Vœu déposé par le groupe Communiste et Citoyen relatif à la mobilisation du bâtiment 31, quai Voltaire (7e) en centre d'hébergement temporaire.
Mme Olivia POLSKI, adjointe, présidente. - Nous examinons le v?u n° 46 relatif à la mobilisation du bâtiment du 31, quai Voltaire dans le 7e, en centre d'hébergement temporaire.
La parole est à Camille NAGET, s'il vous plaît, pour deux minutes maximum.
Mme Camille NAGET. - Merci, Madame la Maire.
Chers collègues, nous revenons avec un nouveau v?u relatif au bâtiment de l'ex-Documentation française quai Voltaire dans le 7e arrondissement. Oui, un nouveau v?u, parce qu'en juillet dernier, nous avions adopté, à l'unanimité, un v?u pour que la Ville, avec "Paris Habitat", transforme ces milliers de mètres carrés en résidence sociale permettant la mise à l'abri notamment de femmes et d'enfants en situation de rue. Projet soutenu par Mme la maire du 7e arrondissement.
Or, ce projet ne pourra pas voir le jour car l'Etat, propriétaire du bâtiment, préfère retirer son appel d'offres lancé en mars pour l'acquisition du site, et donc laisser ces milliers de mètres carrés vides, 3.800 mètres carrés, en plein c?ur de Paris, plutôt que de permettre à des femmes et des enfants en situation de rue d'avoir un toit sur la tête.
C'est honteux, et en même temps très révélateur de la politique de l'Etat, qui avait certainement plus en vue la manne financière qu'il aurait pu tirer de la vente de ce bâtiment, que plusieurs promoteurs privés et étrangers convoitaient.
Donc, dans le contexte actuel, en plein hiver, où lors de la "Nuit de la solidarité" de mars 2020, 2.800 personnes sans domicile fixe avaient été recensées, où encore pas plus tard que vendredi 10 décembre, plusieurs centaines de personnes qui étaient au tunnel Sigmund Freud entre le 19e et le Pré-Saint-Gervais ont été mises à l'abri, grâce au travail notamment, je le souligne, de Ian BROSSAT, Léa FILOCHE, Gwenaëlle AUSTIN adjointe dans le 19e, du maire du 19e, de leur cabinet, des services, face à un Etat qui fait toujours la sourde oreille et rechigne les mises à l'abri. C'est tout à fait scandaleux que des femmes, des enfants, des familles continuent de dormir dehors dans le froid avec toute la violence de ces situations, parce que l'Etat veut faire de la spéculation immobilière.
Mme Olivia POLSKI, adjointe, présidente. - Je vous remercie. Pour vous répondre, je donne la parole à M. Ian BROSSAT, s'il vous plaît.
M. Ian BROSSAT, adjoint. - Je rejoins bien sûr l'expression de Camille NAGET avec ce v?u. Il y a un double enjeu. Un premier enjeu, qui est l'avenir de ce bâtiment. Ce bâtiment, c'étaient les bureaux de la Documentation française, il est vide depuis trois ans, personne ne peut accepter une chose pareille.
Effectivement, l'Etat avait d'abord décidé de le vendre et finalement a décidé de ne pas le vendre. C'est la première question : quelle est la destination de ce bâtiment ? Evidemment, si l'on nous posait la question, nous aurions quelques idées. Deuxièmement, il y a la mobilisation à titre intercalaire, nous sommes en plein hiver, Camille NAGET l'a dit, beaucoup de familles dorment à la rue, n'ont pas de solution d'hébergement, le 115 est totalement engorgé, et nous demandons à l'Etat la mobilisation de ce bâtiment pour faire de l'hébergement d'urgence. C'est d'ailleurs exactement ce que nous avions demandé au mois de juillet, avec d'ailleurs le soutien, et je l'en remercie très chaleureusement, de la maire du 7e arrondissement. Et donc, nous réitérons cette demande auprès de l'Etat et je souhaite que l'Etat puisse y accéder, cela me paraîtrait parfaitement légitime. A la rigueur, s'il souhaite, à terme, vendre ce bâtiment pour en faire de l'argent, c'est une chose, mais au moins qu'à court terme, pendant cet hiver, ce bâtiment puisse être mobilisé pour faire de l'hébergement d'urgence.
