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2019 DJS 251 - Attribution de la dénomination Rachid Taha au Centre Paris Anim' situé 26 boulevard de la Chapelle (18e).


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous passons au projet de délibération DJS 251 relatif à l'attribution de la dénomination "Rachid Taha" au centre "Paris Anim'" situé 26 boulevard de la Chapelle, dans le 18e arrondissement. Je donne la parole à Raphaëlle PRIMET.

Mme Raphaëlle PRIMET. - Il n'y a plus que moi, il n'y a plus personne du 18e pour prendre la parole pour Rachid Taha.

Cela m'amuse, car Rachid Taha était très souvent dans le 20e arrondissement, notamment dans les bars de la rue Ménilmontant. C'était l'une des figures du rock des années 1980, de la France "black blanc beur".

"Leader" du groupe mythique "Carte de séjour", Rachid Taha avait réussi le parfait alliage entre sa culture algérienne et le punk rock. Il était le chanteur, le parolier, le percussionniste et aussi le porte-parole du groupe. Provocateur, il avait repris Charles Trenet et sa chanson "Douce France, cher pays de mon enfance", lui qui était né près d'Oran, où il a grandi avant d'arriver en Alsace à l'âge de 10 ans.

C'est cette reprise qui sort dans leur deuxième album en 1986, qui fait le succès du groupe qu'il avait fondé en 1981 à Lyon, là où il habitait après ses études et où il travaillait à l'usine. Dans le reste de l'album, tous les autres morceaux, malheureusement méconnus, sont en arabe.

Cette chanson sort dans un contexte de montée du racisme et de l'extrême droite, trois ans après la première marche pour l'égalité et contre le racisme qu'il avait soutenue dès le départ.

Les jeunes Maghrébins sont utilisés comme boucs émissaires par certains politiques pour diviser et expliquer les difficultés sociales et la crise.

Si Rachid Taha choisit le nom de "Carte de séjour", c'est pour dire non, pour dire ironiquement que les membres du groupe sont des immigrés non intégrés. Rachid Taha était engagé, mais a toujours joué avec les clichés, refusé de se faire enfermer dans un discours trop convenu. Il avait beaucoup d'humour.

Sa carrière solo commence en 1991, il sort 11 albums, dont 2 albums diwan, ce qui veut dire recueil de poèmes, dans lesquels il fait revivre les classiques des chants algériens et arabes traditionnels. C'est ce qu'il fait avec "Ya Rayah", qu'il reprend et popularise très au-delà des frontières françaises.

Le 26 octobre 1988 à Bercy, il participe au concert "1 2 3 soleil" avec Faudel et Khaled, concert lui aussi mythique qui donnera naissance à un album live, qui avec son immense succès contribuera à mettre en lumière et à faire exploser le raï.

Fan des Clash, Rachid Taha enregistre pour l'album "Tékitoi", une reprise mythique de "Rock the Casbah", qu'il chantera même en duo avec Mick JONES lors de plusieurs concerts.

Rachid Taha est mort le 12 septembre 2018, il venait de finir d'enregistrer son album. Le principe d'un album posthume pouvait nous laisser d'abord dubitatifs, mais ce disque n'a rien d'une compilation de fonds de tiroir pour remplir les caisses. Ce sont 10 titres inédits auxquels Rachid Taha avait travaillé de son vivant pendant plus de deux ans. Cet album s'appelle "Je suis africain". Dans cette ode à l'Afrique, il chante son amour pour l'Afrique et la fierté de ses racines.

Dans le clip éponyme, on aperçoit Benjamin BIOLAY, Catherine RINGER, Oxmo PUCCINO, etc., manière pour les artistes de lui rendre hommage. De santé fragile, Rachid Taha avait fait de son engagement une force. La maladie contre laquelle il s'est toujours battu était celle des hommes : le racisme, l'intolérance, l'obscurantisme, la bêtise, mais c'était avant tout un grand musicien et il y aurait beaucoup à dire sur ses nombreux albums. Il nous reste encore le plaisir de les écouter. Nous saluons sa mémoire et voterons pour ce projet de délibération. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Raphaëlle PRIMET.

Je donne la parole à Pauline VÉRON.

Mme Pauline VÉRON, adjointe. - Monsieur le Maire, chers collègues, chère Raphaëlle PRIMET.

Effectivement, cette dénomination de ce centre "Paris Anim'", centre à la Chapelle en centre "Paris Anim' Rachid Taha", nous pouvons en être fiers, c'était un très grand artiste qui a porté énormément de choses, vous l'avez rappelé, notamment la lutte contre le racisme, sa lutte en faveur de la tolérance, à travers un "mix" de culture et de musique qui a été exemplaire et nous a tous marqués.

Cette proposition a été formulée par la majorité municipale du 18e arrondissement, que l'ensemble du Conseil a votée, puis a été validée par la Commission de dénomination des voies et des équipements municipaux. Tout est en bonne voie pour pouvoir voter aujourd'hui ce projet de délibération, qui donnera le nom de Rachid Taha à ce centre "Paris Anim'".

Je voulais en profiter pour dire que d'autres centres "Paris Anim'" ont été récemment renommés pour leur donner des noms de figures féminines notamment, ou issus d'autres cultures et particulièrement dans le 12e arrondissement sous le volontarisme de Catherine BARATTI-ELBAZ, que je voulais saluer, puisque notamment dans le 12e arrondissement, il y a maintenant une antenne jeunes Maya Angelou, qui était une artiste afro-américaine, ainsi que le centre "Paris Anim'" Reuilly, qui est devenu le centre "Paris Anim' Bessie Smith".

Le centre "Paris Anim'" Montgallet dans le 12e est devenu le centre Pina Bausch. Dans le 17e arrondissement, nous venons d'inaugurer un nouveau centre "Paris Anim'", qui s'appelle Mado Robin, qui était une cantatrice française.

À travers aussi aujourd'hui le vote de ce projet de délibération pour le centre "Paris Anim'" de la Chapelle, c'est une politique globale en faveur de la féminisation du nom de nos équipements municipaux, mais aussi d'une diversité des cultures, des artistes et des sportifs que nous essayons de valoriser à travers ces dénominations.

Donc, merci pour votre intervention et merci pour le vote de ce projet de délibération.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Pauline VÉRON.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DJS 251.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2019, DJS 251).

 

Décembre 2019
Débat
Conseil municipal
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