Ouverture de la séance.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers collègues, notre séance est ouverte. Hommage aux victimes de la Préfecture de police.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers collègues, je vous propose de débuter cette séance du Conseil de Paris par un hommage aux victimes de la Préfecture de police.
Chers collègues, Madame la Représentante du Préfet de police, le 3 octobre dernier, alors que nous étions réunis ici même en séance pour débattre, l'inconcevable s?est produit à deux pas d'ici, dans l'enceinte de la Préfecture de police de Paris, où quatre fonctionnaires de police ont été tués de sang-froid. Ce jeudi-là, autour de 13 heures et en l'espace de 7 minutes à peine, Damien Ernest, Anthony Lancelot, Brice Le Mescam et Aurélia Trifiro ont perdu la vie sur leur lieu de travail dans l'exercice de leurs fonctions.
L?émotion suscitée par cet événement s?est propagée bien au-delà des frontières parisiennes. Ici, alors que j?étais présente à la Préfecture de police, vous avez rendu un hommage immédiat à ces fonctionnaires de police. Mais ailleurs, bien ailleurs, aussi. Parce qu'à travers ce crime odieux, c'est toute une profession qui est touchée, c'est un corps qui se trouve amputé, c'est une nation entière, une ville, qui pleurent celles et ceux qui s?étaient engagés pour la servir, pour la défendre, pour la protéger.
Je veux, aux noms des Parisiennes et des Parisiens, au nom de leurs représentants élus, ici rassemblés, exprimer le soutien de la Ville aux familles des victimes, aux parents, aux grands-parents, aux compagnes et compagnons de vie, et bien sûr, aux enfants, désormais orphelins, de Damien, Anthony, Brice et Aurélia. Une délibération sera soumise au vote de cette Assemblée pour leur venir en aide, comme nous venons en aide à toutes celles et ceux des familles de policiers ou des familles de pompiers qui sont victimes dans l'exercice de leur fonction.
Au-delà, j?entends réaffirmer notre solidarité envers les policières et les policiers, notamment celles et ceux qui interviennent sur le territoire parisien, dans les bureaux ou dans l'espace public, de jour comme de nuit. Elles et ils sont indispensables à l'équilibre de la ville et à la protection des Parisiennes et des Parisiens. Nous travaillons main dans la main avec le Préfet de police - je tiens à le réaffirmer ici - pour que leur mission puisse s?accomplir dans les meilleures conditions possible. Je vous propose une minute de silence.
(L'Assemblée, debout, observe une minute de silence).
Je vous remercie.
Vous avez exprimé le souhait d'intervenir, et une personne par groupe prendra la parole, président de groupe ou conseiller de Paris.
Je vous propose de donner la parole immédiatement à la première oratrice, Mme Marie-Claire CARRÈRE-GÉE, présidente du groupe les Républicains et Indépendants.
Mme Marie-Claire CARRÈRE-GÉE. - Merci, Madame la Maire.
Madame la Maire, Madame la Préfète représentante du Préfet de police, mes chers collègues, il y a un peu plus d'un mois, le 3 octobre dernier, la Préfecture de police a connu l'un des drames les plus douloureux de son histoire. Trois policiers et un agent administratif ont été assassinés par l'un de leurs collègues. Sans l'action héroïque d'un jeune policier en poste, le tribut aurait été plus lourd encore. Faut-il rappeler l'effroi, la tristesse et la colère qui nous ont submergés en apprenant cette tragédie, car, à travers la Préfecture de police et celles et ceux qui la servent, c'est Paris, c'est la France, c'est la République, ce sont ses lois et ses institutions chargées de les faire respecter, qui ont été attaquées. Aujourd?hui, les Parisiennes et les Parisiens et la Ville de Paris rendent un hommage solennel et unanime à la gardienne de la paix, Aurélia Trifiro, à Brice Le Mescam, adjoint administratif, au major Damien Ernest et au gardien de la paix, Anthony Lancelot. Nous assurons leurs enfants, leur famille et leurs proches de toute notre solidarité dans cette tragique épreuve. La Ville de Paris - vous l'avez rappelé, Madame la Maire - comme l'Etat ont une dette à leur égard, eux qui sont tombés dans l'exercice de leur mission au service des Parisiens et au service de la République, une dette qui ne s?éteindra pas. Au nom de tous les élus du groupe les Républicains et Indépendants, je vous assure une nouvelle fois, Madame la Représentante du Préfet de police, de toute notre reconnaissance et de notre soutien indéfectible. Nous les devons à tous les policiers et tous les agents que vous représentez, eux qui ont été si douloureusement éprouvés. Ces policiers et agents de la Préfecture de police exercent une profession à haut risque au service de la sécurité quotidienne des Parisiens. Malgré une recrudescence des agressions à leur endroit, des agressions du quotidien jusqu?à cette terrible tragédie, malgré l'intensité des sollicitations dont ils sont actuellement l'objet, rien ne les éloigne de leur mission première et de la vocation admirable qui a motivé leur engagement. Ils ne doivent jamais douter de toute notre admiration. Ils doivent savoir que nous serons toujours à leurs côtés.
