2019 DAC 468 - Subventions (12.000 euros) et convention avec l'association Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871.
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Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration DAC 468 relatif � l'attribution d'une subvention et d'une convention avec l?association "Les amies et amis de la Commune de Paris 1871".
La parole est tout d?abord � Alexandre VESPERINI.
M. Alexandre VESPERINI. - Merci, Madame la Maire.
Chers coll�gues, voil� un projet de d�lib�ration important, qui ressemble aux projets de d�lib�ration que nous examinons chaque ann�e, des projets de d�lib�ration de subventions � l?association "Les amis de la Commune de Paris".
Le groupe PPCI votera cette subvention sans r�serve, d?autant plus qu?il s?agit l� visiblement d?aider une innovation�: la r�alisation d?un site Internet et une application Android - on pourrait peut-�tre envisager d?ailleurs que cette application soit disponible sur les iPhone - d�di�e � l?histoire de la Commune de Paris qui est un �v�nement historique tr�s important dans l?histoire de notre capitale. Nous la voterons.
Maintenant ce projet de d�lib�ration me donne l?occasion d?�voquer le bicentenaire de la Commune de Paris que nous c�l�brerons, que nous comm�morons en 2021. Certes, nous serons pass�s � une autre mandature mais je pense que nous pouvons d?ores et d�j� commencer � y r�fl�chir.
Je fais partie des �lus sur ces bancs, que l?on soit de droite ou de gauche, qui s?int�ressent � cet �pisode, � cet �v�nement historique tr�s important dans l?histoire de la capitale. C?est un �v�nement qui compte beaucoup pour ceux qui si�gent � gauche de cet h�micycle, en particulier ceux qui sont issus de mouvements de la gauche ouvri�re et m�me de la gauche anarchiste pour un certain nombre d?entre eux. Je laisserai peut-�tre Danielle SIMONNET intervenir sur ce sujet qu?elle connait beaucoup mieux que moi. Mais c?est un �v�nement aussi historique pour l?histoire de Paris, pour tous les Parisiens, et celles et ceux qui sont issus, comme moi, de la droite lib�rale et mod�r�e.
Il faut savoir qu?au cours de cet �v�nement tragique, dramatique, Paris a �t� litt�ralement abandonn�, abandonn� de son Gouvernement. Cela a �t� la manifestation d?un divorce, probablement sans pr�c�dent � l?�poque, entre la province et Paris, qui finalement se voyait puni quelque part d?avoir �t� pendant si longtemps privil�gi� par le Second Empire, par Napol�on et par l??uvre du baron Haussmann.
C?est aussi un �v�nement important pour Paris - c?est important de le dire surtout aujourd?hui � l?heure des clivages entre l?Est et l?Ouest de Paris aussi pressants - au cours duquel on a pu remarquer que Paris �tait profond�ment divis� parfois entre l?Est et l?Ouest.
La gauche a en m�moire �videmment les grandes phrases et les grands discours des chefs de la Commune, mais j?ai en m�moire, par exemple, la phrase d?�mile Zola � l?issue de la Commune et de la semaine sanglante qui d�clare�: "Le bain de sang que vient de prendre Paris �tait sans doute une horrible n�cessit� pour calmer certaines fi�vres. Paris, vous le verrez maintenant grandir avec sagesse et splendeur." C?est une phrase d?�mile Zola, ce qui montre � quel point il y avait un clivage extr�mement fort.
L� encore, de mani�re in�dite, c?�tait un clivage politique profond, non seulement entre Paris et la province, mais au sein m�me de Paris entre l?Est et l?Ouest de la capitale. Ce sera un sujet de la campagne �lectorale de 2020, � l?heure o� nous devons r�fl�chir justement � la r�conciliation des Parisiens sur les questions du logement et d?autres questions, je pense que s?int�resser � la Commune rev�t historiquement une importance particuli�re. C?est un �v�nement politique important pour la gauche, comme je le disais�; un �v�nement important pour l?histoire de Paris de mani�re g�n�rale�; un �v�nement social important�; un �v�nement dramatique, aussi, pour l?architecture de Paris et son patrimoine, avec des destructions importantes.
L?H�tel de Ville dans lequel nous si�geons aujourd?hui a �t� reconstruit, comme nous le savons, quelques ann�es apr�s la Commune, dans le cadre d?une R�publique triomphante, aid�e l� encore par les r�publicains mod�r�s qui avaient retenu la le�on de la Commune. Le palais des Tuileries, naturellement aussi.
C?est aussi un �v�nement tragique avec tous ces martyrs, ces 1.400 fusill�s dans le cadre de la Semaine sanglante, avec ces officiers et intellectuels ex�cut�s sans proc�s, et avec aussi des martyrs religieux, catholiques�- ces 47 otages ex�cut�s. Je pense �videmment en particulier � l?archev�que Mgr Darboy.
