2019 DASES 339 - Subvention (20.000 euros) et convention à l'association Oppelia (12e) pour sa structure Charonne (13e).
M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous passons au projet de délibération DASES 339.
Je donne la parole à Mme Fatoumata KONÉ.
Mme Fatoumata KONÉ. - Merci.
Madame la Maire, chers collègues, vous le savez, voilà plusieurs années que de nombreux consommateurs de "crack" se réunissent autour de la tristement célèbre "colline du crack", à la porte de la Chapelle. L?évacuation de la colline et la mise en place de forces de police régulières sur ce site de la Chapelle suite à l?évacuation des campements de rue le 7 novembre dernier, n?a rien arrangé à la situation. Nous étions nombreux à être dubitatifs sur l?efficacité de l?évacuation de ce public toxicomane, sans réflexion sur leur devenir et leur accompagnement sanitaire. Car l?objectif d?une opération d?évacuation de ce type ne doit pas être de simplement déplacer le problème ailleurs. Or, nous pouvons malheureusement constater que ce fut ici le cas.
Aujourd?hui, ils sont actuellement dans les quartiers du 19e arrondissement, Stalingrad, Rosa-Parks, porte d?Aubervilliers, sur la place publique et dans les halls d?immeubles, mais également dans le métro sur les lignes 12 et 4, dans les stations Stalingrad ou encore Bonne Nouvelle, par exemple. Certes, ils ne sont plus sur la colline, mais partout dans nos quartiers du Nord-Est parisien.
Si ces usagers de drogue se réfugient dans le métro, c?est pour y trouver chaleur et paradoxalement, repos. Dans ces conditions, on peut se féliciter de l?inscription, dans le plan de mobilisation coordonné sur la problématique du "crack" à Paris, d?actions de renforcement des maraudes souterraines en partenariat avec la R.A.T.P. et nos partenaires associatifs de la réduction des risques. La présence de cette population dans le métro nécessite en effet la mise en place d?actions de médiation et de maraudes spécifiques.
En tant qu?écologiste clairement engagée dans les politiques de réduction des risques et des dommages, nous accueillons donc favorablement le financement de l?association "Oppelia" pour sa structure Charonne. Cette mise en synergie des compétences respectives de la R.A.T.P. et des centres d?accueil et d?accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue, a plusieurs objectifs. Favoriser l?orientation des usagers de drogue vers les dispositifs médico-sociaux en surface et diminuer la stagnation des usagers sur les quais des stations de métro. Mettre en place des maraudes communes entre ces deux établissements pour faciliter la mobilité et l?accès aux antennes mobiles et/ou structures spécialisées en surface : information, prévention, orientation et accompagnement. Sensibiliser les usagers de drogue au respect des usagers et des agents de la R.A.T.P. ainsi qu?aux règles en vigueur dans les espaces R.A.T.P.
La littérature scientifique démontre clairement que la réduction des risques et des dommages permet d?améliorer la situation des usagers, voire l?environnement quand il s?agit des salles de consommation à moindre risque. A contrario, la répression de l?usage, que l?on ne peut pas assimiler à la régulation, comme cela existe pour la consommation de tabac et d?alcool, mais que l?on peut clairement rapprocher de la prohibition, a des effets délétères pour la santé des consommateurs qui continuent de consommer dans des conditions d?hygiène encore plus dangereuses.
Nous saluons donc l?initiative de maraudes pour favoriser l?orientation des usagers vers des structures sociales et sanitaires, mais il apparaît également essentiel de mettre rapidement en place des structures intermédiaires de type salle de repos, avec des salles de consommation à moindre risque. Ces dispositifs sont, en effet, les plus à même de diminuer la présence dans le métro, dans l?espace public, ou encore dans les halls d?immeubles, de diminuer les prises de crack et de permettre un début de soin et d?accompagnement médico-social. Pouvez-vous donc nous indiquer si des actions sont prévues en ce sens par la Ville ? Je vous remercie.
M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Fatoumata KONÉ.
Je donne la parole à Mme Anne SOUYRIS, pour vous répondre.
Mme Anne SOUYRIS, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.
Merci, Fatoumata KONÉ.
Effectivement, ces maraudes sont absolument essentielles dans le processus que nous avons mis en place avec la Ville au sein du "Plan Crack", plan signé en mai dernier, et qui repose sur la réduction des risques, c?est-à-dire sur la seule solution permettant d?allier la santé publique et la sécurité publique. Cette question doit rester toujours en tête, quand on traite de cette question, y compris dans des moments et des grandes difficultés comme à la colline, où les gens étaient dans un état très problématique, mais où jamais l?évacuation n?est une solution. On l?a encore vu à la vingtième évacuation. On l?a vu à chaque évacuation.
La seule solution pérenne, et de santé publique, et de sécurité publique, ce sont les mesures de réduction des risques comme les maraudes, auxquelles vous faisiez allusion, qui sont le sujet de ce projet de délibération, mais également les salles de consommation et les salles de repos. Nous en avons déjà monté deux. Une première qui était dans le 18e arrondissement. Une autre à côté de la colline. Et j?espère que bientôt nous allons pouvoir en monter une troisième à Bonne Nouvelle, justement à proximité des lignes de métro, pour pouvoir, comme vous le dites, commencer à avoir une action vraiment pérenne, avec de l?hébergement et des salles de consommation. Cela suppose une volonté de tous les acteurs sur plusieurs lieux parisiens, pas seulement un seul, pas seulement dans un ou deux arrondissements, mais qu?il y ait un vrai maillage qui permette de prendre en charge ces personnes. Merci beaucoup.
M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Anne SOUYRIS.
Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DASES 339.
Qui est pour ?
Contre ? Abstentions ? Le projet de délibération est adopté. (2019, DASES 339).