IX - Question d'actualité posée par le groupe Démocrates et Progressistes à Mme la Maire de Paris et à M. le Préfet de police relative à la sécurité routière.
�
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je donne la parole � la derni�re oratrice, Mme SIMONNET.
Non, pardon, excusez-moi.
Monsieur le Pr�sident du groupe DP, Monsieur BARGETON, vous avez la parole.
M. Julien BARGETON. - Merci, Madame la Maire.
Monsieur le Repr�sentant du Pr�fet, chers coll�gues, nous avons appris il y a quelques jours que le nombre de morts sur les routes fran�aises a fortement baiss�, allant jusqu?� atteindre un niveau historiquement bas, mais jamais assez bas, comme l?a annonc� le Premier Ministre lors de son d�placement en Seine-et-Marne.
Paris avait d�j� pris cette question avec responsabilit� avec l?abaissement de la vitesse du p�riph�rique � 70 kilom�tres � l?heure, dans le but � la fois de r�duire le nombre d?accidents, mais aussi le bruit et la pollution. A la demande de Bertrand DELANO�, Manuel VALLS avait accept� et j?ai eu � porter cette d�cision en janvier 2014. Le bilan en est d?ailleurs positif.
Mais le monde change et se complexifie, � l?heure o� de nouvelles mobilit�s se d�ploient sur notre territoire, parfois avec succ�s�; � l?heure de la cr�ation d?une police municipale�; � l?heure des exp�rimentations sur les feux tricolores qui suscitent des interrogations�; ou encore � l?heure des r�am�nagements urbanistiques et du partage de l?espace public, comment comptez-vous prendre la mesure de ces nouveaux ph�nom�nes pour la s�curit� routi�re�? Comment anticipez-vous l?impact des changements des pratiques de mobilit�? Quelle est la strat�gie que la Ville de Paris met en ?uvre�?
Car il ne s?agit pas simplement de r�primer, mais bien d?accompagner ces changements. Assurer la s�curit� routi�re sera certes une mission primordiale de la future police municipale qui devra g�rer stationnements, infractions, respect des pistes cyclables et des voies de bus.
Nombreux sont les acteurs concern�s�: la Ville, la R.A.T.P. et bien �videmment la Pr�fecture de police qui a organis� et aussi install� r�cemment des ateliers de s�curit� routi�re. Des animations "angle mort" ont �t� mises en place depuis un certain temps d�j�. Si la coordination est de mise, les missions devront �tre revues � l?aune de la police municipale.
Nous venons de le voir avec le d�bat sur la suppression de certains feux tricolores dans le 14e arrondissement, il peut y avoir des divergences d?appr�ciation ou de vision entre les adjoints. C?est d?ailleurs logique, normal. Cependant, on le voit bien avec ces h�sitations - suppression, r�installation partielle de feux -, quelle est, au fond, la doctrine�? Quelle est la vision�? Quelle est la strat�gie�? C?est la question que j?aurais envie de vous poser car cela m�rite clarification.
Je ne partage pas votre appr�ciation, Madame la Maire, de ce point de vue. Ce n?est pas une question de clocher qui a �t� pos�e par l?UDI-MODEM, puisqu?entre les exp�rimentations "in vivo" de la Ville et, surtout, les �volutions massives des usages avec le num�rique ou encore le libre-service, clarifier la doctrine g�n�rale de la Ville semble bien indispensable. Je vous remercie.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Christophe NAJDOVSKI? Ou peut-�tre d?abord M. le Repr�sentant du Pr�fet�?
M. LE REPR�SENTANT DU PR�FET DE POLICE. - Merci, Madame la Maire.
Monsieur le Pr�sident, quelques mots pour revenir d?abord sur le bilan s�curit� routi�re de l?ann�e 2018 et partager avec l?ensemble des �lus du Conseil des tendances qui ont �t� d�favorables ces derniers mois. Je pense en particulier au nombre de morts qui s?est �lev� � 36 en 2018 � l?�chelle de la Capitale, soit 6 de plus que l?ann�e pr�c�dente. D?autres �volutions marquent, elles, des �volutions plus positives�: je pense au nombre de bless�s qui, en 2018, � l?�chelle de la Capitale - et de la Capitale seulement -, a atteint un niveau historiquement bas. Les bless�s hospitalis�s augmentent, ce qui am�ne une vigilance de tous les instants.
Ce bilan concerne l?ensemble des usagers de la route, l?ensemble de ceux qui sont cens�s partager l?espace public, y compris les utilisateurs de nouveaux modes de d�placement. La s�curit� routi�re s?inscrit pleinement dans la r�flexion plus g�n�rale � avoir sur la question des nouvelles mobilit�s, sujet sur lequel la coordination entre la Pr�fecture de police et la Ville de Paris est bien �videmment amen�e � se renforcer davantage.
