Annexe n° 1 - Interventions de deux citoyens.
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M. Romain BENMOUSSA. - Madame la Maire, Mesdames et Messieurs les �lus du Conseil de Paris, nous sommes tr�s honor�s d'�tre devant vous ce matin afin de pr�senter le fruit de nos r�flexions pour faire de Paris la championne du climat. L'avis que nous allons pr�senter, au nom des 21 membres du panel, est l'aboutissement d'une conf�rence de citoyens organis�e par C�lia BLAUEL, maire-adjointe en charge du climat et de l?eau, dans le cadre de l'�criture du nouveau Plan Climat de Paris. Nous avons �t� amen�s, pendant deux weekends d'information et deux soir�es de d�bat, � r�fl�chir sur le changement climatique et sur les contributions individuelles et collectives pour y faire face. Nous �tions pour la plupart novices en d�butant ce processus. Si nous avions connaissance et entendions r�guli�rement parler du changement climatique, l'urgence de l'enjeu et la n�cessit� de changer de mod�le rapidement n'�taient � l'esprit que de peu d'entre nous.
Il appara�t un double d�calage, d'une part, entre l'ampleur de l'enjeu du changement climatique et les moyens mis � notre disposition qui peuvent en premi�re approche appara�tre insignifiants face � l'immensit� de la t�che � accomplir et l'image de la goutte d'eau dans l'oc�an est fr�quemment revenue dans les �changes entre les citoyens de notre groupe, d'autre part, entre les discours que nous ressentions comme anxiog�nes voire catastrophistes sur les cons�quences du changement climatique et l'absence de prise de conscience de l'opinion publique quant � l'urgence de la prise en charge par chacun et collectivement de cet enjeu.
N�anmoins, l'information re�ue pendant cette conf�rence nous a conduits � la fois � d�velopper chez nous une v�ritable envie d'agir et � accepter la modestie des actions que nous pouvons mener comme des r�sultats obtenus. Plus globalement, nous avons pris conscience du fait que chacun pouvait avoir une contribution dans la lutte contre le changement climatique. Ce processus nous a �galement rassur�s voire d�culpabilis�s sur notre capacit� � agir � tous les niveaux. Peut-�tre ne sommes-nous pas tous pr�ts � changer radicalement de mode de vie, mais nous souhaitons chacun contribuer � notre �chelle selon nos possibilit�s.
Nous nous rendons compte que la somme des petites actions individuelles peut initier un changement global et cela nous donne espoir dans notre capacit� collective � faire face � l'enjeu et � nous mobiliser. Nous avons ressenti fortement le manque de visibilit� et de connaissance par le grand public de l'action de la Ville et des Parisiens. Une question a anim� de nombreuses discussions au sein de notre groupe�: comment cela se fait-t-il que nous ne soyons pas plus inform�s � la fois sur l'enjeu et les actions mises en place�?
Nous avons eu le sentiment d'un �miettement de l'information contre-productif pour son efficacit� et l'acc�s aux ressources disponibles. Pour autant, nous avons d�couvert � quel point nous n'avons pas � rougir de ce qui est fait en mati�re de lutte contre le r�chauffement climatique. Paris n'est pas immobile face � cet enjeu, loin de l�. Les Parisiens, via l'action municipale et le tissu associatif, m�nent de tr�s nombreuses actions.
Cependant, nous nous sommes rendu compte que nous n'en n'avions pas conscience. Certains regrettent �galement un d�ficit d?impulsion des pouvoirs publics � l'�chelle locale comme nationale, et le fait que la mobilisation citoyenne puisse appara�tre comme un palliatif aux moyens disponibles et � une ligne d'action d'envergure et globale des acteurs publics.
Mais nous sommes face � un combat que nous devons mener collectivement de mani�re solidaire, sachant que les pouvoirs publics ne peuvent pas tout. Nous avons bien conscience des difficult�s inh�rentes � la mobilisation collective des Parisiens vis-�-vis d'un sujet extr�mement complexe.
Il s'agit en effet, dans un premier temps, d'appr�hender un v�ritable ph�nom�ne englobant, au-del� de la question du d�r�glement climatique, les enjeux sociaux, le mod�le �conomique, le vivre ensemble et n�cessitant une synergie des politiques et actions d�velopp�es.
En outre, cette mobilisation individuelle comme collective sur le climat ne peut s'arr�ter aux fronti�res parisiennes, s'agissant d'un enjeu global impliquant l'ensemble des Fran�ais, des Europ�ens et des habitants du monde.
Enfin, au-del� de notre volont� d?agir, nous pouvons nous sentir d�courag�s face au manque de responsabilit� de certains et des comportements qui vont � l'encontre du chemin que nous devons emprunter. Par exemple, les tours de bureaux allum�es 24 heures sur 24, les vitrines de commerces �clair�es la nuit, les attitudes inciviques et le gaspillage. Nous avons identifi� diff�rentes sph�res au sein desquelles pourraient se d�ployer la sensibilisation et les changements de mode de vie des citoyens.
