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2019 DASES 310 - Subventions (500.000 euros) et conventions avec vingt quatre associations pour leurs actions favorisant l'inclusion numérique.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DASES 310 relatif à l'attribution de subventions et de conventions avec 24 associations pour leurs actions favorisant l?inclusion numérique.

La parole est à Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - La lutte contre l?illectronisme est un défi majeur. L?Agence nationale de lutte contre l?illettrisme, A.N.L.C.I., a évalué à 15 % la population française touchée par ce fléau en 2016. Pire, le 25 juin 2019, le Syndicat de la presse sociale avait publié un livre blanc sur l?illectronisme et recensait 23 % de la population française, soit 11 millions d?habitants victimes de l?illectronisme, qui arrache, déconnecte les habitants de l?accès à un commun essentiel de nos sociétés développées, la société de l?information.

Donc, il est essentiel que nous votions ce projet de délibération qui permet d?allouer aux associations du temps contre l?illectronisme, plus de subventions et de moyens. D?autant plus que dans le cadre de la stratégie nationale d?inclusion numérique lancée par le Gouvernement, force est de constater que, depuis décembre 2017, nationalement, les moyens ne suivent pas.

Mais je pense que nous pouvons et devrions à Paris aller bien plus loin. On devrait multiplier par deux le nombre d?espaces publics numériques à Paris, soit par une augmentation des moyens techniques, financiers, matériels, à ceux qui sont déjà existants, soit, ce serait plus favorable, par la création de nouveaux E.P.N. "ex nihilo" dans un bon nombre d?arrondissements et notamment prioritairement dans le Nord et le Nord-Est parisien. On peut trouver les budgets. On a des lieux d?implantation possibles au niveau des mairies d?arrondissements. Et il faut, bien sûr, encourager aussi la mutualisation des compétences et les partenariats entre les acteurs autour de cette question. Par exemple, je pense faire travailler beaucoup plus les associations, les O.N.G., les développeurs, les enseignants A.S.L.-F.L.E. et les acteurs de l?éducation populaire. Cela me semble important.

Mais, attention. Faciliter l?accès à l?information, si c?est une nécessité pour permettre aux citoyens et aux citoyennes, aux habitants d?avoir accès à la société de l?information, et développer leur accès à un Internet de qualité et neutre ne doit pas pour autant nous faire croire qu?il faut supprimer et continuer de supprimer l?ensemble des accès physiques aux services publics.

Nous ne sommes pas là pour pallier cette volonté de la part de l?Etat de briser bon nombre de services publics en termes d?accueil physique du fait de la dématérialisation. Et là, je rebondis sur des interventions qui ont pu être faites dans ce Conseil contre, par exemple, la fermeture des boutiques S.N.C.F. Mais c?est aussi la menace de fermeture de centres des impôts locaux. A Paris, on sait que, dans le 18e arrondissement, il y en a un qu?il est prévu de fermer. On sait que dans de nombreux services publics - c?est valable pour les Pôles Emploi, mais aussi pour plein de démarches sociales - on ferme l?accès physique et les rencontres physiques sous prétexte de dématérialisation. Et alors, nous, on va se retrouver, Ville de Paris, dans l?accompagnement des publics à l?accès Internet, finalement, à accompagner cette? Voilà.

Vous voyez la perversité de la chose. Pour autant, vous comprenez bien, dans mon intervention, que je souhaite que nous continuions bien évidemment à soutenir. La Ville devrait aussi porter cette contestation de la dématérialisation de la part de l?Etat de nombreuses démarches, qui, je pense, est totalement excluante aujourd?hui pour bon nombre de personnes, même si nous devons continuer cette démarche sur la lutte contre l?illectronisme. Le travail aussi au niveau des écoles doit se poursuivre, parce que c?est bien évidemment dès les premières générations que nous devons continuer à soutenir une Municipalité qui cherche à être inclusive, où le numérique puisse avoir un rôle de solidarité et non pas un rôle d?exclusion.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Danielle SIMONNET.

Je donne la parole à Mme Dominique VERSINI, pour vous répondre.

Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers collègues, chère Danielle SIMONNET, je ne peux qu?être d?accord avec votre démonstration. Effectivement, on constate un désengagement de l?ensemble des acteurs institutionnels, de guichets ouverts au public. Vous le savez, les services du C.A.S.-V.P. sont les derniers guichets à être ouverts à tout le monde et à mettre en place aussi des espaces numériques pour accompagner les gens qui n?auraient pas la possibilité et ne sauraient pas le faire. On est vraiment confronté à cette situation, qui est un grand facteur d?inégalités sociales.

D?ailleurs, en 2016, on s?est mobilisé à Paris en votant le "Plan parisien d?insertion par l?emploi" et la stratégie parisienne surtout d?inclusion au numérique, que nous avons présentée en juin 2017 et qui a permis de lancer des appels à projets en 2018, 2019, en partenariat avec la C.A.F. et Pôle Emploi, qui ont permis d?accueillir de nombreux partenaires, de développer tout un réseau d?inclusion numérique formant un maillage territorial serré, pour que chaque Parisien et chaque Parisienne puissent avoir accès à un service de proximité correspondant à ses besoins, sachant que les services de proximité les plus fréquemment rencontrés sont ceux du centre d?action sociale.

Nous sommes allés plus loin en développant dans chaque centre d?action sociale d?arrondissement des espaces numériques d?accès aux droits, qui ont été ouverts en septembre 2019. Après deux appels à projets, nous souhaitons désormais consolider le réseau parisien en soutenant, par des subventions, les acteurs de l?inclusion numérique. C?est tout l?objet de ce projet de délibération qui vise à subventionner 24 associations. C?est ainsi.

Le C.A.S.-V.P. reste le dernier rempart, le dernier lieu où l?on peut se former, s?informer, être aidé. Il y a de beaux projets aussi qui forment des aidants numériques. Il y a énormément d?associations qui sont impliquées. Je suis entièrement d?accord avec vous sur le fait que l?on devrait dire, se battre. On le fait, mais surtout, ce qui est important, c?est ce que l?on fait pour les Parisiens, que nos services sont présents et que c?est vraiment l?essentiel pour les Parisiens, qui sont habitués à aller dans les services sociaux de C.A.S.-V.P., et qui, donc, tout naturellement, peuvent être aidés dans ces services sociaux.

Je vous invite, mes chers collègues, à voter ce projet de délibération qui est très constructif.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Dominique VERSINI.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DASES 310.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2019, DASES 310).

 

Décembre 2019
Débat
Conseil municipal
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