Mme Olivia POLSKI, adjointe, présidente. - Je vous remercie. Une explication de vote de Mme Rachida DATI, pour le groupe Changer Paris.
Mme Rachida DATI, maire du 7e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.
Ce sujet, effectivement, six mois ont passé entre la première version de ce v?u discutée en juillet, et cette nouvelle version qui a été effectivement écrite en urgence en guise de réponse à l'Etat, qui a renoncé à son appel à projets sur cet immeuble du 31, quai Voltaire.
Six mois sans doute qui auraient pu être utilisés, parce que je ne suis pas hostile à ce type de projet comme vous le savez - contrairement à ce que l'on peut dire, il n'y a pas que les élus de gauche qui sont sensibles aux difficultés et à la fragilité de certaines personnes, notamment des femmes avec les enfants -, on aurait pu utiliser ce temps pour travailler et adapter le projet en dialoguant avec l'Etat pour préparer a minima cet usage intercalaire.
Finalement, rien en six mois, puisque ce v?u ne donne pas un réel projet pour cette prise en charge.
L'ouverture d'un immeuble, vous le savez bien, inoccupé en l'occurrence, et c'était la Documentation française, ne suffit pas à en faire un centre d'hébergement d'urgence, c'est pourtant ce que propose le texte. Nous n'avons pas l'association qui pourrait porter ce projet, et vous savez que quand c'est intercalaire, les projets sont tout aussi précaires, et donc sur quel périmètre ? On sait très bien que la prise en charge des sans-abri ne fonctionne que si elle est différenciée et que les personnes accueillies sont en sécurité, en particulier pour les femmes.
Pour conclure, c'est vrai que l'on a trop souvent l'urgence à justifier des solutions bricolées, et systématiquement, maintenant, les aménagements proposés confinent à l'indignité, c'est une réalité.
Souvenez-vous quand j'ai proposé à Mme SOUYRIS de prendre l'hôtel-Dieu pour un usage intercalaire, pour accueillir les femmes qui consomment du crack, notamment des femmes auxquelles on enlève des enfants, qui accouchent comme cela dans la nature, je le redis, ce sont des situations inacceptables.
On m'a opposé que l'on ne pouvait pas héberger ainsi dans l'urgence, ce type de public avec les enfants, sur une solution intercalaire. Donc, je ne comprends pas pourquoi, pour l'hôtel-Dieu c'est non, et pour le quai Voltaire où ce n'est absolument pas adapté, c'est oui.
Vous savez très bien que l'on va se retrouver comme le centre d'hébergement qui est aux abords du quai Bourbon, où l'on a des tentes "Quechua" en contrebas du centre d'hébergement, c'est une réalité. Vous le savez, puisque nous y allons. Ces tentes "Quechua", avec les conditions climatiques que nous connaissons aujourd'hui aussi, avec des enfants et de jeunes enfants. Je n'accepte pas de pouvoir, uniquement pour contester une décision de l'Etat, je vous le concède, c'est une mauvaise décision, parce qu'il aurait pu effectivement travailler avec nous à trouver une solution digne... Aujourd'hui, il ne le fait pas. Je ne peux pas accepter de pouvoir héberger dans l'indignité des femmes et des enfants, surtout en ce moment. Je vous remercie.
Mme Olivia POLSKI, adjointe, présidente. - Madame DATI, merci.
Je mets donc aux voix, à main levée, le v?u n° 46 du groupe Communiste et Citoyen, avec un avis favorable de l'Exécutif.
Qui est pour ?
Qui est contre ?
Qui s'abstient ?
Le v?u est donc adopté. (2021, V. 378). Je vous en remercie.