Socialiste et Apparentés à Mme la Maire de Paris et à M. le Préfet de police relative à l'accueil des réfugiés et au calendrier des mises à l'abri des campements des portes d'Aubervilliers et de la Villette.
�
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je vais donner la parole � M. Fran�ois DAGNAUD pour poser la premi�re question d'actualit�, celle du groupe Socialistes et Apparent�s.
M. Fran�ois DAGNAUD, maire du 19e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.
Monsieur le Pr�fet,
Je veux d?abord saluer l?engagement tant attendu de l?Etat, qui a permis d?organiser une nouvelle op�ration d?envergure de mise � l?abri de 1.600 femmes, hommes et enfants, gr�ce � un partenariat entre la Pr�fecture de R�gion, vos services, ceux de la Ville de Paris et les associations humanitaires porte de la Chapelle. Il fallait le faire. Vous l?avez fait. Le ministre de l?Int�rieur, le Pr�fet de r�gion et vous-m�me, vous avez pris l?engagement d?organiser rapidement la suite des mises � l?abri porte d?Aubervilliers et porte de la Villette.
Je vous en remercie.
Ma premi�re question sera directe�: pouvez-vous nous dire quand cette mise � l?abri sera r�alis�e�? Aussi fragiles que soient les solutions d?h�bergement propos�es, avoir un toit sur la t�te et dormir dans un lit, c?est toujours mieux que de s?�chouer sur les talus du p�riph�rique. La rue n?est jamais une solution, et pourtant, ils sont des milliers, encore aujourd?hui, � �tre sinistr�s aux portes de la capitale de la R�publique fran�aise. Qui sont-ils�? Des r�fugi�s statutaires pour certains, des demandeurs d?asile en puissance pour beaucoup. Les plus nombreux sont en errance entre les fronti�res et les r�glements europ�ens, comme ceux de Dublin. Pour tous, en tout cas, ces campements de mis�re sont la derni�re station d?une voie sans issue.
Pourquoi en arrive-t-on l�? La qu�te, parfois confuse et na�ve, c?est vrai, d?un avenir meilleur pour ces d�racin�s du d�sespoir. Une forme de r�signation d?Etat � l?inexorabilit�, au moins passag�re, de ces campements. La croyance, jamais v�rifi�e, qu?il suffirait de laisser s?installer le chaos humanitaire pour dissuader l?�vocation � l?exil. Les limites, aussi, de nos initiatives locales, municipales, associatives ou citoyennes, que je tiens n�anmoins � saluer. Mais nos quartiers du Nord-Est parisien ont le droit � la normalit�, tout simplement. Or, personne ne peut vivre normalement quand la mis�re et le fracas du monde se d�ploient � sa porte, avec son cort�ge d?insalubrit� et d?ins�curit�. Les habitants font depuis longtemps maintenant preuve de g�n�rosit� et de patience, mais � force d?�tre en premi�re ligne, les voil� � bout de souffle. Nos quartiers craquent. Les entreprises et les commer�ants aussi s?inqui�tent maintenant publiquement de la d�gradation de leur environnement de travail et vous ont saisi r�cemment, comme le groupe ICADE.
Nous savons, Monsieur le Pr�fet, que se posent des enjeux d?ordre public, et je ne doute pas de votre volont� d?y r�pondre. Nous avons maintenant le recul des 59 op�rations de mise � l?abri organis�es � Paris depuis 2015. Chacune devait �tre la "der des ders". Nous savons qu?il n?en est rien et que le sujet n?est pas r�ductible � un enjeu d?ordre public.
Pour le dire autrement, si aucun arr�t� municipal n?a jamais autoris� ces campements, aucun arr�t� minist�riel n?emp�chera que des gens pr�sents sur le territoire doivent se poser quelque part. Votre action r�solue pour tenir le terrain � la porte de la Chapelle a sa logique. La route de Roissy est pour l?instant d�gag�e. Mais cette pression polici�re se traduit d�j� par un nouvel alourdissement de la situation porte d?Aubervilliers, porte de la Villette, sur les quais du canal Saint-Denis, � Stalingrad et aux jardins d?Eole, avec �galement le risque d?un reflux suppl�mentaire de toxicomanes.
