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Annexe n° 4 - Rapport d'activité du Conseil des Générations Futures (C.G.F.).


 

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Nous passons au débat organisé et prévu en conférence d?organisation sur le rapport d?activité du Conseil des Générations Futures, C.G.F. Je veux saluer ici Bruno GARCIA et Béatrice JACOBS qui sont tous deux membres de ce Conseil des Générations Futures que nous avons mis en place dès le début de notre mandature, après l?élection de 2014 et qui est un conseil, vous le savez, qui est parti d?une proposition que nous avait faite Didier LE RESTE et d?une mission qu?il avait effectuée à ma demande sur la question visant à savoir comment élaborer, à l?échelle parisienne, une instance ressemblant à un Conseil économique, social et environnemental, mais surtout, quand même, se préoccupant des générations futures. Le travail n?était pas simple quant à la composition et la construction de cette instance, et je veux remercier Pauline VÉRON, qui a vraiment porté avec Didier LE RESTE ces propositions et qui a aidé à les faire vivre. Je veux remercier également l?administration de la Ville, le secrétariat général et maintenant la DDCT de suivre les travaux du Conseil des Générations Futures. Cela fait partie de ces instances qui sont des instances de consultation qui doivent éclairer nos décisions, qui doivent nous permettre, nous, les élus, qui devons gérer dans le quotidien, dans l?urgence, de nous en détacher aussi pour avoir des éclairages qui renvoient à des temporalités plus longues et à des sujets qui ne sont pas des sujets qu?on aborde dans l?urgence. Je veux donc remercier vraiment l?ensemble des Parisiens, des citoyens qui participent dans les différents collèges à ce Conseil des Générations Futures. Ils vont nous présenter dans un premier temps le rapport d?activité du Conseil avec une intervention de chacun d?entre eux, Bruno GARCIA et Béatrice JACOBS, puis le rapport de la Commission de civisme, où vous interviendrez également. On va faire cela dans la foulée, puis je donnerai la parole aux différents orateurs qui se sont inscrits dans ce débat. Sans plus attendre, Monsieur Bruno GARCIA, vous avez la parole. Alors c?est Béatrice JACOBS qui a la parole. Je vous la cède.

Mme Béatrice JACOBS.- Je suis issue du collège des associations et je suis fondatrice et directrice de l?association "Les Petits Riens", qui est un collectif d?artistes qui permet aux jeunes des quartiers défavorisés d?avoir accès à la pratique artistique et à la culture.

M. Bruno GARCIA.- On va vous présenter ces deux rapports en alternance et on va donc un peu jouer avec nos micros. J?appartiens au collège de la démocratie locale depuis l?origine du Conseil des Générations Futures. Par ailleurs, je suis délégué régional de la Fédération des entreprises d?insertion d?Ile-de-France. Nous avons été élus coprésidents, Béatrice et moi, lors de la dernière plénière du Conseil des Générations Futures au mois de juin. C?est donc une première pour nous de vous présenter aujourd?hui ce rapport d?activité.

Mme Béatrice JACOBS.- Je vous prie d?excuser l?absence de M. DOUTRELIGNE, coprésident sortant, qui aurait dû présenter lui-même le rapport, mais il est actuellement souffrant et nous allons tâcher, en tout cas, de vous présenter assez rapidement ce rapport.

M. Bruno GARCIA.- Pour rappel, le C.G.F. a été créé en 2016, Madame la Maire, vous l?avez rappelé, sur proposition de M. Didier LE RESTE que nous saluons ici, conseiller de Paris. Ce Conseil est composé de 7 collèges.

Nous tenons aussi à remercier Roberte AMIEL, qui a été la secrétaire générale pendant près de 4 ans de ce Conseil et qui a vraiment permis sa structuration, qui a accompagné sa mise en marche et son développement. On a une pensée pour elle.

Aujourd?hui, nous avons un nouveau secrétaire général, M. Pierre-Yves DAYRIES, présent ici sur le côté, que nous saluons également et que nous accueillons avec plaisir.

Mme Béatrice JACOBS.- Ce conseil est composé de 7 collèges qui reflètent la pluralité des forces vives de tous les Parisiens et de toutes les Parisiennes.

M. Bruno GARCIA.- Sa vocation est d?offrir une démarche prospective sur le moyen et le long terme et de formuler des propositions dans le cadre d?un rapport qui donne lieu à une présentation, comme aujourd?hui, en séance plénière du Conseil de Paris, et on vous remercie de nous y accueillir.

Mme Béatrice JACOBS.- Le Conseil est structuré avec un bureau qui se réunit une fois par mois et une assemblée plénière qui se réunit dans cette salle du Conseil deux ou trois fois par an. Depuis 2017, le C.G.F. travaille sur trois thématiques nouvelles dans le cadre de commissions réunissant des membres de l?ensemble des collèges.

M. Bruno GARCIA.- La Commission économie du partage, qui était la première commission lancée par le Conseil des Générations Futures, dont le rapport vous a été présenté en février 2018 ici même. Cette commission avait notamment souhaité qu?une attention particulière soit portée à la lutte contre la fracture collaborative en développant l?information et l?accès à l?économie du partage. La deuxième commission fut la Commission vivre ensemble, dont le rapport a été présenté ici même en juillet 2018. Cette commission avait axé ses travaux sur les thématiques intergénérationnelles et du handicap.

Mme Béatrice JACOBS.- La troisième commission, c?était la Commission jeunesse ; le rapport a été présenté en février 2019. Cette commission avait proposé une réflexion sur l?amplitude des horaires d?ouverture des lieux et des équipements dédiés, et la promotion d?utilisations alternatives de l?espace public, la création d?un portail numérique centralisant les informations à destination de la jeunesse.

M. Bruno GARCIA.- Le Conseil des Générations Futures est attaché à ce que les propositions qui sont faites puissent être suivies. Il y a un engagement de la Ville sur leur mise en ?uvre, et régulièrement, en assemblée plénière, Mme VÉRON vient nous faire le point sur la mise en ?uvre des différentes actions liées aux propositions qui ont été faites. À titre d?exemple, la proposition de la Commission vivre ensemble qui visait à permettre notamment à des jeunes de pouvoir accompagner des seniors pour déjeuner dans des restaurants Emeraude, favorisant ainsi une démarche intergénérationnelle, a fait l?objet d?une expérimentation lancée dans 42 restaurants Emeraude de la Ville. De même, il y a eu une proposition pour qu?il y ait un portail numérique à destination de la jeunesse et qui est en voie de réalisation. Ce sont deux exemples parmi les nombreuses propositions faites. On est attaché, et c?est un élément de motivation pour les membres du Conseil des Générations Futures, à voir l?aboutissement du travail que nous effectuons ensemble et des propositions qui sont faites.

Mme Béatrice JACOBS.- Deux nouvelles commissions viennent d?être lancées et vont pouvoir démarrer leurs travaux. La première commission, c?est comment faire de Paris une ville verte et ouverte en 2030 ? Cette commission va dégager des thèmes de réflexion autour des enjeux développés par le Plan Climat Paris.

M. Bruno GARCIA.- Et puis une Commission sur l?emploi, repenser l?emploi, et les métiers à Paris à l?horizon 2030, dans une logique d?innovation solidaire. Le C.G.F., le Conseil des Générations Futures, va travailler sur des questions d?emploi, des questions pour savoir comment faire coexister les métiers anciens, qui sont indispensables, les artisans par exemple, et les nouveaux métiers avec l?évolution du monde du travail. Voilà un sujet très intéressant pour Paris, pour les Parisiens et pour l?emploi à Paris. Ainsi, le Conseil constitue une dynamique active par ses réflexions au service des Parisiennes et des Parisiens, mais il s?ouvre aussi à l?extérieur.

Mme Béatrice JACOBS.- Après l?organisation d?une visite à Lyon de membres du Conseil des Générations Futures en 2017, nous avons accueilli le 10 septembre une délégation du Grand Lyon pour lui présenter le fonctionnement et les travaux du C.G.F. Nous avons visité la Maison des Canaux, entre autres, et la journée s?est close par une conférence de Cynthia FLEURY-PERKINS, coprésidente du C.G.F. à l?époque, sur le sujet des expériences de démocratie participative comme évolution de notre système politique.

M. Bruno GARCIA.- Il y a également eu une délégation qui s?est rendue à Rennes en décembre afin de rencontrer le Conseil de développement de Rennes Métropole pour une présentation de son fonctionnement et des actions menées sur le budget participatif.

Nous avons aussi une expérience du budget participatif, même si à Paris le budget participatif est très développé grâce notamment aux services de Pauline VÉRON ; les conseils de quartier, les conseils citoyens sont aussi représentés dans le Conseil des Générations Futures. La confrontation d?exemples avec une ville comme Rennes était donc intéressante pour le Conseil des Générations Futures.

Mme Béatrice JACOBS.- Le C.G.F. s?implique aussi dans les initiatives de la Ville, en lien avec la participation citoyenne et l?engagement des Parisiens et des Parisiennes. Il a participé aux réflexions de l?évolution des conseils de quartier, il était présent lors de la Journée de la participation citoyenne le 6 avril 2019. Un membre du C.G.F. a participé à la Commission du grand débat public, faisant partie du Conseil des garants.

M. Bruno GARCIA.- Pour terminer, en termes de prospective, concernant la façon dont on va travailler dans les années qui viennent, le Conseil souhaite encourager la diversité et la cohérence du paysage participatif. À Paris, il y a un certain nombre d?instances, le Conseil Parisien de la Jeunesse par exemple, avec qui nous organisons déjà une rencontre. L?idée, c?est qu?on puisse se rencontrer avec les différents conseils, les différentes instances participatives parisiennes pour peut-être un peu plus de cohérence, de mutualisation d?informations, d?échanges, c?est toujours enrichissant, et pourquoi pas à terme de projets en commun. Nous y réfléchirons. Nous avons un projet de déplacement d?une délégation à Bruxelles, toujours dans une perspective de confrontation, pour voir ce qu?il se passe ailleurs. Et puis un axe de travail important qui sera de doter le Conseil d?outils numériques collaboratifs qui facilitent le travail entre nous, car ce n?est pas toujours facile au sein des commissions et des collèges.

Mme Béatrice JACOBS.- Le C.G.F. aimerait se faire mieux connaître des Parisiens et des Parisiennes grâce à l?utilisation d?outils de communication et à une meilleure diffusion du travail de ses commissions auprès du public. Nous vous remercions de votre attention.

M. Bruno GARCIA.- Voilà pour la présentation de ce rapport d?activité.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup pour cette présentation qui ouvre également les perspectives très intéressantes que vous avez évoquées. Nous engagerons le débat ensuite. Je vous donne tout de suite la parole pour le rapport de la Commission civisme, Bruno GARCIA.

M. Bruno GARCIA.- Il se trouve que Béatrice et moi-même avons également coprésidé pendant un an cette Commission civisme, dont nous avons présenté le rapport à l?assemblée plénière du C.G.F. au mois de juin, et c?est à cette occasion que nous avons été élus coprésidents du Conseil des Générations Futures. Nous allons vous présenter le plus rapidement possible - il est un peu long - ce rapport sur la Commission civisme, "favoriser la civilité à Paris, réveiller l?esprit civique". C?est un vaste programme.