M. le Préfet de police a déclaré : "Cette tragédie est d'autant plus terrible qu'elle est survenue à l'intérieur de la Préfecture de police et qu'elle a été portée par l'un d'entre nous". Toute la lumière doit donc être faite et toutes les responsabilités établies. C?est aussi la dette de la République envers les familles et leurs proches. En effet, nous avons besoin de la force de la vérité concernant cette attaque sur l'île de la Cité, au c'ur d'un symbole de l'Etat et de Paris. Nous avons besoin de vérité. Nous avons aussi besoin de vigilance. Nous avons besoin d'action face aux réseaux radicaux ennemis de la République, qui sont tentés d'entrer au c'ur des services publics, y compris ceux en charge des fonctions régaliennes les plus essentielles : la police, l'armée, l'administration pénitentiaire.
Plus que jamais, tous les policiers, comme l'ensemble des agents des services publics, doivent être soutenus pour alerter leur hiérarchie sur les signes de radicalisation, y compris au sein de leur propre institution. Nous devons faire respecter au quotidien les valeurs de la République, avec fierté et fermeté. C?est ce qui donne du sens à notre Nation, où chacun doit faire corps avec la communauté nationale. C'est le contraire du communautarisme.
Madame la Représentante du Préfet de police, mes chers collègues, non, nous n'avons pas peur, et oui, nous faisons bloc avec vous. La Préfecture de police demeure et doit demeurer cette si "grande maison" au service de la sécurité de la capitale et celle de tous ses habitants. Nous y sommes très profondément attachés, comme nous sommes tous attachés aux valeurs de la République. Ces valeurs - la liberté, l'égalité, la fraternité - rayonnent partout dans le monde. Elles sont puissantes et éternelles, tellement plus puissantes que les idéologies qui véhiculent l'oppression et la haine. Elles nous rendent plus forts. C?est grâce à notre détermination, grâce à la vôtre, que nous vaincrons.
En attendant, n'oublions jamais que les noms de ces policiers, qui avaient choisi de travailler pour notre sécurité à tous, restent à jamais gravés dans nos mémoires, et agissons. C?est notre devoir à tous. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame la Présidente.
La parole est à M. Éric HÉLARD, pour le groupe UDI-MODEM.
M. Éric HÉLARD. - Madame la Maire, Madame la Représentante du Préfet de police, mes chers collègues, c'est avec stupeur que nous avons appris, en pleine séance du Conseil de Paris, le mois dernier, la terrible attaque commise dans l'enceinte de la Préfecture de police, et que nous avons suivi, horrifiés, le bilan s?alourdir d'heure en heure.
Une nouvelle fois la France a été attaquée en son c'ur, à Paris, à seulement quelques pas de notre assemblée, dans les bureaux de la Direction du Renseignement, au sein même d'un symbole, ô combien puissant, de nos institutions républicaines. Une nouvelle fois, Paris se retrouve meurtrie par l'acte terroriste d'un homme imprégné d'une idéologie dévoyée. Une fois encore, Paris est plongée dans la stupeur et l'incompréhension pour ces sept longues minutes d'impensable qui ont suffi à arracher à la vie quatre policiers en ce malheureux jeudi 3 octobre 2019.