La situation sur le terrain est grave. Sur les campements, les tensions montent et les temp�ratures baissent. Leur prise en charge est urgente. Alors, de gr�ce, �vitons-nous les facilit�s factices des d�magogues. Nous savons qu?il n?existe pas de solution miracle, mais ce qu?il manque dans ce pays, et nous le savons tous ici, ce sont une gestion mutualis�e � l?�chelle nationale de l?accueil, une clarification des r�gles du droit au s�jour et, bien s�r, des parcours d?int�gration.
Monsieur le Pr�fet, vous avez, je crois, le go�t du parler clair. Aussi, pouvez-vous nous informer sur la strat�gie des services de l?Etat en termes de calendrier et de m�thode�? La Ville sera au rendez-vous, comme elle l?a toujours �t� avec la Maire de Paris et Dominique VERSINI, pour des solutions durables, pragmatiques et humaines, respectueuses des exil�s comme de nos concitoyens. Car nous croyons profond�ment que la dignit� ne se divise pas, mais se partage. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci � vous, Monsieur le Maire. Je vous donne la parole, Monsieur le Pr�fet de police, et puis peut-�tre que Dominique VERSINI compl�tera.
M. LE PR�FET DE POLICE. - Merci, Madame la Maire.
Monsieur le Conseiller, je suis d?accord sur plusieurs points de votre intervention. Les r�fugi�s ne doivent pas se trouver dans des situations aussi catastrophiques, non seulement pour leur propre s�curit� mais �galement pour celle des riverains. Les conditions que nous avons � nouveau d�couvertes � la porte de la Chapelle �taient parfaitement d�plorables. Cette op�ration a �t� un succ�s. Vous avez raison de dire, et je suis l� aussi totalement d?accord avec vous, que cela a �t� le fait d?une op�ration conjointe au sein de l?Etat - avec mon coll�gue le Pr�fet de la R�gion Ile-de-France, en charge des probl�matiques d?h�bergement�; pour ma part, je m?occupe de celles d?ordre public et de s�curit� - et avec votre Municipalit�, puisque je pense que nous avons tous concouru � ce que les choses se passent bien. D?ailleurs, je note que sur les engagements minist�riels pris par rapport � la colline du "crack", sur l?�vacuation avant la fin de l?ann�e, cet engagement s?est en quelque sorte tenu tout seul puisqu?aujourd?hui, la colline du "crack" est d�sert�e de ces occupants du fait de la simple pr�sence polici�re.
Nous allons travailler ensemble, Madame la Maire, par l?interm�diaire de nos services, sur l?am�nagement de tous ces espaces qu?il est important de r�habiliter, de mani�re qu?ils retrouvent leur vocation originelle d?espaces de d�laiss�s de voirie, et donc, de s�curit� pour les automobilistes, mais �galement en termes de salubrit�, qu?ils retrouvent une physionomie d?ordre normal, si j?ose m?exprimer ainsi. C?est un travail particuli�rement important parce que la s�curisation � laquelle je proc�de est assez lourde. Je compte beaucoup sur ces r�habilitations pour all�ger les besoins de s�curisation qui sont aujourd?hui n�cessaires.