Nous aurons dans deux ans cette comm�moration � organiser. Il faudra que ce soit un moment o� toutes ces m�moires, oppos�es pendant si longtemps, puissent �tre r�unies de la mani�re la plus objective possible.
Evidemment, nous ne pourrons pas totalement le faire. Je crois que ce serait un moment au cours duquel nous pourrions peut-�tre tous nous r�unir - nous tous, Parisiens - avec nos m�moires individuelles, nos m�moires religieuses, nos m�moires politiques, nos m�moires la�ques.
Je crois que ce doit �tre un grand moment et je sais pouvoir compter sur l?engagement de Catherine VIEU-CHARIER qui, dans le domaine de la m�moire combattante, a toujours �t� au rendez-vous des attentes des Parisiens pour que nous puissions commencer � avancer tranquillement vers ce bicentenaire qu?il ne faudra pas �carter de notre chemin politique et institutionnel � Paris. Je vous remercie.
Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie.
Je donne la parole � Mme Rapha�lle PRIMET.
Mme Rapha�lle PRIMET. - Je m?�tais inscrite, parce que M. VESPERINI s?�tait inscrit et que je pensais qu?il allait �tre beaucoup plus odieux que cela. Je vois qu?il va voter cette subvention�; c?est parfait.
Je ne vais pas revenir sur ce que fait l?association en g�n�ral. Je voulais juste faire un point sur ce que nous avions propos�: que le m�tro "Belleville-Commune de Paris 1870" s?appelle "Belleville-Commune de Paris 1871". La R.A.T.P. a refus� sous le pr�texte - que l?on peut maintenant qualifier de fallacieux - qu?il ne faut pas cr�er de confusion dans l?esprit des usagers. Or, dans le m�me temps, la R.A.T.P. a accept� que le nom de Simone Veil accompagne celui de la station Europe. Nous ne le contestons pas, mais cela prouve bien qu?il est possible d?accoler une deuxi�me partie � un nom de station de m�tro. A moins de deux ans du 150e anniversaire de la Commune, nous invitons tout d?abord les Parisiens � signer la p�tition pour que le m�tro de Belleville change de d�nomination et nous appelons la Ville � peser de tout son poids pour que notre v?u commun - il avait �t� adopt� - soit enfin r�alis�. Je vous remercie.
Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie.
La parole est � Mme Danielle SIMONNET.
Mme Danielle SIMONNET. - Il y a un gros probl�me dans ce projet de d�lib�ration�: le montant. Il n?est pas assez �lev�!
Le travail de l?association "Les amis de la Commune de Paris" est un travail important et, quand on voit le projet de d�lib�ration, il y a de l?ambition derri�re tout cela. Pour pr�parer le 150e anniversaire de la Commune de Paris, il pr�voit des parcours virtuels avec une application Android, la cr�ation d?un site internet et, �videmment, comme chaque ann�e, les f�tes organis�es sur la place de la Commune-de-Paris, dans le 13e arrondissement.
Pour organiser tout cela, je trouve que le montant de 4.000 euros pour la r�alisation de la f�te de la Commune et la subvention d?investissement de 8.000 euros ne va pas tr�s loin. J?esp�re peut-�tre qu?au budget suppl�mentaire, nous pourrons abonder cela.
Il est tr�s important pour les Parisiennes et les Parisiens de travailler notre m�moire collective. Il y a, en ce moment, dans le contexte actuel, bien des choses � r�fl�chir. Nous sommes quelque part dans une situation invers�e, puisqu?au moment de la Commune de Paris, c?�tait la population plus ouvri�re, r�publicaine, rouge, jacobine de l?Est parisien qui s?�tait mobilis�e face � une France majoritairement provinciale et royaliste.
Finalement, quand vous regardez la situation aujourd?hui, la mobilisation des "Gilets jaunes", l?insurrection citoyenne des "Gilets jaunes", c?est un peu un rapport invers� avec la diagonale du vide. C?est la France populaire p�riurbaine.
Notre Assembl�e, ici, fait parfois, dans sa tonalit�, plus office de "Versaillais", reconnaissons-le, si nous reprenons le d�bat que nous avons eu pr�c�demment sur les questions de s�curit� ou ce genre de choses.
Par contre, il y a une situation qui n?est pas invers�e � l?int�rieur de Paris. D�j� � l?�poque, les arrondissements de l?Ouest �taient les plus riches - 7e, 8e, 16e et 17e - et ceux de l?Est, les plus populaires.
A l?approche de la comm�moration du 150e anniversaire de la Commune de Paris, il me semble important de se rappeler de ces deux mois d?exp�rience d�mocratique jusqu?au bout, d?�mancipation jusqu?au bout et - h�las�! - de la terrible r�pression, de la terrible Semaine sanglante d?Adolphe Thiers.