Nous sommes rassemblés pour honorer la mémoire de femmes et d'hommes, des policiers tombés sous les coups de la haine et de la folie. Des zones d'ombre demeurent sur cette attaque. Une commission d'enquête parlementaire est en cours et les juges d'instruction devront préciser les motivations de l'assaillant. L?heure n'est donc pas au bilan, mais bien au recueillement. A la veille de l'anniversaire des terribles attentats du 13 novembre 2015, l'hommage qui nous réunit prend une force toute particulière. La guerre contre le fanatisme et les forces de l'obscurantisme est, hélas, bien loin d'être terminée.
Permettez-moi donc, au nom du groupe UDI-MODEM, de rendre hommage aux victimes qui ont péri dans ce terrible drame : à Damien Ernest, à Anthony Lancelot, à Brice Le Mescam, à Aurélia Trifiro. Toutes nos pensées vont également à la cinquième victime qui a été blessée. Permettez-nous, Madame la Représentante du Préfet, de nous associer à la tristesse, à la douleur et à la consternation partagée par l'ensemble de votre administration ainsi qu'à celle des familles des victimes, auxquelles nous adressons, bien sûr, toute notre solidarité.
Nous faisons bloc avec les forces de l'ordre, les fonctionnaires et les serviteurs de l'Etat en saluant leur engagement, leur dévouement et leur professionnalisme. Ayons également des pensées de gratitude pour les agents de la Préfecture de police qui ont su réagir avec sang-froid et saluons particulièrement le courage de ce jeune gardien de la paix qui a fait preuve d'une maîtrise extraordinaire en neutralisant l'assaillant après les sommations requises.
Plus que jamais, il faut faire de ce drame un sursaut collectif, un appel à travailler ensemble pour bâtir une société de vigilance, comme l'a très justement dit le Président de la République, Emmanuel MACRON, dans la cour de la Préfecture de police. ?uvrons tous ensemble - Ville de Paris, Préfecture de police, Etat, citoyens - main dans la main au service de la sécurité des Parisiens et de tous les Français. Oui, ?uvrons tous ensemble et opposons à la haine qui tue et à la radicalisation qui corrompt, la force des vertus républicaines. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur HÉLARD.
La parole est à M. DUBUS, pour le groupe Parisiens Progressistes, Constructifs et Indépendants.
M. Jérôme DUBUS. - Merci, Madame la Maire.
Madame la Représentante du Préfet, mes chers collègues, près de quatre ans presque jour pour jour après les attentats ayant frappé notre capitale au soir du 13 novembre 2015, nous voilà à nouveau en deuil et Paris, victime du fanatisme. Cette nouvelle attaque constitue l'un des drames les plus graves de l'histoire de la Préfecture de police et l'un des plus choquants vécus par notre ville. Elle est une nouvelle émanation de ce terrorisme souterrain, que le Président de la République qualifiait au lendemain de l'acte "d'hydre islamique". Le tribut payé aura été lourd : une femme et quatre hommes travaillant au service de notre pays et de la quiétude de ses citoyens, sont tombés, là où nul n'aurait pu imaginer qu'ils tomberaient.
Aussi, en ces instants douloureux, nos pensées vont d'abord à ces victimes et à leurs familles. Je voudrais leur assurer que Paris et la France tout entière partagent leur douleur et sont à leurs côtés dans cette terrible épreuve. Je souhaiterais également, en mon nom et en celui des élus de notre groupe, exprimer mon plus sincère et mon plus indéfectible soutien à toutes les personnes de notre Préfecture, ainsi qu'à vous, Madame la Représentante du Préfet LALLEMENT.
