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2017 DVD 5 - Stratégie "Paris piéton". - Approbation de la stratégie "Paris piéton" et signature de la Charte internationale de la marche. Vœu déposé par le GEP relatif à un espace public centré sur les besoins des piétons. Vœu déposé par le GEP relatif aux feux tricolores. Vœu déposé par le groupe RG-CI relatif à l'extension de voies piétonnes. Vœu déposé par le groupe RG-CI relatif aux revêtements des trottoirs parisiens. Vœu déposé par le groupe RG-CI relatif à la prise en compte de la mixité des publics. Vœu déposé par le groupe LR relatif à une stratégie globale et concertée des déplacements. Vœu déposé par le groupe LR relatif à la rénovation de la voirie (12e). Vœu déposé par le groupe UDI-MODEM relatif à l'état général des trottoirs. Voeu bis déposé par l'Exécutif. Voeu déposé par l'Exécutif.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, nous nous engageons � pr�senter la discussion sur la strat�gie "pi�ton" de Paris. Avant de donner la parole aux orateurs et oratrices, je vais introduire ce beau projet ici au Conseil.

Comme vous le savez, les grandes m�tropoles portent aujourd'hui une attention de plus en plus forte aux espaces publics, � la qualit� de vie au sein de ces espaces ainsi qu?aux modes de d�placement adapt�s que sont la marche et le v�lo. De tr�s nombreuses municipalit�s dans le monde cherchent � r��quilibrer l'espace urbain au profit des pi�tons et des cyclistes.

En effet, ces politiques correspondent aux grands d�fis du XXIe si�cle que nous devons relever�: le d�fi �cologique d'une part, le bien-�tre et la sant� des citoyens d'autre part.

Elles prennent en compte de nombreux enjeux�: densit�, pollution de l'air, modes de vie s�dentaires, changement climatique. La marche est une pratique b�n�fique pour l'environnement et pour la sant�, physique et psychique, des individus. C'est un mode de d�placement gratuit, accessible au plus grand nombre, et souvent plus rapide et plus efficace dans une ville dense. Elle contribue bien s�r � la sociabilit� et � l'agr�ment des espaces publics, mais aussi � la vitalit� commerciale des quartiers et, plus largement, � l'attractivit� et au rayonnement des villes.

Pour construire la strat�gie "Paris pi�ton", nous sommes partis d'un constat �labor� avec l'ensemble des acteurs concern�s. Je veux remercier Christophe NAJDOVSKI, mon adjoint, de porter cette ambition � laquelle, je crois, nous pouvons tous adh�rer, et de le faire avec beaucoup de constance, de d�termination et de sens du dialogue.

Si cette �tude fait appara�tre les nombreux atouts qui sont les n�tres, elle r�v�le aussi un paradoxe. Les Parisiens sont de grands marcheurs. On d�couvre Paris en marchant, en poussant les portes et en regardant ce qu'il y a derri�re.

60�% des d�placements internes � Paris se font � pied, Parisiens et Franciliens confondus d'ailleurs. Seuls 10�% des Parisiens utilisent leur voiture pour aller travailler. 10�% des Parisiens seulement utilisent leur voiture pour aller travailler. Si 52�% des d�placements des Parisiens se font � pied et dans Paris, 56�% de l'espace public est d�volu � la voiture.

Ainsi, les conditions de d�placement des marcheurs ne sont pas optimales. Les pi�tons souffrent en particulier de nuisances li�es � la circulation, mais aussi � l'encombrement des trottoirs, sans parler de la pollution. Je veux insister sur un point tr�s important, la s�curit�. 1.407 pi�tons ont �t� victimes d'accidents corporels de la circulation � Paris au cours des 10 premiers mois de 2016, soit une augmentation de 4�% par rapport � 2015. Nous aurons d'ailleurs, le 10 mars prochain, une op�ration avec Jean TODT, Pr�sident de la F�d�ration internationale automobile, qui est par ailleurs ambassadeur aupr�s de l'O.N.U. sur cette question de la s�curit� routi�re. Nous ferons une op�ration avec lui et d'autres maires de grandes villes, le Maire de Montr�al sera pr�sent, le 10 mars � la place de la Concorde.

La question de la marche est essentielle � mes yeux, car elle est au croisement de plusieurs de nos priorit�s�: la qualit� de l'air, la qualit� de vie et la r�appropriation de l'espace public par les citoyens.