Evidemment, nous sommes dans un contexte totalement diff�rent aujourd?hui. Certes, mais regardons, � contexte certainement tr�s diff�rent, les r�ponses de l?ordre s�curitaire et autoritaire qui s?opposent au mouvement des "Gilets jaunes" aujourd?hui. Non, j?ai bien dit que c?�tait totalement diff�rent, mais qu?il y a une d�rive autoritaire avec un nombre de mutil�s que nous n?avions jamais rencontr� dans l?histoire de la Cinqui�me R�publique depuis les terribles �v�nements comme ceux du 17 octobre 1961. Depuis cette p�riode, jamais l?histoire de France n?a connu une telle r�pression du mouvement social. Je souhaite aussi que, dans le travail de m�moire sur la Commune de Paris, on se souvienne �galement du programme politique�: le droit de vote, la citoyennet� accord�e aux �trangers, les coop�ratives ouvri�res, tout ce travail d?autogestion, le premier mouvement f�minin de masse, la reconnaissance de l?union libre, l?interdiction de la prostitution, la libert� de la presse, l?�cole gratuite et la�que, la s�paration de l?�glise et de l?Etat - bien avant la loi de 1905. Je souhaite vraiment que, dans ces manifestations - et je fais confiance � l?association "Les amis de la Commune de Paris de 1871" -, on refasse conna�tre l?ensemble du programme, parce que beaucoup de choses m�riteraient d?�tre appliqu�es aujourd?hui et beaucoup de choses sont d?ailleurs port�es par le mouvement des "Gilets jaunes".
Je voterai donc ce projet de d�lib�ration m�me si je trouve que son montant n?est pas assez important. Puisque mes coll�gues ont �t� choqu�s par le parall�le que je faisais avec la r�pression, bien �videmment qu?elle n?est pas la m�me. Nous sommes dans un autre contexte historique et je l?ai bien pr�cis�. Mais quand il y a un mouvement d?insurrection citoyenne qui demande plus de justice sociale et plus de d�mocratie, il est tout de m�me terrifiant de voir que le pouvoir lui oppose non pas des r�ponses sur le fond, mais une r�pression.
Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie. Pour vous r�pondre, la parole est � Mme Catherine VIEU-CHARIER.
Mme Catherine VIEU-CHARIER, adjointe. - Je r�pondrai d?abord sur l?argent�: je ne donne jamais plus que ce qu?on m?a demand�. Quand une association me demande 12.000 euros, je ne peux pas lui donner 14.000. C?est comme cela.
Deuxi�me chose et cela vaut pour tous les bancs de cet h�micycle, j?ai horreur de l?instrumentalisation de l?histoire. Je trouve que c?est � vomir. Je fais confiance aux "Amis de la Commune", dont l?un des professeurs, Jean-Louis ROBERT, est d?une honn�tet� historique remarquable. Si l?on donne des subventions � cette association, c?est parce qu?elle fait de l?histoire, pas de l?interpr�tation.
Quand j?entends vos propos, Madame SIMONNET, franchement, on se demande? Il y avait effectivement un programme de la Commune de Paris, un magnifique programme. Cela manque un peu aujourd?hui. Et puis, nous n?allons peut-�tre pas comparer les r�pressions. Laissez la Commune � ce qu?elle a �t�: un magnifique moment de l?histoire.
M. VESPERINI a rappel� des choses et je suis d?accord avec lui. Il faut regarder toute l?histoire de la Commune. Personnellement, je ne vais pas vous �tonner, c?est bien mon c�t� communiste, en disant que c?�tait globalement positif. Mais je vous assure que le 150e anniversaire qui va �tre honor� l?ann�e prochaine s?attachera justement � faire la lumi�re et � expliquer ce mouvement et cette grande r�volution qu'a �t� la Commune de Paris, qui a fortement marqu� l'histoire de France. Je trouve qu'il faut en rester l�, �tre un peu humble devant les �v�nements historiques, un peu d'humilit�.
Evidemment, comme je vous l'ai dit, ce projet de site Internet me para�t extr�mement important et indispensable. C'est cela aussi que nous soutenons. Nous le soutenons dans les proportions qui nous ont �t� demand�es par les amis de la Commune. Voil�, depuis que je suis arriv�e sur cette d�l�gation, j'essaye de faire un �quilibre qui me para�t extr�mement important dans les hommages qui sont faits. Je suis tout � fait sensible � ce que vous avez dit, Monsieur VESPERINI. Bien �videmment, cette page d'histoire doit �tre regard�e de tous les points de vue et non pas d'un point de vue id�ologique, parce que le temps de l'id�ologie est pass� et nous sommes maintenant sur le temps de l'histoire.
Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Merci beaucoup pour votre r�ponse, ch�re Catherine VIEU-CHARIER.
Je mets ainsi aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 468.
Qui est pour�?
Contre�?
Abstentions�? Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2019, DAC 468).
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