Vœu déposé par le groupe Communiste - Front de Gauche relatif à l’apposition d’une plaque en souvenir des enfants détenus de 1836 à 1929 à la prison de la petite Roquette.
M. Ian BROSSAT, adjoint, président. - Nous passons à l'examen de v?ux non-rattachés. Il nous en reste quatre avant de pouvoir aller déjeuner, et je vous demanderai d?essayer d'être brefs.
Le v?u référencé n° 173 est relatif à l'apposition d'une plaque en souvenir des enfants détenus de 1836 à 1929 à la prison de la Petite Roquette. La parole est à vous, Madame Danièle PREMEL.
Mme Danièle PREMEL. - Merci, Monsieur le Maire.
Chers collègues, "les enfants ont tout, sauf ce qu'on leur enlève". Ainsi s?exprimait Jacques Prévert.
Je n'aurai pas assez de deux minutes pour défendre le v?u que je viens vous présenter. Deux minutes pour un siècle d'enfermement et d'humiliations de garçons mineurs de 7 à 21 ans, des enfants à qui, au prétexte de ne pas les mettre en contact avec pire qu?eux, on empêche de parler, de chanter, de manger ensemble. Des enfants qui ne peuvent être que des criminels, mais aussi des enfants vagabonds et des enfants rejetés par leurs propres familles. Alors, ce n'était pas à Cayenne, ce n'était pas à l?île de Ré, c'était ici en plein Paris, rue de la Roquette.
Mes mots ne suffiront pas. Regardez le film de Cyril DENVERS, récemment diffusé sur une chaîne publique, écoutez les lettres de ces enfants qui leur ont été volées par l'administration pénitentiaire. Imaginez des jours, des semaines, des mois de silence, à n?écouter que la voix du maître d?école dans la coursive de la prison, le bruit des galoches pour rejoindre la promenade où l'on sera seul comme dans sa cellule. Regardez la tête de ces enfants que l'on couvre avec une cagoule pour aller à la messe le dimanche, où même là, dans le box qui vous est attribué, vous ne verrez que le prêtre. Ce fut ainsi jusqu'en 1929. Je remercie l'auteur de ce film émouvant. En cette année du 70e anniversaire de l'Ordonnance de 1945 et des 30 ans de la Convention internationale des droits de l'Enfant, j'ai une pensée pour vous, Dominique VERSINI, qui vous êtes tant battue pour que soit entendue la parole de l'enfant. Je terminerai avec ces vers de Prévert : "Dès notre plus jeune âge, parqués dans les prisons, nous dormons dans des cages, et nous tournons en rond, sans voir le paysage, sans chanter de chansons, le monde nous a foutus dehors, la vie nous a foutus en l'air !". Alors, une plaque en souvenir comme un pétale de rose sur une blessure. Merci.
M. Ian BROSSAT, adjoint, président. - Merci, Danièle PREMEL.
Pour vous répondre, la parole est à Mme Catherine VIEU-CHARIER.
Mme Catherine VIEU-CHARIER, adjointe. - Chers collègues, il s'agit en effet d'un v?u particulièrement émouvant. Je remercie Danièle PREMEL de le porter et je remercie aussi Dominique VERSINI. Je m'associe à Danièle. C'est vrai que rendre la parole et rendre une existence aux enfants, c'est toujours d'actualité d'ailleurs. Mais il faut se souvenir de la misère et de la maltraitance que ces enfants ont vécu en prison, c'est absolument épouvantable. Bien évidemment, je remercie aussi Cyril DENVERS pour son film qui fait ?uvre pédagogique et qui explique aujourd'hui ce qu'ont été les conditions de détention des enfants. Je vais travailler à ce que cette plaque puisse être instruite extrêmement rapidement par la direction des Affaires culturelles, et c'est un avis favorable que j'émets pour ce v?u.
M. Ian BROSSAT, adjoint, président. - Merci, Catherine VIEU-CHARIER.
Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u déposée par le groupe Communiste - Front de Gauche, assortie d'un avis favorable de l'Exécutif.
Qui est pour ? Contre ? Abstentions ?
La proposition de v?u est adoptée à l'unanimité. (2019, V. 565).