Depuis le d�but de cette mandature, le d�veloppement des circulations douces, de grands projets urbains comme la requalification des Mar�chaux, ou les fermetures temporaires � la circulation, ainsi "Paris Respire" invent� il y a longtemps, mais que nous avons amplifi�, ou encore "La journ�e sans voiture" que nous avons inaugur�e avec cette mandature, vont dans ce sens�: replacer le pi�ton au c?ur de la ville et permettre � chacun de pouvoir circuler � pied plus librement et sereinement. La pi�tonisation des voies sur berges est � ce titre un projet embl�matique de cette strat�gie.

Cette strat�gie "pi�ton" va permettre de r�inscrire ce projet et tous les autres dans un processus plus large, plus global. Nous voulons r�affirmer que la marche est un mode de transport en soi qui m�rite des attentions sp�cifiques, des dispositifs cibl�s et une attention accrue. Je tiens � souligner que l'�laboration de ce projet, qui s'est d�roul�e tout au long de l'ann�e 2016, est le fruit d'une concertation soutenue et constante. Elle a permis � chaque �tape et selon des modalit�s vari�es d'associer l'ensemble des acteurs concern�s�: les mairies d'arrondissement, les territoires limitrophes, les directions de la Ville, les grands partenaires institutionnels concern�s, les associations, des structures sp�cialis�es. Cette strat�gie "pi�ton" vise � pr�voir des am�nagements en faveur des pi�tons et � promouvoir la marche � Paris. Elle s'int�resse autant aux d�placements qu'� l'hospitalit� des espaces publics. Elle cherche � faciliter les trajets journaliers, les conditions de la marche au quotidien, mais elle entend aussi favoriser la promenade ou la pratique sportive. Elle propose des r�ponses aussi bien en termes d'am�nagement que de r�glementation et de sensibilisation. Dans ses diff�rents aspects, elle porte une attention particuli�re aux personnes en situation de handicap.

Nous nous proposons ainsi de lancer cinq chantiers th�matiques.

D'abord, multiplier et simplifier les continuit�s pi�tonnes et op�rer de nouveaux partages de la voirie. La priorit� est de faciliter les franchissements, notamment sur le boulevard p�riph�rique, mais d'autres ruptures urbaines qui doivent aussi �tre att�nu�es. Les projets de r�am�nagement de places int�grent pleinement ces objectifs, ainsi que la n�cessit� d'apaiser les axes routiers.

Bien s�r, je ne l'ai pas dit encore, mais faire en sorte que les portes de Paris soient franchissables et notamment par les pi�tons. Nous voulons aussi cr�er des parcours sportifs verts et culturels, sur les terre-pleins centraux de certains boulevards comme ceux de Charonne ou de M�nilmontant.

Deuxi�mement, il s'agit aussi de favoriser la diversit� des usages de la rue, dans la rue. Je pense en particulier aux enfants, ou aux femmes qui doivent pouvoir se d�placer en toute tranquillit�, parce que nous avons une approche dite "genr�e" de la rue et de l'espace public. C'est ainsi que nous allons, par exemple, mettre en place de nouvelles formes de zones de rencontre avec des trottoirs �largis et v�g�talis�s, ainsi que des rues aux enfants pi�tonnis�es. C'est dans ce cadre �galement que nous allons travailler � un "Marais pi�ton" en cr�ant une zone � trafic limit� dans laquelle la circulation sera limit�e � la desserte locale, privil�giant ainsi la vie de quartier � la circulation de transit.

D'autres quartiers ou rues de Paris de ce type pourront ensuite se d�velopper dans tous les arrondissements.

Nous voulons aussi �lever les standards de confort et de s�curit� des espaces publics, car c'est une n�cessit�. C'est le sens d'un certain nombre d'actions envisag�es. Par exemple, le renforcement des mesures de s�curit� routi�re, la s�curisation et l'�largissement des passages pi�tons sur les Champs-Elys�es, le d�sencombrement de l'espace. Je rappelle aussi que je souhaite d'ici 2020 limiter la vitesse � 30 kilom�tres/heure dans tout Paris, exception faite des grands axes, comme l'ont fait quasiment tous nos coll�gues maires de la M�tropole.