Mme Béatrice JACOBS.- Nous avons travaillé en 4 étapes. Nous avons commencé par établir un diagnostic des enjeux liés au civisme. Ensuite, nous nous sommes inspirés de bonnes pratiques et nous avons rencontré des personnalités. Nous avons élaboré en sous-groupe des recommandations sur les thématiques clés, en co-construction, enfin nous avons formulé des propositions dans le périmètre de l?action de la Ville de Paris.

M. Bruno GARCIA.- Nous avons travaillé sur des définitions pour caler les interventions de travail de la Commission, avec une première définition du civisme.

Mme Béatrice JACOBS.- Le civisme : comportement de personnes attachées à la civilité et à la citoyenneté.

M. Bruno GARCIA.- Nous avons arrêté une définition de la citoyenneté : le comportement de citoyen qui ?uvre dans le cadre d?une collectivité politique commune, porteuse de droits, de devoirs et de responsabilités.

Mme Béatrice JACOBS.- La dernière définition, c?était la civilité : le comportement de personnes vivant en société, avec du savoir-vivre les conduisant au respect des autres.

M. Bruno GARCIA.- Nous nous sommes inspirés pour cela des travaux de recherche de M. Jean-Claude DEVÈZE, qui est un chercheur sur le débat public, un spécialiste du débat public.

Les enjeux. Nous avons identifié différents enjeux tels que l?éducation de la population, l?engagement notamment dans les associations, l?engagement, l?incitation et la prévention, la projection positive et le futur souhaitable, ainsi que la diversité culturelle, en travaillant sur différents espaces de civisme tels que par exemple l?espace public, l?espace institutionnel, l?habitat, les transports, mais aussi les tiers-lieux ; on a eu des rencontres sur les tiers-lieux.

Mme Béatrice JACOBS.- Nous avons auditionné des experts sur la problématique de la lutte contre les incivilités.

M. Bruno GARCIA.- Les rencontres ont été nombreuses, avec la Direction de la protection et de la sécurité de la Ville de Paris, la R.A.T.P. Nous avons également une dimension sur la Civic Tech, avec tout ce qui se travaille en ce moment dans les instances sur les questions d?usage des technologies, des nouvelles technologies pour faciliter l?engagement des Parisiens et des citoyens. On a également rencontré des entrepreneurs sociaux, il y a eu notamment une rencontre avec Ashoka, toujours avec cette dimension civisme. On a travaillé sur un nouveau concept, les Nudges, et sur l?art participatif. Les Nudges, ce sont des dispositifs qui incitent les gens à des comportements vertueux sans imposer de contrainte. On a fait appel à l?art participatif qu?il nous paraît intéressant de réexploiter dans les propositions que l?on va vous faire. Pour terminer, nous avons rencontré M. JAPHET, adjoint au maire du 11e arrondissement, qui a travaillé sur le Code de la rue, outil qui nous a paru extrêmement intéressant, peut-être à déployer et cela fera partie des propositions tout à l?heure, à l?échelle de la Ville.

Mme Béatrice JACOBS.- La Commission a choisi de définir trois priorités : civisme et mobilité dans l?espace public, civisme et multiculturalité de l?espace public aux lieux de rencontres et co-construire un futur souhaitable pour encourager l?engagement civique. Et, de façon transverse, le rôle de l?éducation pour encourager le civisme, et quelle gouvernance peut-on avoir pour le civisme.

Première thématique : civisme et mobilité dans l?espace public.

Comment augmenter et optimiser la surface destinée aux piétons pour réduire les risques et rendre la déambulation possible ? Comment faire cohabiter les différents modes de transport et les rendre compatibles ? Et comment réduire les émissions sonores, qu?elles viennent des individus ou des moyens de locomotion ?

M. Bruno GARCIA.- Ce sont des sujets d?actualité. Aujourd?hui, on constate que les piétons peuvent souvent être en danger à Paris, que leur sécurité est menacée par la multiplication des modes de transport, en particulier des deux-roues, compte tenu des multiples façons d?être à deux-roues. L?idée, c?est de pouvoir organiser la coordination entre les différents services qui participent à l?aménagement urbain, la signalisation, les éclairages, sans perdre de vue l?usager. J?imagine que ce n?est pas le cas, mais c?est intéressant de le rappeler, parfois le piéton se trouve un peu isolé. Les objectifs, c?est remettre le piéton au c?ur de l?aménagement urbain et adoucir le comportement des Parisiens qui se déplacent, par exemple, comme on l?a dit dans le rapport, en transformant l?espace public à travers l?art, en utilisant des techniques, les Nudges dont on a parlé ou l?art participatif, à travers une signalisation ludique, comme cela existe à Saint-Denis, ou le Code de la rue qu?on a évoqué et dont on va vous reparler.

Mme Béatrice JACOBS.- A la question "que faire à travers l?aménagement ?", notre question, c?est repenser de façon logique et ciblée la largeur des trottoirs, voire leur suppression là où c?est nécessaire. Un exemple a été donné, la rue du Temple.

Sinon, que faire avec la signalisation ? C?est travailler sur la signalisation ludique et artistique ainsi que sur la communication positive selon l?approche comportementale du Nudge. Et que faire s?agissant des moyens de la communication ? Rappeler les règles de bonne conduite pour chaque moyen de transport, notamment par l?actualisation et le déploiement, à l?échelle de tous les Parisiens, à l?initiative du Code de la rue porté par la mairie du 11e.

M. Bruno GARCIA.- Actualiser et généraliser le Code de la rue. Concevoir un mobilier urbain qui occupe moins de place sur la chaussée. Par exemple, il existe des poteaux destinés à la signalétique, sur lesquels on peut fixer une poubelle ou une selle pour s?asseoir, pour se reposer. C?est donc optimiser le mobilier urbain et c?est essayer d?installer ces outils dans des quartiers de circulation multimodale, où les circulations sont multiples, donc forcément dangereuses.

Mme Béatrice JACOBS.- Deuxième thématique, civisme et multiculturalité de l?espace public aux lieux de rencontres.

Nous avons travaillé sur trois problématiques majeures : désenclaver les quartiers communautaires et lutter contre les phénomènes de ghettoïsation, rendre les lieux culturels à Paris attractifs pour l?ensemble des Parisiens et ne pas rejeter l?autre et/ou ses différences.

M. Bruno GARCIA.- Deuxième proposition : faire de Paris un modèle d?intégration "Paris Arc-en-ciel". "Paris Arc-en-ciel" s?entend au sens de Desmond TUTU, de la "Nation Arc-en-ciel", c?est-à-dire la multiculturalité.

On constate qu?à Paris il y a une population caractérisée par une grande diversité d?origines. Seuls un tiers des Parisiens sont nés à Paris et on a aussi un nombre important de touristes à Paris qui viennent de tous horizons, de tous pays, de toutes cultures. On a aussi à Paris une diversité culturelle, un brassage, c?est une richesse ; le Conseil des Générations Futures l?a constaté. Mais parfois on observe un cloisonnement, un phénomène communautaire un peu naturel aussi et l?idée, c?est d?ouvrir ces cloisonnements et d?essayer de faire en sorte que les populations puissent échanger, se connaître, se croiser.

Il y a également le sentiment d?appartenance au quartier, qui parfois peut être un phénomène de fermeture. On constate malheureusement, en ce moment, des phénomènes de bandes qui conduisent parfois à des drames. On est évidemment tous sensibles à ce qui se passe et mobilisés. Ainsi, la question, c?est comment améliorer ces échanges entre quartiers ? Il faut qu?on trouve des moyens culturels, ludiques, sportifs pour faire en sorte que les jeunes et les moins jeunes se croisent et vivent ensemble.

Mme Béatrice JACOBS.- Nos propositions, c?est organiser des jumelages inter-quartiers, notamment dans les quartiers populaires, promouvoir des balades de découverte de l?histoire des quartiers et des populations successives, et, à l?image des panneaux historiques, créer de nouveaux panneaux avec des informations socioculturelles qui mettraient en lumière certaines traditions socioculturelles des habitants, mais aussi sécuriser la place des femmes dans l?espace public et lutter contre les incivilités qui leur sont faites.

M. Bruno GARCIA.- On a également une proposition qui est de créer, dans la mesure du possible, des emplois de médiateurs culturels en insertion ou en contrat civique. Je travaille dans l?insertion, je connais le sujet. Pour les habitants des quartiers populaires, ce serait d?avoir des médiateurs qui viendraient justement travailler à cette rencontre, à cette découverte des cultures, qui pourrait être organisée par des associations ou des entreprises d?insertion, par exemple, qu?on pourrait mobiliser sur cette dimension. C?est aussi favoriser les activités culturelles hors les murs, de quartier à quartier. Il peut être intéressant d?aller organiser une fête culturelle dans un autre quartier, pourquoi pas. Nous proposons de concentrer les initiatives liées au civisme, à la citoyenneté et à la multiculturalité dans un lieu-ressource sur le modèle par exemple des Halles Civiques, que nous sommes allés visiter, au Conseil des Générations Futures. C?est un lieu assez emblématique et très intéressant. Cela peut être par une plateforme en ligne, puisqu?on est à l?ère des plateformes. Coordonner les manifestations interculturelles, par exemple les différents carnavals. L?idée, c?est faire en sorte que les quartiers puissent croiser les communautés. Et informer et promouvoir les initiatives locales, qui restent parfois à l?échelon local et qui pourraient être diffusées en dehors du quartier. Halles Civiques, Carnaval Tropical, beaucoup de choses se font déjà, mais peut-être les faire sortir de leur berceau.

Mme Béatrice JACOBS.- Redonner la rue aux habitants pour organiser des événements festifs. Aujourd?hui, l?isolement se développe au sein des quartiers. L?impact des attentats a conduit à freiner les initiatives collectives et l?organisation de manifestations locales dans l?espace public. Par exemple, la Fête des voisins a perdu de son ampleur.

M. Bruno GARCIA.- L?objectif est de permettre aux habitants des quartiers de la Ville de se réapproprier la rue, de participer à leur échelle aux événements festifs plébiscités au niveau parisien ou national et qui favorisent le brassage culturel. Par exemple, la Fête des voisins, la fête de la Saint-Jean, laquelle a souvent lieu sur les places publiques.

L?idée, c?est qu?au pied des immeubles, dans les rues, on puisse se réapproprier ces espaces et organiser, pourquoi pas, des banquets de quartier dans la rue. Cela se fait à certains endroits mais sans doute pas partout. Peut-être faudrait-il les généraliser ; ce serait une bonne idée. Il y a la Fête de la musique, très généraliste, qui est une fête par laquelle on se réapproprie la rue. Des repas de quartier dans la rue peuvent avoir un côté amusant et ouvert, dans le but de sortir de son quartier.

Mme Béatrice JACOBS.- Comment ? Peut-être en simplifiant les démarches d?autorisation lors des événements, comme fermer des rues aux voitures, en proposant d?autres événements tels la Fête des voisins à d?autres moments de l?année, qui pourraient être célébrés localement dans les quartiers, et en mettant en place des campagnes de communication pour inciter les gens à participer aux événements festifs et pour les organiser localement dans leur quartier.

