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Vœu déposé par le groupe Ecologiste de Paris relatif à la reconversion du mobilier urbain d’information à échéance du contrat avec "Clear Channel".


 

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous passons à l?examen de v?ux non rattachés.

Le v?u n° 45 est relatif à la reconversion du mobilier urbain d?information à échéance du contrat avec "Clear Channel". C?est Emile MEUNIER qui le présente.

M. Emile MEUNIER. - Merci, Madame la Maire, mes chers collègues.

L?objet de notre v?u, c?est de mettre fin aux panneaux publicitaires "Clear Channel" qu?on voit dans la rue, qui ont inondé nos trottoirs. Pourquoi et comment ? Pourquoi ? Ce qui est bien avec ces panneaux, c?est que tout le monde, je pense, dans cette enceinte, a une bonne raison de vouloir y mettre fin.

D?abord, la publicité dans son principe, c?est toujours bon de le rappeler, nous, les écologistes, nous y sommes opposés depuis toujours, parce qu?en réalité, c?est le moteur de la surconsommation, surconsommation qui détruit nos ressources et qui nous a emmenés dans l?impasse climatique dans laquelle nous sommes. Et si vous voulez réduire notre surconsommation, il y a de nombreuses actions à mener, et mettre fin à la publicité en est une, et une importante.

Deuxièmement, la Ville dépend en partie des recettes publicitaires. Pour nous, c?est une mauvaise chose, car cela amène des incohérences en termes de politiques publiques. Je vais vous donner deux exemples. Hier, on a eu un débat passionnant sur la réduction des déchets, mais comment on peut, d?un côté, demander aux Parisiens de réduire leurs déchets, demander à nos services de travailler pour réduire les déchets, faire des investissements pour réduire les déchets et, d?un autre côté, inonder la Ville avec des messages qui disent "continuez à consommer", autrement dit "continuez à produire des déchets" ? Autre incohérence, les "dark stores" - on va en parler un peu plus tard. Tout le monde ici est contre, la majorité est contre, l?Exécutif est contre, et pourtant, sur tous nos panneaux "Clear Channel", du moins une partie, vous avez des "pubs" pour favoriser les "dark stores".

Voyez, c?est cette espèce de contradiction cognitive qu?il faut faire cesser en arrêtant le contrat "Clear Channel". Il arrive bientôt à sa fin, on va devoir faire un nouvel appel d?offres, et nous, les écologistes, nous disons que nous ne faisons pas d?appel d?offres, nous mettons fin au contrat, nous demandons à "Clear Channel" de récupérer la moitié des panneaux, ceux qui encombrent le plus les trottoirs, parce que c?est aussi une réalité, et ce qui reste, nous en faisons de l?affichage municipal et culturel, et nous mettons fin à la publicité commerciale sur ces panneaux dans nos rues en 2023. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup. Pour vous répondre, je vais donner la parole à Paul SIMONDON.

M. Paul SIMONDON, adjoint. - Merci, cher collègue, pour votre v?u sur les mobiliers urbains d?information, qui font l?objet d?un contrat de concession avec "Clear Channel" depuis septembre 2019 et qui arrivera à échéance en septembre 2024, et vous souhaitez qu?il ne soit pas renouvelé.

Vous justifiez cette demande par l?attachement des Parisiens au patrimoine et à la beauté de Paris - vous savez à quel point cet attachement est partagé par l?Exécutif parisien - et par les effets délétères de la publicité sur la consommation, le climat. Je ne suis pas sûr que l?intégralité des élus partage exactement votre analyse sur ce point et, là aussi, je ne vous rappellerai pas l?engagement de la Ville sur les thématiques climatiques et de transition écologique. Ce que, en revanche, vous oubliez assez rapidement de préciser dans votre v?u, c?est que ce contrat rapporte au moins 34 millions d?euros de redevance à la Ville chaque année, qu?il finance par ailleurs l?affichage municipal et culturel sur la moitié des faces. L?achat de tels espaces d?affichage pour la Ville ou pour les acteurs culturels, s?il n?existait pas sous cette forme, coûterait sans doute plusieurs dizaines de millions d?euros. Ce que vous oubliez également de préciser, c?est que ces mobiliers ont permis pendant la crise sanitaire de transmettre très efficacement et à moindre coût des messages de prévention à tous les Parisiens, que leur implantation a été décidée en lien avec les mairies d?arrondissement, même s?il peut toujours y avoir des discussions sur certaines implantations précises. La question que vous posez est tout à fait légitime, sur la place de la publicité dans l?espace public. La question du nombre de mobiliers, de la co-visibilité avec certains monuments, bien sûr, c?est un enjeu important. Je vous propose de garder en tête un autre enjeu. C?est celui de l?affichage sauvage, cette véritable prédation sur nos paysages urbains d?une activité publicitaire qui ne respecte aucune règle et contre laquelle la Ville est extrêmement mobilisée, et vous savez bien qu?un arrêt de l?affichage commercial encadré pourrait tout à fait voir un transfert d?activité sur l?affichage sauvage. C?est également un sujet.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Il me coûte de vous dire à ce stade de votre propos?