Le porte-parole de ces maires, St�phane BAUDET, Pr�sident de l'A.M.I.F., l'a dit de la fa�on la plus claire qui soit la semaine derni�re ici � l'H�tel de Ville, lors des v?ux que nous pr�sentions � l'A.M.I.F. Partout, dans toutes les villes de la M�tropole et d'Ile-de-France, les maires sont pass�s � 30 kilom�tres/heure dans leur ville.

A Paris, il nous faut aussi repenser l'orientation des pi�tons dans la ville, avec la mise en place de plans ou de rep�res plus efficaces, qui indiquent aussi les temps de trajet � pied et des parcours signal�s pour d�couvrir Paris � pied.

Enfin, nous devons conforter la culture pi�tonne de notre ville en valorisant la marche urbaine comme un v�ritable art de vivre. Si, comme je l?ai dit, la marche est le mode de d�placement majoritaire � Paris, il est encore possible de d�velopper sa pratique, car 33�% des Parisiens marchent moins d?un kilom�tre par jour. En outre, de nombreux d�placements de 1 � 2 kilom�tres sont r�alis�s chaque jour en transports collectifs. Un transfert vers la marche de ces courts trajets permettrait aussi de d�saturer en partie des aspects de notre r�seau de transports en commun.

Nous vous proposons �galement, par ce projet de d�lib�ration, de signer la Charte internationale de la marche, "Walk 21", qui veut dire "marche 21", qui place Paris dans les villes au sein desquelles il fait bon marcher, aux c�t�s de New York, Londres, Montr�al ou Singapour. Mais rares sont les tr�s grandes villes monde dans lesquelles il est possible de marcher.

Nous affirmons ainsi avec force que le dynamisme d?une ville aujourd?hui ne rime pas seulement avec la circulation automobile, au contraire. Cela exige une r�elle qualit� de vie et de d�veloppement des mobilit�s douces.

Mes chers coll�gues, issue de la consultation des citoyens, la strat�gie de "Paris pi�ton" respecte les principes d?une �laboration concert�e, aussi bien dans sa conception que dans la mise en ?uvre propos�e. En effet, chacun des chantiers initi�s reposera sur une dynamique collective et partenariale, associant l?ensemble des parties prenantes. Des strat�gies pi�tonnes d?arrondissement pourront compl�ter les mesures initiales et nous accompagnerons bien s�r les maires d?arrondissement dans cette entreprise.

Elle appara�t donc comme une nouvelle pierre essentielle dans notre ambition de construire une m�tropole toujours plus agr�able � vivre, attractive et durable. R�inventer notre ville tout en r�inventant nos vies, ce sont nos conditions communes d?existence, ici et maintenant, qui sont en jeu, mais aussi notre avenir et celui de nos enfants, car c?est ainsi que nous pourrons relever le plus grand des d�fis auquel nous sommes confront�s�: celui de la r�duction de la pollution et au-del�, de l?adaptation de Paris au changement climatique.

Je vous remercie. Je remercie � nouveau Christophe NAJDOVSKI et l?ensemble des services, des cabinets, les maires d?arrondissement, les citoyens qui ont particip� � cette grande concertation. Merci � vous.

Et donc, je vais � pr�sent donner la parole aux orateurs.

Premi�re oratrice�: Mme KOSCIUSKO-MORIZET, Pr�sidente du groupe LR.

Mme Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. - Madame la Maire, mes chers coll�gues, cette strat�gie "pi�ton" ne renferme que des objectifs somme toute consensuels. Nous observons que certains de vos adjoints l?appliquent d�j�, puisqu?ils se sont mis "en marche". Enfin, pour le reste, quoique n?�tant pas en marche nous-m�mes, nous voterons le texte qui nous est propos�, tout en vous rappelant et en vous disant avec la plus grande clart� que cela n?emporte pas notre adh�sion � la multitude de projets qui sont cit�s en guise d?illustration et qui devront chacun faire l?objet d?une concertation.

Non, le probl�me est plut�t ailleurs. Au fil des communications, des plans, au fil des projets, vous op�rez une segmentation de la cha�ne des d�placements qui ne correspond pas � la r�alit� du quotidien des Parisiens. Les Parisiens sont tour � tour pi�tons, usagers des transports publics, cyclistes, voire automobilistes. Ah�! Eh bien loin de prendre en compte cette multi-modalit�, vous pr�f�rez opposer des modes de d�placements, d�signer des victimes expiatoires, rajouter ainsi des tensions sur le dos d?une ville qui est d�j� particuli�rement stress�e.