En premier lieu, il y a la sph�re du foyer, de l'immeuble et du quartier. Nous nous rendons compte qu?il existe de grandes disparit�s entre les foyers et m�me au sein de chaque cellule familiale vis-�-vis de la question climatique. La sensibilit� de chacun � cette question est un facteur incontournable dans le d�veloppement de la mobilisation des citoyens.
Nous avions �galement bien conscience que l'�cologie ne constitue pas et ne peut �tre une priorit� pour tous dans la mesure o� d'autres enjeux, li�s au pouvoir d'achat, aux pr�occupations mat�rielles, peuvent rel�guer les questions environnementales et de climat au second plan. En outre, nous avons tous des habitudes ancr�es dont il est difficile de se s�parer. De ce fait, nous ne pensons pas que l'int�rieur du foyer constitue le point d'entr�e le plus efficient pour la mobilisation collective.
S'agissant des immeubles, toute une s�rie de mesures que nous proposerons ont en commun d'accompagner les r�sidents dans une transition vers un habitat plus durable. En premier lieu, le vecteur des r�unions de copropri�taires peut �tre utilis�. Il s'agira d'inciter les syndics � consacrer du temps aux questions environnementales et � la mani�re dont la gestion des immeubles pourrait �tre optimis�e. Par exemple, les travaux de r�novation ou les �conomies d'�nergie. Il pourrait �tre d�velopp� des outils simples � destination des copropri�t�s permettant une premi�re estimation des gains environnementaux et financiers que la r�alisation de tels ou tels travaux permettrait. Cet outil serait port� par l'Agence parisienne du Climat et constituerait une porte d'entr�e concr�te vers l'accompagnement que cette agence propose.
Au-del� des propri�taires et de mani�re � sensibiliser l'ensemble des r�sidents, nous proposons l?affichage, dans les parties communes, d?une charte d'information claire et compl�te indiquant les comportements vertueux � respecter dans l?immeuble en mati�re de lutte contre le r�chauffement climatique. Pour porter cette charte aupr�s des habitants et ainsi les sensibiliser, un ou plusieurs ambassadeurs du climat pourraient �tre d�sign�s parmi des volontaires au sein des immeubles. Leur r�le viserait � mobiliser leurs voisins, notamment par des discussions, des ateliers, des diners �co-responsables, et de r�pondre � leurs interrogations et doutes, que ce soit en termes de tri des d�chets, de gestion de la consommation d'�nergie, de lutte contre le gaspillage. Nous consid�rons que ces ambassadeurs permettront en outre de renforcer le lien social dans l'immeuble, tant nous pensons que c'est indispensable � la r�ussite de cette mobilisation.
S'agissant du quartier, il nous semble tout autant primordial de favoriser le lien social, facteur de r�ussite de la mobilisation en faveur du climat.
A ce titre, nous appelons de nos v?ux le d�veloppement d?une culture de la mutualisation. Celle-ci peut se d�cliner � diff�rents niveaux�: les moyens de transport allant plus loin que l'Autolib' et le V�lib'. Nous pensons qu'il serait pertinent de favoriser la possibilit� pour les Parisiens de partager des v�los, des voitures � l'�chelle de l'immeuble, voire du quartier. On pourrait imaginer la mise en place d'une plate-forme d'�change. On peut aussi imaginer cela concernant les objets, les outils et/ou les comp�tences.
Nous comptons une forte densit� du r�seau des biblioth�ques municipales. A l'image de celles-ci, nous pourrions cr�er des "objeth�ques" sur le mod�le des ressourceries existantes, afin d'y mutualiser des ressources, des comp�tences et de les d�velopper. Ici encore, le lien social serait mis au c?ur de la mobilisation. Enfin, les espaces verts et les jardins. S?il existe des jardins partag�s, le peu d'espace libre disponible � Paris rend difficile leur d�veloppement � grande �chelle. N�anmoins, nous rappelons notre attachement � ce que l'ensemble des Parisiens aient acc�s � des espaces verts qu'ils puissent s'approprier en les entretenant, en les cultivant et ainsi, recr�er un lien direct avec l'environnement.
Aussi, nous souhaiterions que les Parisiens puissent, aux c�t�s des agents de la Ville, s'impliquer b�n�volement dans l'entretien des espaces verts et la v�g�talisation ou la floraison de Paris.
Mme Nicole HENRY. - L'�ducation, l'�cole�: nous nous sommes rendu compte qu'il existe, m�me dans notre Capitale, une in�galit� face � l'�ducation � la question climatique. Or, en mati�re de mobilisation citoyenne, tout se d�cide d�s le plus jeune �ge. Dans ce contexte, il nous appara�t fondamental de combiner un apprentissage th�orique d�s l'�cole primaire, une pratique et un rapport direct � l'environnement et aux pratiques vertueuses. Cela doit passer en compl�ment des cours par des jeux, des ateliers, de nouvelles formes de p�dagogie mettant en exergue les exp�riences concr�tes, la stimulation de l'enfant et l'�mulation entre les �coles. Il nous semble �galement important que l'effort r�alis� dans Paris en faveur de la v�g�talisation des espaces publics et des jardins partag�s soit �galement men� au sein des cours d'�cole, afin que la biodiversit� et l'environnement soient des r�alit�s tangibles pour les petits Parisiens.
