retour Retour

Vœu déposé par le groupe "Génération.s" relatif à la précarité étudiante.


 

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Nous passons à l'examen d'un v?u non rattaché, le v?u référencé n° 128, relatif à la précarité étudiante. La parole est à Léa FILOCHE.

Mme Léa FILOCHE. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, il y a plus d'un mois, un étudiant a tenté de mettre fin à sa vie en s'immolant devant les services sociaux de l'université de Lyon. Cet acte nous a toutes et tous désespérés, bouleversés et aussi révoltés.

La précarité de la jeunesse s'accroît. 20 % des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. Les Restos du C?ur constatent, pour leur 35e campagne hivernale, que les jeunes représentent 51 % des 900.000 bénéficiaires. 12 % d'entre eux sont âgés de 18 à 25 ans, et 39 % d'entre eux sont mineurs. La précarité est un obstacle à l'épanouissement social, intellectuel, culturel des jeunes et des moins jeunes, qui entrave l'autonomie. Le coût de la vie augmente progressivement, tous les ans depuis 2009, comme l'a exprimé l'U.N.A.F. dans son rapport du 9 août dernier sur le coût de la vie. A Paris, c'est une augmentation de 5 %. Le logement, première source de dépense d'un étudiant, représente environ 50 % de son budget global; et est l'une des causes principales de cette augmentation constante. Le Centre national des ?uvres universitaires et scolaires, le C.N.O.U.S, a adopté le 28 novembre dernier, le gel des loyers des résidences universitaires en 2020, et c'est une décision responsable que nous saluons. Notre objectif doit donc être aujourd'hui la généralisation du gel des loyers pour l'ensemble des logements étudiants dans toute la capitale. C'est pourquoi nous appelons et demandons que la Ville de Paris demande aux bailleurs des résidences étudiantes d'également geler les loyers en 2020. Nous souhaitons également qu'un effort supplémentaire soit fait pour mesurer la faisabilité d'une augmentation du nombre de logements étudiants sur tout le territoire parisien, même si nous sommes conscients que leur nombre a augmenté régulièrement ces dernières années. Nous souhaitons en ce sens saluer le travail de la maire adjointe à la vie étudiante, Marie-Christine LEMARDELEY, et la mobilisation de l'Exécutif en faveur d'un accompagnement solide des jeunes et pour un accès simplifié aux logements de notre ville. Bien que l'enseignement supérieur ne dépende pas de la Ville de Paris, nous nous félicitons que la question de la précarité étudiante et de la facilitation de la vie des étudiants à Paris ait été une des priorités de l'Exécutif dans ce mandat, notamment avec un accès à la santé rendu gratuit pour l'ensemble des jeunes. Nous souhaitons tout de même interpeller notre Assemblée sur l'effort nécessaire qui doit être fait encore par la Ville pour communiquer davantage sur les nombreux dispositifs mis en place, et pour qu'ils puissent être accessibles au plus grand nombre. Les jeunes en formation sont plus précaires que les autres. Nous souhaitons que tout cela puisse enfin se terminer. Je vous remercie.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Merci.

La parole est à Mme Marie-Christine LEMARDELEY, pour vous répondre.

Mme Marie-Christine LEMARDELEY, adjointe. - Chère Léa FILOCHE, merci pour ce v?u qui me permet de revenir sur un sujet de première importance et qui touche de nombreux étudiants à Paris.

Comme vous l'avez rappelé, le 8 novembre dernier, un étudiant lyonnais de 22 ans a tenté de mettre fin à ses jours en s'immolant par le feu. Je voudrais renouveler ici devant vous ma profonde émotion et adresser de nouveau tout mon soutien à sa famille et à ses proches. Cet acte est un acte politique dénonçant la précarisation étudiante en France.

