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2019 DJS 244 - Subvention (20.000 euros) et convention annuelle d'objectifs avec l’association Mission Locale de Paris pour le déploiement de la démarche de BAFA citoyen parisien.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DJS 244 relatif à l'attribution d'une subvention et d'une convention annuelle d'objectifs avec l'association "Mission Locale de Paris" pour le déploiement de la démarche de BAFA citoyen parisien. La parole est à Danièle PREMEL.

Mme Danièle PREMEL. - Chers collègues, "engagez-vous !" qu'il disait, "engagez-vous !", cette fameuse réplique des deux centurions de Jules César qui reviennent inlassablement vaincus de leurs rencontres avec les Gaulois me fait souvent sourire. Et pourtant, c'est l'engagement, et cet engagement n'est pas simple effectivement, et j'oserais ajouter l'engagement citoyen.

Cette image m'est apparue à la lecture de ce projet de délibération qui m'a permis de me questionner sur l'engagement citoyen des jeunes. La citoyenneté apparaît parfois comme la prise de conscience du fait que les individus ont des droits et qu'en contrepartie l'individu aura des devoirs envers la société : participer à la vie politique, respecter les autres et faire preuve de civilité, respecter l'environnement. La citoyenneté peut alors apparaître comme une contrainte. Pour éviter de tomber dans ce piège, nous devons penser à informer, rassurer, et à susciter l'envie chez les jeunes de participer à la vie de la cité. Nous assistons à des mobilisations sociales importantes dans lesquelles les jeunes prennent leur place, qui ont pour but de défendre des causes telles que l'environnement, la justice sociale, etc. De plus en plus de jeunes font preuve d'une certaine méfiance vis-à-vis des institutions et des modes d'organisation, que ce soit par colère, par incompréhension ou pour toute autre raison. Nous devons faire preuve de vigilance. En tant qu?élus, nous avons l'habitude de parler de citoyenneté, sujet crucial, par nos conseils et dans nos différents réseaux. Mais notre regard doit se tourner vers les jeunes Parisiennes et Parisiens, qui par leur dynamisme et leur créativité ont tant à nous apprendre et nous avons tant à leur transmettre. C'est en ce sens que nous devons les valoriser et leur donner les moyens de s'impliquer. Prenons comme exemple les visites de terrain pendant lesquelles nous rencontrons les jeunes, les classes de différents âges qui viennent dans ces tribunes regarder les séances du Conseil, les travaux remis par le Conseil parisien de la jeunesse, tant d'éléments qui font état de la curiosité des jeunes et de leur investissement. Nous le savons, la Ville de Paris s'intéresse à la jeunesse, le plan parisien pour l'autonomie des jeunes, ainsi que les contrats jeunesse votés dans les arrondissements en témoignent. Différents dispositifs permettent d'encourager leur engagement citoyen. Le BAFA citoyen par exemple, qui a été mis en place après les attentats de 2015, propose aux jeunes qui le souhaitent, en échange d'un engagement citoyen de 30 heures, de pouvoir passer ce BAFA citoyen. Le but étant de développer la conscience citoyenne des jeunes en favorisant les échanges multiculturels et intergénérationnels. L'implication de la mission locale en s'impliquant aussi dans ce projet va permettre de faire le lien entre citoyenneté et projet professionnel. Au-delà des chances que ce dispositif offre aux jeunes, j'ajouterai qu'il permet une certaine ouverture sur la cité au sens large, sur les personnes qui y vivent, sur les actions à mener et leur faisabilité. Nous pensons qu'il est important que ces jeunes s'approprient l'espace que nous partageons et développent un sentiment d'appartenance. Ce sont eux qui prendront le relais. Notre groupe est soucieux d'intégrer cette jeunesse, afin qu?elle mette sa vitalité et son dynamisme à contribution pour faire de Paris une ville accueillante, innovante, une ville accessible pour toutes et tous, une ville solidaire. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Danièle PREMEL.

La parole est à Pauline VÉRON, pour vous répondre.

Mme Pauline VÉRON, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire, merci, chère Danièle PREMEL, pour votre intervention.