Les Ministres l?ont dit�: nous allons proc�der, bien �videmment, de la m�me fa�on � l?�vacuation des autres campements, notamment celui que vous citez de la porte d?Aubervilliers qui fait l?objet de nos pr�occupations imm�diates. A ce stade, je ne peux pas vous donner de date pr�cise. C?est en cours de pr�paration. D�s lors que nous aurons abouti - le "nous" concernant l?ensemble des services de l?Etat, pas simplement les services de police - nous l?indiquerons avec le Pr�fet CADOT � Mme la Maire pour vous en pr�venir bien avant, comme nous l?avons fait pr�c�demment. Mon v?u est le v�tre�: c?est que les choses se passent le plus rapidement possible dans un cadre de traitement digne de l?ensemble des r�fugi�s et que les mises � l?abri se fassent tout � fait correctement. J?observe tout de m�me que, sur la porte de la Chapelle, finalement, nous avons eu peu de tentatives de r�installation. J?observe d?ailleurs - j?ai vu les chiffres que le Pr�fet de R�gion Ile-de-France a fournis - qu?un grand nombre des personnes prises en charge est rest� dans les lieux de prise en charge. Il y a eu peu de disparitions, un ph�nom�ne que l?on rencontrait pour les autres mises � l?abri. L�, elles restent dans les lieux qui leur ont �t� propos�s ou en attente de logement. C?est donc plut�t positif. Cela montre bien qu?il y a une volont� de ne pas �tre sur les trottoirs et dehors, et qu?il y a une v�ritable attention des uns et des autres � pouvoir b�n�ficier d?un logement et d?un traitement. Parce que ce que l?on avait observ� sur des mises � l?abri pr�c�dentes, c?�tait un retour de toute une s�rie de personnes sur les campements. Je suis assez surpris que, finalement, il y en ait assez peu. C?est vrai qu?il y a des ph�nom�nes � la porte d?Aubervilliers, mais ils ne sont pas aussi massifs, quand on les observe, que ce que je craignais. Il y a eu des effets reports. Il y a, � l?�vidence, sans doute, entre 100 et 150 tentes et petits espaces de construction qui se sont produits, mais par rapport aux 1.600 que nous avons �vacu�s, c?est finalement assez peu. L� aussi, je partage votre analyse. On voit bien que c?est dans la mise � l?abri, dans la proposition de solutions d?h�bergement un peu p�rennes que l?on r�ussit � �viter les drames que sont les installations en p�riph�rie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet de police.
Madame Dominique VERSINI, vous avez la parole.
Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci, Madame la Maire. Merci, cher Fran�ois DAGNAUD, Monsieur le Maire du 19e arrondissement, de revenir sur cette question et de nous permettre de parler de l?op�ration de mise � l?abri qui a eu lieu la semaine derni�re, et en m�me temps, de celle que nous esp�rons et qui sera faite, je pense dans les meilleurs d�lais, dans la partie de la porte d?Aubervilliers. C?est vrai que nous sommes tous tr�s en attente parce que, pendant des mois, nous �tions toutes les semaines, avec la Maire de Paris et les maires d?arrondissement des 18e et 19e arrondissements, pr�sents. Nous avons ouvert une halte d?accueil humanitaire, mis en place des services de petit-d�jeuner, qui ont d� bouger un peu puisqu?il n?y a plus personne � la porte de la Chapelle, donc ils se sont rapproch�s de la porte d?Aubervilliers en accord avec Fran�ois DAGNAUD. Cette op�ration de mise � l?abri, qui faisait suite � la rencontre que, Madame la Maire, vous avez eue avec le Ministre CASTANER et le Ministre DENORMANDIE, en pr�sence de Fran�ois BAROIN et des maires de diff�rentes villes de France - car ce n?est pas qu?un ph�nom�ne parisien - a permis que cette d�cision de mise � l?abri soit prise. Que vous avez coordonn�e, Monsieur le Pr�fet, avec le Pr�fet CADOT. Ce sont 1.600 personnes, dont 236 personnes en famille. Paris, compte tenu des conditions qui avaient �t� mises, c'est-�-dire une mise � l?abri inconditionnelle, une solution pour tous et le temps d?examiner leur situation. Nous avions particip� avec nos �quipes, qui ont pu ainsi s?occuper des plus vuln�rables, les mineurs et les familles avec enfants, et aussi participer, dans les 2 gymnases parisiens - je remercie les maires des 16e et 17e arrondissements - o� il y a 200 places permettant d?accueillir 200 personnes. Hier, j?ai rencontr� le Pr�fet CADOT, qui m?a bien expliqu� ce que vous avez dit, Monsieur le Pr�fet de police. C'est-�-dire que les personnes sont vraiment stabilis�es, enfin, dans l?attente de l?�valuation de leur situation, qu?une solution soit propos�e, soit de demande d?asile, soit d?un retour volontaire, que rien n?est rendu obligatoire, et les personnes qui veulent partir librement des C.A.E.S. le font. Evidemment, nous attendons avec impatience la deuxi�me op�ration de mise � l?abri. C?est vrai qu?au-del� de cela, pour nous, ce sera la 59e, et celle � venir, la 60e op�ration de ce type, avec des plus importantes et des moins importantes, de diff�rentes tailles. Nous pensons - c?est notre point de vue et celui de beaucoup de gens - qu?il faudrait un dispositif de centres de premier accueil tout le long des routes migratoires pour que les gens soient accueillis et que leur situation soit examin�e au fur et � mesure. Nous souhaitons maintenant une v�ritable politique de l?accueil des demandeurs d?asile qui soit r�partie, avec des centres d?accueil tout le long des flux migratoires, pour que l?on n?ait plus � se confronter tous ensemble � ces immenses campements, dans lesquels je pense que les gens reviendront s?il n?y a pas d?autres lieux d?accueil � diff�rents points du territoire. En tout cas, merci � tous ceux qui ont particip�. Je me joins � Fran�ois DAGNAUD pour exprimer l?attente de la mise � l?abri dans le 19e arrondissement.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame VERSINI.