Pourtant, aussi vive que soit notre émotion, aussi insupportable que soit cette injustice, notre message doit être celui de la clarté, de l'espérance et de la raison. Ne cédons pas, n'ayons pas peur, mes chers collègues. Les assassins voudraient que nous voyions dans chacun de nos voisins l'un de leurs semblables, que la suspicion ronge jusqu?aux fondations de notre société. Mais cela, c'est bien mal connaître nos valeurs, c'est bien mal connaître notre capitale. C?est au nom de cette irréductible unité que je voudrais assurer aujourd?hui à chacun que le sacrifice de ces agents, de nos agents, de ces individus remarquables, ne sera pas oublié. Ce drame ne restera pas une simple marque noire sur l'histoire de notre capitale. Non, il sera aussi la première pierre d'une lutte impitoyable pour la fraternité et contre les obscurantismes porteurs de mort.
La Préfecture de police saura se relever et l'ensemble de nos pouvoirs publics l'accompagneront dans cette lourde tâche. Cela ne fait absolument aucun doute. Nous, élus des Parisiens, nous battrons toujours dans cette optique : pour que la liberté de vivre en paix soit préservée de tout arrangement et de tout compromis. Aussi, nous soutiendrons toutes les initiatives de nature à atteindre cet objectif, d'où qu'elles viennent. Car l'idéal qui nous anime aujourd?hui est bien plus grand que la politique et ses conflits. Cet idéal, sur lequel jamais nous ne transigerons, cet ultime rempart face à la barbarie, c'est la République, une et indivisible.
Et à chacun de ces agents, en ce jour si particulier, je voudrais dire : merci de votre engagement, merci pour tout. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.
La parole est au Président du groupe Socialiste et Apparentés, M. Rémi FÉRAUD.
M. Rémi FÉRAUD. - Madame la Maire, Madame la Préfète, chers collègues, les terribles assassinats qui ont endeuillé la Préfecture de police le 3 octobre dernier nous ont saisis d'effroi.
Permettez-moi, tout d'abord, d'adresser mes condoléances aux familles des victimes, Anthony Lancelot, Damien Ernest, Brice Le Mescam, Aurélia Trifiro, mais aussi un témoignage de sympathie à tous les fonctionnaires de la Préfecture qui ont vécu l'horreur de si près. Lorsqu?en plein Conseil de Paris, nous avons appris qu'une attaque y était en cours, nous nous sommes tous remémoré les sombres et tragiques heures des attentats qui ont bouleversé Paris et le terrible tribut que les forces de l'ordre ont payé ces derniers mois dans des attaques qui les visaient tout particulièrement. Je pense à Franck Brinsolaro et à Ahmed Merabet, assassinés dans le 11e arrondissement en janvier 2015, à Clarissa Jean-Philippe, tuée à Montrouge, à ce couple de policiers de Magnanville, Jean-Baptiste et Jessica, ou encore à Xavier Jugelé, assassiné en 2017 sur les Champs-Elysées.
Ce jeudi 3 octobre, au sein même de la Préfecture, l'assaillant a tué quatre fonctionnaires de police et en a blessé deux autres, ce qui constitue l'attaque la plus meurtrière depuis un demi-siècle, et a meurtri profondément votre institution.
Au nom de tous les élus du groupe Socialiste et Apparentés, je voudrais aujourd?hui rendre hommage au dévouement et au courage de ces femmes et de ces hommes qui, tous les jours, risquent leur vie pour protéger leurs concitoyens. Nous leur en sommes infiniment reconnaissants. La relation qu'entretiennent la Ville et la Préfecture est fondée sur la considération et la coopération, assises elles-mêmes sur l'attachement mutuel au besoin de sécurité et de prévention, et la défense de la République et de ses valeurs essentielles. Nous savons ce que nous devons à la Préfecture de police et à ces femmes et ces hommes. Elle nous trouvera donc toujours à ses côtés pour lutter contre le terrorisme et la violence meurtrière, à laquelle conduisent l'obscurantisme et la radicalisation. Elle nous trouvera également toujours à ses côtés pour renforcer la sécurité de tous dans le respect de l'Etat de droit et de nos principes démocratiques et républicains. Madame la Préfète, soyez assurée de notre solidarité et de notre reconnaissance envers les hommes et les femmes qui accomplissent leur mission au sein de cette grande institution qu'est la Préfecture de police. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci à vous, Monsieur le Président. La parole est à M. David BELLIARD, président du groupe Ecologiste de Paris.
