous le regrettons.

Comme vous l'avez compris, nous ne sommes pas convaincus du bien-fondé de ce projet de délibération et nous voterons contre. Je vous remercie.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci beaucoup.

Pour vous répondre, la parole est à Marie-Christine LEMARDELEY.

Mme Marie-Christine LEMARDELEY, adjointe. - Chers collègues, cher Jean-Noël AQUA, merci pour votre inscription sur ce projet de délibération, qui me permet de revenir sur l'action de la Ville en matière d'enseignement supérieur et de vie étudiante, mais également de souligner notre mobilisation aux côtés de Sciences Po pour l'accompagner dans la création de nouveaux espaces de travail étudiants ouverts sur la ville. Oui, ce sera ouvert sur la ville.

Depuis 2014, nous agissons pour préserver et développer l'enseignement supérieur public parisien, ainsi que pour améliorer les conditions de vie et d'étude des étudiants parisiens. Nous avons ?uvré pour faire de Paris une ville campus d'échelle mondiale.

Dans ce cadre, nous avons apporté notre concours au campus Condorcet dans le 18e arrondissement pour un bâtiment pour l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et au nouveau campus Picpus dans le 12e arrondissement pour la Sorbonne Nouvelle. Nous avons également financé l'adaptation de 12 espaces modulables dans des restaurants du CROUS de Paris, des "spaces", c'est un peu un anglicisme aussi, pour qu?ils restent ouverts en dehors des heures de repas et permettent aux étudiants de se réunir et de travailler. Au total, ce sont aujourd'hui plus de 5.000 mètres carrés d'espaces créés en plus pour étudier sur cette mandature, soit l'équivalent d'une nouvelle bibliothèque universitaire, des mètres carrés mis à disposition des étudiants parisiens pour leur permettre de réviser dans de bonnes conditions.

Ce projet de délibération s'inscrit dans la réorganisation du campus parisien de Sciences Po, qui en parallèle de son projet d'aménagement du site de l'Hôtel de l'Artillerie s'est fixé comme objectif de procéder d'ici 2022 au réaménagement d'ensemble de son campus urbain appelé à se regrouper autour d'une dizaine seulement de sites contre 23 actuellement. Cette réorganisation vise à redéfinir en profondeur l'organisation générale du campus, afin de le rendre plus cohérent, d'améliorer la qualité de ses services, et de renforcer son ancrage et sa visibilité dans notre ville. Ce projet, j'en suis sûre, permettra de créer un véritable campus urbain au c?ur de Paris.

Ce projet de délibération vise à financer la moitié des coûts de réaménagement des espaces d'accueil et de travail innovants ouverts sur la ville des sites des 27 et 30 de la rue Saint-Guillaume, et au 13 de la rue de l'Université, qui viendront s'ajouter à des espaces de travail partagés et de convivialité qui manquent fortement sur le campus. Vous ne l'avez peut-être pas visité depuis longtemps, mais cela manque.

Il s'agit donc d'une subvention d'investissement d'un montant de 2 millions d'euros sur les 4 millions nécessaires, et cela constituera la seule contribution directe de la Ville au projet du nouveau campus parisien de Sciences Po estimé au total à près de 160 millions d'euros, sur lequel la Ville a octroyé une garantie d'emprunt.

Sciences Po, en faisant le choix de s'agrandir et de pérenniser son implantation parisienne, conforte le rayonnement international de notre ville en tant que métropole universitaire et scientifique, et contribue à positionner les sciences humaines et sociales au c?ur de l'écosystème parisien de création et d'innovation. L'ensemble de ces aménagements permettra l'ouverture du campus vers l'espace public. Ces espaces nouveaux seront conçus et valorisés comme des vitrines et des leviers de l'interaction avec la ville, ils seront ouverts aux étudiants d'autres établissements d'enseignement supérieur parisiens. Ces lieux de partage manquent dans le 7e arrondissement et bénéficieront notamment aux étudiants du site des Saints-Pères de l'université de Paris ou de l'INALCO présents sur le même site. Ainsi, et dans le cadre de sa politique de soutien à l'enseignement supérieur, la recherche et la vie étudiante, je vous propose de voter cette subvention exceptionnelle de la Ville de Paris à la Fondation nationale des sciences politiques pour l'aménagement d'espaces de travail et de vie étudiante. Sur la forme, j'ajoute un petit mot de complicité avec Jean-Noël AQUA, puisque j'ai fait exactement la même remarque que lui au Conseil d'administration de Sciences Po où je siège, car en tant qu?angliciste, je trouve que l'on emploie trop de mots anglais pour faire chic et cela ne fait pas chic du tout. Je suis d'accord avec vous sur ce point. Merci beaucoup, je vous incite à voter.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - J'ai trouvé Jean-Noël AQUA très chic quand il parlait anglais.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DAE 378.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2019, DAE 378).

 

Décembre 2019
Débat
Conseil municipal
retour Retour