Vœu déposé par le groupe Socialiste et Apparentés relatif à une dénomination en hommage à Jean Le Bitoux.
Mme Olivia POLSKI, adjointe, présidente. - Nous passons à l'examen de v?ux non rattachés. Le v?u référencé n° 23 est relatif à une dénomination en hommage à Jean Le Bitoux.
La parole est à M. François VAUGLIN, pour deux minutes, s'il vous plaît.
M. François VAUGLIN, maire du 11e arrondissement. - Merci.
Jean Le Bitoux est décédé le 21 avril 2010, c'était un grand militant de la cause homosexuelle - on ne parlait pas encore des questions L.G.B.T. à l'époque. Il commença à militer dans la région de Nice au début des années 1970 en créant un groupe du Front homosexuel d'action révolutionnaire, le F.H.A.R. Il vient à Paris et participe entre 1975 et 1978 au GLH, le Groupe de libération homosexuelle, au titre duquel il se présente aux élections législatives de mars 1978.
Il faut se rappeler le contexte très répressif de l'époque puisque l'homosexualité était pénalisée et le fut jusqu'en 1982. Malgré le fait que nous sortions de la révolution de 1968, les questions d'égalité liées à l'orientation sexuelle étaient encore loin de ce que nous connaissons aujourd'hui.
Jean Le Bitoux, par ses combats, a permis de mettre sur le devant de la scène politique ces questions. Il lança le journal "Gai Pied" dont le nom, d'ailleurs, fut suggéré par Michel Foucault et qui permit, selon les mots de Jean Le Bitoux, "de donner du courage, des références historiques et culturelles ainsi que les moyens de se rencontrer à ses lecteurs". Ce journal fut d'abord hébergé chez Jean Le Bitoux dans le 11e arrondissement, puis toujours dans cet arrondissement au 64, rue de la Folie Méricourt avant d'arriver au 45, rue Sedaine, un local qui a d'ailleurs été longtemps partagé avec "Act Up".
Jean Le Bitoux est aussi un grand militant de la lutte contre le Sida ; il rejoint l'association "AIDES" en 1985. C'est l'un des fondateurs de ce qu'on appelle aujourd'hui la "Marche des fiertés", qui était à l'époque la "Gay Pride", et il crée en 1989 le Mémorial de la déportation homosexuelle. Il écrit un livre magnifique avec Pierre Seel, "Déporté homosexuel", le seul à avoir témoigné de la situation des personnes qui étaient déportées pour cause d'homosexualité. Jean Le Bitoux a été un grand militant de la visibilité et de la mémoire homosexuelle et c'est à ce titre que nous vous proposons d'apposer une plaque, sous réserve bien évidemment de l'accord de la copropriété, au 45 rue Sedaine.
Mme Olivia POLSKI, adjointe. - Je vous remercie. Pour vous répondre, la parole est à Mme Hélène BIDARD, s?il vous plaît.
Mme Hélène BIDARD, adjointe. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire du 11e, d'avoir fait cette proposition au Conseil du 11e arrondissement puis, ici, en Conseil de Paris pour un hommage à la figure militante de Jean Le Bitoux.
Comme vous l'avez très bien fait remarquer, Jean Le Bitoux a vécu en acteur et en témoin privilégié de l'histoire de l'homosexualité de la deuxième moitié du XXe siècle. Au début des années 1970, il rencontre le Front homosexuel d'action révolutionnaire qui lui permet de sortir de sa solitude et de son isolement tout en assumant pleinement son homosexualité. Plus tard, en 1975, il passe par le G.L.H., le Groupe de libération homosexuelle, puis va au militantisme au journal "Libération" pour enfin créer le magazine "Gai Pied" en 1979 avec trois objectifs en tête : inventer un nouveau discours, créer une discussion, même houleuse, avec l'extrême gauche et essayer de séduire la gauche pour modifier les lois sociales, tout un programme quand on sait le chemin accompli depuis et les batailles qu'il reste à mener. Son histoire est d'ailleurs évoquée dans un livre excellent qui vient de sortir sur l'histoire du Pacs. Tout un programme donc.
Jean Le Bitoux découvre sa séropositivité, malheureusement, dénonçant l'indifférence des uns et des autres. Il milite et travaille ensuite au sein de l'association "AIDES" ; il est à l'origine de la création de la "Gay Pride", donc aux origines de l'événement à la visibilité la plus importante pour les L.G.B.T.Q.I?
Mme Olivia POLSKI, adjointe, présidente. - S'il vous plaît, vraiment, je vous? S?il vous plaît ! Je vous demande, si vous avez des discussions à avoir, de les avoir à l'extérieur. Cela fait deux fois, c'est très désagréable pour Hélène BIDARD d'intervenir dans ce contexte. Je vous remercie.
Mme Hélène BIDARD, adjointe. - Il a également créé le premier Centre gai et lesbien de Paris, rue Keller dans le 11e arrondissement. Avec autant d'ardeur, il milite activement en tant que président du Mémorial de la déportation homosexuelle où il participera à la mise à jour d'un pan non reconnu de l'histoire de l'homosexualité, avec Pierre Seel, sur la déportation. Il fit ainsi l'ouvrage "Les Oubliés de la mémoire". Fauché par le Sida en 2010, Jean Le Bitoux laisse une ?uvre et une trace inaltérables dans la mémoire mais aussi dans le dynamisme militant et associatif L.G.B.T.Q.I. de Paris. Je vous remercie donc de cette proposition et invite le Conseil à donner un avis très favorable à ce projet.
Mme Olivia POLSKI, adjointe, présidente. - Je vous remercie.
Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u déposée par le groupe Socialiste et Apparentés, assortie d'un avis favorable de l'Exécutif.
Qui est pour ? Contre ? Abstentions ?
La proposition de v?u est adoptée. (2019, V. 450).
Je vous remercie.