M. David BELLIARD. - Merci, Madame la Maire.
Madame la représentante du Préfet de police, mes chers collègues, le major Damien Ernest, 50 ans et 28 ans de service, et le gardien de la paix Antony Lancelot, 38 ans et 11 ans de service, furent les deux premières victimes du tueur, qu'ils côtoyaient dans le même service. Puis est tombé à son tour Brice Le Mescam, 38 ans et 6 ans de service, poignardé quelques minutes plus tard. Et enfin, Aurélia Trifiro, 39 ans et 17 ans de service, qui meure d'avoir croisé dans l'escalier le tueur descendant vers la cour, où il tente d'assassiner une cinquième personne qui, heureusement, a survécu aux coups de couteau.
En prononçant ces quatre noms, j?ai une pensée très émue pour les proches de Damien, Anthony, Brice et Aurélia, qui se sont soudain trouvés endeuillés par la perte d'un être aimé. Je pense aux compagnes, compagnons, amis, et bien sûr, aux collègues. En mon nom et en celui du groupe des élus écologistes, je leur exprime de nouveau, à toutes et à tous, mes condoléances les plus sincères et tout notre soutien.
Restés d'abord pantois devant une telle tragédie, on éprouve immédiatement une immense compassion à l'égard des victimes et de leurs proches, une immense pensée aussi pour tous les policiers et agents de la Préfecture et leur engagement au quotidien, avec une obsession : celle que cette tragédie ne recommence pas.
L?enquête avance et révèle les circonstances exactes de ces quatre crimes. Elle a notamment mis en évidence le courage de l'un de leurs jeunes collègues, qui a permis que ce drame ne soit pas encore plus grave. Qu?il en soit ici immensément remercié. Elle a aussi mis en lumière certains dysfonctionnements et défaillances qui devront surtout être rectifiés.
Je voudrais souligner combien ce tragique événement met en évidence la difficulté rencontrée quand on veut distinguer l'action d'un terroriste intégré à une organisation et celle d'un homme préparant solitairement son crime, sans complice ni instigateur, mais qui se réclame du même verbiage islamiste. En ce sens et à nos yeux, la question reste posée sur la nature du quadruple assassinat du 3 octobre dernier : simple crime d'un détraqué ou bien attentat commis par une personne radicalisée alors que, habilitée confidentiel défense, elle travaillait au c'ur du dispositif antiterroriste ? S?il existe une volonté partagée pour qu'une telle tragédie ne se reproduise plus, il faudra avoir le courage de répondre honnêtement à cette question afin d'en tirer les conclusions. Le risque zéro n'existe pas et vouloir l'atteindre ne doit en aucun cas conduire à une société du soupçon. Restreindre les libertés serait, pour nos adversaires, une victoire. Les préserver et les élargir, une défaite. Ce combat pour préserver les libertés dans le respect de l'Etat de droit, cette volonté de gagner la lutte contre le terrorisme, mais pour la démocratie et la laïcité, nous le devons à la mémoire des fonctionnaires de police auxquels nous rendons ce matin hommage, et au travers d'eux, de toutes celles et tous ceux qui assurent au quotidien notre protection et celle des valeurs fondatrices de notre République. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Président. Je donne la parole à M. Mao PENINOU, pour le groupe Démocrates et Progressistes.