M. Bruno GARCIA.- Pour terminer, troisième thématique : co-construire un futur souhaitable pour encourager l?engagement civique.

Nous avons travaillé sur trois problématiques : développer le sentiment d?appartenance des Parisiens ou l?identité parisienne, changer l?image des Parisiens - on a parfois une image dégradée des Parisiens -, inciter les gens à s?engager, l?engagement ayant été un thème important de nos réflexions, et favoriser l?intégration de tous dans la collectivité en s?appuyant sur les personnes déjà actives et engagées.

Mme Béatrice JACOBS.- Nous souhaiterions le lancement d?une campagne de communication positive. Aujourd?hui, la mauvaise image des Parisiens et des Parisiennes envers eux-mêmes et à l?extérieur limite le sentiment d?appartenance et encourage l?individualisme et l?incivisme.

Les objectifs sont les suivants : développer le sentiment d?appartenance et, par ricochet, donner envie de s?engager, modifier le regard porté sur les Parisiens et les Parisiennes pour le rendre plus positif, faire remonter Paris dans les classements des villes où on vit le mieux et mettre en valeur la diversité et la multiculturalité parisiennes.

M. Bruno GARCIA.- On propose de lancer une campagne de communication positive à destination de ceux qui vivent et travaillent à Paris, par le biais du patrimoine immatériel de la Ville autour de l?art, du cinéma, de la chanson, de la danse, du "street art", etc., de valoriser la diversité des Parisiens par, par exemple, des photos de Parisiens où l?on voit des Parisiens heureux, dans le but de montrer des Parisiens heureux qui ont le sourire et de différentes origines, de différents âges et peut-être aussi porteurs de certains handicaps. Ainsi, il s?agirait de montrer les Parisiens dans leur diversité en s?appuyant, bien sûr, sur les valeurs de la solidarité, de l?engagement, de l?accueil et de la bienveillance à Paris.

Mme Béatrice JACOBS.- Comment ? Par la commande d?une campagne multicanal, tracts, dépliants, flyers, affiches, en associant les Parisiens et les Parisiennes au Conseil des Générations Futures.

M. Bruno GARCIA.- Sur la question de favoriser et valoriser l?engagement, beaucoup de Parisiens sont engagés mais il nous a paru qu?ils n?étaient pas suffisamment visibles. Il y a des Parisiens qui participent à des actions ponctuelles mais ils ne s?engagent pas forcément sur le long terme. Il existe parfois une concurrence entre associations, différentes initiatives peuvent apparaître concurrentes. Quand on s?engage, on est toujours sursollicité : on s?engage dans une action, puis on va être sursollicité par cooptation pour s?engager dans d?autres. L?idée, c?est de faire en sorte que plus de gens s?engagent, que les gens engagés ne se découragent pas et de créer un vivier de bénévoles, de cadres associatifs par exemple, avec des moyens et de la communication, notamment concernant les petits acteurs associatifs.

Mme Béatrice JACOBS.- Notre proposition pour favoriser et valoriser l?engagement, c?est cartographier, organiser et structurer les acteurs et les moyens de l?engagement, en lien avec les réseaux et les instances existantes. C?est aussi faciliter les démarches visant à s?engager, visibiliser les réseaux des personnes déjà engagées, comme dans la ville de Nantes où il existe une cartographie en open source, et accorder de la reconnaissance et donner de la visibilité aux acteurs parisiens engagés dans la cité et dans la collectivité.

M. Bruno GARCIA.- Nous en avons terminé sur la présentation du rapport de cette commission ; vous y trouverez une synthèse dans le document qui vous a été communiqué. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci infiniment, merci pour ces propositions, ces analyses extrêmement riches. Les membres du Conseil des Générations Futures qui sont présents en tribune, je voudrais qu?on les applaudisse aussi pour le travail qu?ils ont effectué.

On va engager tout de suite le débat avec les différents orateurs, mais permettez-moi de vous dire qu?aujourd?hui, c?est une nécessité d?avoir, au-delà de la démocratie représentative telle qu?elle n?est pas très présente cet après-midi, mais il y a peut-être quelques raisons? En tous les cas, ceux qui sont là sont les meilleurs, comme toujours, et je veux les remercier et surtout pas les culpabiliser d?être là, au contraire ; soyons très positifs.

Mais il est vrai que notre société évolue tellement vite, on est confronté à de tels phénomènes, parfois mondiaux, parfois très localisés, sur lesquels nous, les élus, nous avons d?abord à comprendre pour agir. En cela, le dialogue avec une instance comme le Conseil des Générations Futures doit nous aider. C?est ce que nous disent les Parisiens membres de ce Conseil, en toute indépendance, parce que là on a absolument tenu à ce que la diversité de notre société parisienne soit présente dans ce Conseil des Générations Futures, afin que ce soit une véritable photographie de la réalité de notre ville, et pas ce qu?on voudrait qu?elle soit, qui s?exprime. Je veux vraiment vous remercier, car sans cet apport il serait extrêmement difficile de travailler. Et ce que vous nous dites, ce que nous disent les Parisiens dans les différentes rencontres fait partie de toute cette analyse, de cette expertise, de ces sentiments aussi, de ces intuitions qui naissent chez des élus et qui trouvent une traduction dans des politiques publiques mais qui concernent vraiment les sujets que vous avez évoqués, parce qu?ils sont essentiels. Je vais tout de suite donner la parole à la première oratrice de notre débat, Joëlle MOREL, pour le groupe Ecologiste de Paris. Vous avez la parole.

Mme Joëlle MOREL.- Merci, Madame la Maire.

Avant tout, je souhaite au nom du groupe des élus écologistes remercier tous les membres du Conseil des Générations Futures pour leur engagement bénévole, pour contribuer à faire de Paris une ville plus en phase avec son temps, via par exemple la réflexion menée en 2016-2017 sur l?économie du partage, plus inclusive aussi et solidaire grâce aux préconisations portées par la Commission du vivre-ensemble.

Je remercie les représentantes et les représentants de ce Conseil qui sont venus aujourd?hui nous présenter le rapport d?activité de leur instance pour l?année 2017-2018, et nous remercions également Pauline VÉRON pour avoir permis au Conseil des Générations Futures de venir à la tribune aujourd?hui.

Vos réflexions sur les notions de civisme vous ont permis d?organiser de nombreuses rencontres de la société civile et je ne doute pas que ces rencontres sont particulièrement stimulantes et engagent à plus de participation. En se penchant sur le sujet, on ne peut que constater la qualité et le sérieux des propositions qui sont faites par le Conseil des Générations Futures à la suite des recherches et rencontres des acteurs importants sur les thématiques concernées. Je vous remercie d?avoir rencontré Pierre JAPHET, élu écologiste du 11e qui pendant toute la mandature a été très engagé sur le Code de la rue, et je ne doute pas que cet échange ait été particulièrement stimulant et fructueux.

En février 2018, lors de la présentation du rapport de la Commission économie collaborative, nous avions souligné qu?il était souhaitable que les travaux du Conseil des Générations Futures intègrent une dimension sociale et sociétale plus importante, et on voit que ces remarques ont été prises en compte dans le rapport jeunesse de l?an dernier, ainsi que dans celui de cette année sur le vivre-ensemble. Certaines idées portées par le rapport de la Commission vivre ensemble font mouche chez les écologistes, si je puis me permettre, car elles se rapprochent des idées que nous-mêmes avons portées et tentons de mettre en place à Paris. Vous écrivez que l?écoute, la pédagogie, la médiation et l?interactivité sont au c?ur du vivre-ensemble. C?est bien ce que nous pensons en défendant depuis 4 ans maintenant la présence bienveillante des agents de la Ville dans tous les lieux publics pour faire et refaire du commun dans les parcs et les jardins par exemple.

Votre Commission vivre ensemble s?est attachée à deux axes de travail. Le premier est l?intergénérationnel et vous préconisez notamment de développer l?entraide entre Parisiens en les incitant à la mise en place d?un accompagnement dans leurs déplacements du quotidien, ce que vous appelez du co-marchage en vue notamment de sortir de l?isolement. Cette idée a pris corps dans Paris en Compagnie portée par notre adjointe en charge des seniors, Galla BRIDIER. Sur le volet handicap, vous préconisez de mettre l?art, l?art urbain pour être précis, au service de l?inclusion des personnes en situation de handicap ; c?est un axe malheureusement trop peu pensé et nous gardons cette idée pour le futur. Vous préconisez également de rendre le quotidien dans la Ville plus accessible pour les personnes handicapées, en particulier en ce qui concerne les loisirs et le sport. Les écologistes ont porté des v?ux et des amendements qui visaient par exemple à rendre le grand parcours sportif Nation-Stalingrad accessible à tous et toutes.

Je retiens tout particulièrement vos propositions et la mise en valeur des associations, des collectifs qui s?engagent, et j?ajouterai pour ma part une petite notion : ce sont les associations et les collectifs qui travaillent vraiment à un niveau collectif et pas simplement individuel, qu?il me semble nécessaire de mettre en avant pour qu?il y ait une véritable reconnaissance de ce travail. Que ce soit sur les sujets de l?économie collaborative, de la jeunesse ou encore du vivre-ensemble, vous fournissez beaucoup d?idées inspirantes. Cependant, comme le disait M. DOUTRELIGNE en 2018, le Conseil des Générations Futures ne sera pleinement opérationnel que lorsqu?il sera connu. Le manque de notoriété du Conseil des Générations Futures, ce qui est aussi le cas du Conseil citoyen ou même du Conseil Parisien de la Jeunesse, est réellement problématique. Les élus mais aussi les Parisiens devraient avoir plus de contacts avec toutes ces instances afin que nous travaillions en amont à l?élaboration de propositions de politiques publiques. En termes de démocratie participative, à l?échelon de la Ville, les cadres ont été posés pendant notre mandature. Les instances existent mais elles sont encore malheureusement trop déconnectées de nos cycles de débat. Il est peut-être temps de rouvrir le débat pour encore plus d?efficacité. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Madame MOREL.

La parole est à M. LE RESTE pour le groupe Communiste - Front de Gauche.

M. Didier LE RESTE.- Merci, Madame la Maire.

Monsieur et Madame les représentants du Conseil des Générations Futures, chers collègues, je suis, comme vous le savez et vous l?avez rappelé, Madame la Maire, très attaché à ce Conseil des Générations Futures dont j?ai assuré à votre demande le pilotage politique de sa préfiguration.

Je tiens donc à remercier la coprésidence sortante ainsi que celle ici présente, et saluer au niveau de mon groupe la qualité du travail effectué avec rigueur sur différents sujets que nous avons eu l?occasion d?évoquer dans cette enceinte lors de la présentation des travaux des différentes commissions. Vos travaux nous éclairent sur les actions mises en place par la Ville mais également sur les efforts qui restent à fournir pour Paris, tant sur l?attractivité que sur l?accueil et la sécurité, la sûreté.