De plus, pour le faire vite, vous le faites "� la va-vite" et du coup, certains projets sont mal finalis�s, mal mont�s, ne suscitent pas l?adh�sion. Je pense par exemple � la liaison sur les quais hauts, dont la F.N.A.U.T. juge le trac� incompr�hensible, c?est emb�tant, et pour lequel elle appelle elle-m�me � plus de concertation.

Pour rompre avec cela, il faudrait une strat�gie globale, une strat�gie concert�e des d�placements. Songez mes chers coll�gues que le plan de d�placements de Paris a �t� adopt� en 2007. Il date de 2007, avant la mise en services de V�lib? et, plus encore, d?Autolib?. C?est dire qu?aujourd?hui, il est compl�tement anachronique. Il nous semble donc urgent de le revoir en prenant appui sur le Plan de D�placements Urbains � l?�chelle r�gionale, et c?est l?objet du v?u que nous vous proposons.

Pour �laborer une politique des d�placements, il faut en venir aux objectifs, ce qui n?est pas d?opposer les uns aux autres, mais d?une part de faciliter le d�veloppement �conomique, d?autre part de diminuer la pollution et le bruit, tout �a en multipliant les opportunit�s de mobilit�. Il ne s?agit pas de se focaliser sur une cat�gorie de d�placements, mais bien de favoriser les alternatives, la multiplicit� et l?intermodalit�.

La politique de la contrainte que vous pratiquez dans ce contexte est largement contreproductive, et on le voit avec la fermeture brutale de la voie sur berge rive droite. Il y a, finalement, plus de bruit et de pollution sur les axes de report que n?en ont �t� �limin�s sur les quais bas ferm�s � la circulation.

Juste un chiffre qui me frappe particuli�rement � cet �gard�: l?augmentation de plus de 3 d�cibels du bruit la nuit sur les quais hauts. Plus de 3 d�cibels, �a veut dire plus qu?un doublement. Autrement dit, les riverains des quais hauts sont aujourd?hui l�gitimes � attaquer en justice, parce que le droit est pr�vu comme �a, pour une d�gradation de leurs conditions de vie et de leurs conditions de sant�. Je vous rappelle que le bruit a un impact sur la sant�.

Alors, il y en a qui soulignent l?h�r�sie de cette politique, ouvrant les yeux � la faveur du fait qu?ils ne b�n�ficient plus d?escorte. Vous leur avez conseill�, � ceux-l�, de prendre le m�tro, dans lequel on ne vous voit pourtant pas souvent, pour reprendre une chanson en vogue sur les r�seaux sociaux. Ce sera au moins une contribution � la vie artistique de Paris.

Malheureusement, pour le reste, vous pers�v�rez dans cette politique st�rile�: vous annoncez tous les quatre matins un r�am�nagement non concert�, souvent non financ�. Pourtant, il ne s?agit pas de donner aux Parisiens quelques visuels idylliques pour qu?ils croient que leur vie sera prochainement moins pollu�e. Ils voient bien comment �a se passe au quotidien. Et le quotidien, c?est la multiplication de pics de pollution qui montre que cette politique de d�placements est un �chec.

L?abaissement des seuils d?information et d?alerte ne suffit pas � expliquer que Paris ait connu, le mois dernier, le pire pic de pollution hivernale depuis plus de dix ans. La Z.C.R. � peine n�e montre d�j� ses limites. Elle n?a pas permis d?�viter le pic que nous venons de conna�tre. Quant � l?interdiction des v�hicules les plus polluants, elle a pris cinq ans de retard � cause de votre lenteur � mettre en place les mesures et les outils issus du Grenelle de l?environnement.

En tout cas, ce mode de gouvernance, cette m�thode est facteur de stress pour les Parisiens. Il suffit de les interroger pour constater qu?on est loin de la ville apais�e, de la ville fluide qui est vant�e dans les communications, et m�me dans celle-ci sur le "Paris pi�ton". La strat�gie des coups de communication conduit les Parisiens � s?interroger sur ce qui va leur tomber dessus � l?occasion de la prochaine sortie du nouveau journal municipal du dimanche. Cette surench�re permanente frise parfois la caricature, et je pense l� � l?id�e farfelue qui voudrait qu?une �troite portion de la rue de Rivoli devienne � double sens.