En mati�re d?op�rations de contr�le, celles-ci sont quotidiennes et men�es par les services de la Pr�fecture de police, D.O.P.C. et D.S.P.A.P., en liaison avec les effectifs de la DPSP. Plus de 550.000 infractions ont �t� relev�es l?ann�e derni�re, dont certaines portent sur des r�gles de s�curit� de base�: non-respect des priorit�s, non-respect des feux rouges.
Certaines portent �galement sur des r�gles qui ont �volu�: je pense en particulier au refus de priorit� pi�tons, une r�gle �minemment importante quand on sait que, sur les 36 victimes d�c�d�es l?ann�e derni�re, 19 �taient des pi�tons. C?est une sp�cificit� de l?accidentalit� � Paris en comparaison des d�partements ne faisant pas partie de l?agglom�ration parisienne�: la part extr�mement importante des pi�tons dans le nombre des victimes d�c�d�es, ainsi que la part tr�s importante des conducteurs de deux-roues motoris�s.
Je rappelle que, dans ce domaine, un grand nombre des infractions peuvent �tre relev�es tant par les services de la Pr�fecture que par les services de la DPSP en leur qualit�, pour certains d?entre eux, d?agents de police judiciaire adjoints. C?est bien �videmment un terreau et un terrain de renforcement de notre coordination.
Dernier sujet, et j?en terminerai l�: la pr�vention. Pr�s de 2.000 op�rations de pr�vention et actions de pr�vention ont �t� men�es l?ann�e derni�re par les services de la Pr�fecture de police, notamment les missions de pr�vention et de communication des commissariats d?arrondissement, majoritairement � destination d?un public jeune ou scolaire, dans le cadre de programmes d?actions de pr�vention coordonn�s entre le Minist�re de l?Int�rieur et le Minist�re de l?Education nationale.
Nous savons que nous touchons moins bien des publics qui sont pourtant fortement repr�sent�s dans les accidents. Je pense en particulier aux seniors, ainsi qu?aux milieux professionnels. Un grand nombre des accidents enregistr�s interviennent sur les trajets entre le domicile et le travail ou sur des trajets professionnels.
Sur les 36 victimes d�c�d�es l?ann�e derni�re, 26 �taient parisiennes. L� aussi, nous pouvons articuler encore davantage les actions men�es par la Pr�fecture de police avec ses services, avec les actions d�j� men�es par la Ville de Paris et le r�seau associatif mobilis� par la Ville. C?est d?ailleurs le sens du courrier que le Pr�fet de police a adress� � la Maire de Paris.
Nous allons pouvoir nous r�unir bient�t pour approfondir encore davantage ces actions.
La s�curit� routi�re est souvent peu �voqu�e � Paris. Elle est pourtant au c?ur des sujets de s�curit� du quotidien et, je crois aussi, au c?ur des attentes des Parisiens.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Directeur.
C?est un sujet dont nous avons pu parler, notamment lors de la derni�re r�union entre les maires d?arrondissement, moi-m�me et le Pr�fet de police, la Pr�fecture et les commissaires des arrondissements.
Christophe NAJDOVSKI�?
M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint. - Merci, Madame la Maire.
Le bilan de la s�curit� routi�re 2018 publi� par la Pr�fecture de police r�v�le que, l?an dernier, 36 personnes ont �t� tu�es sur le territoire parisien, dont 4 sur le boulevard p�riph�rique. En 2017, 31 personnes avaient �t� victimes d?un accident mortel et, en 2016, 40�; 9 tu�s sur 10 sont soit pi�tons, soit usagers de deux-roues motoris�s. Nous constatons par ailleurs que les stup�fiants et l?alcool sont impliqu�s dans la moiti� des accidents mortels. S?il y a une hausse des d�c�s en 2018, le nombre total d?accidents a, pour sa part, diminu� de 5,4�% l?ann�e pass�e, de sorte qu?ils atteignent leur plus bas niveau depuis la mise en place des statistiques de la s�curit� routi�re avec un nombre de bless�s �galement en baisse de 6�%, mais un nombre d?hospitalis�s qui a, lui, augment�.
Les chiffres le prouvent, ann�e apr�s ann�e�: les pi�tons demeurent les usagers les plus vuln�rables de l?espace public, ceux que l?on doit prot�ger en priorit�. Pour cela, nous avons, d?un commun accord avec la Pr�fecture de police, d�cid� de renforcer notre partenariat au service de la s�curit� routi�re. Cette action conjointe doit permettre de mieux sanctionner les infractions au Code de la route.