Je salue ce thème du civisme sur lequel vous avez travaillé autour de trois thématiques : la mobilité, la multiculturalité et l?engagement. En effet, des rapports harmonieux entre les citadins facilitent la vie ensemble, et si une grande partie des comportements relève de chaque individu, la collectivité peut, comme vous le démontrez à travers vos propositions, aider à fluidifier ces relations.

La problématique du civisme, de la mobilité dans l?espace public me paraît essentielle pour un plus ou moins bon et équitable partage de l?espace public entre les habitants et les visiteurs de Paris. Cela constitue un fort marqueur démocratique. Nous pensons que les politiques menées par la Ville de Paris en matière d?éducation populaire et de prévention sont un levier sur lequel il faut s?appuyer pour promouvoir le civisme, les bonnes pratiques et la participation, tout en intégrant la question majeure du respect de l?autre.

Ce rapport traduit une véritable volonté de faire changer le regard porté sur notre ville. Notre groupe est particulièrement attaché à cette idée et se bat pour que la ville reste accessible à toutes et à tous et que l?ensemble des citoyennes et des citoyens s?intègrent et interagissent au-delà des questions de genre, de génération ou de classe sociale. La solidarité doit être au c?ur des préoccupations des Parisiennes et des Parisiens, pas simplement dans l?espace public mais également dans les espaces institutionnels, les entreprises, les écoles, les espaces numériques. Les Halles Civiques, les kiosques citoyens ou encore les centres Paris Anim? sont des lieux qui favorisent les échanges intergénérationnels et l?entraide. Nous pensons que les pistes de réflexion que vous nous présentez peuvent être mises en lien avec ces structures de la Ville. Vous proposez le renforcement de la communication et la création de campagnes artistiques afin d?offrir une meilleure image de la Ville. Derrière cette image, nous rappelons que des actions concrètes doivent être menées.

Nous avons été particulièrement intéressés par votre travail concernant la mobilité. Il est clair que les transports sont un lieu de sociabilité. Les Parisiennes et les Parisiens doivent se réapproprier leur espace et lutter contre ceux qui ne voient la Ville de Paris que sous l?angle du tourisme. Nous ne devons pas minimiser l?importance des habitants, singulièrement ceux qui y travaillent et y vivent, car ils contribuent au contraire au rayonnement de notre Capitale. Vous souhaitez optimiser la surface destinée aux piétons et rappeler l?importance des promenades et déambulations ; nous vous soutenons bien entendu. La Ville de Paris se veut être à l?écoute de ses citoyens et a mis en place de nombreux dispositifs de participation citoyenne au cours de cette mandature, dont le travail mériterait de mon point de vue d?être mieux mutualisé. Un avis citoyen a été rendu en septembre, le travail du Conseil Parisien de la Jeunesse nous a été présenté. Nous voterons leur v?u à ce Conseil et nous étudierons aussi, lors de ce Conseil, le travail du Conseil Parisien des Citoyens Européens. Cela témoigne de l?investissement des Parisiennes et des Parisiens désireux de participer à l?élaboration des politiques publiques. L?engagement est un sujet majeur qui mérite d?être développé. Vous déplorez l?insuffisance de reconnaissance institutionnelle. La Ville devra tenter de remédier à ce manque afin que le volontariat perdure. Je dirais que notre groupe est attaché à la participation citoyenne et au dialogue social qui se créent dans les instances dédiées, mais nous pensons que ce n?est pas le nombre d?instances qui compte, mais bien plus l?efficacité et la coordination effectuée entre les différentes instances et les acteurs et actrices. L?autonomie laissée aux instances est primordiale, mais un suivi est nécessaire afin de s?assurer de la prise en compte et de la réalisation des propositions, dans le but de concrétiser dans les faits leurs travaux. Une des propositions du C.G.F. rejoint d?ailleurs la volonté de la Ville de créer un vivier de bénévoles et de valoriser l?engagement citoyen. Il propose de faciliter les démarches visant à s?engager, notamment par le biais d?une cartographie, et de donner de la reconnaissance à celles et à ceux déjà engagés. Lors du débat autour de l?avis citoyen, la réponse de l?Exécutif allait dans ce sens. Pour conclure, je souhaiterais un renforcement du dialogue productif entre la Ville et le Conseil des Générations Futures. Je défends également l?idée que le Conseil des Générations Futures soit doté d?un budget plus important pour remplir correctement ses missions. Enfin, je tiens également à mon tour à saluer et à remercier l?action importante de Roberte AMIEL qui a beaucoup ?uvré au fonctionnement et au développement du Conseil des Générations Futures. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Didier LE RESTE. Mme HAREL, pour le groupe PPCI.

Mme Marie-Laure HAREL.- Je vous remercie, Madame la Maire.

Cher Conseil des Générations Futures, vous êtes une Assemblée consultative de 164 membres qui existe depuis trois ans, qui représente la société civile parisienne, les entreprises, les salariés, les associations, et vous nous présentez aujourd?hui votre second rapport d?activité.

D?abord, je tiens à vous féliciter très sincèrement pour votre travail citoyen, bénévole, qui est de grande qualité et qui poursuit un bel objectif, celui d?offrir aux générations futures un quotidien plus agréable à Paris, un quotidien plus vert, un quotidien plus solidaire.

Je voudrais commencer en disant que je regrette, et cela n?est pas une critique envers vous, ne vous méprenez surtout pas, l?éparpillement total des structures consultatives citoyennes parisiennes. Elles s?empilent et parfois même elles se concurrencent. Vous apportez une contribution très complémentaire et très utile au travail que nous accomplissons dans cette Assemblée politique, et je ne pense pas que ce soit un service qui vous soit rendu quand on multiplie les instances participatives. Trop d?instances comme la vôtre, cela ne simplifie pas la compréhension. Nous avons la Conférence des citoyens, le Conseil Parisien de la Jeunesse, le Conseil de la Nuit, le Conseil Parisien des Citoyens Européens, etc. Votre travail est absolument remarquable et je pense qu?il gagnerait en visibilité, qu?il aurait davantage de poids s?il n?y avait pas autant de satellites autour.

Sur le fond, j?ai noté dans votre rapport beaucoup de propositions très intéressantes. D?abord, une remarque sur les propositions faites par la Commission jeunesse, dont beaucoup sont pertinentes, d?ailleurs tellement pertinentes que je ne comprends pas pourquoi elles ne seraient réservées qu?aux jeunes. Exemple : portail numérique pour les jeunes, jardins partagés pour jeunes, villages ambulants offrant des activités aux jeunes. Je pense que ce sont de très bonnes idées et qu?il serait intéressant de les appliquer, du coup, à tout le monde, jeunes et moins jeunes.

La Commission de la jeunesse réclame également - comme elle a raison ! -, et nous le demandons aussi, nous sommes nombreux à le demander depuis longtemps mais cela n?a pas été facile face à une majorité longtemps butée sur le travail du dimanche, un élargissement, enfin, des horaires des équipements publics et en particulier des bibliothèques. Sur les 57 bibliothèques parisiennes, seules 7 sont ouvertes le dimanche et 5 le lundi. C?est consternant. On le sait, les bibliothèques sont un lieu idéal pour que les jeunes puissent étudier mais aussi pour que tous les Parisiens puissent se cultiver et se sociabiliser. Eh bien, à Paris, les bibliothèques sont ouvertes seulement aux heures où on travaille, donc quand on ne peut pas y aller. A Paris, c?est 38 heures seulement d?ouverture par semaine, comme vous le soulignez, alors que dans les autres villes c?est le double, voire le triple en termes d?horaires d?ouverture des bibliothèques. A Londres, à New York, à Amsterdam, à Copenhague, ce sont presque 100 heures d?ouverture par semaine. Nous, à Paris, malheureusement, on préfère ouvrir les bibliothèques quand personne ne peut y aller, quand les Parisiens rentrent du travail le soir ou quand ils ont du temps libre le week-end. Le dimanche par exemple, c?est fermé. Et cela vaut aussi malheureusement pour beaucoup d?autres équipements publics comme les gymnases. C?est une absurdité. J?ai lu également des choses tout à fait pertinentes de la part de la Commission vivre ensemble, en particulier sur le handicap, où vous proposez de créer des journées intitulées "Devine mon talent". Si M. MARTINS veut bien intervenir quand ce sera son tour...

Mme LA MAIRE DE PARIS.- On laisse parler tous les orateurs et oratrices.

Mme Marie-Laure HAREL.- Merci.

Je disais que j?avais lu des choses, et je préfère parler de cette commission que de discuter avec M. MARTINS pour l?instant, des propositions très pertinentes de la Commission vivre ensemble, sur le handicap notamment.

Vous avez proposé de créer des journées qui seraient intitulées "Devine mon talent" pour valoriser les compétences des personnes handicapées. Je voudrais donc savoir si cette initiative, qui est tout à fait louable, a été concrétisée par l?Exécutif municipal, car on ne comprend pas trop à la lecture de votre rapport, et cela vaut aussi pour beaucoup d?autres mesures que vous préconisez. Quelle suite la Mairie a donnée à ces idées ? Est-ce qu?elle les a bien mises en place, oui ou non ? Par exemple, est-ce que cette journée "Devine mon talent" a eu lieu ? Si oui, on serait ravi de l?apprendre, sinon ce serait tout à fait dommage.

Toujours sur les travaux de la Commission vivre ensemble, il serait sans doute opportun, il ne faut pas en avoir peur, que la Commission pousse ses travaux plus loin sur les vraies raisons qui font que le vivre-ensemble peut être aujourd?hui menacé, comme le communautarisme, la laïcité, le repli identitaire. Ce ne sont pas des sujets tabous mais de vrais sujets qui agitent aujourd?hui notre société et sur lesquels votre réflexion et votre point de vue pourraient être extrêmement précieux.

De manière générale, je tiens à vous féliciter et à vous encourager de nouveau, vous, le Conseil des Générations futures. Je déplore en revanche le manque d?ambition dans les réponses que vous apporte l?Exécutif. Quand je lis par exemple que Pauline VÉRON vous répond sur des demandes précises telles que la fracture collaborative, qu?elle va organiser des rencontres avec des pilotes de je ne sais quelle stratégie, je trouve cela un peu plat ; on ne sait pas de qui elle parle ni quand. Lors d?une rencontre, on devrait quand même avoir mieux à vous proposer en réaction à vos points d?alerte.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Il va falloir conclure, Madame HAREL.

Mme Marie-Laure HAREL.- Enfin, pour terminer, je formule un souhait, un souhait très vif, celui que la Ville de Paris vous aide à mieux rayonner. Malheureusement, le Conseil des Générations Futures reste toujours méconnu des Parisiens trois ans après sa création...

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Il faut conclure, Madame HAREL.

Mme Marie-Laure HAREL.- ? alors qu?il a une véritable utilité pour eux. J?en ai terminé. Les Parisiens ne savent malheureusement pas qu?ils peuvent le saisir. Je pense donc que l?Exécutif doit prendre?

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup.

Mme Marie-Laure HAREL.- ? l?engagement de communiquer "pour de vrai" et très largement sur votre existence?

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Vous avez, malheureusement pour vous, dépassé votre temps de parole.