M. Mao PENINOU. - Merci, Madame la Maire.
Mes chers collègues, Madame la Représentante du Préfet de police, je m?associe évidemment à l'ensemble de mes collègues pour les hommages qu'ils viennent de rendre aux quatre victimes de l'attaque de la Préfecture de police, qui a eu lieu il y a maintenant un mois. Nous savons que c'est une attaque particulière. D?abord, parce qu'elle intervient dans un lieu particulier. Ce lieu qui fait votre fierté, à la Préfecture de police, et qui fait notre fierté, comme Parisiennes et comme Parisiens. Inscrit dans notre histoire, c'est de là que partit l'insurrection parisienne pour obtenir notre liberté. C?est un lieu qui est un lieu d'excellence, de formation et qui est la maison commune des policiers parisiens. Nous avons conscience de la violence qui fait que ce lieu ait été attaqué en son sein même. Je crois qu'il n'y avait pas de coup de feu qui y avait été échangé depuis 1944. Un lieu particulier mais aussi un moment particulier. C?était il y a à peine quatre ans, presque jour pour jour, que les policiers parisiens étaient acclamés par la population parisienne parce qu'ils venaient de montrer qu'ils nous défendent tous les jours. Et c'est depuis quatre ans que ces policiers sont beaucoup trop souvent les cibles des terroristes. C?est donc un lieu particulier et un moment particulier. C?est aussi un contexte particulier qui vous a frappés. Ce contexte où, depuis quatre ans, alors que nous acclamions nos policiers, aujourd?hui beaucoup trop souvent, ils sont les victimes de tentations assez détestables d'en faire des cibles politiques. On a entendu dans trop de manifestations, lu sur trop de murs de notre capitale des mots d'ordre qui devraient être condamnés spontanément et immédiatement par chacun d'entre nous. Alors, c'est parce que c'est un lieu, parce que c'est un moment, parce que c'est un contexte particulier, qu'aujourd?hui nous voulons vous réaffirmer notre solidarité totale et inconditionnelle dans vos fonctions et le fait que nous serons toujours à vos côtés, parce que vous êtes l'honneur de notre ville et de notre pays. Merci.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.
Je donne la parole au Président du groupe Communiste - Front de Gauche, M. Nicolas BONNET-OULALDJ.
M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Merci, Madame la Maire.
Madame la Préfète, mes chers collègues, je m?associe, j?associe le groupe Communiste - Front de Gauche à l'hommage aux victimes, qui s?appelaient Damien Ernest, Antony Lancelot, Brice Le Mescam, Aurélia Trifiro. Je voudrais dire toute notre solidarité, tout notre soutien aux familles, aux collègues, aux agents de la Préfecture de police et à l'ensemble des forces de police sur le territoire. Ils sont morts assassinés le 3 octobre dernier dans les locaux de la Préfecture de police devant leurs collègues, dont l'une a été aussi blessée, et nous pensons à elle. Sans la réaction de ce jeune policier stagiaire, combien d'autres victimes auraient pu être dénombrées ? On ne le sait pas, mais nous pensons aussi à ce jeune policier stagiaire, à son sang-froid et à son intervention, et nous saluons son acte héroïque.
Ces quatre policiers décédés laissent des compagnes, un compagnon, mais aussi six enfants, et c'est d'abord à eux que vont nos pensées et celles du groupe Communiste - Front de Gauche. Quand on s?engage dans la police, on sait que les risques et les dangers sont importants, mais quel est celui ou celle d'entre eux qui aurait pu imaginer qu'au sein même de la Préfecture de police, on puisse risquer de perdre sa vie ?
Je ne reviendrai pas sur l'acte lui-même, dont l'horreur a glacé d'effroi des hommes et des femmes qui sont pourtant préparés au pire. L?enquête se poursuit et nous n'avons pas encore les tenants et les aboutissants de celle-ci. Cela dit, nous devons apprendre la vigilance. Le ministère de l'Intérieur a donné des chiffres sur des policiers révoqués pour radicalisation avérée, mais il faut aussi attendre les résultats de l'enquête avant de s?exprimer. La maladie de l'immédiateté a frappé une nouvelle fois notre pays en marge de ce dramatique événement. L?emballement médiatique, l'emballement politique, les autorités publiques, la presse se sont engouffrées dans des explications qui, en fin de compte, ne sont pas forcément celles qui ont motivé l'acte de cet individu. Alors, dans cette expression, permettez-moi aussi de parler de la justice et de rendre hommage à la justice, de faire confiance à la justice avant toute expression politique et toute explication qui sont faites sur les plateaux télé. Mais l'heure n'est pas à la polémique, car, quels que soient les motifs qui ont amené ce fonctionnaire de police à commettre cet acte ignoble, quatre personnes chères à leurs proches, à leurs collègues, à leurs amis, ont consacré leur vie à notre sécurité, sont décédées et nous manquent aujourd?hui. Je renouvelle donc mes condoléances et celles de mon groupe à leurs proches, à leurs familles, à leurs collègues, au Préfet de police et à vous, Madame la Préfète. Je vous remercie. En tout cas, nous pensons à eux et nous penserons à eux tout au long des jours qui viennent. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je vous remercie beaucoup, Monsieur le Président.