Ville stress�e, ville pollu�e, ville bruyante, Paris ne se ressemble pas. C?est la sant� des Parisiens, et plus g�n�ralement la sant� de tous les usagers de Paris qui est directement concern�e. A l?approche du mi-mandat, il est encore temps de laisser de c�t� cette obstination pour finalement apaiser la Capitale, am�liorer la qualit� de vie des Parisiens, inscrire nos politiques dans le temps longs.

C?est le sens de notre v?u pour un plan global.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Orateur suivant�: M. H�LARD, pour le groupe UDI-MODEM.

M. Eric H�LARD. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, oui, il faut rendre Paris aux pi�tons. Vous comprendrez d?entr�e de jeu que la strat�gie "Paris pi�ton" que vous nous proposez d?adopter aujourd?hui recevra le soutien du groupe UDI-MODEM.

Lors du Conseil de Paris de septembre 2015, j?avais, � l?occasion d?une question d?actualit�, propos� de r�server l?acc�s des Champs Elys�es aux seuls pi�tons un dimanche par mois. Vous l?avez fait et c?est un succ�s. De m�me, en f�vrier 2016, j?avais d�pos�, avec plusieurs �lus du groupe UDI-MODEM, un v?u visant � instaurer une concertation afin de cr�er de nouveaux p�rim�tres "Paris Respire" et l?�tude d?itin�raires reliant les espaces verts entre eux. Les choses avancent et d�sormais, les fermetures temporaires � la circulation rencontrent un grand succ�s populaire aupr�s des Franciliens et des visiteurs.

La pi�tonisation des grandes villes est un mouvement mondial qui va en s?amplifiant et nombre de capitales revisitent la place accord�e aux pi�tons dans l?espace public�: Oxford Street, � Londres, va �tre rendue pi�tonne d?ici 2020. A New York, Times Square est totalement pi�ton.

Je pourrais �voquer des quartiers entiers de Montr�al, Oslo ou, plus pr�s de nous, Dublin. L�gion sont les arguments qui militent pour rendre les villes plus commodes aux pi�tons. Ce sont les enjeux li�s � la sant�, � la diminution du stress urbain, � l'am�lioration de la qualit� de l'air, � la diminution des nuisances sonores, � l'attractivit� touristique. Aussi, nous soutiendrons toute mesure destin�e � rendre la Capitale plus agr�able � ceux qui choisissent de se d�placer � pied, et ils sont nombreux�: 9 millions de d�placements chaque jour � Paris. Mais le pi�ton a ceci de caract�ristique qu'il est avant tout silencieux, pas organis� en collectif.

Au moment o� nous entendons les bruyantes protestations, parfois justifi�es, mais pas toujours, de certains automobilistes, je souhaiterais dire avec force que les pi�tons m�ritent aussi d'�tre �cout�s, car ils ont de bonnes raisons de se plaindre et je voudrais aujourd'hui m?en faire l?�cho. Car marcher dans Paris, c'est quand m�me souvent entamer le parcours du combattant.

En plus du bruit, de la pollution, dans un environnement non s�cure qui a �t� uniquement pens�, en d'autres temps il est vrai, pour la circulation des v�hicules motoris�s, pr�emptant ainsi une place disproportionn�e de l'espace public, le pi�ton peut se plaindre de l'encombrement des cheminements par un mobilier urbain d�mesur�, le d�bordement de nombreuses terrasses, le stationnement sauvage des deux-roues, des trottoirs pas toujours entretenus et, h�las, souvent sales du fait d?incivilit�s en tout genre - Edith GALLOIS en parlera�-, d?un �clairage parfois insuffisant, de v�hicules mal gar�s qui rendent la visibilit� sur les passages pi�tons souvent difficile. J'en passe. Bref, pour faire partie des marcheurs, il faut vraiment du courage et de l'abn�gation.

La voiture n?est pas le seul mode de d�placement � l?origine d?un sentiment d?ins�curit�. Le v�lo en fait partie car, trop souvent, la cohabitation entre les pistes cyclables et les trottoirs est g�n�ratrice d'un stress et de conflits. Il faut, dans la mesure du possible, cr�er des places destin�es uniquement aux pi�tons.