Mme Marie-Laure HAREL.- ? et votre utilité pour l?ensemble de la société. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci.

Mme GOLDGRAB, présidente du groupe Radical de Gauche, Centre et Indépendants.

Pour cinq minutes comme tout le monde.

Mme Laurence GOLDGRAB.- Madame la Maire, mes chers collègues, depuis sa création, le Conseil des Générations Futures a prouvé toute son utilité ; j?avais d?ailleurs particulièrement apprécié vos propositions de février 2018 sur l?inclusion numérique et les nouveaux services.

Votre composition qui inclut des acteurs du monde associatif, économique et syndical ainsi que la dimension prospective de ces travaux font de vous un véritable Conseil économique et social à l?échelle parisienne, à la différence près que vous, vous le faites bénévolement. Dans un pays où l?abstention est toujours plus grande et où nous connaissons une crise démocratique sans précédent, quel beau défi que vous vous êtes donné pour ces derniers mois à vouloir réveiller l?esprit civique. Mettre au c?ur de vos travaux les deux composantes du civisme que sont la citoyenneté et la civilité permet selon moi de bien circonscrire le sujet. Y ajouter la préservation de l?environnement était nécessaire au vu des enjeux qui se posent aujourd?hui pour la collectivité - et dont, d?ailleurs, au sein de ce Conseil de Paris, nous discutons tout le temps car ce sont vraiment des enjeux sur lesquels nous souhaitons nous positionner - comme pour toutes les Parisiennes et tous les Parisiens.

Pour répondre aux défis que vous posez, l?appui des associations et fédérations d?éducation populaire est bien entendu nécessaire et il doit être encouragé, mais force est de constater que l?engagement citoyen et associatif n?est plus aussi naturel qu?avant. S?engager prend du temps, demande des sacrifices et n?est pas toujours valorisé et reconnu. Il y a un sujet sur ce point.

Pour en revenir aux propositions de votre Commission civisme, vous avez souhaité prendre en compte trois axes lors de votre réflexion : civisme et mobilité dans l?espace public, co-construction d?un futur souhaitable et civisme et multiculturalité.

Concernant la mobilité dans l?espace public, je crois que nous partageons tous ici les problématiques que vous soulevez sur la volonté de rendre l?espace public aux piétons, sur la cohabitation entre les différents modes de transport ou sur la réduction des émissions sonores. Le fait est qu?aujourd?hui Paris est une ville trop tournée vers la voiture avec 50 % de l?espace qui lui est réservé. Ainsi, votre proposition de rendre plus lisible la cohabitation des différents modes de transport, évidemment, c?est quelque chose sur lequel nous travaillons.

Sur votre volonté de co-construction d?un futur souhaitable, nous nous retrouvons bien dans les propositions, notamment dans l?idée de construire ce sentiment d?appartenance et cette identité parisienne ; cela paraît en effet tout à fait nécessaire. C?est, je pense, l?aspect qu?il nous faut le plus creuser, cette création d?un commun qui invite au respect et à faire prendre conscience aux gens que cette ville est avant tout la leur et que ce sont eux qui la font vivre. A une époque où les gens sont davantage consommateurs de services publics, il faut leur prouver qu?être parisien donne des droits mais confie aussi des devoirs, celui de respecter la ville et l?ensemble du domaine public. C?est votre analyse, c?est la mienne aussi.

Je souscris pleinement à votre idée de faire une campagne positive sur notre ville et ses habitants, ce qui a été apprécié également par mes collègues. Cela répond à ce souci de faire émerger cette identité parisienne.

Cependant, il faut selon moi faire attention. On peut mettre en valeur la multiculturalité, mais puisque vous souhaitez aussi faire naître et valoriser l?identité parisienne, il y a un petit point d?équilibre à trouver entre les deux thèmes. Oui, Paris est une terre d?accueil, et beaucoup plus qu?ailleurs. Je suis allée dans des villes d?Europe récemment et j?ai été étonnée de voir à quel point Paris est multiculturelle ; cela m?a manqué, en pratique, de ne pas retrouver cette multiculturalité en allant dans d?autres villes.

Je pense que c?est vraiment appréciable de vivre dans une ville où tout le monde ne se ressemble pas dans la rue ; c?est vraiment un joli thème. La France est forte de ses différentes vagues d?immigration qui l?ont traversée. Mais ce qui nous caractérise, ce n?est pas chacune des différentes cultures mises à part, mais bien cette capacité que nous avons de faire un tout, et je crois que c?est ce que vous voulez faire, évidemment. Nous sommes donc d?accord.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci, Madame la Présidente. Merci pour votre contribution. M. François-David CRAVENNE pour le groupe les Républicains et Indépendants.

M. François-David CRAVENNE.- Merci, Madame la Maire.

L?engagement citoyen est essentiel au fonctionnement de la démocratie. A l?heure de l?individualisation croissante de nos sociétés, particulièrement dans les grandes villes, plus les technologies numériques progressent, plus les rapports humains se distendent. Dans cette optique, le Conseil des Générations Futures est une instance prometteuse et le groupe que je représente, les Républicains et Indépendants, tenait à remercier les membres du Conseil pour leurs engagements, leur sérieux et la grande qualité de leurs travaux.

J?ai étudié le compte rendu de ces travaux avec beaucoup d?attention. Les questions soulevées sont extrêmement intéressantes, voire pertinentes pour Paris, comme l?importance du lien intergénérationnel, le retissage du lien social entre exclus et personnes plus favorisées ou encore la cruciale question climatique.

Cependant, permettez-moi de soulever certains points qui me semblent poser problème. Jusqu?à preuve du contraire, il n?y a pas de meilleure manière pour le citoyen de s?exprimer et d?exercer un contrôle démocratique sur les orientations auxquelles il souhaite donner une impulsion, que la démocratie directe qui, à Paris, pour les compétences de son ressort, s?incarne dans le Conseil de Paris. En effet, cet hémicycle est le lieu central des débats, des bilans et des votes avec la force et la légitimité que lui confère la démocratie. La démocratie est, je le crois, le seul système qui garantit le meilleur équilibre entre les électeurs, les personnes éligibles et les représentants élus qui pourront ensuite mener à bien les orientations de la collectivité, selon les souhaits de la majorité des électeurs.

En second lieu, je voudrais parler du contenu des propositions du Conseil. Il existe un principe bien connu en économie, la règle de Pareto, dite règle des 80/20, où 80 % des conséquences découlent de 20 % des décisions prises. Je ne veux pas critiquer sur le fond les sujets choisis par le Conseil des Générations Futures. Ces items sont justes car ils se saisissent d?enjeux réels, mais ils occultent d?autres problématiques extrêmement importantes pour les jeunes Parisiens, donc pour nos générations futures. Par exemple, le Conseil n?évoque pas le prix exorbitant du logement à Paris à l?achat ou même en location pour un étudiant, un apprenti, un jeune chercheur ou un jeune actif. Pour eux, Paris devient inabordable.

De ce fait, une très grande partie de la génération future a déserté Paris. Si un jeune cherche du logement social, le taux de rotation est de 4,5 % contre 10 % à l?échelle nationale. C?est donc encore plus de jeunes qui quittent Paris. J?ajoute que la dette de la Ville est passée de 3,6 milliards à 6,1 milliards d?euros pendant le mandat de Mme HIDALGO. Tout cet argent devra être remboursé par qui ? Par les générations futures, pardi !

En somme, à force d?ignorer les 20 % des enjeux les plus essentiels et à se concentrer sur des questions certes importantes mais qui ne devraient être traitées qu?ensuite, la Maire de Paris, et ce n?est aucunement la faute du Conseil des Générations Futures, prépare activement l?exode de ces générations futures vers des villes plus attractives. A raison de 12.000 Parisiens en moins chaque année, les générations futures vont de plus en plus habiter dans d?autres métropoles françaises ou même à l?étranger.

Pour conclure, attention à ne pas faire comme les trois singes de la caricature : à force de se voiler les yeux, de se boucher les oreilles et de se taire sur les enjeux véritables qui concernent les jeunes Parisiens qui auraient vocation à devenir contribuables, électeurs ou même élus d?ici quelques années, la Ville de Paris prépare malheureusement leur exil et donc la réduction nette des forces vives du Paris de demain. La Maire de Paris, en créant des structures au nom habilement trouvé mais aux attributions trop vagues et aux pouvoirs bien trop limités puisque non élus démocratiquement, ne traite pas les vrais sujets et démobilise les meilleures initiatives de volontaires sincères qui ont contribué avec ardeur aux travaux qui nous ont été présentés ici.

La politique peut être la meilleure et la pire des choses : la meilleure quand elle agit pour le bien commun avec hauteur de vue et respect des autres, la pire quand elle flatte en bâtissant des mirages qui ne sont que des illusions trop joliment présentées. Justement, dans quelques mois, aux prochaines élections municipales, il faudra enfin tourner le dos à la pire. Choisissons le ou la meilleure. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Choisissez le bon taux, alors ! Merci. Ce sont les débats dans des assemblées démocratiques avec des élus qui ont évidemment toute liberté de parole. Mme MAQUOI, pour le groupe "Génération.s". Heureusement, bien sûr, parce que c?est comme cela que les Parisiens, après, peuvent faire la différence. C?est quand on a une liberté de parole que chacun, après, peut se positionner dans le débat. Oui, c?est mon privilège de Maire assurant la police de cette Assemblée. Mme MAQUOI, pour le groupe "Génération.s".

Mme Nathalie MAQUOI.- Merci, Madame la Maire.

Chers Conseillers, que ce soit à la tribune municipale ou à la tribune publique, permettez-moi de prendre juste dix secondes pour inviter Mme HAREL dans une bibliothèque du 20e arrondissement en journée pour voir, quand elle est ouverte, qu?il y a des Parisiens qui ne sont pas juste des actifs mais parfois des retraités, des enfants ou des personnes sans emploi et pour lesquelles ce service public de proximité de la culture est juste un outil essentiel en journée. Je vous y accueille quand vous le souhaitez.

Merci pour votre rapport issu d?un patient travail que vous avez auditionné, réfléchi pour nous fournir des préconisations en vue d?améliorer la civilité à Paris. Pour nous, pour notre groupe, la civilité est, comme vous le dites, liée à la citoyenneté, et l?implication des habitants et des habitantes dans la ville démocratique est un des fondamentaux de notre groupe.

Permettez-moi du coup d?engager avec vous la discussion sur quelques points, pas forcément sur toutes vos propositions mais en tout cas celles sur lesquelles on avait envie de réagir.

D?abord, l?augmentation de la surface pour les piétons. Comme Mme GOLDGRAB, nous partageons cette vision de la Ville. La voiture individuelle occupe aujourd?hui beaucoup trop de place ; réduire son utilisation permet des trottoirs plus larges, des terrasses, des espaces pour les bancs publics. Nous pensons aussi à toutes celles et ceux qui se déplacent difficilement et qui ont besoin de plus d?espace pour se sentir à l?aise dans leurs déplacements. C?est quelque chose que nous partageons.