Quelques mots en compl�ment.
D?abord, pour vous remercier, ainsi que le Pr�fet CADOT, de cette op�ration qui a pu �tre men�e dans des conditions que, nous-m�mes, Ville de Paris, et les associations, avions pos�es sur cet accueil inconditionnel des personnes r�fugi�es et migrantes. L?op�ration s?est d�roul�e dans le calme, dans le respect des personnes et des engagements. Je veux donc vous en remercier. Evidemment, pour la porte d?Aubervilliers, nous sommes en lien avec vous, avec la Pr�fecture de R�gion, pour l?op�ration de mise � l?abri qui interviendra, et nous travaillerons dans les m�mes circonstances.
Concernant la question du "crack", avec Anne SOUYRIS et toutes les �quipes, avec l?A.R.S. et le Pr�fet de R�gion Ile-de-France, nous avons le "Plan Crack" avec ses �volutions, ses am�nagements. La surveillance que l?on doit avoir, c?est le report de cette population qui n?a pas disparu en soi, mais que l?on a retrouv� � d?autres reprises, soit place de Stalingrad, soit sur la ligne 12. Cela veut dire, effectivement, des lits en aval pour pouvoir s?occuper de ces publics extr�mement fragiles et faire le travail de prise en charge, comme nous le faisons aux c�t�s des associations "Ga�a" ou "Aurore". C?est un travail sur lequel nous nous sommes engag�s.
Enfin, mon dernier mot, c?est que, s'agissant des habitants de la porte de la Chapelle, nous avons voulu leur donner un message de confiance�: non, ces quartiers de Paris, tout comme la porte d?Aubervilliers, n?ont pas vocation � �tre en permanence des lieux de campement ou de trafic de drogue. Ce sont des lieux en profonde transformation urbaine, avec de tr�s belles transformations qui arrivent. Je pense aux op�rations, que ce soit � la porte d?Aubervilliers ou � la porte de la Chapelle, de la future Arena 2, de Chapelle International, ou encore de l?universit� Condorcet, qui va arriver. C?est � relativement court terme, puisque c?est d?ici deux ou trois ans que ce quartier va �voluer. Mais j?ai souhait� que nous donnions un signal de confiance d�s maintenant par des am�nagements paysagers, qui vont permettre, justement, de transformer ces lieux et de montrer qu?ils ne sont pas assign�s � �tre des lieux de campements, comme ils ont pu l?�tre ces derni�res ann�es.
Je rejoins ce qui a �t� dit par mes coll�gues Dominique VERSINI et Fran�ois DAGNAUD, sur le fait que, tout cela, maintenant, ne d�pend que du dispositif d?accueil, d?h�bergement en aval de ces op�rations, si l?on ne veut pas que cela se reconstitue.
Merci � vous et � vos �quipes d?avoir soutenu et acc�d� � la demande, qui �tait la n�tre depuis longtemps, de r�gler cette situation � la porte de la Chapelle, et merci de nous accompagner sur la porte d?Aubervilliers. Monsieur le Maire, vous souhaitez redire un mot�?
M. Fran�ois DAGNAUD, maire du 19e arrondissement. - Merci � l?ensemble des intervenants. Je veux confirmer la vigilance et l?impatience qui sont et seront les n�tres pour que cette situation � la porte d?Aubervilliers et � la porte de la Villette soit rapidement prise en charge. Merci.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Maire.
II - Question d'actualit� pos�e par le groupe