La parole est à Mme Laurence GOLDGRAB, Présidente du groupe Radical de Gauche, Centre et Indépendants.
Mme Laurence GOLDGRAB. - Madame la Maire, Madame la Préfète, chers collègues, je commencerai par rendre hommage aux victimes et adresser mes pensées les plus sincères à leurs familles. Je voudrais également exprimer toute ma solidarité et mes hommages à M. le Préfet de police et à l'ensemble de ses équipes. Vous faites partie intégrante de la vie de cette ville, et s?en prendre à vous, c'est s?en prendre à la ville tout entière. A la crainte des dégâts d'une attaque s?est ajoutée la stupeur d'apprendre qu'elle avait été commise par un membre des services au sein même de l'institution dont il était partie intégrante. Nous n'oublierons pas le major Damien Ernest, le gardien de la paix Anthony Lancelot, l'adjoint administratif Brice Le Mescam et la gardienne de la paix Aurélia Trifiro. Ils paient de leur vie les délires d'un radicalisé d'une idéologie mortifère, et toute la lumière doit être faite sur ce qui a conduit à ces crimes. Ils paient de leur vie leur dévouement au sein de cette belle maison qu'est la Préfecture de police. J?aurai une pensée pour leurs collègues qui, actuellement, doivent être dans le désarroi, et j?espère qu'ils sont suffisamment accompagnés. Je suis convaincue qu'ils sont entourés par leur hiérarchie pour faire face à ce choc qui est sans précédent. Enfin, au moment d'honorer leur mémoire, c'est tout mon groupe qui s?associe, je le disais, à la douleur des familles. Soyez assurés de notre solidarité.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame la Présidente. La parole est à M. CONTASSOT, pour le groupe "Génération.s".
M. Yves CONTASSOT. - Madame la Maire, Madame la Préfète, frapper au c'ur historique de Paris, c'est frapper le c'ur de toutes les Parisiennes et de tous les Parisiens. Chacun d'entre nous est atteint par cette violence que rien ne peut excuser. Des policiers qui faisaient leur travail de protection et de prévention froidement abattus ou blessés. Une institution chargée de la sécurité de chacun et chacune d'entre nous mise à mal. Aurélia, Antony, Brice, Damien : quatre fonctionnaires travaillant à la défense de notre pays. Nous souhaitons aujourd'hui rendre hommage à cette femme et à ces trois hommes assassinés sur leur lieu de travail. Ils ont passé de longues années vouées à la sécurité de Paris et de ses habitants. Agents administratifs et de terrain, elle et ils étaient tous les quatre appréciés par leurs collègues. Ils laissent derrière eux des familles, des enfants, des conjoints ou compagnons, mais aussi des amis, des collègues éplorés. La Préfecture de police a perdu ce jour-là des collaborateurs engagés et notre ville a été meurtrie dans sa chair. Nous ne les oublierons pas. Nous n'oublions pas non plus les autres victimes blessées auxquelles nous apportons tout notre soutien. Notre soutien plein et entier va également à l'ensemble des agents de la Préfecture de police, ces agents qui font un travail essentiel au quotidien pour garantir le bon fonctionnement de notre ville, le maintien de l'ordre public et aussi garantir aux Parisiennes et aux Parisiens les meilleures conditions pour vivre, se déplacer, profiter de la ville en sécurité. La Ville de Paris travaille en lien étroit avec la Préfecture de police, que ce soit dans les administrations ou sur le terrain. Nos compétences se complètent et sont parfois fortement entremêlées. Nous avons des désaccords avec des décisions et les méthodes du Préfet de police, et nous continuerons à nous élever publiquement, notamment contre la répression de l'expression démocratique et pour le respect et la protection des droits et libertés fondamentales de nos concitoyennes et concitoyens. Nous serons néanmoins toujours reconnaissants et redevables de l'engagement des fonctionnaires et employés de la Préfecture de police pour le travail