Je voulais ensuite revenir sur quelques propositions liées à la culture, notamment les jumelages que vous proposez, et vous partagez une expérience de jumelage entre les institutions culturelles nationales et les quartiers populaires. Ces expériences sont menées depuis 4 ans. Je pense par exemple à la B.N.F., au Louvre, à la Colline et aux zones de sécurité prioritaire.

Je voudrais partager avec vous le bilan des 3 premières années, car plusieurs principes de réussite peuvent être dégagés. Déjà, le projet marche quand il est coproduit avec les habitants et pas quand il est juste plaqué par l?institution culturelle sur un territoire, quand il est porteur d?une exigence artistique, parce qu?on doit partager ce processus de création, et enfin quand la démarche s?inscrit sur le long terme et que ce n?est pas juste de l?événementiel. Là, on a des expériences qui fonctionnent sur le territoire parisien et ailleurs et qui pourraient nous encourager à Paris à reproduire ces modèles. Vous avez évoqué la mise en valeur des habitants par la photographie, et peut-être que là aussi nous pourrions mobiliser des projets existants et les valoriser par des accrochages dans l?espace public. Je pense à des grilles de jardins qui s?y prêtent, nous avons des expositions - je pense à la valorisation des femmes scientifiques à Paris - qui ont été exposées dans quelques lieux et qui ont plutôt bien fonctionné. Dans le 20e, nous menons depuis 6 ans une expérience de mise en réseau des acteurs culturels à l?échelle de l?arrondissement, une coordination qui a permis de mutualiser des activités culturelles hors les murs. Nous proposons de mutualiser aussi avec vous cette façon de faire pour la développer par rapport à votre proposition sur les activités culturelles. Nous pourrions insister aussi avec vous pour faciliter les événements culturels sur l?espace public, et là j?ai envie de vous dire qu?il nous faut interpeller tous ensemble la Préfecture pour la distinction entre une chorale, un jeu pour enfants et une manifestation. On aura à nos côtés la Fédération des arts de rue qui alertent depuis quelques années sur sa difficulté croissante à intervenir artistiquement dans la rue. Nous porterons ce mouvement, et je suis sûre que la Maire de Paris le portera auprès du Préfet, pour simplifier les choses et simplifier nos rencontres dans l?espace public. Je voudrais finir sur une chose qui est la sécurisation de la place des femmes, qui constitue aussi, dans l?espace public, une part de nos réflexions. Nous, nous allons proposer dans le débat tout à l?heure, dans le cadre du projet de délibération sur la porte de Montreuil, que l?approche genrée puisse être faite dans le réaménagement de cet espace public en particulier, sur les questions d?éclairage ou autres. On pourrait mener cette première expérience concrète dans les mois à venir dans le réaménagement de cet espace important à Paris. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Nathalie MAQUOI. Je donne à présent la parole à Edith BOILLOT, du groupe "100% Paris".

Mme Julie BOILLOT.- Ce n?est pas Edith, c?est Julie. Mais il y a une erreur, ce n?est pas grave, ne vous inquiétez pas.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- J?ai lu ce qui m?était proposé, mais vous avez raison, c?est Judith, bien sûr.

Mme Julie BOILLOT.- Non, Julie, même.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Julie !

Mme Julie BOILLOT.- Mais ce n?est pas grave. Au bout de 6 ans, ce n?est pas grave.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- On va y arriver !

Mme Julie BOILLOT.- Oui, effectivement. Merci, Madame la Maire.

Madame la Maire, mes chers collègues, après avoir porté sur l?économie du partage, le vivre-ensemble et la jeunesse, les membres du Conseil des Générations Futures ont travaillé sur le thème "favoriser la civilité à Paris et réveiller l?esprit civique", et nous vous remercions très sincèrement de votre engagement bénévole.

Trois thématiques ont donc été abordées : civisme et mobilité, civisme et multiculturalité et co-construire un futur souhaitable.

Civisme et mobilité dans l?espace public d?abord. Voilà un vaste programme, tant l?espace public parisien est laissé à l?anarchie. Le C.G.F. a formulé trois propositions à juste titre : augmenter et optimiser la surface destinée aux piétons, faire cohabiter les différents modes de transport et les rendre compatibles, et réduire les émissions sonores. Ce n?est que du bon sens.

Bien sûr, nous partageons ces aspirations, mais remettons l?église au centre du village. Qui est responsable de la dégradation considérable de l?espace public ? La Mairie de Paris n?a pas anticipé le développement des offres de "free floating", laissant ainsi 12 opérateurs de trottinettes envahir nos rues avec près de 120.000 engins alors que les grandes villes de province fixaient un cadre juridique pour réguler drastiquement ces nouveaux modes de mobilité. Le résultat de ce laisser-aller n?a pas tardé : les accidents se sont multipliés et le sentiment d?insécurité et de vulnérabilité des piétons n?a jamais été aussi prégnant. L?anarchie de l?espace public, c?est aussi la multiplication des chantiers sur la voirie qui n?en finissent plus. On ouvre la chaussée très en amont des travaux, on la referme très en aval et, quelques semaines plus tard, un nouvel opérateur rouvre de nouveau la chaussée. Il sera impératif, dans la prochaine mandature, de nommer un seul adjoint en charge de l?espace public pour retrouver de la cohérence.

Sur les émissions sonores, nous avons proposé, le groupe "100% Paris", lors du dernier Conseil de Paris de lutter contre le bruit émis par les deux-roues motorisés. Vous le savez, les Parisiens ressentent le bruit des deux-roues comme une vraie agression, ils sont même la première nuisance sonore selon "Bruitparif", et vous préférez renvoyer la question à plus tard. Comprenne qui pourra. Ainsi, remettons d?abord de l?ordre dans l?espace public, et les Parisiens retrouveront leur urbanité.

Sur le civisme et la multiculturalité, vous avez formulé trois problématiques : désenclaver les quartiers communautaires pour lutter contre les phénomènes de ghettoïsation, rendre les lieux culturels à Paris attractifs et ne pas rejeter l?autre ou ses différences. Il s?agit là encore de propositions très consensuelles que chacun d?entre nous ne peut que soutenir, mais permettez-moi certaines réflexions.

Le C.G.F. souligne que la diversité culturelle et le brassage des populations sont une richesse pour Paris et acte un constat : malgré cela, il existe un cloisonnement des populations et une ignorance des cultures, il existe un réflexe d?appartenance au quartier et de fermeture à l?autre.

J?avoue qu?après avoir lu cela, j?ai trouvé assez paradoxale la proposition du Conseil des Générations Futures d?organiser des jumelages inter-quartiers, notamment dans les quartiers populaires pour favoriser la rencontre, la découverte de l?autre, l?échange et le partage. C?est une excellente idée, certes, mais pourquoi ne pas promouvoir également la rencontre en organisant des jumelages avec des quartiers dits plus aisés, entre quartiers aisés et populaires, pour aller au bout de cette démarche ? Pourquoi ne pas promouvoir la rencontre de Parisiens qui n?ont jamais l?habitude de se croiser ? C?est aussi cela, selon nous, le "Paris Arc-en-ciel".

Toujours dans le civisme et le multiculturalité, il y a un passage sur la lutte contre le sentiment de peur, et là je trouve qu?on frôle quand même l?angélisme. Avant tout, c?est à la Ville de rassurer ses habitants en assurant la sécurité de tous, en garantissant un espace public notamment par l?éclairage public. Oui, Paris est hostile aux femmes, surtout dans certains quartiers. La prévention, c?est bien mais ce ne sera jamais suffisant. L?échec de cette mandature est d?avoir perdu un temps précieux, nous semble-t-il, en tergiversant sur la mise en place d?une politique municipale.

Enfin, co-construire un futur souhaitable. Vous avez présenté trois problématiques : développer le sentiment d?appartenance des Parisiens, inciter les gens à s?engager et favoriser l?intégration.

S?agissant de la fierté d?être parisien et d?aimer sa ville, je doute que cela se décrète. Excusez-moi, on ne s?entend plus ! Merci. La fierté n?est que le résultat d?un sentiment de bien-être. Thomas DUTRONC, déjà, dans sa fameuse chanson, disait "je n?aime plus Paris" et relevait avec beaucoup de justesse ce paradoxe. Paris est la plus belle ville du monde mais elle est agressive quand on la vit. Depuis, d?autres "peoples" comme Jean-Pierre JEUNET, Stéphane GUILLON ou Alain SOUCHON ont pris le relais, et finalement ne sont que le porte-voix de la majorité des Parisiens. Oui, la saleté des rues, les rats, les embouteillages, les barricades des travaux rendent Paris hostile à ses habitants, les essouffle, les font fuir par milliers chaque année. Redonnons dans les prochains mois un nouveau souffle à la gouvernance parisienne, et les Parisiens retrouveront leur fierté d?appartenir à la Ville Lumière. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci.

Mme Olga JOHNSON, pour le groupe UDI-MODEM.

Mme Olga JOHNSON.- Madame la Maire, mes chers collègues, je souhaiterais au nom du groupe UDI-MODEM remercier vous-même et tous les membres du Conseil des Générations Futures, non seulement pour votre engagement mais aussi pour la qualité des propositions que vous formulez et des idées que vous mettez en avant dans le débat municipal. Je ne reviendrai pas sur votre rapport d?activité, on a eu l?occasion d?entendre plusieurs des orateurs le commenter.

Ce que je voulais m?attacher à faire, c?est venir sur les propositions de la Commission civisme qui nous sont présentées aujourd?hui. Favoriser la civilité à Paris, réveiller l?esprit civique, le programme de travail que vous vous êtes fixé est ambitieux, notamment dans une ville dense et pleine d?activités variées.

Concernant la question des mobilités, nous partageons pleinement le constat qui est le vôtre : le piéton est en danger à Paris. Nous n?avons d?ailleurs de cesse de le redire, le piéton est le grand oublié, à notre sens, de ce mandat. L?Exécutif a fait de Paris le terrain de jeu des opérateurs de nouvelles mobilités pour compenser peut-être l?échec du nouveau Vélib? et, du coup, a réagi et décidé bien trop tardivement de mettre en place une régulation de ces nouvelles mobilités. C?est vrai que blâmer le gouvernement ne suffit pas. Alors que d?autres villes ont réussi à agir bien avant, nous avons mis, à la Ville de Paris, plus d?un an pour commencer enfin à encadrer ces nouveaux modes de déplacement. Les mauvaises habitudes étant difficiles à perdre, c?est devenu une source constante de stress pour les piétons.

Plus globalement et au-delà des chiffres avantageux mis en avant dans la communication de l?Exécutif, la stratégie "piéton", pourtant votée à l?unanimité en février 2017, n?a aujourd?hui pas atteint ses objectifs, notamment ceux qui visent à faciliter les continuités piétonnes ou encore à élever les standards de confort des espaces publics. On nous accuse souvent, sur les bancs, de partisannerie lorsque nous dressons ce constat. Nous espérons donc, comme cela vient de vous, que cela va être pris en compte très rapidement.