Par ailleurs, il faut �galement permettre aux pi�tons de disposer de services suffisants. Je pense aux sanisettes trop peu nombreuses, aux bancs publics trop rares, aux chaises mobiles encore �parses et � la n�cessit� d'acc�l�rer la v�g�talisation des lieux publics.

Il faut aussi que le marcheur puisse se rep�rer et l�, le moins que l?on puisse dire, c?est qu?il y a des marges de progr�s consid�rables, avec des panneaux souvent invisibles ou obsol�tes. Si vous voulez faire en sorte que la diminution de la place de la voiture soit accept�e et partag�e par tous, il faut entamer une vaste politique de r�am�nagement de l'espace public et d�velopper rapidement, dans la concertation, un plan ambitieux de r�seau de transports en commun adapt�s aux besoins des Franciliens. Ces derniers devront �tre con�us pour permettre aux personnes �g�es et en situation de handicap de continuer � se d�placer.

Enfin, je n'oublie pas que la strat�gie "pi�ton" doit se d�ployer dans le cadre de la M�tropole du Grand Paris, qui est la meilleure �chelle pour op�rer la connexion des pistes cyclables et des continuit�s pi�tonnes en finan�ant, par exemple, les projets de lutte contre les coupures urbaines. Ma coll�gue, Maud GATEL, d�veloppera d'autres points importants. Vous l?aurez compris�: si notre soutien est sans faille, il est n�anmoins exigeant. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur H�LARD, pour cette contribution extr�mement constructive. La parole est � M. R�mi F�RAUD, Pr�sident du groupe Socialiste et Apparent�s.

M. R�mi F�RAUD, maire du 10e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, le Plan pi�ton que nous nous appr�tons � voter s'inscrit dans une d�marche globale de lutte contre la pollution, donc de r��quilibrage de l?espace public en faveur des mobilit�s douces. C'est un enjeu consid�rable pour notre ville, comme pour toutes les grandes m�tropoles. Nous y consacrons d�j� beaucoup d?�nergie et de volontarisme. D?autant que nous connaissons maintenant de fa�on certaine la responsabilit� dramatique de la pollution de l?air dans le d�c�s de plus de 48.000 personnes par an en France. Nous savons �galement, de fa�on certaine, la responsabilit� des �missions polluantes dues au rejet des moteurs. Nous avons donc un devoir d'agir. Aucun lobby ne nous fera reculer, quand il s'agit de sant� publique, de notre conception du devoir d'�lu. Nous aimerions entra�ner le plus d'�lus parisiens possible dans cette voie.

Depuis le d�but de cette mandature, nous avons d�j� lanc� plusieurs initiatives qui sont en cours de d�ploiement, qui vont toutes dans le m�me sens. D?abord, pour la qualit� de l'air, bien s�r, mais aussi je pense directement au plan v�lo, � l'extension des zones 30, � la v�g�talisation de l'espace public, au sch�ma touristique, � la pi�tonisation des berges de la Seine, au r�am�nagement de sept grandes places parisiennes ou encore au d�veloppement de transports en commun propres comme le tramway ou, tout r�cemment, l?exp�rimentation sur des navettes �lectriques sans conducteur. J'ajoute toute une s�rie d'op�rations ponctuelles qui rencontrent un vif succ�s, comme "Paris Respire" le week-end, la Journ�e sans voitures ou encore la pi�tonisation des Champs-Elys�es un dimanche par mois. Nous devons poursuivre dans cette voie.

Toutes ces mesures visent � renforcer une politique initi�e d�s 2001 pour inverser la tendance au "tout voiture" et rendre aux pi�tons et aux cyclistes une part plus importante de l?espace public. Les r�sultats sont d'ailleurs d�j� au rendez-vous puisque le nombre de voitures dans Paris a diminu� de pr�s de 30�% en 15 ans. Mais nous devons continuer et aller plus vite dans cette diminution, d�sormais. C'est d'ailleurs ce que nous demandent les Parisiens, comme lorsqu'ils placent dans leur vote au budget participatif en 2015 le projet "Paris aux pi�tons" en deuxi�me position.