Au sein de chaque classe, nous souhaiterions que soit cr��e une fonction de d�l�gu� du climat sur le mod�le traditionnel du d�l�gu� de classe. Il serait le r�f�rent de ses camarades sur les comportements vertueux � adopter, � l'image de l'ambassadeur au sein des immeubles pr�sent�s ci-dessus. Nous appelons de nos v?ux la cr�ation d'une mascotte parisienne incarnant de mani�re ludique et attachante la mobilisation des enfants contre le changement climatique et accompagnant des actions de sensibilisation et des jeux li�s � la question environnementale dans tous les quartiers de Paris et lors des grands �v�nements de la ville.
Enfin, il nous appara�t particuli�rement important de mobiliser nos enfants autour d'un imaginaire collectif partag� sur le Paris de demain qui puisse impr�gner leur perception et qui se mat�rialise dans des bonnes pratiques � adopter d�s aujourd'hui. A ce titre, les classes de primaire pourraient travailler sur une charte �co-responsable visant � adopter un comportement "vert".
L'entreprise�: nous ressentons de fortes disparit�s entre les entreprises s'agissant de leur avancement sur la transition �nerg�tique. Certaines agissent concr�tement. Certaines, conscientes qu'�tre "green", c'est "bankable", s'attribuent des valeurs �co-responsables. D'autres, enfin, ne font rien. Or, il s'agit l� d'un levier de mobilisation important en mati�re de lutte contre le d�r�glement climatique. Nous proposons la mise en place, dans chaque entreprise, d'une charte des bonnes pratiques en mati�re de lutte contre le d�r�glement climatique, adoss�e au r�glement int�rieur. Elle comprendrait quelques r�gles simples et faciles � respecter qui seraient �tablies lors d'une r�union du C.H.S.C.T.�: par exemple, �teindre syst�matiquement les lumi�res comme les ordinateurs, r�duire la consommation de papier, valoriser les objets durables.
Parall�lement, nous proposons la mise en place d?un label �co-responsable pour les commerces qui feraient des efforts particuliers pour r�duire leur consommation d'�nergie. Ce label, mat�rialis� par un logo sur la vitrine d'un commerce laur�at, donc visible par tous, serait attribu� par la mairie d'arrondissement concern�e � partir de crit�res �labor�s en concertation avec les associations de commer�ants.
La Ville de Paris, les associations�: nous constatons que de multiples initiatives sont d�velopp�es, � la fois par la Ville de Paris et les associations. Parall�lement, nous avons d�couvert que de nombreuses ressources en termes d'information sont disponibles pour les Parisiens. Or, qu'il s'agisse des actions men�es comme des sources d'information, nous avons �t� frapp�s par leur manque de notori�t�. A l'issue de nos �changes, il appara�t que le probl�me ne vient donc pas d'une absence d'information, mais d'une difficult� d'acc�s � celle-ci. L'information sur ce qu'est le changement climatique, sur son impact, mais �galement sur les initiatives et mobilisations existantes, appara�t dispers�e sous une multitude de sites Internet �manant de diff�rents acteurs qui nous apparaissent relativement peu coordonn�s.
Notre groupe estime que l'information est le terreau indispensable de toute mobilisation citoyenne de grande ampleur. Nous souhaiterions donc, � ce sujet, que soit cr�� un portail unique qui fasse le lien entre toutes les ressources disponibles. Cette porte d'entr�e viserait � r�unir l'ensemble des acteurs agissant en cette mati�re sous une seule banni�re. Toutes les th�matiques ayant trait � l'enjeu climatique y seraient regroup�es�: alimentation, r�novation �nerg�tique, transport, tissu associatif, initiatives dans chaque quartier. N�anmoins, si la communication via les supports digitaux est incontournable, elle ne peut se suffire � elle-m�me. Il appara�t fondamental que ces efforts d'information soient coupl�s avec de v�ritables campagnes de communication grand public, � grande �chelle, permettant de toucher tous les Parisiens. A cette fin, nous appelons de nos v?ux une large campagne d'affichage sur les grands enjeux de la question climatique et les actions que la Ville met en place.
Au-del� des moyens et de la n�cessaire diffusion de l'information, il nous semble n�cessaire d'inscrire la mobilisation des citoyens en faveur du climat dans un imaginaire collectif propre � susciter l'�volution des normes sociales. La construction de cet imaginaire se fera notamment en associant et en mobilisant toutes les formes de culture et des arts aux actions men�es. Le recours � la coercition dans le changement des comportements est un sujet qui divise le groupe. Certains se prononcent en faveur de mesures punitives, comme des amendes, des taxations sur les 4x4, etc., lorsque d'autres pr�f�rent insister sur les gratifications, comme une r�duction des imp�ts locaux en cas de comportement vertueux. La place du tissu associatif fait consensus comme v�ritable levier de mobilisation. A nos yeux, seule l'action conjugu�e des pouvoirs publics et des associations peut faire na�tre une sensibilisation p�renne et efficace.
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