Vos propositions, quant à elles, visant à rendre plus lisible la cohabitation entre les différents modes de transport, nous y adhérons pleinement, avec peut-être une petite précision concernant la signalisation : il est impératif, là où des pistes cyclables à double sens ont vu le jour, de rappeler aux piétons par exemple la Led de marquage au sol au niveau des passages protégés et de regarder des deux côtés et pas uniquement dans le sens de la circulation automobile. Pas plus tard que ce week-end, j?ai failli me faire renverser par un vélo parce que je n?ai pas encore le réflexe de regarder des deux côtés. Il a klaxonné, heureusement.

Les réflexions que vous soumettez au débat concernant la multiculturalité méritent aussi qu?on s?y arrête quelques instants. J?insiste notamment sur le besoin que vous exprimez de sécuriser la place des femmes dans l?espace public, dans tous les quartiers parisiens. Cela reste bien sûr un combat essentiel que nous ne pouvons que relayer.

Je retiens aussi particulièrement votre proposition sur la réappropriation de l?espace public, en particulier pour promouvoir le vivre-ensemble, et le développement de l?esprit civique. C?est un enjeu majeur sur lequel j?émettrai tout de même une petite réserve quant à votre disposition de simplification des démarches d?autorisation pour fermer une rue à la circulation. En effet, la complexité de cette procédure tient aussi au fait qu?il y a des enjeux de sécurité pour le déplacement des véhicules de secours, qui ne doivent pas être minimisés au prix d?une trop grande simplification.

Concernant la notion d?engagement enfin, sur laquelle vous faites des propositions, nous relevons encore des convergences très fortes entre le constat qui est le vôtre et ce que nous déplorons depuis plusieurs années. Comme vous le dites très justement, nous faisons face aujourd?hui à une surenchère d?initiatives et à une sur-sollicitation des personnes déjà engagées. Or, nous ne cessons de le répéter, la Ville de Paris devrait mieux encadrer et rationaliser le secteur, plutôt que de mesurer son succès en termes d?engagement citoyen à l?aune de nouveaux outils créés sans vraiment s?interroger sur leur réelle adéquation à un besoin, sur la variété des publics qu?ils permettent de toucher ou encore sur l?absence de concurrence entre eux. En fait, à chaque projet de délibération sur le sujet, nous avons un nouvel instrument qui est créé et cela rend tout cela encore plus illisible. La liste des outils est longue, avec une efficacité relative pour certains d?entre eux. Bien sûr, nous ne pouvons qu?adhérer à vos propositions pour réellement favoriser l?engagement, loin de la politique du chiffre, notamment la première qui vise à organiser et à structurer les acteurs et les moyens consacrés à cette tâche ou encore celle visant à mieux prendre en compte les petits acteurs associatifs qui sont très importants dans la vitalité de nos quartiers. En conclusion, je souhaiterais vous remercier une nouvelle fois pour la contribution importante que vous apportez à ce débat et pour la richesse et le sérieux du travail que vous avez fourni.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci, il faut conclure, Madame JOHNSON.

Mme Olga JOHNSON.- J?émets donc le souhait que l?Exécutif prenne en compte la plupart des propositions. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Madame JOHNSON. M. Philippe DUCLOUX, pour le groupe Socialiste et Apparentés.

M. Philippe DUCLOUX.- Merci, Madame la Maire.

Mes chers collègues, Mesdames et Messieurs les Conseillères et Conseillers des Générations Futures, que ce soit à la tribune ou dans cette autre tribune, je voulais vous remercier pour la présentation de votre riche activité, chère Béatrice JACOBS et cher Bruno GARCIA, car vous nous avez apporté un éclairage qui, je pense, a été ressenti unanimement au sein de cet Exécutif, même si les interventions ne sont pas toutes allées dans le même sens.

Je voulais évidemment vous remercier pour vos propositions et surtout pour le travail important et fourni que vous avez consacré pour donner aux citoyennes et aux citoyens de nouveaux moyens d?être entendus et d?intervenir dans la décision publique. Vos travaux sont importants pour orienter notre action dans des domaines essentiels pour Paris. Cette façon de procéder est constitutive de ce qu?est notre ville, puisque Paris, tout comme son histoire, est intimement liée à une envie, celle de faire cité et d?associer l?ensemble des citoyennes et des citoyens à son destin.

Merci pour votre réflexion et pour le caractère très pratique des propositions que vous faites. Paris a fait le choix de se doter d?une instance indépendante et paritaire représentant la société civile parisienne et éclairant notre Assemblée sur des thèmes forts qui concernent notre ville, les Parisiennes et les Parisiens. Je pense à toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés pour que le Conseil des Générations Futures voie le jour et puisse nous démontrer sa pertinence et son utilité. Naturellement, je tiens à remercier Didier LE RESTE qui a été le premier à proposer la mise en place, Mesdames et Messieurs les Conseillères et Conseillers, de votre belle instance.

Écouter, consulter et concerter est devenu un des marqueurs forts de la manière de faire de la politique à Paris. A l?image du budget participatif ou des débats qui ont eu lieu pendant 12 heures dans cet hémicycle le 25 janvier dernier, vos propositions citoyennes permettent d?établir un diagnostic qui parle directement des habitantes et des habitants. Vos conclusions sont par conséquent un beau moyen de réintégrer la parole des citoyens dans des débats d?experts dont ils sont parfois exclus. Vous avez présenté les propositions d?un de vos groupes de travail, la Commission civisme, qui nous a éclairés très utilement sur une question qui nous traverse toutes et tous dans cette Assemblée : réveiller l?esprit civique.

Je tenais à remercier toutes les conseillères et tous les conseillers du Conseil des Générations Futures pour leur travail, comme cela a été dit par plusieurs personnes, qui est un travail bénévole. Il faut insister sur le côté bénévole de votre action et sur le côté citoyen pour ce travail précieux.

En vous appuyant sur trois définitions claires, des concepts clés que sont le civisme, la citoyenneté et la civilité, vous avez pu vous intéresser et nous éclairer sur des sujets très divers, de l?engagement à la lutte contre les incivilités, les Civic Tech, et vous nous faites des propositions intéressantes pour faire de notre ville un modèle d?intégration dans lequel l?engagement est valorisé. Pour changer notre rapport à la ville, vous avez raison de rappeler combien l?aménagement et la signalisation, surtout quand celle-ci est ludique, colorée ou créative, peut avoir un impact fort, réel et mesurable sur la façon dont nos concitoyennes et nos concitoyens utilisent l?espace public et ainsi éviter des accidents. Inciter, inclure, associer, écouter, recueillir, voilà des objectifs que nous avons en partage et qui guident notre façon d?agir, je vous l?ai dit, depuis 2001, et encore plus depuis 2014. C?est avec plaisir que j?ai lu les propositions de votre Commission civisme dont les propositions et les intuitions rejoignent nos conceptions et les solutions que nous développons. Oui, recourir aux pratiques artistiques pour fabriquer du lien social et pour encourager le plus de monde possible à s?engager sur une question dans un quartier, dans un immeuble ou dans une ville, une ville où l?autre n?est pas rejeté, où la différence est acceptée et où les stéréotypes n?ont pas leur place, c?est un objectif clair que nous avons également en partage et sur lequel nous nous positionnons clairement, car l?ouverture, la tolérance et l?égalité sont un combat qui a besoin de ses combattantes et de ses combattants. C?est pourquoi je me réjouis de voir que nous sommes engagés dans les mêmes luttes. J?évoquerai le 11e arrondissement puisque vous avez rencontré des élus de mon arrondissement sur la question du Code de la rue, sur la question des bibliothèques - lorsque j?étais adjoint au Maire de Paris, nous avions lancé ce développement de l?ouverture des bibliothèques, Madame HAREL, et nous allons bien entendu continuer. Votre approche, Mesdames et Messieurs les Conseillères et Conseillers, votre approche forte contre le communautarisme avec pour objectif la citoyenneté me rappelle aussi l?un de nos engagements clairs en faveur d?une idée cohérente et ambitieuse de la République, où chacune et chacun a le droit à l?émancipation au sein d?une seule et même communauté, plutôt que d?être dans le repli. Voilà, Mesdames et Messieurs, c?est pourquoi, vous l?aurez compris, mes chers collègues, nous nous félicitons de cette présentation utile et inspirante et nous vous remercions encore pour cet excellent travail.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Philippe DUCLOUX, merci à chacune et à chacun des oratrices et orateurs. Je vais d?abord donner la parole à Pauline VÉRON, ensuite peut-être à Christophe NAJDOVSKI pour un point sur le Plan Piéton, car c?est un sujet qui a été au c?ur de votre centre d?intérêt et des discussions ici, puis je vous redonnerai la parole pour conclure. Pauline VÉRON, pour les réponses de l?Exécutif.

Mme Pauline VÉRON, adjointe.- Merci, Madame la Maire.

Madame et Monsieur les Coprésidents du Conseil des Générations Futures, chers collègues, notamment tous ceux de tous les groupes qui sont intervenus dans ce débat, je tiens tout d?abord à remercier moi aussi sincèrement et chaleureusement Cynthia FLEURY et Patrick DOUTRELIGNE, qui ont été les premiers coprésidents du Conseil des Générations Futures, qui nous ont aidés à le mettre en place, à le concrétiser et qui malheureusement ne pouvaient pas être avec nous aujourd?hui.

Je voudrais aussi sincèrement remercier Béatrice JACOBS et Bruno GARCIA, qui sont aujourd?hui les deux nouveaux coprésidents. Vous vous êtes déjà investis dans la précédente mandature de ce Conseil des Générations Futures et je pense que cela explique votre engagement, votre élection aujourd?hui à cette coprésidence.

Je voudrais aussi remercier Didier LE RESTE pour son implication et notre partenariat pour la mise en place de ce Conseil des Générations Futures ainsi que Roberte AMIEL pour son travail qui a été très important pour la mise en place de ce Conseil.

Je remercie également tous les membres du Conseil des Générations Futures pour leur travail, leur expertise et leur dynamisme ; je salue ceux qui ont pu faire le déplacement cet après-midi pour être là dans les tribunes. Leurs contributions, vous l?avez vu, enrichissent notre réflexion sur notre ville pour aujourd?hui et pour demain, avec ce regard un peu décalé par rapport à celui des élus, qui est très important pour nous et enrichit notre réflexion.

La remise de ce deuxième rapport d?activité est l?occasion pour moi de réaffirmer le plaisir que j?ai eu à participer à la création de cette instance originale, unique en son genre en France, et à son déploiement, et à voir ses travaux émerger et nous inspirer.

Le rapport d?activité que vous nous avez présenté témoigne de la richesse et de la diversité de vos travaux. Certaines thématiques ont été proposées par la Maire, mais l?essentiel de vos travaux vient de vos propres souhaits de vous saisir de ces sujets. Certaines préconisations ont pu être mises en ?uvre, d?autres demandent un peu plus de temps, et j?essaie régulièrement, comme vous l?avez rappelé, de vous tenir au courant de la mise en ?uvre de vos différentes préconisations en faisant le lien avec mes collègues qui s?en chargent.

Concernant la Commission civisme, je ne vais pas revenir sur la question de la mobilité, car Christophe NAJDOVSKI était présent pour vous écouter et il va dire quelques mots, ni sur vos préconisations sur le multiculturalisme, puisque Christophe GIRARD, également présent, a pu entendre vos propositions et, je pense, reviendra vers vous par mon intermédiaire pour y répondre.