indispensable qu'ils effectuent dans l'intérêt supérieur de Paris, des Parisiennes et des Parisiens. Parmi eux, nous serons toujours reconnaissants aux victimes de ce drame du 3 octobre. Nous serons toujours aux côtés des victimes d'actes barbares proférés au nom de prétendues valeurs, mais que seule la haine de l'autre, des autres, alimente. Les élus de l'ensemble du Conseil de Paris, j?en suis certain, seront présents pour accompagner le processus personnel et collectif de deuil et de mémoire pour encore et toujours défendre les valeurs de service public, de démocratie, d'Etat de droit, d'égalité et de tolérance, de protection du droit à la dignité de chacune et de chacun. C?est en ces circonstances et unis par-delà nos différences que nous montrerons le mieux le sens de notre engagement commun pour notre ville et pour la paix dans notre société. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur CONTASSOT.
Le dernier orateur, président du groupe "100% Paris", est M. Pierre-Yves BOURNAZEL.
M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Merci, Madame la Maire.
Madame la Maire, Madame la Représentante du Préfet de police, chers collègues, la date du 3 octobre 2019 restera l'un des épisodes les plus douloureux vécus par les femmes et les hommes de la Préfecture de police. Trois policiers et un agent administratif ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions, par l'un des leurs, au c'ur même de leur institution. C?est de cette réalité funeste qu'est née la vive émotion qui a étreint toute une nation et qui nous bouleverse encore aujourd?hui. Les policiers ont été pris pour cible en raison de leur fonction et de ce qu'ils représentent. Ce fut malheureusement déjà le cas dans le passé. Je pense notamment à Magnanville, en 2016. Cette attaque aurait pu être encore plus terrible sans le sang-froid, le professionnalisme et le grand courage d'un jeune gardien de la paix stagiaire, en poste depuis seulement six jours. La modestie allant de pair avec l'héroïsme, cet homme a choisi de rester anonyme. C?est à lui aussi que nous rendons hommage ce matin. Plus d'un mois après, nous devons encore rester prudents sur les motivations qui ont poussé cet homme à attaquer froidement quatre de ses collègues. Pour autant, des mesures ont été prises par le Préfet de police lui-même afin de mieux identifier les signes de radicalisation et prendre les mesures qui s?imposent dans l'intérêt général, sans sombrer dans la suspicion généralisée. Les policiers traversent, hélas, une crise très forte, et nous les soutenons. Ceux qui se sont engagés pour protéger les autres ont plus que jamais besoin de savoir qu'ils peuvent compter sur nous, sur la solidarité de la nation, sur notre plein et entier soutien dans les missions de sécurité particulièrement difficile qu'ils assurent. Madame la représentante du Préfet de police, à travers vous, nous adressons notre reconnaissance à l'ensemble des 46.000 agents placés sous votre responsabilité. Ils ont autant besoin de notre soutien que nous, de leur protection inestimable. Nous pensons aux familles endeuillées et nous nous inclinons devant leur douleur.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Président.
Merci, chers collègues, pour ces propos qui nous rassemblent autour des policiers de la Préfecture de police de Paris et des agents de la Préfecture de police de Paris. Je veux le redire ici en votre présence, Madame la Représentante du Préfet de police. Vous le savez, nous sommes à vos côtés. Nos deux institutions, comme nous l'avons vu à l'occasion notamment de cette attaque à la Préfecture de police, mais aussi par le passé, doivent fonctionner main dans la main, chacun dans son rôle. C?est ce que nous avons, je crois, entrepris, et je m?en réjouis. En tous les cas, c'est ce qu'attendent de nous les Parisiennes et les Parisiens.
Merci pour vos propos. V?u déposé par l'Exécutif