C'est vrai que, mes chers collègues, au milieu de tous ces débats, c'est quand même important de parler des jeunes et de leur engagement, parce qu'on sait bien tous ici que c'est l'avenir, c'est leur engagement qui va faire que demain, un certain nombre de combats continueront à être portés.

Alors, ce BAFA citoyen, c'est une innovation majeure de la Ville de Paris dont, je crois, nous pouvons collectivement être très fiers. Vous l'avez rappelé, c'est la proposition faite par la mairie à un certain nombre de jeunes, de pouvoir prendre en charge leur BAFA pour qu?ils puissent le passer. Au final, il ne leur reste plus que 40 euros à payer pour avoir leur BAFA. Ce, en échange de 30 heures d'engagement citoyen, généralement dans une association. Alors, cela peut prendre la forme de maraudes auprès des personnes à la rue, d'opérations de sensibilisation des habitants dans l'espace public, autour du tri des déchets ou de la prévention sur les questions environnementales, ou d'animation de clubs seniors pour faire de l'intergénérationnel. Pourquoi est-ce un dispositif dont nous pouvons être particulièrement fiers ? D'abord, le BAFA, souvent, permet à des jeunes d'avoir un premier emploi, d'accéder à des métiers dans lesquels il y a du travail, des emplois à pourvoir dans nos écoles, dans nos centres de loisirs, dans les colonies de vacances, et ce sont des emplois qui responsabilisent énormément puisqu'on a la charge d'enfants en étant assez jeune. C'est quelque chose de très efficace pour ces jeunes de leur permettre d'avoir le BAFA. Or, pour un certain nombre de jeunes, avoir à débourser 400 ou 500 euros pour avoir son BAFA, ce n'est pas évident. C'est parfois une impossibilité d'avoir son BAFA du fait de ce montant à payer. Et c'est la possibilité, comme vous l'avez très bien rappelé, de s'engager dans la vie citoyenne, dans les associations, et à travers cet engagement, à mûrir, à acquérir un savoir-être aussi dans des structures associatives, être au contact d'autres milieux sociaux, d'autres générations, et d'acquérir ainsi aussi des compétences pour la vie professionnelle, et une ouverture à la citoyenneté qui est absolument fondamentale dans notre société. Je voudrais quand même, avant de conclure, rappeler l'effort qui a été celui de la Ville de Paris. En 2015, nous avons commencé avec 65 jeunes accompagnés, ce n'était pas rien déjà, et qui ont eu accès à ce BAFA citoyen. Comme vous l'avez rappelé, suite aux attentats qu'a connus Paris, avec un certain nombre de collègues, comme Colombe BROSSEL, nous nous sommes évidemment énormément interrogés sur l'effort supplémentaire que nous devions apporter à la jeunesse parisienne, notamment dans les quartiers en difficulté. Nous avons souhaité, et la Maire nous a incités, m'a incitée à aller plus loin, nous avons décidé de donner une très grande ampleur à ce dispositif. Nous sommes donc passés de 65 jeunes à 714 en 2017, et à 846 en 2018. Sur 2019 aussi, nous avons encore augmenté, à peu près 850 jeunes. Au final, sur la mandature, ce sont 2.500 jeunes Parisiens qui auront pu avoir leur BAFA grâce à ce dispositif. Je crois que c'est fondamental dans l'idée que nous nous faisons de la responsabilité que nous avons vis-à-vis des jeunes, notamment des quartiers populaires de Paris, et nous avons aussi à c?ur de leur montrer qu'ils ont du talent, qu'ils ont beaucoup de talents, que nous sommes conscients de ces talents et qu'eux aussi doivent avoir conscience des talents qu'ils ont, et c'est en leur faisant confiance et en leur permettant d'accéder au BAFA, de prendre des responsabilités professionnelles, de prendre des responsabilités associatives, qu'ils peuvent prendre conscience des talents qu'ils ont, reprendre confiance en eux et pouvoir partir dans la vie avec ce nouveau bagage. Merci de votre soutien à ce projet de délibération qui, je crois, est une des actions majeures de la Ville de Paris en direction des jeunes, notamment des jeunes des quartiers populaires à Paris.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Pauline VÉRON, pour cette réponse.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DJS 244.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2019, DJS 244).

 

Décembre 2019
Débat
Conseil municipal
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