Je voudrais juste dire un mot sur l?engagement civique. Vous avez souhaité montrer qu?il existait une communauté de citoyens engagés à Paris et qu?il fallait peut-être plus le valoriser, plus le mettre en avant. Nous avons récemment décidé, à l?initiative de la Maire, de créer ce qu?on appelle "Les Volontaires de Paris" suite aussi à la délibération citoyenne qui a été votée au mois de septembre. Ce nouveau dispositif "Volontaires de Paris" vise à regrouper l?ensemble des 7 communautés de Volontaires que nous avons identifiées à la Ville pour leur proposer un parcours de formation et de mission complet. Le but est justement de valoriser cet engagement qui peut être très fort chez certains de nos concitoyens, parce qu?ils font la Nuit de la Solidarité, ont leur carte de citoyen et sont des volontaires du Climat.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Ils sont 25.000, je crois, Pauline. 25.000 volontaires de Paris.

Mme Pauline VÉRON, adjointe.- 125.000 titulaires de la carte de Citoyen de Paris, 22.000 volontaires du Climat, etc.

Vous allez continuer à travailler, vous avez la thématique "Paris Ville verte et ouverte en 2030", "Repenser l?emploi", que vous avez évoqué, et on va essayer aussi de faire la troisième thématique car c?était un beau thème, "Faire de Paris un laboratoire pour le bonheur". Ce serait bien si on arrivait également à traiter cette thématique.

Je voulais dire un petit mot de conclusion. Comme pour l?ensemble des dispositifs de participation citoyenne, nous sommes en train de mener des évaluations pour encore mieux les déployer, je l?espère, dans la prochaine mandature. Beaucoup de ces instances, à l?instar du Conseil de Générations Futures, sont des innovations et sont uniques dans leur genre en France : le Pré-conseil citoyen, la carte de citoyen d?une ville ou le Conseil des Générations Futures n?existent pas dans d?autres collectivités. Nous les mettons bien sûr en ?uvre et nous les évaluons au fur et à mesure.

Ce que je voulais rappeler, c?est qu?elles ont un grand succès. Elles ont montré qu?il y avait une grande soif d?engagement et de participation des citoyens, mais elles ont aussi montré leur utilité pour nous en tant qu?élus pour enrichir nos analyses et nos décisions. Nous avons pu développer cette intelligence collective qui n?est pas facile mais dont nous sentons tous qu?elle est la clé de beaucoup de choses, et nous avons pu démontrer sa grande valeur, en sachant, nous le savons, que notre système démocratique est en crise. Ce constat, Anne HIDALGO le faisait en 2014. C?est pourquoi nous avons tenté de relever ce défi de construire un autre rapport entre élus, citoyens et administration.

Quand on voit, dans une étude récente, que 46 % des jeunes de 18 à 35 ans estiment que des systèmes politiques autres que la démocratie seraient tout aussi bons, l?enjeu reste d?autant plus d?actualité pour nous de mobiliser les citoyens dans notre dispositif démocratique, et nous devons persévérer dans cette ambition pour une démocratie vivante et efficace, car ce n?est qu?à cette condition qu?il sera possible de mettre en ?uvre des politiques ambitieuses notamment en faveur de la justice sociale et de l?écologie. Pour reprendre les termes de Pierre ROSANVALLON, que j?apprécie particulièrement, c?est aussi parce que nous sommes convaincus de la nécessité de passer d?une démocratie d?autorisation à une démocratie d?exercice. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup pour cette très complète et belle intervention. Merci beaucoup. Il y a aussi l?autre concept d?un constitutionnaliste qui est la démocratie continue. C?est aussi cette démocratie continue, entre la démocratie représentative et la démocratie participative, avec toutes ses formes de participation. Merci beaucoup, Pauline. Christophe NAJDOVSKI, quelques précisions tout de même sur le piéton, la place du piéton, comment on l?aborde et comment on va continuer effectivement à travailler ce sujet-là.

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint.- Oui, merci, Madame la Maire.

Quelques éléments pour rappeler que notre Assemblée a adopté en 2017, d?ailleurs à l?unanimité du Conseil de Paris, une stratégie piétons ou Plan Piéton, et c?est la première fois que l?Assemblée du Conseil de Paris prend ce type de décision. C?était important dans la mesure où les piétons représentent en réalité la majorité des déplacements à Paris. On évoque souvent la place de l?automobile, mais les modes motorisés en général aujourd?hui représentent 13 % des déplacements pour 50 % de l?espace public utilisé. Le premier mode de déplacement à Paris, c?est le piéton ; la majorité des déplacements sont donc réalisés à pied.

Ce Plan Piéton, cette stratégie "piéton" s?est concrétisée puisque ce sont 170 rues qui ont vu leurs trottoirs élargis dans cette mandature pour au total 10 hectares de surface qui ont été rendus aux piétons et pris sur la circulation motorisée ou sur du stationnement, donc sur les véhicules automobiles, et ce sont également 220 rues de Paris qui ont été piétonnisées durant ce mandat.

On peut également parler du projet des 7 places, dont nous avons déjà vu la concrétisation. Citons par exemple la place de la Nation, la place du Panthéon, la place de la Madeleine encore récemment, et c?est en moyenne 50 % d?espace qui est donné aux piétons et aux cyclistes sur les 7 places en question. Sur la place de la Bastille, par exemple, ce sont 7.000 mètres carrés d?espace qui vont être gagnés sur l?automobile au profit des déplacements doux, avec une presqu?île qui est encore en travaux mais qui en voit déjà une partie réalisée puisqu?on peut désormais accéder à la colonne de Juillet à pied, ce qu?on ne pouvait pas faire il y a encore quelques semaines.

Je souhaite également rappeler, sur la question du civisme, que les compétences en matière de police de la circulation et du stationnement étaient intégralement dévolues à la Préfecture de police jusqu?en décembre 2017. Ainsi, la Ville de Paris n?a cette compétence que depuis janvier 2018, soit depuis un peu moins de 2 ans.

Les A.S.P., les agents de surveillance de Paris mènent des actions de prévention et de verbalisation des infractions au Code de la route. Tout ce qui relève du stationnement gênant est sanctionné quotidiennement par les A.S.P., y compris sur ce qu?on appelle les nouvelles mobilités. Si je prends l?exemple des trottinettes, ce sont plus de 2.000 mises en fourrière qui ont été réalisées depuis le printemps par les services de la Ville de Paris, de manière à ce que les comportements évoluent et que les personnes qui utilisent ces modes de déplacement le fassent dans le respect du Code de la route. Plus récemment encore, on a mis en place des Brigades cyclistes qui veillent non seulement au respect des pistes cyclables mais aussi à ce que les cyclistes eux-mêmes respectent le Code de la route. C?est un travail de tous les jours, de chaque instant de manière à ce que le civisme progresse globalement à Paris.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Christophe.

D?ailleurs, nous avons voté hier un projet porté par Nicolas BONNET et le groupe Communiste et Front de Gauche sur la formation des cyclistes, puisqu?on est très heureux qu?en un an il y ait eu plus 54 % d?augmentation de la pratique du vélo à Paris, indépendamment même des grèves de transports, car là c?est plus 200 % pour un certain nombre de pistes cyclables. Un vote a donc eu lieu hier sur la formation de ces cyclistes dans ce que vous appelez un Code de la rue aussi et qui est effectivement une bonne appellation.

Je vous donne la parole à l?un et à l?autre pour conclure.

Monsieur GARCIA ?

M. Bruno GARCIA.- Un mot pour vous remercier de vos remerciements, de vos remarques, de vos réflexions. Il y a encore beaucoup de choses à faire sur les différents sujets qui ont été évoqués et le travail qui a été fait dans les différentes commissions.

Effectivement, en matière de civisme, la question de l?éducation populaire qui a été soulignée dans l?intervention de Didier LE RESTE nous paraît importante. Il y a parfois la répression, parfois l?éducation et les deux vont ensemble pour améliorer les comportements. On est bien en phase avec ces positions.

Je souhaite vous dire que le chantier principal du Conseil des Générations Futures va être de travailler à sa visibilité, à améliorer sa visibilité notamment à l?égard des Parisiens, à l?égard des élus, travailler avec les élus, bien sûr, un peu plus que ce qu?on peut faire, même si on travaillait déjà beaucoup avec Pauline - Antoinette GUHL est aussi venue à notre rencontre tout comme d?autres élus et je vous prie de m?excuser pour ceux que je n?ai pas cités et qui sont venus à notre rencontre -, toujours en lien avec les différents sujets travaillés dans les commissions. A l?égard des Parisiens, nous avons à travailler pour avoir une visibilité plus importante, pour faire connaître le Conseil des Générations Futures, pour expliquer le travail qui est fait en commission et pour trouver des relais, peut-être aussi dans les quartiers à travers les conseils citoyens, les conseils de quartier. Il faut trouver des relais pour diffuser les propositions, amener les Parisiens à réfléchir, à débattre sur nos propositions et à les enrichir. L?ensemble des membres du Conseil des Générations Futures est là pour cela. Il y a une grande richesse. On travaille avec Béatrice dans différentes commissions depuis bientôt 4 ans et on s?est impliqué. Tout le monde est très impliqué, il y a une richesse qui est l?intelligence collective, comme cela a été souligné, pour arriver à produire des outils, à faire des propositions de qualité, avec une attention assez forte de notre part, et on s?est engagé avec Béatrice sur ce sujet, qui est de suivre la mise en ?uvre, de travailler avec les élus, avec les services - on est très en lien et très accompagné par la DDCT -, l?ensemble des services concernés pour suivre la mise en ?uvre des propositions. On vous remercie de votre attention et des remarques qui nous ont été faites, on continuera. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup.

Béatrice JACOBS ? Non.

Merci en tous les cas. Je trouve non seulement intéressant mais aussi émouvant qu?on puisse travailler avec des formes nouvelles, des formes moins institutionnelles que par exemple un Conseil économique social et environnemental où chacun viendrait présenter une position au nom d?une institution qu?il représente. Au contraire, il est bon de conjuguer ces intelligences collectives liées au fait que les meilleurs experts de la Ville sont les Parisiens eux-mêmes. Cette expertise, lorsqu?elle est mobilisée dans sa pluralité, ce qui est le cas dans le Conseil des Générations Futures, est une force, un point d?appui extrêmement intéressant pour le travail des élus que nous sommes. Beaucoup de débats se font autour de la déconnexion entre les élus et la réalité. C?est vrai que quand on est élu municipal, il est plus facile de rester connecté à la réalité, mais je pense que des instances comme ce Conseil des Générations Futures nous ramène en permanence à des phénomènes, des idées, des propositions, des expériences qui doivent faire partie des éléments qui nous permettent de décider, de prendre les décisions dans le cadre démocratique et institutionnel du Conseil municipal de Paris. Un grand merci à vous, merci aux Parisiens du Conseil des Générations Futures de nous avoir permis cet échange particulièrement intéressant. Merci.

 

Décembre 2019
Débat
Conseil municipal
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