Je rappelle que, depuis janvier 2018, les A.S.P. se consacrent d�sormais aux missions prioritaires de lutte contre les infractions au Code de la route. Ainsi, pour l?ann�e 2018, plus d?un million de verbalisations ont �t� effectu�es par ces agents, en sus de l?action de la Pr�fecture de police, sanctionnant ainsi les infractions au Code de la route�: non-respect des trottoirs, zones pi�tonnes ou travers�es pi�tonnes, entrave au d�placement dans les pistes cyclables, non-respect des sas pi�tons-v�los, ou encore circulation dans les voies de bus.
Parall�lement, une convention entre la Pr�fecture de police et la Ville de Paris permet � la Ville d?acc�der aux quelque 950 cam�ras de la Pr�fecture de police pour proc�der � de la vid�o-verbalisation. La Ville de Paris met en ?uvre �galement des actions visant � sensibiliser les publics et les scolaires aux bons usages � adopter dans l?espace public. Les actions de sensibilisation portent notamment sur les angles morts des v�hicules de gros gabarit.
Par ailleurs, plusieurs op�rations p�dagogiques ont �t� men�es par les agents de la DPSP portant notamment sur le respect des sas v�los, qu?il conviendrait d?ailleurs de renommer "sas pi�tons-v�los", car ils ont pour fonction de cr�er une zone de s�curit� suppl�mentaire avant les passages pi�tons.
A ce sujet, il n?est pas normal que, dans notre ville et dans notre pays, un pi�ton engag� ou qui s?engage sur un passage pi�ton doive syst�matiquement laisser la place � des v�hicules qui ne respectent pas la priorit� des pi�tons. Les comportements doivent absolument changer en la mati�re.
Monsieur le Conseiller, Monsieur le Pr�sident, vous �voquiez la question de la ville que nous voulons au XXIe si�cle. Voulons-nous une ville fond�e sur une organisation centr�e sur les modes motoris�s ou bien une ville qui r��quilibre les diff�rents modes de d�placement et qui fait plus de place aux modes actifs, notamment la marche�?
Vous avez �voqu� la question de l?exp�rimentation de la d�pose de certains feux tricolores, mais l?engagement de la Ville s?exprime � travers beaucoup d?autres mesures, comme la politique g�n�rale d?apaisement de la circulation que nous poursuivons avec r�solution depuis 2014. Cela va dans le sens de la g�n�ralisation des zones 30, de la cr�ation d?aires pi�tonnes, de zones de rencontre, l?adoption de la strat�gie "Paris pi�tons", l?adoption du Plan V�lo, la cr�ation de nouvelles pistes cyclables prot�g�es et s�par�es sur les grands axes de circulation, la g�n�ralisation des sas pi�tons v�los et leur respect, ou encore le d�veloppement et le d�ploiement des c�dez-le-passage cyclistes aux feux. Cela constitue autant d?am�nagements qui concourent � la s�curit� de tous les usagers.
Par ailleurs, le stationnement aux abords des passages pi�tons est aussi neutralis� de mani�re � accro�tre la visibilit� des travers�es. Dans le cadre du d�bat qui va s?ouvrir au Parlement sur la loi d?orientation des mobilit�s, il sera n�cessaire, l� aussi, de trouver les bons outils de r�gulation pour r�pondre au d�veloppement de nouvelles mobilit�s, notamment de celles dites en flotte libre, en particulier celle des trottinettes �lectriques en libre-service. Nous allons, je l?esp�re, compter aussi sur votre soutien. En la mati�re, en tant que parlementaires, nous avons la n�cessit� d?int�grer plusieurs dispositions nouvelles en termes de s�curit� routi�re. Je voudrais terminer par un exemple particuli�rement important qui est celui de la prescription obligatoire d?�quipements de d�tection des angles morts pour les v�hicules lourds qui sont aujourd?hui la cause principale des accidents mortels pour les cyclistes � Paris. Heureusement, le nombre d?accidents n?est pas �lev� mais nous devons malgr� tout faire dispara�tre cette menace des rues de Paris. Nous menons donc une action r�solue et coordonn�e avec la Pr�fecture de police pour r�pondre aux enjeux de s�curit� routi�re qui appellent une mobilisation et un engagement de tous.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Christophe NAJDOVSKI.
Monsieur le Pr�sident, je vous redonne la parole.
M. Julien BARGETON. - Je vous remercie, Monsieur NAJDOSKI et le M. le Repr�sentant du Pr�fet de police pour ces r�ponses.
Je crois effectivement qu?il y aussi un travail prospectif � mener de fa�on collective. Je pense, par exemple, � l?arriv�e du v�hicule autonome dans la ville qui ne sera pas sans poser un certain nombre de questions en mati�re de s�curit� routi�re.
Puis ce sont �galement les impacts du "free floating". Je crois que nous devons continuer et approfondir la prise en compte pour prendre r�ellement la mesure de ces bouleversements des mobilit�s dans les villes de demain.
Merci beaucoup.
Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.