M. Paul SIMONDON, adjoint. - Sur ce sujet, Madame la Présidente?

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - ? d?aller plus vite, vous imaginez bien. Néanmoins, je vais vous inviter à conclure.

M. Paul SIMONDON, adjoint. - Dans le contexte budgétaire que nous connaissons après deux années de crise, je ne crois pas qu?une telle décision, avec un impact financier de cette importance, puisse être prise au détour d?un v?u?

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup.

M. Paul SIMONDON, adjoint. - Je vous engage donc à y travailler dans le cadre des discussions?

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup.

M. Paul SIMONDON, adjoint. - ? sur la révision du règlement local de publicité avec Emmanuel GRÉGOIRE.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup, Monsieur SIMONDON. J?ai été saisie de deux explications de vote, Mme GATEL et M. ALPHAND.

Mme Maud GATEL. - Oui, merci beaucoup, Madame la Maire.

"Les Verts" posent ici un sujet, celui de la place de la publicité dans la ville, que nous partageons. C?est une vraie préoccupation mais, effectivement, cela ne peut être vu que dans une réflexion globale qui prenne en compte l?impact sur les finances de la Ville et, dans le cadre du règlement local de publicité et de sa révision, qui justement, pose la question de l?avenir de la publicité dans la ville. C?est la raison pour laquelle nous ne voterons pas le v?u des Verts, tout en partageant la préoccupation qu?ils posent.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci.

Monsieur ALPHAND ?

M. David ALPHAND. - Merci beaucoup, Madame le Maire.

Deux questions. Ce v?u pose une bonne question mais apporte probablement une réponse qui n?est pas appropriée, et il suscite deux questions complémentaires que je poserai au nom de notre groupe et plus particulièrement de ma collègue Valérie MONTANDON.

Première question, la Ville est-elle prête à abandonner plusieurs millions d?euros, par les conséquences que porterait ce v?u ? M. SIMONDON évoquait 34 millions d?euros ; en situation de quasi-faillite, cela paraît compliqué. Deuxième question, comment la Ville choisit-elle ses mobiliers urbains, dont le v?u remet en cause l?esthétisme et souligne le caractère encombrant ? En réalité, ils ne sont pas forcément si encombrants, ils sont surtout très mal placés, ce qui nous renvoie au choix de l?emplacement. Je veux à cet égard rappeler qu?en termes d?esthétisme et d?emplacement, notre groupe, lors du dernier Conseil de Paris, a proposé deux v?ux qui nous paraissent plus constructifs, plus réalistes et moins radicaux que celui du groupe "Ecolo". L?un concernait la création d?un comité de mobilier urbain pour piloter, optimiser le choix et les usages de ces équipements, et l?autre proposait un élargissement de ce comité de régulation de l?espace public. Au total, vous l?aurez compris, nous ne pouvons pas adhérer au v?u des "Ecolo" même si nous partageons en partie leur préoccupation, et nous nous abstiendrons. Merci.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci beaucoup.

Est-ce que le v?u est maintenu, Monsieur MEUNIER ? Oui.

Je mets donc aux voix, à main levée, le v?u n° 45 avec un avis défavorable de l?Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le v?u n° 45 est rejeté.

 

Mars 2022
Débat
Conseil municipal
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