2019 DASES 266 - Subventions de fonctionnement (718.252,70 euros) et d’investissement (192.167,80 euros) pour des dispositifs d’aides aux familles à la rue.
M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous passons à l?examen du projet de délibération DASES 266 relatif à l'attribution de subventions de fonctionnement et d?investissement pour des dispositifs d?aides aux familles à la rue.
La parole est à Mme Fatoumata KONÉ.
Mme Fatoumata KONÉ. - Merci.
Madame la Maire, chers collègues, je voulais profiter de ce projet de délibération pour alerter de nouveau notre Assemblée sur la situation d?urgence des familles à la rue à Paris. Pas plus tard que ce matin, 8 associations, dont "Emmaüs Solidarité" et le SAMU Social de Paris, la "Fédération des acteurs de la solidarité", la "Fondation de l?Armée du salut", nous alertaient, dans un article publié dans "Ouest France" en s?indignant de la situation de plus de 500 familles qui dorment chaque soir dans les rues de notre ville.
Ces associations dénoncent la décision du Préfet d?attendre l?arrivée du grand froid pour ouvrir la totalité des places prévues par l?Etat pour l?hébergement des sans-abri pendant l?hiver, alors que ces places sont actuellement libres. Fin octobre, le ministre du Logement, Julien DENORMANDIE, avait pourtant annoncé qu?en plus des 146.000 places d?hébergement d?urgence ouvertes toute l?année, jusqu?à 14.000 places seraient mobilisables entre le 1er novembre et le 31 mars, dont 7.000 en Ile-de-France.
Pour les associations, cette gestion au thermomètre de l?hébergement, qui laisse des locaux vides quand des milliers de personnes et enfants dorment dehors, est intolérable. Et ajoute que cela met la santé de ces personnes vulnérables en danger. Notre inquiétude monte quand on apprend que 1.200 places d?urgence en hôtel pour les familles en demande d?asile seront supprimées par une baisse du budget alloué en Ile-de-France pour 2020.
J?en profite pour rappeler que le groupe Ecologiste de Paris, déjà interloqué par la situation en septembre dernier, avait déposé un v?u au Conseil d?octobre pour demander à la Ville d?interpeller l?Etat et la Région pour qu?ils participent à la création de logements sociaux supplémentaires de type P.L.A.-I. pour répondre aux besoins urgents de logements en Ile-de-France, en particulier pour les familles, et afin de désengorger les centres d?hébergement d?urgence et les hôtels sociaux.
Que la Ville augmente le nombre de places d?hébergement dans le cadre de l?Aide Sociale à l?Enfance à destination des femmes enceintes et des familles à la rue, notamment en mobilisant les espaces et locaux appartenant à la Ville et que la Ville sollicite le Préfet pour la réquisition attributaire des espaces et locaux vacants depuis plus de 12 mois et appartenant à une personne morale, afin d?y loger au plus vite les personnes sans-abri. Le nombre d?appels au 115 a été multiplié par 3 en 3 ans. Le dispositif d?hébergement est saturé depuis longtemps. Dans le Nord-Est parisien, en particulier dans le 19e arrondissement, sur la porte d?Aubervilliers, nous avons toujours des campements d?exilés avec des familles. Il est donc urgent d?agir, car il est inadmissible de laisser cette situation perdurer.
Je vous remercie.
M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Fatoumata KONÉ.
Je donne la parole à Mme Dominique VERSINI, pour vous répondre.
Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.
Mes chers collègues, chère Fatoumata KONÉ, je suis tout à fait d?accord avec vous, nous sommes confrontés à une situation humanitaire inédite, où des familles en situation de rue se retrouvent sans solution puisque le S.I.A.O. laisse sans réponse d?hébergement 1.300 personnes en famille chaque nuit. Face à cette situation, nous avons proposé que, la Maire de Paris au Préfet de Région, à l?Etat donc, un nombre de bâtiments municipaux particulièrement important puisque nous arrivons à peu près à 1.000 places, que nous avons souhaité voir particulièrement destinées aux familles avec enfants.
Un certain nombre de ces centres ouvriront d?ici la fin de l?année et en début d?année 2020. Mais, en attendant, la situation est périlleuse. Je tiens à vous alerter tous, notamment Mme la Représentante du Préfet de police, qu?il n?est pas exclu qu?il y ait des enfants qui décèdent dans la rue. Car nous avons ouvert un gymnase avec la maire du 10e arrondissement la semaine dernière et il y avait des bébés de 15 jours qui avaient tous dormi dans la rue, des bébés de 2 mois qui avaient tous dormi dans la rue. Je pense que c?est quand même une situation assez préoccupante.
De même, nous sommes en attente de l?ouverture d?un centre à la mairie du 10e arrondissement dans l?ancien tribunal d?instance, que l?Etat a depuis plusieurs mois confié à la Croix-Rouge. Là encore, pour Mme la Représentante du Préfet de police, nous sommes en attente de l?accord de l?autorisation d?ouverture par la Préfecture de police. Il en est de même sur deux de nos centres. Donc, nous aimerions avoir vraiment la possibilité d?ouvrir ces centres. Je dois dire que la situation est plus que catastrophique. Nous en sommes à ouvrir des gymnases, et des gymnases avec des lits picots, cela ne marche pas du tout avec les femmes enceintes. Bref. C?est l?occasion importante et je vous en remercie vraiment Fatoumata KONÉ parce que c?est une situation totalement préoccupante.
Le projet délibération que je vous invite également à voter montre qu?il y a des ouvertures, notamment d?un lieu d?accueil de jour dans le 18e arrondissement par la "Société philanthropique", qu?il y aura également un accueil de jour dans le 6e arrondissement par l?association "Louise et Rosalie" qui permettra à des femmes de venir se poser. Nous renforçons également la subvention à l?association "Agir pour le développement de la santé des femmes", l?A.D.S.F., qui est vraiment une association exemplaire et essentielle dans Paris puisqu?elle s?occupe des femmes en situation de rue, et gère aussi la "Cité des Dames", dans le 13e arrondissement.
Hier, un événement heureux : c?était la première année de la halte de l?Hôtel de Ville. 553 femmes sont passées pendant cette année. Beaucoup sont sorties avec des solutions d?hébergement de plus longue durée et 1.200 femmes sont venues dans l?accueil de jour. Toutes ont dit combien ce lieu, qui est consacré aux femmes, avec un personnel majoritairement féminin, est un moment de paix pour elles qui leur permet de sortir de la rue, de sortir de la violence et de se projeter dans l?extérieur. Et donc, je pense que nous devons continuer à développer la création de haltes pour les femmes en situation de rue.
Je vous remercie.
M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Dominique VERSINI.
Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DASES 266.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de délibération est adopté. (2019, DASES 266).