Je salue donc ce plan ambitieux qui s'articule autour de cinq axes et qui va contribuer � renforcer le caract�re accueillant, apais�, moins stress� - j'ai vu que Mme KOSCIUSKO-MORIZET �tait adepte de ce mot en ce moment - de notre ville, tant pour ses habitants que pour ses visiteurs. Gr�ce aux travaux de l?APUR et � la collaboration active des mairies d'arrondissement, des axes routiers prioritaires ont d�j� �t� identifi�s. Ils feront l'objet d?am�nagements afin d?�largir la place pour les pi�tons et d?am�liorer la s�curit� des usagers. Je pense � la rue Marx-Dormoy dans le 18e arrondissement, � l'avenue du G�n�ral-Leclerc dans le 14e arrondissement, � l?avenue de la porte de Clichy dans le 17e arrondissement et, je l'esp�re aussi, au faubourg Saint-Martin dans le 10e arrondissement.

Faciliter les acc�s pi�tons, c'est notamment am�liorer le dynamisme d'un quartier. Quand on sait que les Parisiens r�alisent plus de la moiti� des d�placements � pied et m�me 80�% de leurs d�placements � pied pour effectuer des achats, on mesure donc bien aussi toute l?importance de ces am�nagements pour redonner de la vitalit� commerciale � des zones qui s?essoufflent. C'est �galement le cas - et vous en avez parl�, Madame la Maire - des zones dot�es d'un terre-plein central qui seront am�nag�es en promenades. Je pense particuli�rement au boulevard de la Chapelle, � la fronti�re du 10e et du 18e arrondissement, dont la restauration des continuit�s pi�tonnes entre Barb�s et Stalingrad, dans le cadre d'une promenade urbaine, permettra un vrai apaisement.

J'ai cit� le plan de r�am�nagement des sept grandes places. Je salue aussi le projet gagnant au budget participatif 2016 qui permet d'ajouter six places dans nos quartiers populaires, comme la place du Colonel-Fabien ou encore la place Saint-Blaise dans le 20e arrondissement. Sans pour autant repr�senter des travaux aussi importants que sur la place de la R�publique en 2013, on voit tout le potentiel que rec�lent nos places parisiennes en mati�re de r��quilibrage de l?espace public, de place des pi�tons et d'invention de nouveaux usages. La v�g�talisation, comme l'installation de mobilier urbain, peuvent d'ailleurs constituer des solutions rapides et peu co�teuses pour redonner vie � des espaces actuellement monopolis�s par les voitures. Nous attendons avec impatience la r�alisation de la nouvelle place de la Bastille.

Le Plan pi�ton pr�voit �galement d'am�liorer le confort et la s�curit� des espaces publics, non seulement en sensibilisant les usagers au respect et � la cohabitation avec d'autres modes de d�placement, mais aussi en d�sencombrant l'espace public en facilitant les travers�es pi�tonnes. Ce sera notamment le cas place de l'Op�ra, qui en a grand besoin, ou bien sur le plateau pi�tonnier des Halles.

Le quatri�me axe du plan s'attache � am�liorer le rep�rage et l'orientation des pi�tons en clarifiant la signal�tique et en renfor�ant la connaissance de Paris gr�ce � des plans interactifs. C'est un aspect tr�s important sur lequel nous devons progresser, car Paris n'est pas en avance sur ce point par rapport � d'autres grandes capitales touristiques.

Enfin, le plan vise � promouvoir l?importance de la marche � pied, ce qui est en effet tr�s important sur le plan sanitaire aussi. On sait que les Parisiens marchent d�j� beaucoup plus que la moyenne des Fran�ais. Ce b�n�fice de la marche sur le plan physique doit �tre rappel�.

Pour conclure, je voudrais souhaiter que ce plan tr�s ambitieux, et qui touche � presque tous les aspects de nos politiques municipales, puisse trouver un prolongement m�tropolitain. Appelons de nos v?ux un sch�ma concert� avec la R�gion et la M�tropole, � condition aussi que Val�rie P�CRESSE accepte de ne pas transformer des probl�matiques essentielles en enjeux politiciens. Nous avons besoin de travailler tous ensemble pour fabriquer une m�tropole bienveillante et �cologique, et pour supprimer les barri�res que repr�sentent les autoroutes urbaines qui enferment nos territoires. C'est un enjeu �conomique, �cologique, sanitaire. C'est parfois aussi m�me un enjeu philosophique car, comme l'�crivait Henry Miller�: "Les rues sont des lieux o� l'on respire et o� l'on reprend haleine".

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Pr�sident, pour votre intervention.

Janvier 2017
Débat
Conseil municipal
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