Après ce geste tragique, les associations, syndicats et services sociaux étudiants ont rappelé, comme vous venez de le faire, l'augmentation progressive du coût de la vie et les nombreuses difficultés auxquelles font face de plus en plus d'étudiants. Selon l'Observatoire de la vie étudiante, 20 % des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. Pour mémoire, 51 % des bénéficiaires des Restos du C?ur sont des jeunes de moins de 21 ans. La dernière étude de la mutuelle des étudiants, la L.M.D.E., sur la précarité étudiante, dont un extrait a été publié dans le "Journal du dimanche" du 25 novembre dernier, témoigne de ce mal-être psychologique : 65 % des étudiants se disent en situation de mal-être, un chiffre qui monte à 72 % chez les jeunes femmes. Face à cette situation, des mobilisations étudiantes ont émergé, demandant des actions du Gouvernement. Certaines de ces mobilisations se sont soldées par des actes de dégradation de biens publics. Je condamne évidemment les violences, les dégradations et les menaces qui n'ont pas leur place à l'université, mais je comprends aussi la vive émotion de la communauté universitaire et des étudiants, et je la partage. Le Gouvernement a, à la suite de tous ces événements, ouvert un numéro d'appel favorisant l'accès aux aides d'urgence pour les étudiants. Cette première mesure va dans le sens d'une meilleure écoute des besoins des étudiants, mais cela reste insuffisant. L'annonce que vous avez rappelée du Centre national des ?uvres universitaires et scolaires, du gel des loyers des résidences universitaires en 2020, apparaît comme une réponse de plus grande envergure que nous soutiendrons à Paris. Depuis 2001, la Ville de Paris a fait le choix d'agir pour la vie étudiante, l'enseignement supérieur et la recherche en allant au-delà de son champ de compétences obligatoire. Ce choix déterminé, nous l'avons fait, car nous connaissons les difficultés auxquelles font face ces étudiants et étudiantes parisiens et parce que nous savons combien leur présence dans notre ville est indispensable à son esprit. C'est la jeunesse parisienne et c'est dans nos universités que s'incarne l'esprit d'initiative, de contradiction et de solidarité, bref, de citoyenneté si indissociable de Paris. En 10 ans, nous avons investi 1 milliard d'euros dans les universités parisiennes, pour la vie étudiante et pour soutenir les initiatives étudiantes. Avec mon collègue Ian BROSSAT, nous avons financé au cours de cette mandature, la construction de plus de 6.000 nouveaux logements étudiants sociaux. Nous avons versé des aides à une première installation dans le parc privé à près de 1.000 étudiants boursiers par an. Nous avons créé des colocations solidaires. Nous avons financé la rénovation de nombreux restaurants universitaires et de lieux de santé pour les étudiants. Nous reconduisons à l'identique ces dispositifs dans le budget 2020, marquant ainsi un effort particulier de la Ville en direction du monde universitaire et des étudiants, dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint par la baisse des dotations de l'Etat. Il faut ajouter à cela l'effort exceptionnel de 200.000 euros voté par ce conseil lundi dernier pour le budget de l'appel à projets "Initiatives étudiantes", afin de lutter contre la précarité étudiante. J'ai reçu au cours de ces derniers jours les représentants syndicaux de l'U.N.E.F., de l'A.J.E.P. et de la F.A.G.E. Pour terminer, sans une réévaluation des bourses et un soutien supplémentaire de l'Etat aux universités, sans la construction de nouveaux logements étudiants sociaux, nous échouerons à offrir une réponse satisfaisante à l'aspiration légitime de la jeunesse parisienne à un accès à l'enseignement supérieur. Moyennant quelques amendements, je donne un avis favorable.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint, président. - Un avis favorable si amendé. Le v?u n° 128 est-il accepté amendé ? Oui.

Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u déposée par le groupe "Génération.s", amendée par l'Exécutif.

Qui est pour ? Contre ? Abstentions ?

La proposition de v?u amendée est adoptée. (2019, V. 535).

Compte rendu de la 7e Commission.

 

Décembre 2019
Débat
Conseil municipal
retour Retour